Du projet mondialiste

« Si on me donne six heures pour couper un arbre, je passerai les quatre premières à aiguiser ma hache. » Abraham Lincoln

Si un nombre croissant d’habitants de l’Occident commencent à ouvrir les yeux sur l’existence de l’oligarchie mondialiste et la réalité de son projet, cette prise de conscience est souvent parcellaire et repose sur la découverte des mensonges qui entourent un aspect spécifique, comme la gestion de la crise Covid, la propagande sur le « réchauffement climatique » ou la promotion de la « diversité ». Or, pour lutter efficacement contre le mondialisme dans le cadre de cette guerre hors limites qu’il mène aux peuples du monde, il est nécessaire de comprendre le projet dans sa globalité, sa cohérence et surtout, dans sa volonté d’obtenir le consentement des populations à sa mise en place.

Politique

Le mondialisme a pour objectif de détruire les États-nations historiques pour les remplacer par une gouvernance mondiale. Pour ce faire, il va peu à peu priver les États de leurs attributs régaliens (monnaie, loi, frontière, justice, armée) pour les confier à des institutions supranationales, comme l’Union Européenne ou l’OTAN. Dans le même temps, il va renforcer ces institutions en leur donnant des pouvoirs et des prérogatives étendus, comme dans le cas du Règlement sanitaire international (RSI) qui donnera la possibilité à l’OMS d’imposer ses règles aux États lors d’une prochaine crise pandémique dont la gravité sera évaluée…par l’OMS. Pour finir, notons que le soutien aux mouvements régionalistes ou indépendantistes s’inscrit dans cette stratégie de destruction des États-nations historiques par le mondialisme avec, dans le cas de l’Europe, des régions destinées à être gouvernées directement par Bruxelles, une dynamique que l’on retrouve à l’œuvre avec la collectivité européenne d’Alsace (2021) ou encore dans le soutien à l’indépendantisme catalan.

Religieux

Le mondialisme a pour objectif de détruire les grands monothéismes et les religions révélées pour les remplacer par une religion mondiale inspirée par les principes du noachisme1. Pour ce faire, le mondialisme a développé la promotion de l’œcuménisme, du dialogue inter-religieux ainsi que toutes les croyances « alternatives », toutes ces pratiques spirituelles étant présentées comme légitimes et procédant d’une origine commune. Ce projet a conduit le mondialisme à mener une guerre sans merci au catholicisme et à l’Église, religion et institution perçues, à juste titre, comme les principaux obstacles à l’avènement d’une religion mondiale. Pour finir, rappelons que les mondialistes sont des adeptes de l’occulte et d’une religion luciférienne fondée sur l’initiation et « l’union des opposés, du macrocosme avec le microcosme, du masculin avec le féminin, de l’égo avec le non-ego. » (Aleister Crowley).

Première journée de rencontre interreligieuse d’Assise le 27 octobre 1986

Dépopulation

Le projet mondialiste vise à diminuer de façon significative le nombre d’habitants sur la planète avec une population mondiale stabilisée entre cinq cent millions et un milliard de personnes2. Pour atteindre ce but, le mondialisme va utiliser différentes méthodes : guerres, avortement, euthanasie, empoisonnement de l’eau ou de l’alimentation, stérilisation par des traitements médicaux ou des vaccins, soutien aux mouvements transgenre ou LGBT ainsi que la promotion de pratiques comme la vasectomie. Pour rendre acceptable ce projet, le mondialisme va en parallèle diffuser une propagande avertissant des dangers de la surpopulation et de l’épuisement des ressources naturelles, comme dans le cas des thèses diffusées par l’agent mondialiste Dennis Meadows et le Club de Rome. Pour un exposé complet sur ce sujet, la lecture du livre « Globalisme et Dépopulation » de Pierre-Antoine Plaquevent est recommandée.

“La population doit être réduite à environ un milliard. Cela peut se faire de manière civile.”

Propriété privée

Inspiré par le socialisme fabien, le mondialisme a pour objectif l’abolition de la propriété privée. Pour ce faire, il utilisa par le passé l’idéologie marxiste et désormais, la lutte contre le « réchauffement climatique » pour justifier la collectivisation progressive des biens appartenant à des personnes privées. Ce projet se trouve complété par la mise sous tutelle progressive des États par la dette, dette dont le remboursement exigera à terme la saisie des biens et des actifs financiers des particuliers par l’État. Pour le mondialisme, la société idéale est celle de la location permanente où l’activité économique indépendante n’existe plus, celle-ci ayant été entièrement absorbée par des grands groupes agricoles, industriels ou commerciaux transnationaux dans lesquels l’automatisation et la robotisation joueront un rôle central, et où la plupart des fonctions régaliennes auront été transférés à des entités de droit privé.

Technologie

À partir des années cinquante, notamment via le développement de la cybernétique, le mondialisme a entrepris de développer les moyens techniques pour réaliser son projet et développer son système de contrôle. Les avancées considérables effectuées dans le domaine de l’informatique, de l’IA, de la robotique et de l’automatisation doivent en effet permettre le remplacement d’un grand nombre de professions par des machines, de la caissière de supermarché jusqu’au militaire, en passant par le comptable ou l’avocat. À terme, l’IA devrait même être capable d’effectuer certaines tâches créatives comme la génération d’images ou de contenu multimédia. En 2024, au Forum de Davos, Klaus Schwab alla même jusqu’à déclarer que l’IA allait rendre la démocratie obsolète car cette technologie permettrait une surveillance en temps réel de l’opinion publique et le vote des lois en conséquence. Dans le même temps, le développement de l’informatique, l’augmentation des capacités de traitement et de stockage ainsi que la miniaturisation des composants ont permis de connecter la quasi totalité de la population de la planète à des machines (ordinateurs, smartphones) et d’utiliser la masse de données générées pour former l’IA via le machine learning. Pour finir, rappelons que l’IA et l’automatisation ont pour objectif de permettre et justifier la dépopulation: le progrès technique permettra de se passer des « inutiles ».

Urbanisme

Le mondialisme cherche à concentrer des populations dans des grands ensembles urbains où seront déployées des technologies de surveillance et de contrôle avancées. Présentées comme des havres de paix et de sécurité éco-responsables, ces villes connectées ou dites de «15 minutes » seront en réalité des prisons à ciel ouvert dans lesquelles les individus se trouveront sous le contrôle de l’État et de grandes entreprises transnationales qui maitriseront entièrement l’accès à l’alimentation, aux soins, aux activités économiques et aux transports. Connectés en permanence aux réseaux grâce à leurs smartphones, leurs objets connectés et même leurs implants, les habitants de ces cités mondialistes feront l’objet d’une surveillance permanente, y compris biomédicale. Ce projet permet de mieux comprendre la destruction du monde paysan, la disparition des services publics en zone rurale, la développement des monnaies numériques et la mise en place de systèmes de surveillance telles que la reconnaissance faciale.

Immigration de masse

Le mondialisme utilise les phénomènes migratoires pour déstabiliser durablement les sociétés. Tout d’abord, en détruisant l’homogénéité sociale et culturelle du corps politique conduisant à sa fracturation en une multitude de communautés ainsi qu’à une baisse générale du niveau de confiance (Putnam). Ensuite, en utilisant la violence sociale et ethnique générée par cette situation pour maintenir les citoyens dans un état de tension permanente et justifier par ailleurs le développement de la surveillance généralisée. Enfin, le coût de la prise en charge directe et indirecte de l’immigration contribue à accroître l’endettement des pays et donc à leur mise sous tutelle par l’oligarchie financière. Pour finir, notons que l’aspect ethnique ou religieux utilisée pour critiquer le phénomène est en réalité sans objet : si l’Europe est déstabilisée par des populations originaires d’Afrique ou du Maghreb de confession musulmane, les États-Unis, anglo-saxons et protestants, le sont de la même manière par des populations hispanophones et catholiques d’Amérique centrale.

Santé

Le système mondialiste n’a pas pour objectif de guérir les individus mais au contraire de les maintenir dans un état de maladie chronique garantissant des profits récurrents aux grandes entreprises pharmaceutiques. Pour ce faire, le mondialisme a mené, à partir des années vingt, une véritable guerre contre l’approche holiste de la médecine et les remèdes naturels pour les remplacer par une médecine allopathique promue et développée par la famille Rockefeller. Que ce soit via la pollution environnementale, la vaccination de masse, notamment des enfants, et le trucage d’un grand nombre de travaux de recherche avec la complicité du corps médical, le système mondialiste continue de détruire la santé des individus pour les maintenir dans un statut de dépendance à vie des grandes entreprises pharmaceutiques qu’il contrôle.

Sexualité

Le mondialisme a pour objectif de dissocier complètement la sexualité de la reproduction et de normaliser des sexualités perverses et déviantes comme la pédophilie. La première étape du projet consista en une attaque en règle contre les religions traditionnelles et leur morale sexuelle, puis par la promotion et la normalisation des sexualités « alternatives ». Après avoir normalisé la PMA/GPA, la prochaine étape sera le développement de l’utérus artificiel, voire du clonage. En parallèle, le mondialisme va faire la promotion du transgenre qui vise à abolir les différences sexuelles entre hommes et femmes, à rendre les individus dépendants à vie des traitements de Big Pharma mais surtout, à façonner les esprits selon les croyances de la religion mondialiste. En effet, comme nous l’avons expliqué dans l’un de nos essais, le transgenre est un des signes de l’appartenance à la religion luciférienne, fondée sur l’union des opposés, du masculin et du féminin.

L’influenceur transgenre Dylan Mulvaney, rendu célèbre par le fiasco de la campagne publicitaire Bud Light dont il était l’égérie.

Contrôle

Le mondialisme vise à un contrôle total sur les individus et les populations, soit une négation de la liberté donnée à l’homme par le Créateur et une violation des droits humains les plus fondamentaux. Le système mondialiste repose en effet sur la logique du panopticon (Bentham), c’est à dire un dispositif permettant d’observer tout le monde sans être vu soi-même. Pour atteindre ce but, le mondialisme va s’appuyer sur la technologie mais également sur un discours politique et médiatique justifiant le renforcement de la surveillance de masse au nom de la sécurité. Avec les monnaies numériques de banques centrales (CBDC) ce contrôle sera prochainement étendu à l’ensemble des transactions financières. Pour finir, le mondialisme utilise les nanotechnologies et les interfaces cerveaux-machines (BCI) pour étendre son contrôle sur les pensées et les esprits. Comme l’explique le Pr James Giordano du DARPA « ces technologies nous permettent désormais de lire et d’écrire des informations sur un cerveau vivant en temps réel et à distance ».

Guerre

La guerre est le moyen principal utilisé par le mondialisme pour faire aboutir son projet : guerre entre les États ; guerre civile au sein des États eux-mêmes. Selon les mondialistes, le déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale devrait permettre la mise en place définitive de la gouvernance mondiale à la demande des populations terrorisées et traumatisées elles-mêmes. Au-delà de sa dimension politique, il est nécessaire de comprendre que cette méthode s’inscrit elle aussi dans une vision religieuse, ésotérique et occulte. Il s’agit en effet du principe ordo ab chaos (l’ordre naît du chaos) mais aussi de celui de solve et coagula (dissoudre puis coaguler), principe que l’on retrouve inscrit sur les représentation traditionnelles de Baphomet.

1Le noachisme est un mouvement religieux juif fondé sur le respect des sept lois de Noé, considérées comme des lois morales universelles et pouvant, à ce titre, être respectées par les juifs comme par les non-juifs.

2Sur les Georgia Guidestones, célèbre monument mondialiste, il était écrit : « Maintenez la population à un seuil de 500 000 personnes, en équilibre avec la nature. »

Pour aller plus loin:

Des mondialistes

Du Grand Réveil

De l’origine du mondialisme

Des techniques de manipulation politique

Des origines du mondialisme

D’après l’article de Richard Poe publié le 27 avril 2021 sous le titre « How the British invented globalism ». Traduit de l’anglais par Stanislas Berton.

La majorité des patriotes s’accorde sur le fait que nous combattons quelque chose qui s’appelle « le mondialisme ». Mais de quoi s’agit-il ? Avant toute chose, il s’agit d’une invention britannique. Le mondialisme moderne est né dans l’Angleterre victorienne et fut ensuite promu par les socialistes fabiens britanniques. Dans le monde actuel, il est désormais le système de croyance dominant. George Orwell l’a appelé l’INGSOC. Dans son roman, 1984, Orwell imagine un futur où l’empire britannique aurait fusionné avec les États-Unis pour former l’Océania, un super-État dont l’idéologie diabolique est l’INGSOC (une abréviation du socialisme anglais). La dystopie d’Orwell s’appuyait sur sa connaissance des véritables plans des mondialistes.

Une fédération mondiale

Au XIXe siècle, tandis que la puissance britannique grandissait, la domination mondiale apparaissait comme inévitable. Les administrateurs impériaux avaient conçu des plans pour un monde unifié sous le joug britannique. Pour que ce plan réussisse, il fallait que la Grande-Bretagne et les États-Unis unissent leurs forces, exactement comme Orwell l’avait imaginé dans son roman. Aux États-Unis, un grand nombre d’anglophiles étaient plus que prêts à mettre en œuvre ce projet. « Nous sommes une grande partie de cette plus que Grande-Bretagne qui semble clairement destinée à dominer le monde » s’enthousiasmait le New-York Times en 1897, lors des festivités pour le Jubilé de la reine Victoria.

En 1842, Alfred Tennyson, qui allait bientôt devenir le poète lauréat officiel de la reine Victoria, écrivait dans son poème « Locksley Hall » qu’il « voyait arriver un âge d’or de la paix » sous une « loi universelle », un « Parlement de l’homme » et une « Fédération du monde ». Les mots de Tennyson préfigurent la Ligue des nations et les Nations unies. Mais Tennyson n’était pas l’auteur de ces concepts. Il ne faisait que célébrer des plans développés par les élites britanniques.

Des générations de mondialistes britanniques ont considéré le poème de Tennyson comme s’il s’agissait des Saintes Écritures. En 1931, Winston Churchill le loua comme « la plus merveilleuse de toutes les prophéties modernes ». Il déclara que la Ligue des nations marquait l’accomplissement de la vision de Tennyson.

Libéralisme impérial

Une autre personnalité britannique influencée par le poème de Tennyson fut le philosophe John Ruskin. En 1870, lors de son premier cours à Oxford, Ruskin électrisa ses étudiants en déclarant que la destinée de la Grande-Bretagne était de « régner ou mourir », de diriger le monde ou d’être dirigée par d’autres. Par ces mots, Ruskin donna naissance à une doctrine qui deviendrait connue sous le nom « d’impérialisme libéral », notion selon laquelle les nations « libérales » doivent conquérir les peuples barbares afin de diffuser les valeurs « libérales ». Un terme plus approprié serait « l’impérialisme socialiste » car la plupart des personnes adhérant à cette doctrine étaient en réalité des socialistes. Ruskin se considérait d’ailleurs comme « communiste » avant que Marx n’eut fini d’écrire Le Capital. Pour Ruskin, l’Empire britannique était le moyen parfait de diffuser le socialisme.

Le socialisme de Ruskin se mélangeait de façon étrange avec l’élitisme. Il vantait la supériorité des races « nordiques », c’est à dire les Normands, les Celtes et les Anglo-Saxons qui avaient construit l’Angleterre. Il voyait l’aristocratie, et non le peuple, comme l’incarnation des vertus britanniques. Ruskin était également un occultiste et, selon certains biographes, un pédophile. Sur ces différents points, ses goûts particuliers semblent encore être à la mode dans les cercles mondialistes actuels.

La fondation Rhodes

Les enseignements de Ruskin inspirèrent une génération d’hommes d’États britanniques. Un des disciples les plus fervents de Ruskin fut Cecil Rhodes (1853-1902). Alors étudiant, Rhodes assista à à la leçon inaugurale de Ruskin et en fit une copie qu’il conserva jusqu’à sa mort. En tant qu’homme d’État, Rhodes fut un inlassable champion de l’expansionnisme britannique. « Plus il y d’endroits dans le monde où nous nous trouvons, mieux la race humaine se porte » affirma-t-il. Dans son testament, Rhodes laissa une fortune pour promouvoir « la domination britannique partout dans le monde », la consolidation de tous les pays anglophones au sein d’une même fédération, et, selon les propres mots de Rhodes, « la réintégration totale des États-Unis comme partie intégrale de l’Empire britannique ». Tout ceci devait conduire, concluait le testament de Rhodes à « la création d’un pouvoir si grand qu’il rendrait les guerres impossibles et permettrait de défendre les intérêts de l’humanité ». En conséquence, la paix mondiale deviendrait une réalité grâce à l’hégémonie britannique. Dans les années 1890, la plupart des dirigeants britanniques partageaient le point de vue de Rhodes.

La « Table Ronde »

Suite à la mort de Rhodes en 1902, Alfred Milner prit la direction de son mouvement et créa des groupes secrets « la Table ronde » pour promouvoir une fédération mondiale de pays anglophones. Dans chaque pays cible, y compris les États-Unis, les membres des « tables rondes » recrutèrent des dirigeants locaux pour agir en tant que « chèvres de Judas ». La chèvre de Judas est un animal conditionné pour emmener ses congénères à l’abattoir. Dans les faits, la Table ronde conduisait littéralement le peuple à l’abattoir.

La guerre avec l’Allemagne était planifiée. La Table ronde chercha à obtenir l’engagement de chaque colonie anglophone d’envoyer des troupes au moment venu. L’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud acceptèrent. La Première Guerre mondiale fit avancer la cause du mondialisme à l’échelle globale, donnant naissance à la Ligue des nations. Cela faisait partie du plan. Le plan britannique. Des générations d’écoliers ont appris que Woodrow Wilson était le père du mondialisme. Mais les « idéaux » de Wilson lui avaient été soufflés à l’oreille par des agents britanniques.

La guerre pour mettre fin à la guerre

Le 14 août 1914, dix jours seulement après que l’Angleterre eut déclaré la guerre, le romancier H.G. Wells rédigea un article intitulé « La guerre qui mettra fin à la guerre ». « Il s’agit maintenant d’une guerre pour la paix », déclara t’il, « elle vise un accord qui mettra un terme définitif à ce genre d’événement ». En octobre 1914, Wells publia son article sous la forme d’un livre. Il écrivit « Si les libéraux du monde entier[…]insistaient pour qu’à la fin de ce conflit, une conférence mondiale ait lieu[…]Celle-ci pourrait donner naissance à une Ligue pour la paix qui contrôlerait le monde ». Wells n’avait pas inventé l’idée d’une « Ligue pour la paix ». Il ne faisait que promouvoir la politique officielle de l’empire britannique. Wells était un agent secret du bureau de la propagande de guerre de la Grande-Bretagne, connu sous le nom de Wellington House.

Des agents britanniques à la Maison Blanche

Les dirigeants britanniques avaient conscience que leur Ligue pour la paix ne pourrait pas marcher sans le soutien des États-Unis. Pour cette raison, le renseignement britannique redoubla d’efforts pour infiltrer l’administration Wilson, ce qui s’avéra être étonnamment facile. Le plus proche conseiller de Wilson était le « Colonel » Edward House, un texan dont les liens familiaux avec l’Angleterre étaient très forts. Durant la guerre civile, le père de House, né anglais, avait fait fortune en forçant le blocus et en échangeant du coton contre des munitions destinées à armer les rebelles. Le jeune Edward House et ses frères étudièrent dans des pensionnats anglais. Tout en conseillant le président Wilson, le colonel House travaillait en étroite collaboration avec des espions anglais, particulièrement Sir William Wiseman, le chef de station aux États-Unis pour les services secrets britanniques (SIS). House, Wiseman et Wilson devinrent des amis proches, allant jusqu’à passer leurs vacances ensemble.

L’idée d’une « Ligue des nations » vint de Sir Edward Grey, le ministre britannique des affaires étrangères. Dans une lettre du 22 septembre 1915, Grey demande au colonel House s’il serait possible de convaincre le président de proposer une « ligue des nations » car l’idée serait mieux reçue si elle venait d’un président américain. Wilson donna son accord. Quand Wilson participa à la conférence de paix à Paris en 1919, Wiseman et House étaient à ses côtés, guidant ses moindres décisions en compagnie d’un aréopage de dignitaires britanniques et américains tous fidèles à l’agenda mondialiste et dont nombre d’entre eux étaient directement liés à la Table ronde.

La relation spéciale

L’ancien officier des services secrets britanniques, John Bruce Lockhart, affirma que Wiseman avait été le « meilleur agent d’influence » que les britanniques n’aient jamais eu. L’historien britannique A.J.P Taylor écrivit que « Wiseman et House avaient fait de la « relation spéciale » une réalité ». De nombreux historiens considèrent que la « relation spéciale » entre les États-Unis et la Grande-Bretagne commença seulement après la Deuxième Guerre mondiale avec la création de l’OTAN et de l’ONU. Cependant, Taylor note, à juste titre, que les graines de la « relation spéciale » furent plantées bien plus tôt, dès 1919 à la conférence de Paris. À Paris, les dignitaires américains et britanniques s’accordèrent en secret pour coordonner leur politique de façon à ce les deux pays agissent de concert. Deux cercles de réflexion furent créés pour faciliter ce processus, Chatham House (Grande-Bretagne) et le Council on Foreign Relations (États-Unis).

Au grand dam des mondialistes britanniques, le Sénat américain refusa de rejoindre la Ligue des nations. Il fallut une autre guerre mondiale, ainsi que les talents de persuasion de Winston Churchill, pour finalement intégrer les États-Unis dans une gouvernance mondiale via l’OTAN et l’ONU.

Winston Churchill, père du mondialisme moderne

La vision de Churchill d’un gouvernement mondial était étonnamment proche de celle de Cecil Rhodes et de la Table ronde. Churchill appelait à la constitution d’une « organisation mondiale » fondée sur une « relation spéciale » entre les pays anglophones. Le 16 février 1944, Churchill déclara qu’« à moins que la Grande-Bretagne et les États-Unis soient liés par une relation spéciale sous la férule d’une organisation mondiale, une guerre destructrice se produira à nouveau ». En conséquence, les Nations unies furent fondées le 24 octobre 1945. Cependant, l’ONU n’était pas suffisant. Cecil Rhodes et la Table ronde avaient toujours maintenu que le véritable pouvoir derrière tout gouvernement mondial devait être une union des peuples anglophones. Churchill réaffirma ce plan dans son discours sur le « Rideau de fer » du 5 mars 1946. Churchill y rappela que l’ONU n’avait ni « force armée internationale », ni bombes atomiques. Il fallait donc que les États-Unis rejoignent la Grande-Bretagne et les autres pays anglophones dans une alliance militaire. Aucune autre force ne serait capable d’arrêter les Soviets, affirma Churchill.

“Une association fraternelle des peuples anglophones”

Churchill affirma qu’une « organisation mondiale » était inutile sans l’association fraternelle des peuples anglophones. Cela signifie une relation spéciale entre le Commonwealth britannique, l’Empire et les États-Unis ».

Les déclarations de Churchill eurent pour conséquence le traité de l’OTAN de 1949 et l’accord « Five Eyes » [NdT : Cinq Yeux] qui permit la mise en commun des efforts des services de renseignement des États-Unis, de la Grande-Bretagne, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Étape par étape, Churchill nous rapprochait du super-État mondial qu’Orwell avait appelé Océania.

Se décrivant comme un « anarchiste de droite », Orwell détestait le communisme soviétique. Si tel avait été son souhait, il aurait pu écrire 1984 comme une version britannique d’Aube Rouge, avec une Angleterre souffrant de l’occupation soviétique. Mais tel n’était pas le message d’Orwell. Orwell voulut nous avertir d’un danger bien plus proche. Son avertissement portait sur les mondialistes britanniques et leur plan d’une union des pays anglophones dominés par l’idéologie INGSOC. À bien des égards, nous vivons dans le monde anticipé par Orwell.

Note du traducteur 

Sans ces éléments, impossible de comprendre que ce qui se joue depuis plusieurs années aux États-Unis, à travers la personne et l’administration de Donald Trump, n’est rien de moins qu’une nouvelle guerre d’indépendance visant à libérer le peuple américain du joug britannique. Confrontés à la perspective d’une défaite, les intérêts mondialistes britanniques tentèrent de déclencher une guerre civile aux États-Unis, dont le point culminant furent les émeutes Black Lives Matter de 2020, visant à détruire l’Union par le chaos et entraîner la sécession de plusieurs États. Cette tentative fut très habilement contrée par Donald Trump qui entrera dans l’histoire comme l’un des plus grands présidents de l’histoire des États-Unis.

Pour aller plus loin 

La société fabienne

Des mondialistes (Stanislas Berton)

Comment les Britanniques ont vendu le mondialisme aux Américains (Richard Poe)

L’invention des révolutions de couleur par les Britanniques (Richard Poe)

L’invention de George Soros par les Britanniques (Richard Poe)

Histoire secrète de l’oligarchie anglo-américaine (Carrol Quigley)

Des origines du mondialisme à la grande réinitialisation (Pierre Hillard)

Le Council of Foreign Relations (CFR), le relai de la politique étrangère britannique aux États-Unis

La face cachée de la monarchie anglaise (Pierre Hillard)

De la crise économique

« Ce serait une consolation pour notre faiblesse et nos œuvres si toutes choses devaient périr aussi lentement qu’elles adviennent ; mais il est ainsi, la richesse est lente, et le chemin de la ruine est rapide. » Sénèque,

Même les économistes commencent à comprendre que la situation économique est extrêmement grave : la récession guette, les banques sont virtuellement en faillite et les taux d’intérêts négatifs sont en train de détruire le système financier et plus largement le concept d’épargne.

En revanche, ils n’ont toujours pas compris les causes profondes de cette crise et par extension le fait qu’il ne s’agit pas d’une simple phase mais bien de la fin d’un cycle.

Pour comprendre, il faut revenir à la base, c’est-à-dire aux modèles économiques.

Depuis plusieurs siècles, ces derniers violent allégrement les lois fondamentales de la physique, sans que personne ne s’en émeuve. L’absence de véritable formation scientifique empêche les économistes de comprendre que toute activité économique est en réalité une activité de transformation de la matière et que cette activité nécessite de l’énergie. Notre monde moderne est né de la Révolution Industrielle qui fut une révolution scientifique mais surtout une révolution de l’exploitation des énergies fossiles, charbon puis pétrole. La production économique, mesurée par le PIB, devrait donc être au premier ordre une fonction linéaire de la quantité d’énergie consommée.

Production de pétrole et variation PIB ( source: The Shift Project)

Pendant plus de deux siècles, une paille à l’échelle de l’histoire économique, nous avons considéré les ressources naturelles, pétrole, charbon, gaz mais aussi le bois, l’eau, le cuivre, le sable, le zinc, le phosphate et un grand nombre d’éléments présents dans le tableau de classification de Mendeleïev comme des ressources infinies. Malheureusement, elles ne le sont pas et depuis le début de l’industrialisation leurs stocks n’ont cessé de diminuer.

Au lieu d’admettre cette réalité et d’accepter qu’à l’horizon du XXIème siècle, la croissance ne pouvait que mécaniquement décroître, les gouvernements ont préféré se lancer dans une véritable fuite en avant économique dont  les conséquences sont en train de nous rattraper. Cette fuite a pris la forme de dette, j’y reviendrai, et de l’exploitation de plus en plus coûteuse de ressources naturelles de plus en plus rares.  A titre d’exemple, l’exploitation des gisements de gaz de schiste a offert aux USA vingt ans de répit mais il s’agit d’une activité non-rentable dont la faillite est évitée par les subventions massives versées par le gouvernement américain.

Dès lors que l’on parle d’énergie, il ne faut regarder ni le volume, ni le prix, mais le taux de rendement énergétique (TRE/EROI). Le TRE, c’est la quantité d’énergie nécessaire pour extraire une quantité d’énergie. Plus le TRE est faible, plus il est coûteux d’aller chercher de l’énergie supplémentaire comme dans le cas du gaz de schiste. Même s’il existe encore des gisements de ressources, si cela vous coûte plus cher de les extraire que ce que cela vous rapporte, énergétiquement parlant, leur exploitation n’a aucun sens. Quand le TRE chute, l’économie se contracte en termes réels et la part discrétionnaire du revenu diminue.

C’est pour cela qu’en réalité, tous les débats sur la réalité de l’épuisement des ressources naturelles sont absurdes. Dans les faits, nous en subissons déjà les conséquences et l’effondrement du TRE est une des clés qui permet d’expliquer l’évolution économique à partir du premier choc pétrolier en 1973.

A ce sujet, la crise de 1973 constitue l’une des premières manifestations concrètes de la chute du TRE (voir graphique). Par ailleurs, si un employé de bureau pouvait élever toute une famille sur un seul salaire et que ce n’est plus le cas aujourd’hui, c’est principalement à cause de la chute du TRE. De la même manière, l’échec  imprévu des politiques keynésiennes dans les années 70 s’explique clairement par la chute du TRE (si l’économie se contracte à cause d’un manque d’énergie, les politiques de relance ne servent à rien et ne font que créer de l’inflation). Il en est de même pour la crise des subprimes de 2008 (les créances pourries et le surendettement ne sont que des stratagèmes pour repousser un peu plus loin les conséquences de la contraction énergétique, voir plus bas). Enfin, depuis 2007, l’Europe a passé son maximum d’approvisionnement énergétique et par conséquent, la croissance de la zone n’a cessé de diminuer.

La chute du TRE est une réalité physique indiscutable : l’énergie que nous extrayons de notre environnement pour faire tourner notre machine économique se raréfie en quantité ainsi qu’en qualité et par conséquent, l’économie se contracte en termes réels.

Pour essayer de contrer cette tendance, nos gouvernements ont décidé d’avoir recours à une solution : la dette, c’est-à-dire transférer la nécessité de l’ajustement sur les générations futures. Pendant plusieurs décennies, la création monétaire ex-nihilo a été utilisée pour compenser l’effondrement du TRE, maintenant l’illusion de la prospérité en Occident et accompagnant le décollage dans les pays en développement comme la Chine.  Le problème, c’est que cette ruse économique a fait long feu. Les gouvernements et les institutions financières se trouvent désormais entre le marteau et l’enclume : la création monétaire massive est en train, via les taux d’intérêts négatifs, de détruire le système bancaire et financier mais en même temps, arrêter la création monétaire ne peut que conduire à l’effondrement du système économique mondial.

Evolution de la dette US totale, représentative de la tendance générale
Augmentation de la masse monétaire des banques centrales

*

Les conséquences de l’effondrement du TRE sont inévitables et le rééquilibrage du système va être brutal.

Cet effondrement ne signifie pas la fin de la civilisation ni le retour à l’âge de pierre.

Si vous gagnez 5000€ par mois mais que vous dépensez comme si vous en gagniez encore 10 000, vous n’êtes pas pauvre mais vous vivez largement au-dessus de vos moyens et c’est le décalage entre vos revenus et vos dépenses qui va entraîner votre faillite complète. Il en va de même pour nos économies. Le pire aurait pu être évité si au lieu de nous lancer dans une fuite en avant, nous avions compris les conséquences de l’épuisement des ressources naturelles et diminué année après année notre train de vie en conséquence.  

Tous nos systèmes productifs, nos infrastructures et même nos niveaux de vie sont en réalité surdimensionnés comparés à notre “budget” énergétique et les importantes inégalités générées par la mondialisation et la sécession des élites n’ont fait qu’aggraver la situation.

Nous aurions pu :

-en finir avec le dogme de la croissance économique et démographique et stabiliser nos sociétés à des seuils soutenables

-laisser les économies et les populations occidentales vieillissantes décroître naturellement plutôt que de chercher à les faire croître de façon artificielle  via l’immigration de masse et l’endettement

-Ne pas encourager l’endettement massif des entreprises et la prise de risque excessive des investisseurs via la politique monétaire accommodante menée par les banques centrales et le FMI

-définir un niveau de confort, de services et d’infrastructures essentiels que nous devons conserver et supprimer l’accessoire, réduisant ainsi au passage le gaspillage, la bureaucratie et la dépense publique

-développer une production durable qui recycle, répare et produit localement plutôt que d’encourager la consommation, le renouvellement  et l’import/export.

-préparer véritablement la transition énergétique en investissant massivement dans le nucléaire plutôt que dans les énergies dites “renouvelables” , l’habitat durable plutôt que les grandes métropoles et dans les moteurs à très basse consommation plutôt que dans les véhicules électriques.

Ces ajustements se produiront inévitablement mais ils se feront dans la douleur et la précipitation plutôt que de façon méthodique et organisée.  Nous allons être les témoins de la plus grande contraction économique de l’histoire et nous sommes dans l’ensemble, économiquement, politiquement et mentalement très peu préparés pour y faire face.

C’est pour cela qu’il faut traiter de charlatans tous les responsables politiques qui promettent le retour de la croissance et l’augmentation du niveau de vie, tout comme les économistes ou les “experts” qui ne comprennent rien au TRE et à son importance pour les systèmes économiques.

La croissance ne reviendra pas, notre niveau de vie va baisser et aucune solution technologique miracle ne viendra nous sauver. C’est une évidence physique thermodynamique.

L’avenir sera à la frugalité, au local et à la limite. Ça ne sera pas la fin du monde mais ça sera la fin d’un monde.  A nous de  gérer le nouveau mieux que le fut l’ancien.

English version

Pour aller plus loin :

Quelle croissance demain? (Jancovici, bonne introduction)

La falaise de Sénèque, Ugo Bardi

Our finite world, Gail Tverbeg (site)

Energy and the wealth of nations, Charles A. S. Hall; Kent Klitgaard

Résumé de l’article sur mon fil Twitter

De la civilisation française

« La France, le plus beau royaume après celui du ciel »

Grotius

Développé en partie par Alexandre Douguine dans son livre « Théorie d’un monde multipolaire » et repris depuis aussi bien par des diplomates chinois que par le président Vladimir Poutine lui-même, le concept « d’État-civilisation » s’est peu à peu imposé dans les débats concernant la géopolitique et les relations internationales.

Construit en opposition au modèle européen d’État-nation ainsi qu’à celui de gouvernement mondial unifié, ce concept s’appliquerait à des États dépassant le cadre national pour représenter une aire civilisationnelle dans son ensemble. Comme l’écrit Douguine : « L’État-civilisation peut interagir avec le monde extérieur, mais il n’en devient jamais dépendant et conserve toujours son autosuffisance, son autonomie et son autarcie. L’État-civilisation est toujours plus qu’un simple État, tant sur le plan spatial que temporel (historique) ».

D’après Douguine, la Chine constituerait l’exemple le plus emblématique d’État-civilisation et la Russie serait en train d’évoluer vers un tel statut car « la Russie est plus qu’un État-nation (ce qu’est la Fédération de Russie). La Russie est un monde à part ». Quant à l’Occident, il serait, toujours selon Douguine, un État-civilisation, divisé en deux parties : l’Amérique du Nord et l’Europe.

Si le concept d’État-civilisation apparaît comme pertinent, il s’agit en revanche d’une grave erreur de parler de l’Europe comme d’une entité civilisationnelle en ignorant qu’il existe déjà un État-civilisation au sein du continent européen et que celui-ci s’appelle la France.  

En effet, comme nous allons le démontrer, la France possède toutes les caractéristiques lui permettant de prétendre au statut d’État-civilisation et de constituer une entité politique, sociale, économique et culturelle parfaitement autonome.

Tout d’abord, il existe un véritable « monde français ». Celui-ci se compose de la métropole, l’hexagone, ouvert sur la mer méditerranée et l’océan atlantique, territoire contenant à lui seul une incroyable diversité d’ensembles topographiques, de paysages naturels et de terroirs, des plateaux fertiles de la Beauce ou de la Brie aux voies de passage naturelles comme la vallée du Rhône en passant par les littoraux de la Côte d’Azur ou de la Bretagne. À cette richesse de la métropole vient s’ajouter celle des territoires ultra-marins qui permettent à la France d’être présente sur les cinq continents, sous tous les hémisphères et de posséder le deuxième domaine maritime au monde après les États-Unis soit une surface de plus de 10 millions de kilomètres carrés. À cette réalité territoriale et géographique vient s’ajouter une zone d’influence historique et culturelle caractérisée, entre autres, par l’usage du français recouvrant le Québec (Amérique du Nord), la Wallonie (Belgique) et la Suisse romande. À cette zone d’influence directe vient s’ajouter, de façon beaucoup plus lâche, la Francophonie dans son ensemble ainsi que les anciennes possessions impériales (la rive gauche du Rhin ainsi qu’une partie de l’Italie du Nord) et coloniales (Syrie, Liban, Maghreb, Afrique de l’Ouest, Indochine).

Sur le plan de l’économie et des ressources, bien que dépourvue de pétrole et de gaz, la France a pu longtemps compter sur l’existence de gisements de charbon dans le Nord et dans l’Est. Si ceux-ci sont aujourd’hui épuisés ou inexploitables, la France possède néanmoins une abondance de ressources naturelles telles que son important domaine forestier, quatrième en Europe, la fertilité de ses sols, le colossal domaine maritime que nous venons d’évoquer, sa richesse hydrographique (fleuves, sources, cours d’eau), atout crucial dans un monde où l’eau va devenir une ressource de plus en plus rare. La présence de zones montagneuses et d’importants dénivelés permet de surcroît une importante production hydroélectrique mais ouvre également la possibilité, aujourd’hui sous-exploitée, de recours à des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Mais la ressource la plus précieuse de la France est sans aucun doute le génie créatif, artisanal et industriel du peuple français. Celui-ci permit à notre pays d’être pionnier dans de nombreux domaines (automobile, aviation, textile, agriculture, cinéma) et de posséder encore aujourd’hui des savoir-faire uniques au monde aussi bien dans le domaine de l’artisanat d’art que celui de la technologie de pointe. Sous réserve de pouvoir accéder à certaines matières premières et de mettre en place des mesures adaptées de soutien à l’activité productive, la France peut redevenir une grande puissance industrielle capable de tout produire par elle-même et pour elle-même tout en maintenant des relations commerciales avec le reste du monde lorsque les termes de l’échange lui sont favorables.

Si la France peut donc bien être considérée comme un État-civilisation par ses caractéristiques matérielles, elle l’est encore davantage par ses qualités immatérielles.

Comme nous l’avons expliqué dans notre livre, « Être Français : lettre à ma sœur », il existe en effet un génie français qui s’est exprimé de façon continue dans l’Histoire aussi bien à travers la vie quotidienne du peuple que les productions économiques, politiques et culturelles des élites. Sur ce point, force est de constater que la France a su donner au monde un nombre impressionnant de génies, de la science aux arts en passant par l’architecture, l’industrie et l’artisanat, sans oublier ces « génies de Dieu » que sont les saints et les bienheureux. Tous ces talents ont contribué à travers les siècles à forger une culture et un authentique style français admiré, envié et souvent imité par l’ensemble des peuples du monde.

Au-delà de ces grandes figures emblématiques, il existe chez le peuple une forme de génie simple et populaire, un « être au monde » spécifiquement français constitué, comme l’a démontré Geert Hofstede, de l’alliance unique de caractéristiques habituellement opposées : l’individualisme et le sens du collectif, la familiarité et le sens de la hiérarchie, la finesse et la robustesse, la légèreté et la profondeur. C’est à cet esprit français, à son rapport particulier au temps, aux hommes et à l’espace que l’on doit l’art de vivre, le sens de l’honneur et l’amour des terroirs. C’est à ce même esprit français que l’on doit le repas gastronomique, la révolte des gilets jaunes et le rejet de la mondialisation libérale. C’est enfin à cet esprit français que l’on doit cette douceur de vivre, cette bonté parfois un peu naïve et cet amour souvent excessif de tout ce qui est lointain ou étranger aux dépens de ce qui est proche et national.

Mais surtout, si la France peut prétendre au titre d’État -civilisation, c’est parce qu’elle est avant tout une puissance catholique dont l’acte fondateur reste le baptême du roi des Francs, Clovis, par l’évêque Saint Rémy à Reims, le jour de Noël 496. Par cette passation de pouvoir de la royauté davidique à la royauté française, le peuple français se voyait confier une mission divine, le roi de France devenant le  « lieutenant de Dieu sur Terre » et jurant « premièrement, de faire conserver en tout temps à l’Église de Dieu, la paix par le peuple chrétien ». Cette alliance entre la France et le catholicisme sera réactualisée le 21 juin 1429 lors de la triple donation de Sainte Jeanne d’Arc qui viendra réaffirmer la royauté du Christ sur la France et l’exercice, par le roi, du pouvoir en son nom.

En tant que « fille aînée de l’Église », la France a pour mission de défendre la foi catholique dans le monde, distincte sur ce point d’une Russie orthodoxe ou d’une Amérique protestante.  En tant que protectrice de la foi catholique et soutien de la Sainte Église, la France doit agir dans le monde selon sa vocation et intervenir, lorsque la situation l’exige, partout où la foi catholique se trouve menacée et les chrétiens en danger.

Si la réalité de la France comme État-civilisation semble aujourd’hui plus difficile à admettre ou à saisir, c’est parce que depuis plus de deux siècles, notre pays s’est détournée de sa vocation à travers le rationalisme des Lumières et son expression politique que fut la Révolution française. En décapitant Louis XVI, le peuple français a rompu le lien qui l’unissait avec Dieu et en chassant le catholicisme de la sphère publique, il a renié le sens même de son existence et de sa mission. Comme nous l’avons expliqué dans notre essai consacré au mondialisme et dans notre livre « La France Retrouvée », ces événements catastrophiques ont été le fait d’une minorité d’idéologues fanatiques qui ont trompé le peuple français et l’ont conduit à la ruine matérielle, spirituelle et morale.

L’empoisonnement des consciences françaises a été si profond que la plupart des Français, y compris nombre de  patriotes, persistent à croire qu’il serait possible de redresser la France sans la rétablir en tant que puissance catholique et sans retour massif du peuple, comme des élites, à la religion de leurs pères. Faute de comprendre la mission divine de la France et le lien intime qui unit la puissance française au catholicisme ainsi qu’à l’Église, un grand nombre de Français, pourtant attachés à la survie et à la défense de leur pays, continuent de professer l’athéisme, défendent les dogmes et les superstitions de la Modernité contre les vérités de la Tradition et poursuivent, en promouvant le paganisme ou en réduisant la France à une composante de la civilisation européenne, l’œuvre de destruction de notre pays.

Un tel aveuglement révèle de façon éclatante le principe satanique à l’œuvre depuis plus de deux siècles. Dans l’esprit du peuple comme dans celui de l’élite, la confusion règne. Des vérités pourtant simples et évidentes ne sont plus comprises. Le renoncement et la lâcheté sont préférés à l’épreuve et au combat. Au lieu d’être encouragés et soutenus, ceux qui croient encore en la France et rappellent sa mission divine sont ignorés ou marginalisés. Le peuple béni de Dieu, celui qui avait reçu tant de dons, de richesses et de talents, celui qui devait rayonner le plus pour rendre témoignage de Sa puissance et de Sa gloire, doute de lui-même, de sa mission et de son génie. Ce peuple donné au monde pour être une force d’équilibre, pour tempérer les excès des autres grandes puissances et incarner une alternative catholique fondée sur la foi, l’honneur et le bien commun à un monde anglo-saxon protestant, dominé par l’argent, l’individualisme et le contrat, n’ose plus assumer sa singularité et multiplie les marques de soumission à l’égard de puissances rivales.

Au lieu de tracer sa propre voie, le peuple français court derrière les autres, se compare, cherche à leur ressembler et à gagner leur approbation ; ce peuple qui devrait être un modèle pour les autres peuples, ce peuple qui « ne peut être lui-même qu’au premier rang » est devenu une petite chose rabougrie qui ne se croit plus capable de se tenir debout toute seule sans la béquille de l’Europe et qui ne comprend plus que lorsqu’elle est elle-même, la France est l’Europe.

En rompant avec le catholicisme et les réalités surnaturelles, les dogmes et les superstitions des Lumières ont fait perdre à la France son statut d’État-civilisation pour en faire une simple nation, une insignifiante « puissance moyenne ». Alors qu’elle se trouve aujourd’hui au bord de l’abîme, La France se trouve aujourd’hui confrontée à un choix : poursuivre dans l’erreur de la modernité et se fondre dans une « grande Europe » dominée par une Russie orthodoxe, qui, malgré le communisme, aura su rester fidèle aux vérités de la Tradition ; ou bien, guidée par une élite catholique et patriote, rompre avec la modernité qu’elle a contribué à diffuser dans le monde, retourner à la foi catholique de ses ancêtres et, après un long travail de rénovation matérielle et spirituelle, redevenir l’État-civilisation qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, puissance européenne d’un monde multipolaire, à l’égal de la Russie ou de la Chine. 

Dans une interview donnée en 2018, Vladimir Poutine affirmait : à quoi bon vivre dans un monde dans lequel la Russie n’existe plus ? Aux Français d’ajouter : à quoi bon vivre dans un monde où la France n’est plus la France ?

Pour aller plus loin:

Être Français: lettre à ma sœur

La France Retrouvée

Serment des rois de France

Pour qu’Il règne, Jean Ousset

Instructions de Bismarck au comte von Arnim, ambassadeur à Paris datées du 16 novembre 1871 et citées par Gaudin de Vilaine au Sénat, le 6 avril 1911 (Journal Officiel du 7 avril 1911)

Nous devons enfin désirer le maintien de la République en France pour une raison qui est majeure : la France monarchique était et sera toujours catholique ; sa politique lui donnait une grande influence en Europe, en Orient et jusqu’en Extrême-Orient. Un moyen de contrecarrer son influence au profit de la nôtre, c’est d’abaisser le catholicisme et la papauté qui en est la tête. Si nous pouvons atteindre ce but, la France est à jamais annihilée. La monarchie nous entraverait dans ces tentatives. la République nous aidera… J’entreprends contre l’Église catholique une guerre qui sera longue, et peut-être terrible! On m’accusera de persécution et j’y serai peut-être conduit, mais il le faut pour achever d’abaisser la France et établir notre suprématie religieuse et diplomatique, comme notre suprématie militaire. Eh bien, je le répète : ici encore les républicains m’aideront ; ils joueront notre jeu ; ce que j’attaque par politique, ils l’attaquent par formalisme anti-religieux. Leur concours est assuré. Entretenez dans les feuilles radicales française à notre dévotion la peur de l’épouvantail clérical, en faisant propager les calomnies ou les préjugés qui font naître cette peur… Faites aussi parler dans ces feuilles des dangers de la réaction, des crimes de l’absolutisme, des empiètements du clergé. Ces balivernes ne manquent jamais leur effet sur la masse ignorante. Oui, mettez tous vos soins à entretenir cet échange de services mutuels entre les républicains et la Prusse ! C’est la France qui paiera les frais!

De l’anthropologie politique

Le peuple français est le plus facile à tromper, le plus difficile à détromper, le plus puissant à tromper les autres.” Joseph de Maistre

L’anthropologie est une rivière qui, même détournée, finit toujours par retrouver son lit.

Pour dire les choses plus clairement : l’anthropologie de chaque peuple détermine une forme bien spécifique de gouvernement, d’organisation économique et sociale ainsi que de philosophie politique.

L’histoire récente de la Russie offre la meilleure preuve de la validité de cette thèse.

En 1917, une minorité de bolcheviks, organisés et intransigeants, prend le pouvoir et impose par la force et la terreur un système politique totalitaire et un matérialisme athée à tout un peuple.

Quatre-vingt ans plus tard , le système soviétique s’effondre et voilà la Russie éternelle qui réapparaît et reprend ses droits : le christianisme orthodoxe fait son grand retour, le pays retrouve son tsar sous les traits de Vladimir Poutine et les Romanov sont exhumés de leur fosse commune pour retourner reposer parmi leurs prédécesseurs dans le mausolée de la cathédrale Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg, où les jours de fête nationale, comme j’ai pu personnellement le constater, une foule immense et populaire vient leur rendre hommage comme si près d’un siècle de communisme n’avait jamais existé.

Comprendre la puissance des déterminants anthropologiques, c’est comprendre pourquoi l’universalisme est un leurre et pourquoi son application ne peut que déboucher sur le plus absurde et le plus violent des totalitarismes.  C’est aussi comprendre pourquoi il est grotesque de demander aux Chinois de respecter les Droits de l’Homme, au monde arabo-musulman de rejeter l’Islam pour embrasser la laïcité et d’imaginer que la France puisse rester encore longtemps une république.

Comme je l’ai déjà expliqué, la France est le cas typique d’un peuple qui a pris ses vessies anthropologiques pour de lumineuses lanternes. En effet, il se trouve encore dans notre pays un nombre considérable d’intellectuels, d’éditorialistes et d’hommes politiques qui n’ont toujours pas compris que la République Française, qu’ils confondent désormais avec la France, est une forme d’organisation politique née à la fois  d’une anthropologie bien spécifique, le système familial nucléaire égalitaire du bassin parisien mais aussi de la pensée chrétienne universaliste dont la séparation du temporel et du spirituel permet la laïcité. Ainsi, les francs-maçons et les laïcards les plus farouches sont, le plus souvent sans en avoir conscience, de véritables croyants possédés par ces fameuses vertus chrétiennes devenues folles.

Cette analyse nous révèle la situation politique pour ce qu’elle est :

La République Française est à la France ce que le bolchevisme fut à la Russie : un projet d’une minorité imposé à une majorité s’appuyant sur une base anthropologique réelle mais néanmoins minoritaire à l’échelle du pays. Pour plus de détails, lire les travaux d’Emmanuel Todd sur les systèmes familiaux ainsi que la remarquable étude que Claude Quétel a consacré à ce sujet dans son livre “Crois ou meurs! Histoire incorrecte de la Révolution Française“.

Comprendre cela, c’est comprendre pourquoi la République Française est condamnée à terme en tant que régime. Ultime ironie, c’était précisément le maintien d’une religiosité chrétienne forte qui assurait l’équilibre du système. Mais le phénomène de déchristianisation progressive à partir des années 70 a rompu cet équilibre, ce qui, à terme et en vertu des forces anthropologiques à l’œuvre, ne peut que mécaniquement conduire l’effondrement total du système.  Par conséquent, la seule vraie et grande question politique française est : comment gérer l’effondrement et la disparition programmée  de la République sans trop de dégâts pour le pays et sans effusion de sang ?

Une fois ce fait admis, la grande question qui se pose ensuite est la suivante : par quel système politique les Français doivent-ils remplacer la République ?

Là encore, l’apport de l’anthropologie politique et culturelle se révèle décisif.

Comme l’a démontré Geert Hofstede, la France est un système culturel unique combinant des caractéristiques partout ailleurs opposées que sont la distance hiérarchique et l’individualisme forts. De plus, comme je l’ai expliqué, il s’agit d’une nation de surdoués auxquels il est impératif de fournir un cadre social, culturel et philosophique sous peine de voir ces derniers tomber systématiquement dans la division, le désordre et la dissipation de leurs énergies. Enfin, la diversité géographique, anthropologique et culturelle française nécessite une véritable clé de voûte pour faire tenir l’ensemble.

Par ailleurs, la tendance générale à la dépersonnalisation de l’autorité politique a permis à une caste de technocrates et à des réseaux d’influence opaques de jouir de des privilèges du pouvoir sans pour autant être exposés aux risques et aux responsabilités inhérentes à l’exercice de ce dernier, sans parler de l’absurdité institutionnelle de la Vème République qui impose au candidat à la présidentielle d’être d’abord le chef de son camp politique pour ensuite tenter de rassembler derrière lui la majorité des Français.

Par conséquent, la forme de gouvernement la plus adaptée à l’anthropologie française et la réponse aux dysfonctionnements politiques actuels est la concentration du pouvoir politique entre les mains d’un homme porté aux responsabilités par la volonté populaire, placé de façon décisive au-dessus du régime des partis et dont le seul véritable contre-pouvoir serait le peuple.

Les principes fondateurs d’un tel régime pourraient s’inspirer en partie de ceux vigoureusement rappelés et synthétisés par le roi Louis XV le 3 mars 1766 lors de son discours au parlement de Paris.  Pour résumer : « c’est en ma personne seule que réside la puissance souveraine, dont le caractère propre est l’esprit de conseil, de justice et de raison ; que c’est de moi seul que mes cours tiennent leur existence et leur autorité ; que c’est à moi seul qu’appartient le pouvoir législatif, sans dépendance et sans partage ; que l’ordre public tout entier émane de moi : que j’en suis le gardien suprême ; que mon peuple n’est qu’un avec moi ; et que les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis avec les miens, et ne reposent qu’en mes mains. […] Enfin, ce spectacle scandaleux d’une contradiction rivale de ma puissance souveraine me réduirait à la triste nécessité d’employer tout le pouvoir que j’ai reçu de Dieu, pour préserver mes peuples des suites funestes de telles entreprises. »

Ceux qu’une conception aussi absolutiste pourrait choquer doivent comprendre que malgré la Révolution Française et en vertu des principes présentés ici, la rivière anthropologique française n’a jamais cessé de retrouver son lit.   A chaque période de crise, le plus souvent ouverte par les défauts structurels de la République et du régime parlementaire, la France a dû faire appel à un monarque pour la sauver, restaurer son unité et faire avancer le pays :

-Napoléon met fin aux troubles révolutionnaires et réalise l’unité administrative du pays

-Napoléon III met un terme à l’instabilité de 1830 et 1848 et industrialise la France tout en y introduisant les premières mesures sociales

-Clemenceau devient dictateur de fait et conduit la France à la victoire en 1918

-De Gaulle sauve la France des occupations allemandes et américaines et la modernise via une politique de grands projets

En réalité, tous les débats sur la restauration d’une forme d’organisation d’inspiration monarchique sont vains car en vertu du principe de permanence anthropologique présenté ici, la France n’a, dans les faits, jamais cessée de tendre vers une telle forme d’organisation et de pratique du pouvoir.

Aujourd’hui, le peuple élit un monarque au suffrage universel, ce monarque réside dans un palais où il gouverne entouré de conseillers et dont l’autorité s’exerce en France via des préfets nommés par ses soins. Le Parlement n’est plus qu’une chambre d’enregistrement ; la justice n’est pas indépendante ; via l’audiovisuel public, les subventions et les commandes publiques, la presse ne l’est pas davantage et enfin, une nouvelle aristocratie d’état jouit de privilèges inouïs et d’une impunité totale vis-à-vis de ses échecs, de ses dérives et de ses trahisons.

Dans les faits, la France fonctionne déjà comme une monarchie mais elle dépense une énergie et des ressources considérables à tenter de maintenir les apparences républicaines, sans parler du fait que le caractère impersonnel du régime et les dérives inhérentes à la démocratie (électoralisme, clientélisme, court-termisme, influence disproportionnée des minorités) font que la France à tous les inconvénients d’un système monarchique centralisé sans aucun des avantages.

Aujourd’hui, confrontée aux périls du  Grand Remplacement, de l’islamisation, du mondialisme, du déclassement économique et de la trahison des élites, la France attend le nouveau monarque capable de sauver le peuple français de l’anéantissement, de reprendre le pays en main et de lui faire retrouver son rang. Là encore, c’est une erreur de croire que le salut de la France viendra des prétendants historiques au trône de France. C’est par son courage, sa valeur, son engagement et son amour profond pour son pays et pour son peuple que le futur monarque se distinguera et se fera connaître des Français.

Ce serait par ailleurs une grave erreur de croire que les malheurs et les dysfonctionnements français proviennent justement de cette dérive monarchique et seraient susceptibles d’être corrigés en donnant plus de pouvoir au Parlement ou à d’autres organes de prise de décision, les expériences de la IIIe et de la IVe République sont, sur ce point, particulièrement dissuasives.

Le vrai problème, c’est que la République est une monarchie dévoyée et que depuis plus de cinquante ans, la France est dirigée par de mauvais monarques qui ont trahi le peuple et la nation en servant des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général.

Au vu des crises qui menacent et de la colère qui gronde, l’effondrement de la République n’est désormais qu’une question de temps. Aveuglés par leur idéologie et incapables de prendre du recul vis-à-vis de leur époque, ses défenseurs n’arrivent pas à voir que ce régime ne représentera au final qu’une courte parenthèse dans l’histoire de la France.

De Gaulle disait que la Russie absorberait l’Union Soviétique comme le buvard absorbe l’encre.

La France en fera de même avec la République.

Des surdoués

Humanum paucis vivit genus – Lucanus

Surdon, Haut Potentiel, Surefficience mentale….

Quel que soit le terme retenu, la « douance » est à la mode et de nombreux psychologues se sont empressés d’exploiter ce juteux filon. Aux yeux des sceptiques, cet engouement suspect  achève de décrédibiliser un concept qui semblait déjà au départ un peu fumeux : si mon enfant est incontrôlable et indiscipliné, ce n’est pas parce que je l’ai mal éduqué mais parce qu’il est “hyperactif” ou surdoué. Ce serait pourtant une erreur de jeter le bébé du surdon avec l’eau du bain de l’époque car il s’agit d’une réalité observable et observée de longue date sur laquelle les psychologues ont tout simplement fini par mettre un nom.

Sur les plans biologiques et neurologiques, l’existence du surdon est aujourd’hui admise de façon indiscutable. Pour résumer, le cerveau d’un surdoué se distingue par une concentration plus importante de neurones dans le cortex  préfrontal et par un meilleur gainage de la myéline neuronale. Ces différences biologiques qui pourraient être d’origine génétique et  constituer un exemple d’adaptation évolutive permettent aux surdoués de traiter beaucoup plus rapidement l’information et de disposer d’une meilleure mémoire de travail. Ces différences neuronales et biologiques, se manifestent par ailleurs sur le plan comportemental  par un ensemble de traits clairement définis et identifiés.

Les traits les plus saillants du surdon sont : une soif de connaissance qui se manifeste dès l’enfance,  une hypersensibilité souvent invisible de l’extérieur, une pensée en arborescence qui fonctionne souvent par intuitions et fulgurances, une capacité de concentration et une mémoire largement supérieure à la moyenne, une maturité intellectuelle souvent en décalage avec la maturité affective, un perfectionnisme qui peut parfois être paralysant.

Pour résumer, comme l’explique avec humour l’association de de surdoués Mensa : « Tu sais que tu es surdoué quand tu as voulu écrire ta propre encyclopédie à  sept ans parce qu’il manquait des trucs dans celle que tu avais… »

Traditionnellement, la détection du surdon s’est faite par le biais de tests de QI, le standard retenu étant un résultat standard de 130 sur l’échelle de Wechsler. Cependant, de nombreux spécialistes considèrent, à l’instar du philosophe et statisticien Nicholas Taleb, que les tests de QI ne sont pas des outils adaptés pour mesurer la grande intelligence et ne rendent pas compte de la capacité à extraire et manipuler l’information dans un environnement réel et par conséquent, complexe.

En réalité, le meilleur moyen de détecter le surdon reste d’observer le fonctionnement du cerveau en temps réel via un IRM.  Malheureusement, pour d’évidentes raisons financières et logistiques, cette méthode reste limitée à des activités de recherche et ne peut être largement déployée à l’échelle d’une population dans le cadre d’une campagne de détection du surdon, pour le plus grand bonheur des psychologues et autres spécialistes du développement personnel.

Ceci étant dit, l’observation reste encore le meilleur moyen de détecter les surdoués.

Avec l’expérience et en sachant identifier les traits caractéristiques, il est possible de détecter le surdon chez un interlocuteur au bout de quelques secondes d’interaction. Cette identification est facilitée par le fait que les surdoués ont tendance à se regrouper : les surdoués épousent d’autres surdoués, travaillent avec des surdoués et ont des amis qui sont eux-mêmes surdoués, les membres du groupe ignorant le plus souvent cette spécificité qui pourtant les réunit.

Pourquoi est-il si important de parler du surdon ?

La première raison est d’ordre psychologique.

Pour beaucoup, se savoir surdoué, c’est le soulagement de mettre enfin un mot sur une différence constatée et ressentie de longue date mais qui ne pouvait jusque-là être précisément nommée.

Face à cette révélation, le premier réflexe de nombre de surdoués consiste à rejeter le diagnostic car comment concilier ce sentiment de n’être jamais assez bon, jamais à la hauteur, toujours imposteur avec cette étiquette de surdoué ?  L’ironie du surdoué, c’est d’être justement excellent parce qu’il n’est jamais satisfait.

Se savoir surdoué, c’est aussi connaître ses forces, ses failles et éviter les pièges tendus par la vie.

La spécialiste Christel Petitcollin a montré dans plusieurs livres que les surdoués sont extrêmement sensibles à la manipulation par les pervers et les psychopathes dont ils sont les véritables « proies naturelles ». Quand on se sait surdoué, on apprend à détecter les signaux d’alerte et on se protège, dans son travail comme dans sa vie, des personnalités  et des organisations toxiques pour notre psychologie.

La deuxième question posée par le surdon est d’ordre politique.

Pour commencer, les surdoués sont en France, et de loin, la minorité la plus discriminée.

Contrairement à d’autres pays comme la Suisse, la Belgique, la Russie ou Israël, la France, au nom de l’égalité républicaine, ne propose pas d’écoles ou de véritables filières adaptées aux enfants surdoués. Cette ignorance et cette négation de la différence conduisent souvent à l’échec scolaire, et plus tard professionnel, d’enfants qui ne demandaient pourtant qu’à apprendre,  gravant définitivement  en eux l’idée qu’ils ne peuvent pas être surdoués puisqu’ils n’étaient pas bons à l’école.

La discrimination se poursuit dans le monde du travail où le surdoué peut rapidement devenir au pire un souffre-douleur et au mieux, un bourreau de travail qui fait tourner la boutique à lui tout seul.

Posant des questions que personne ne se pose, voyant des choses que personne d’autre ne voit et refusant de surcroît l’autorité non légitime, le surdoué se retrouve souvent en conflit avec un monde du travail qui célèbre sur le papier la différence et l’altérité mais la refuse et la rejette lorsque cette dernière dépasse le cadre du simple slogan  pour responsable des ressources humaines.

Bien qu’il existe aujourd’hui des RH et des chefs d’entreprise sensibilisés à la question ainsi que des cabinets de recrutement spécialisés, la différence neuronale et cognitive continue d’être la seule diversité qui ne soit pas valorisée et encouragée dans le monde de l’entreprise et dans la société.

Ceci étant dit, la question du surdon dépasse de loin la simple question de l’épanouissement personnel ou du bien-être au travail. Il s’agit en effet d’un véritable enjeu de civilisation.

Le travail de recherche que je mène depuis des années sur cette question m’a convaincu que, s’il existe des surdoués sur tous les continents et dans toutes les ethnies, il existe en revanche des groupes humaines contenant une plus forte concentration de surdoués que d’autres et surtout, des groupes dont la culture permet l’épanouissement et la pleine expression des qualités latentes des surdoués.

Ce fut notamment le cas de la civilisation européenne.

L’histoire de l’Europe, c’est l’histoire d’une civilisation de surdoués et l’histoire de la France, c’est l’histoire d’une nation de surdoués, qui jusqu’à  récemment, avait réussi l’exploit d’attirer à elle les surdoués du monde entier qui y trouvaient enfin une patrie. Pour des raisons évidentes, il est pratiquement impossible de tester cette hypothèse à grande échelle, il faudrait faire passer dans des IRM un échantillon représentatif de milliers de personnes de tous les pays du monde mais je suis certain qu’un jour, probablement via la détection des marqueurs génétiques du surdon, cette hypothèse se trouvera validée.

Pour l’instant, ce qui devrait inquiéter les sociétés européennes, c’est le fait que les surdoués soient rongés par un véritable mal-être lié à l’évolution récente de ces dernières.

Dans le cadre de mon travail, j’ai rencontré des policiers surdoués en burn-out qui n’en pouvaient plus de l’impunité et du laxisme, des fonctionnaires surdoués en dépression qui ne supportaient plus la perte du bien commun et la gestion de services publics comme des entreprises privées, j’ai également rencontré des entrepreneurs et des commerciaux surdoués qui n’en pouvaient plus des normes, des règles,  des barrières érigées par des médiocres pour empêcher ceux qui font d’agir.

Et je ne parle même pas des enfants surdoués persécutés à l’école, parfois jusqu’au suicide et de tous les penseurs, écrivains, journalistes surdoués pourchassés et interdits d’antenne par les chiens de garde du système.

Confronté à cette situation désastreuse,  ma théorie est  la suivante :

La grandeur de la civilisation européenne fut d’avoir su poser un cadre politique, social et philosophique  dans lequel le talent des surdoués a pu pendant des siècles s’épanouir. Or, depuis la moitié du XXème siècle, en grande partie via le développement de la technique et des phénomènes sociaux comme l’immigration de masse, le multiculturalisme et l’accès massif à l’enseignement supérieur,  une sorte d’étau s’est peu à peu refermé sur les surdoués réduisant leur autonomie, niant leur différence et surtout punissant tous ceux osant penser hors des clous.  Dans la société actuelle, les traits distinctifs des surdoués  que sont  la curiosité, l’esprit critique, la propension à poser les questions qui dérangent, la volonté  farouche d’ indépendance et d’autonomie  et surtout la recherche du bien commun ne sont non seulement plus valorisés mais ils conduisent le plus souvent à la stigmatisation et à l’exclusion sociale. De plus, l’accès massif à l’enseignement supérieur a noyé les surdoués dans la masse des diplômés alors que, de Napoléon à l’après-guerre, le lycée et l’Université étaient de facto réservés pour l’essentiel aux seuls  authentiques surdoués.

Au lieu de mettre à profit les immenses talents de  surdoués  comme elle sut le faire par le passé, la civilisation européenne est en train d’étouffer, voire de tuer les individus qui ont rendu possible sa prééminence. Pire, elle valorise et porte au pouvoir des médiocres ou des surdoués dévoyés qui mènent une guerre sans pitié contre le surdon et ses manifestations.

Au sein de l’Europe, la France est le pays où ce phénomène trouve son expression la plus avancée.

Aujourd’hui, la France ne tient que parce que des surdoués malmenés, méprisés, humiliés continuent dans les entreprises, dans les services publics, dans les hôpitaux, dans les commissariats, dans les casernes à porter le pays à bout de bras.  Leur cas, étendu à toute une nation, est un cas d’école du surdoué qui  « ne voit pas le mal » manipulé par des pervers narcissiques et qui, au lieu d’assumer de « voir ce qu’il voit », et de sortir du petit jeu de manipulation de ses tortionnaires passe son temps à douter de lui et à se culpabiliser.

Aujourd’hui, cette France des surdoués est arrivée au bout de ses forces. 

Arrivé à ce stade, soit le surdoué se suicide,  soit il se réveille et découvre à quel point, il a été trompé, manipulé, blessé. Dans ce cas, sa fureur et sa soif de justice ne connaissent plus de limites.  C’est pour cela que la France est depuis toujours un pays qui se réforme à coups de révolutions.

English version

Pour aller plus loin:

Trop intelligent pour être heureux?: l’adulte surdoué, Jeanne Siaud-Facchin

Pourquoi trop penser rend manipulable, Christel Petitcollin

Comment les “autistes” ont sauvé le monde, Martin Geddes (anglais)

Notes:

1-Par sa différence cognitive, comportementale mais aussi verbale, le surdoué possède souvent les caractéristiques du bouc-émissaire idéal (membre du groupe mais en même temps différent et doté de pouvoirs “magiques”), d’après la grille de lecture développée par le philosophe et anthropologue René Girard.

Cette hypothèse se trouve confortée par le phénomène actuel de harcèlement, aussi bien par les professeurs que par les élèves, qui peut conduire jusqu’au suicide les élèves les plus brillants et les plus sensibles.

Sentant instinctivement le danger d’être désignés comme boucs-émissaires, un grand nombre de surdoués développent, en réaction, ce que les spécialistes ont appelé le “faux self”, un masque de normalité qui leur permet de dissimuler à leur entourage et à la société leur différence et leur véritable nature de surdoués. Si elle peut fonctionner un temps, notamment lors de l’adolescence, cette stratégie de dissimulation n’est pas sans risque car la tension croissante entre son faux self et sa nature “réelle” peut conduire le jeune adulte, confrontés aux exigences de son travail ou de sa vie de famille, à des comportements destructeurs (conduites à risques, auto-mutilations, addictions) parfaitement documentés par les psychologues spécialistes de ces questions.

Ces troubles peuvent être évités quand le surdoué a la chance de grandir dans un environnement social ou familial dans lequel sa différence est acceptée, reconnue et peut pleinement s’épanouir sans risquer de déclencher une crise de rivalité mimétique ou sacrificielle.

Pour ce que l’humanité possède, cognitivement, de meilleur, l’indifférenciation, l’égalité et le refus de la complémentarité se révèlent, une fois de plus, destructeurs, meurtriers et régressifs.

Du Grand Remplacement

Le nombre, le poids et la mesure ne se négligent pas impunément.

Jacques Bainville

Le terme de « Grand Remplacement » dont la paternité est attribuée à l’écrivain français Renaud Camus désigne le phénomène de remplacement des populations européennes sur leur propre sol par des populations étrangères issues pour l’essentiel des pays d’Afrique ou du Moyen-Orient. Pour Renaud Camus, le Grand Remplacement doit être compris comme un véritable génocide des peuples européens car à terme, il signifie la disparition de ces derniers et de leur culture.

Le Grand Remplacement est considéré par la quasi-totalité du spectre médiatique et politique  comme une théorie complotiste d’extrême droite et à ce titre, indigne d’être discutée ou débattue.

En réalité, les choses sont simples : soit le Grand Remplacement constitue un phénomène bien réel et auquel cas il est tout à fait possible de le quantifier et de le mesurer de façon précise ; soit il s’agit bel et bien d’une élucubration sans fondement et il est également possible de le prouver.

Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les médias ont dit sur le sujet à peu près tout et son contraire. En effet, pendant des années, ces derniers ont désigné  le Grand Remplacement comme un fantasme d’extrême droite pour changer tout à coup de discours et expliquer, à l’instar du démographe Hervé le Bras, longtemps pourfendeur du concept, qu’il y avait bien un grand remplacement mais qu’il ne fallait pas s’en inquiéter car la France avait toujours été une terre d’immigration, que la diversité était une chance  et que les phénomènes migratoires étaient de toute façon  une fatalité qu’il était illusoire de vouloir combattre.

Pour y voir plus clair, il est nécessaire, avant de rentrer dans le vif du sujet, de tordre le coup à plusieurs contre-vérités.

 « La France a toujours été une terre d’immigration ».

Cette affirmation est tout simplement fausse.

Les études historiques, démographiques et généalogiques ont montré que la population française est restée d’une grande homogénéité durant l’essentiel de son histoire. Pendant des millénaires, les gens vivaient et mourraient à dix kilomètres de leur lieu de naissance et encore aujourd’hui, la mobilité se fait pour l’essentiel d’un département limitrophe à un autre. En 1851, les étrangers représentaient en France à peine 1% de la population.

Au XIXème, la France connut les premières vagues migratoires issues de pays comme le Portugal, L’Espagne, l’Italie ou la Suisse mais ces dernières concernèrent en réalité quelques millions de personnes au total, dont un grand nombre retournèrent ensuite dans leur pays d’origine,  et surtout elles furent d’origine exclusivement intra-européennes, c’est-à-dire de pays appartenant à la même civilisation européenne et chrétienne que la France.

Ce n’est en réalité qu’à partir des années 70 et la mise en place du regroupement familial que l’immigration en provenance de l’Afrique et du Maghreb cessa d’être une immigration de travail pour devenir une immigration massive de peuplement. A ce sujet, profitons pour rappeler que la France de l’après-guerre n’a pas été construite ou reconstruite par les immigrés car ceux-ci ne représentaient alors que 5% de la population active, à peu près la même proportion que les troupes coloniales dans l’armée française.

La deuxième contre-vérité concerne la part des étrangers en France.

Selon les commentateurs, cette part serait stable depuis des décennies, se situant autour de 10% de la population totale. Pour l’INSEE en 2018, sur 65 millions de français, 9,7% étaient des immigrés . Ce chiffre cache en réalité un redoutable tour de passe-passe démographique et statistique. En effet, à partir du moment où des parents nés à l’étranger mais résidant en France, donc immigrés, ont des enfants qui acquièrent la nationalité française, ces derniers et leurs descendants  ne sont plus considérés comme des immigrés mais comme des français. En prenant en compte les immigrés et leurs descendants directs, le chiffre grimpe à 20,9% de la population et la courageuse démographe Michèle Tribalat estimait en 2011 que sur trois générations, la part des français d’origine étrangère dans la population chez les moins de 60 ans s’élevait en réalité à près de 30%. Rappelons que ces chiffres ne prennent pas en compte l’immigration illégale. En 2018, un rapport parlementaire estimait que pour le seul département de la Seine Saint Denis, entre 150 000 et 400 000 personnes se trouveraient en situation irrégulière. Récemment, l’Etat avouait qu’il n’était pas capable d’évaluer de façon précise le nombre de personnes présentes dans ce département.

Tout ce débat sur la réalité du Grand Remplacement pourrait être facilement réglé s’il existait des statistiques ethniques en France. Or, ces dernières sont malheureusement interdites mais comme dit le proverbe : quand on veut, on peut.

La drépanocytose est une maladie héréditaire qui touche quasi-exclusivement les populations d’Afrique et du Moyen-Orient. A ce titre, son dépistage est obligatoire pour tous les nouveau-nés issus de ces groupes ethniques.  A partir des chiffres communiquées par les agences de santé régionales, le site Fdesouche a réalisé en 2016 une carte de France du taux de dépistage de la drépanocytose permettant d’avoir une idée de la part des populations d’origine africaine ou moyen-orientale dans les naissances.

En 2016, la moyenne française était de 39% contre 31% en 2010 avec un pic à 73% en île de France.

Curieusement, en 2018, l’agence qui recensait ces chiffres a fermé.

De son côté, le politologue Jérôme Fourquet a réalisé pour son livre « L’Archipel Français » une grande étude sur les prénoms donnés aux enfants en France. Cette dernière a révélé qu’en France, en moyenne, 18% des nouveau-nés reçoivent un prénom arabo-musulman. Ces chiffres sont à mettre en relation avec l’affirmation d’Ahmet Ogras, président du conseil français du culte musulman sur Radio Maghreb 2 : «  nous avons plus de dix millions de musulmans en France dont six millions d’origine algérienne ».

Cette réalité démographique doit également être comprise à l’aune de la fécondité. Le taux de fécondité en France se situe à 1,8 enfants par femme, c’est-à-dire légèrement en-dessous du seuil de renouvellement des générations. En dépit de ces chiffres, la population française n’a cessé d’augmenter. Pourquoi ? Cela est dû d’une part aux naturalisations (entre 60 000 et 80 000 par an) mais surtout grâce à la fécondité des femmes immigrées : 2.6 enfants par femme selon l’INED dont 3.5 pour celles originaires du Maghreb.

Tous ces éléments sont nécessaires pour comprendre la dynamique  du Grand Remplacement : d’un côté une population jeune, féconde, d’origine étrangère, de culture musulmane en augmentation constante ; de l’autre, une population autochtone, blanche et de culture chrétienne dont le nombre stagne ou diminue et dont une large part est vieillissante.

D’ici une dizaine d’années, la population française originelle connaîtra un véritable effet ciseau : la nouvelle génération d’origine étrangère, déjà très nombreuse, commencera à  arriver en  âge de procréer tandis que la génération du baby-boom, largement autochtone, aura presque entièrement disparu. Cette dynamique  en faveur des populations étrangères se trouve encouragée par une politique sociale généreuse qui profite aux familles nombreuses et aux ménages aux bas revenus, ainsi que par l’implantation de ces populations en banlieue, à proximité des bassins d’emploi des métropoles, sans oublier une importante solidarité ethnique ou religieuse qui ne trouve plus d’équivalent chez les français de souche.

La réalité du Grand Remplacement est la suivante: dans l’indifférence quasi-générale, le peuple français est en train d’être mis en minorité sur une terre qu’il occupe depuis des millénaires et ce phénomène se trouve  aggravé voir encouragé par des responsables politiques qui ne semblent guère soucieux d’y mettre un terme. Parmi ces derniers comme parmi les français, peu semblent comprendre pourquoi le Grand Remplacement est de loin la plus grande menace qui n’ait jamais pesée sur notre pays et notre peuple.

Passons rapidement sur le fait que via les taux d’imposition et de prélèvements sociaux parmi les plus élevés au monde, le peuple français finance aujourd’hui en grande partie  son propre remplacement, situation absolument unique dans l’histoire de l’Humanité.

Dans un précédent article, j’ai expliqué, à la suite d’un nombre considérable d’études, pourquoi la diversité n’est pas une force ou une chance mais au contraire, une arme de destruction massive des communautés humaines. En effet, plus la diversité ethnique et culturelle augmente, plus le lien social s’effondre et la violence s’accroît.  Que ce soit par le biais de la démographie ou de l’immigration, plus l’homogénéité ethnique de la France se réduira, plus le pays sera en proie à des troubles de plus en plus violents et déchiré par des conflits de plus en plus importants entre ses différentes communautés.

En effet, la violence suscitée par le Grand Remplacement prend chaque jour des formes de plus en plus concrètes. Rappelons pour commencer que les populations étrangères ou d’origine étrangère sont surreprésentées dans les statistiques de la criminalité en France comme dans d’autres pays européens. En 2018, un rapport de la gendarmerie passé sous silence révélait que 90% des auteurs de crimes étaient des individus ou de groupes criminels d’origine étrangère, des maghrébins et africains jusqu’aux kosovars, géorgiens et albanais.

En  Suède, pays caractérisé depuis les années 90 par une large politique d’accueil des immigrés et qu’il est impossible d’accuser de toute forme d’oppression coloniale ou de politique de ghettoïsation , des pans entiers du territoire sont devenus des zones de non-droit et la police a perdu le contrôle de la troisième ville du pays, Malmö.  A ces chiffres  viennent s’ajouter les milliers d’agressions quotidiennes dites « gratuites » qui, comme le révèle la lecture quotidienne de la presse quotidienne régionale, sont en réalité le plus souvent des agressions par des individus d’origine étrangère sur les français ou les européens de souche.

Si les Français ne réagissent pas, la dernière phase du Grand Remplacement les verra subir le sort des chrétiens du Moyen-Orient, persécutés pour leurs croyances, ou celui des fermiers blancs d’Afrique du Sud, massacrés en masse pendant que le gouvernement du pays ferme les yeux et que les médias du monde entier détournent complaisamment le regard de cette véritable tragédie.

Face à ce grave péril, le traitement du phénomène de Grand Remplacement par les pouvoirs publics et les médias interpelle. Depuis des années, toutes les mesures qui auraient pu y mettre un terme ou le restreindre ont été interdites. A plusieurs reprises, les plus hautes institutions de l’Etat comme le Conseil d’Etat ou le Conseil Constitutionnel se sont prononcées contre la fin du regroupement familial ou la simple réduction du délai de recours des étrangers menacés d’expulsion. A l’heure actuelle, la direction du renseignement militaire connaît avec précision les chemins empruntés par les migrants et l’identité des trafiquants et pourtant aucun ordre n’est donné pour stopper les flux. Chaque jour, les chiffres du Grand Remplacement et des troubles qu’il induit remontent à l’Elysée. Avant de partir, l’ancien ministre de l’intérieur Gérard Collomb prit soin de rappeler qu’aujourd’hui, nous vivions côte à côte mais que demain nous risquions de vivre face à face.

Malgré tout cela, le gouvernement poursuit sa politique d’asile, élargit les conditions du regroupement familial et octroie de plus en plus de visas aux étudiants étrangers.

Dans le même temps, des consignes sont données aux médias de ne pas parler du sujet de priver d’antenne tous ceux qui voudraient témoigner de la réalité  du Grand Remplacement ou de ses conséquences désastreuses.

Face à  ces faits, une seule conclusion s’impose : le Grand Remplacement ne peut être qu’un projet politique délibéré et voulu. Sur le site du département “population” de l’ONU, il est d’ailleurs possible de trouver un rapport parlant de de “migration de remplacement” face au vieillissement des populations occidentales. Récemment, le haut-commissaire français aux retraites, Jean-Paul Delevoye affirmait qu’il fallait faire venir 50 millions d’étrangers en Europe d’ici 2050 pour équilibrer la population active. Si le Grand Remplacement procède bien d’une volonté politique , les responsables politiques qui cherchent à le mettre en place se rendent responsables non seulement d’un crime envers leur peuple mais aussi d’un très mauvais calcul.

A bien des égards, les responsables politiques français et le patronat sont en train d’être dépassés par le monstre qu’ils ont créé. Si le premier but de l’immigration massive était de faire pression à la baisse sur les salaires ou de créer une armée de domestique, livreurs, nounous, serveurs vigiles destinées à servir les populations aisées des métropoles tandis que les français de souche se trouvaient relégués à la périphérie, le plan a merveilleusement fonctionné.

Le problème, c’est que la démographie, c’est le destin. Dès la fin des années 60, le Général de Gaulle avait compris le risque d’une France où les musulmans seraient dix millions, puis vingt, puis trente et c’est l’anticipation de ce danger qui, en partie, le conduisit à séparer la France de l’Algérie. Se croyant plus malins, ses successeurs ouvrirent les vannes et pensèrent sans doute pouvoir gérer le phénomène.

Mais le monstre de Frankenstein est en train d’échapper à son créateur.

Les populations étrangères ont bien compris le rôle que les dirigeants de la France ont voulu leur assigner mais elles ont également compris qu’à partir d’un certain seuil, une quantité devient une qualité et qu’il leur suffisait d’attendre et de se multiplier pour gagner la partie par KO démographique.

Pendant des années,  les maires de banlieues ont acheté le vote communautaire en fermant les yeux sur l’islamisation et en déversant l’argent public sur les quartiers. Mais quand les mouvements  islamiques prendront le pouvoir, ils n’auront alors aucune gratitude envers leurs anciens maîtres et quand toute la Seine Saint Denis sera devenue un califat ou une zone de non-droit, il ne fera pas bon vivre à Paris. Enfin quand d’ici vingt ou trente ans, la majeure partie de la France sera islamisée ou africanisée, nos élites se demanderont si cela valait vraiment la peine de « régner en enfer plutôt que de servir au paradis ».

Enfin, pour certains, le Grand Remplacement trouve sa justification dans l’économie et la nécessité de maintenir l’équilibre des comptes sociaux, notamment les retraites, par l’injection de « sang frais » dans des économies vieillissantes et en stagnation. Passons sur le fait que l’immigration de masse a un coût et des externalités négatives jamais vraiment mesurées, pour rappeler qu’il est délirant d’imaginer que des populations issues de pays pauvres à faible niveau éducatif pourront contribuer et s’insérer dans des économies matures marquées par le chômage de masse et qu’il l’est tout autant de croire que des populations jeunes de culture arabo-musulmanes finiront un jour par se sentir solidaires d’une bande de vieux kouffars.

En réalité, le véritable problème est que la croissance ne reviendra pas et qu’il est illusoire de chercher à maintenir en vie à tout prix un système économique qui se trouve depuis dix ans en soins palliatifs. J’ai longuement expliqué pourquoi la crise correspond à une réalité physique thermodynamique, celle de la contraction énergétique manifestée par la chute du Taux de Rendement Énergétique (TRE) et comment un douloureux mais nécessaire rééquilibrage a été différé par un endettement massif qui permet à l’hyperclasse de réaliser le casse du siècle et aux taux d’intérêts négatifs de détruire le concept même d’épargne.

Dans un tel contexte, encourager le Grand Remplacement représente un véritable crime contre son peuple mais aussi un non-sens économique total, l’exemple type d’une politique contra-cyclique !

Au lieu de forcer la croissance via l’immigration et la dette, il faudrait en réalité cesser cette fuite en avant et accompagner le cycle de décroissance dans lequel nous sommes entrés sans chercher à différer un ajustement auquel il sera de toute façon impossible d’échapper. Avec le Grand Remplacement, nous créons les véritables conditions d’une guerre entre des populations qui seront demain en concurrence sur un même territoire pour des ressources de plus en plus rares. Cette guerre a d’ailleurs déjà commencé et la France périphérique est en train de la perdre.

Face au Grand Remplacement, l’aveuglement et l’incompétence des responsables politiques et économiques ne mettent pas seulement en péril le bien-être et le confort du peuple français mais tout simplement sa survie. La France a survécu à la guerre, à la peste, aux privations. Elle peut survivre à une crise économique, à la fin du pétrole et même à l’effondrement de la civilisation moderne mais elle ne peut pas survivre à la disparition pure et simple du peuple français.

Face au péril du Grand Remplacement, il n’existe en réalité qu’une seule solution : la remigration.

Il s’agit là du seul véritable enjeu politique de ce début du XXIème siècle : islamisation, insécurité, chômage,  accès au logement logement, charges sociales, imposition, qualité des services publics : tout le reste en découle.

La remigration n’est pas une utopie pas plus qu’elle ne doit nécessairement conduire à une effroyable guerre ethnique sur le territoire national. Pour peu qu’elle soit menée avec fermeté, humanité et intelligence, cette politique est la seule capable de sauver le peuple français, de garantir sa prospérité et d’éviter la guerre.  

La remigration pourrait être mise en en place de façon graduelle  en commençant par exemple par une déchéance de la nationalité française suivie d’une expulsion de tous les terroristes, les islamistes et les criminels d’origine étrangère ainsi que tous les migrants arrivés en France au cours des dix dernières années. De telles mesures concerneraient des millions d’individus et permettraient d’enrayer la dynamique du Grand Remplacement ainsi que de traiter les problèmes les plus urgents qui menacent la France.

Si cette politique peut encore être menée, la fenêtre d’action est en revanche très étroite.

La France a dix ans pour mettre en œuvre et accomplir la remigration. Au-delà, l’inversion du rapport de force  démographique et la réalité de la crise énergétique rendront cette option impossible et la partition, suivie d’une reconquête pouvant durer jusqu’à plusieurs siècles, inévitable.  Ce qui se joue aujourd’hui n’est  en réalité rien de moins que le destin de la France et l’avenir de notre peuple. A nous de tout mettre en œuvre pour que notre grande nation resurgisse une fois de plus, régénérée et triomphante, de l’abîme dans lequel l’aveuglement, l’incompétence et la trahison  de ses chefs l’ont plongé. La France peut encore être sauvée mais pour ce faire, nous allons devoir radicalement changer de paradigme.

MAJ: Nouveaux chiffres du Grand Remplacement dans les grandes villes françaises à partir de données récoltées par l’organisme France Stratégie rattaché à Matignon.

MAJ2: Évolution de l’attribution des prénoms d’origine musulmane à partir de la base de données de l’INSEE

MAJ 3 : Chiffres naissance INSEE Seine-Saint-Denis

Genèse et explication du terme “Grand Remplacement” (Renaud Camus)

Des organisations

La principale force de l’espèce humaine est sa capacité d’organisation, c’est à dire de coordonner l’action de plusieurs de ses membres en vue d’un but commun.

De nombreuses fonctions qui semblent aujourd’hui évidentes comme le langage, l’empathie ou encore l’écriture ont émergé de façon à permettre aux humains de s’organiser collectivement de façon efficace.

Pendant près d’un millénaire, l’organisation et le pragmatisme romain permit à ce qui fut à l’origine un simple petit village sur les bords du Tibre de dominer l’ensemble du bassin méditerranéen et malgré son effondrement, Rome trouva le moyen de ressusciter et maintenir son pouvoir pendant deux autres millénaires sous la forme de l’Église Catholique.

Aujourd’hui encore, la Chine est dirigée par le parti communiste chinois qui  n’est rien d’autre que la forme contemporaine de l’administration impériale chinoise qui dirigea l’empire du Milieu pendant plus de 2000 ans.

Plus proche de nous et dans un tout autre domaine, l’adoption d’une forme d’organisation totalement atypique et révolutionnaire permet depuis vingt ans à l’entreprise américaine Valve Software, non cotée en bourse, de dominer le marché du jeu sur PC et de générer un CA de plusieurs milliards de dollars avec à peine 300 salariés, soit une rentabilité par employé plus forte que celle de Google ou Amazon.

Les leçons de l’Histoire sont claires : tous les groupes humains ou organisations qui ont marqué et dominé l’histoire humaine sont ceux qui ont développé et adopté par chance ou par dessein une forme d’organisation supérieurement efficace. Dans deux autres articles, j’ai montré comment les formes d’organisation humaines étaient soumises à la pression évolutive via la logique de la “Red Queen” et comment l’efficacité de l’action humaine pouvait être mesurée via la “densité informationnelle.”

En dépit du rôle critique joué par les organisations dans le succès ou l’échec d’un groupe, il s’agit d’un champ d’étude  qui, contrairement au management qui n’en est qu’un sous-produit, ne suscite guère l’intérêt des foules ou des professionnels de la gestion, probablement parce l’étude des organisations repose sur le postulat, dérangeant pour la pensée moderne, que les structures et les institutions déterminent davantage les comportements et les performances que les qualités individuelles.

Pour dire les choses autrement :

Une bonne organisation saura inciter des gens idiots à se comporter de façon à peu près intelligente.

A l’inverse, une mauvaise organisation incitera des gens intelligents à se comporter de façon stupide.

L’étude des organisations et de leurs performances permet de distinguer plusieurs facteurs nécessaires à la création d’une organisation intelligente et efficace.

  • Un chef brillant

Paradoxalement, la performance d’une organisation collective dépend en grande partie de la qualité du chef placé à sa tête. Dans un précédent article, j’ai présenté les capacités uniques des surdoués mais plutôt que de se focaliser sur cette notion, il est plus pertinent de raisonner en terme d’écart-type. Dans la plupart des cas, les organisations sont dirigées par des individus qui différent de la moyenne par un ou deux écarts-types, soit l’équivalent de 110-130 de QI.

Cela est insuffisant.

Si vous voulez que votre organisation fasse vraiment des étincelles, vous devez trouver des gens qui différent de trois ou quatre écarts-types, c’est-à-dire des gens du calibre de Napoléon, Charles de Gaulle, John Von Neumann, John Boyd, George Mueller, Richard Feynman ou Gabe Newell.

Bien entendu de tels profils ne courent pas les rues, il est donc indispensable de les détecter le plus rapidement possible (les performances scolaires ne sont pas de bons indicateurs), de les former correctement car la capacité intellectuelle n’est qu’un potentiel brut et ensuite de les intégrer à l’organisation qui leur permettra de mettre efficacement leurs talents à contribution.

Cette adéquation est importante car il serait ridicule de mettre un John Boyd à la tête d’un régiment alors qu’il a en réalité le potentiel pour définir l’ensemble de la stratégie d’une campagne militaire ou superviser la création d’un nouvel avion de chasse.

La priorité de tout groupe humain devrait donc être d’identifier et de rechercher en permanence les talents qu’il contient et de s’assurer que ce capital humain se trouve correctement formé et employé.

Aucune tâche n’est plus importante, d’autant plus qu’à chaque génération, il est nécessaire de trouver un chef brillant pour remplacer l’ancien, faute de quoi l’organisation risque de souffrir d’une vacance cognitive du pouvoir.

A ce sujet, il est intéressant de noter que l’importance accordée à la détection des talents et les modalités de cette dernière varient selon les époques et les cultures. Au Moyen-Age, il n’était pas rare que le curé ou le seigneur du coin identifient  un enfant particulièrement vif d’esprit et l’envoient apprendre à lire et faire ses humanités dans un monastère, sans parler du fait que les capacités hors-normes étaient considérées alors comme des « dons de Dieu ». Aujourd’hui, à de rares exceptions près, la sélection s’effectue principalement par le biais des performances scolaires et du diplôme, soit les pires moyens de détecter la véritable compétence et le dogme de l’égalité rend plus difficile l’acceptation sociale des différences de capacités.

  • Identité et valeurs communes

Toutes les organisations efficaces ont développé une conscience très aiguë des caractéristiques qui leur sont propres et qui les distinguent des autres. Ces spécificités peuvent se manifester  à travers une culture d’entreprise, une religion, des valeurs ou des mythes fondateurs. Dans tous les cas, il est indispensable que l’identité et les valeurs soient :

– explicites

– partagées par tous

– régulièrement rappelées et réactualisées

Le directeur de l’entreprise libérée FAVI, Jean-François Zobrist, expliquait que son activité principale en tant que chef de cette entreprise atypique était de veiller à l’application et au respect des principes de cette culture commune, tâche quotidienne demandant une attention soutenue.

De son côté, l’entreprise Valve a rédigé un « manuel de l’employé » destiné à présenter aux salariés mais aussi au reste du monde le fonctionnement et la culture de l’entreprise. 

A l’échelle des sociétés, les croyances religieuses servent essentiellement à rendre explicites les valeurs implicites du groupe et à réunir ses membres autour de rituels et de pratiques communes, pratique dont la rationalité échappe le plus souvent aux esprits modernes.

En ce siècle qui prêche l’égalité et la bienveillance, il est également intéressant de noter que toutes les organisations dominantes sont celles qui, à des degrés divers et de façon plus ou moins avouée, se distinguent en osant affirmer que leur système est supérieur à celui des autres (civilisation) et qui n’ont aucun scrupule non seulement à sélectionner drastiquement mais aussi à exclure tous ceux qui ne s’adaptent pas ou refusent les principes fondamentaux de l’organisation (discrimination).

  • Organisation antifragile

Le philosophe et mathématicien Nassim Nicholas Taleb a développé le concept d’organisation antifragile, principe désignant les organisations qui non seulement absorbent les chocs mais se renforcent suite à ces derniers, de la même manière que l’exposition à une maladie renforce notre système immunitaire. De façon générale, tout ce qui a été sélectionné par le processus d’essai/erreur de l’évolution et résisté au passage du temps a tendance à être antifragile. A l’inverse, un grand nombre d’organisations ou de structures  récentes  créées artificiellement par l’homme sont caractérisées par d’immenses fragilités qui se révèlent dans les moments de crise avec des conséquences souvent catastrophiques.

Comment créer des organisations antifragiles ?

Le stratège militaire américain John Boyd a proposé un modèle, « la boucle OODA », pour « Observe/Orient/Decide/Act » dont les principes peuvent être appliqués avec succès à une organisation pour la rendre antifragile.

Les notions clés d’un tel modèle, à comprendre de façon dynamique et non statique, sont : la circulation de l’information, la confrontation de cette dernière avec l’évolution de l’environnement et surtout un processus de retour (feedback) permanent entre les résultats obtenus et ceux escomptés.

Pour parler plus concrètement, une organisation efficace est une organisation où :

-l’information circule de façon fluide

Les acteurs sont parfaitement informés et surtout ils font bénéficier le collectif des leçons acquises par l’expérience (bonnes pratiques) tout en transmettant le savoir aux générations futures soit tout le contraire des structures où des petits chefs et des séparations arbitraires entre les fonctions créent des blocages permanents et où il n’existe pas de culture du retour sur expérience et de la transmission du savoir.

-les niveaux hiérarchiques sont peu nombreux

Sans aller jusqu’à une structure totalement « flat » comme celle de Valve, l’idéal est d’avoir trois niveaux hiérarchiques : celui qui effectue la tâche/celui qui supervise un groupe de travail/celui qui supervise l’ensemble.

Dans des organisations plus complexes, le nombre d’échelons hiérarchiques peut monter jusqu’à cinq comme c’était par exemple le cas dans l’entreprise Apple dirigée par Steve Jobs. 

Pour qu’une telle organisation fonctionne, il faut que les différents niveaux puissent échanger l’un avec l’autre et que l’information circule entre eux de façon fluide.

-la responsabilité est partagée

Il est essentiel que chacun se sente responsable non pas de sa tâche étroitement définie mais du succès de l’organisation dans son ensemble. Chez Valve, chaque employé peut se retrouver, si la situation l’exige, à faire du support client car la première mission de Valve est de « satisfaire ses clients ». De la même manière, cette culture  permit chez FAVI, dans une anecdote désormais célèbre, de voir une femme de ménage prendre de sa propre initiative une voiture de l’entreprise pour aller elle-même chercher un client laissé en rade à l’aéroport pour ensuite le déposer à son hôtel. Dans une France idéale gérée selon ce principe, chaque fonctionnaire devrait se comporter comme s’il était personnellement responsable de la bonne marche de tout l’État français. Comme l’écrivait Saint Exupéry : « Tu es une sentinelle et chaque sentinelle est responsable de tout l’empire. »

-il existe de puissantes boucles de renforcement positives (feedback loop)

Une organisation performante encourage et récompense les comportements qui contribuent à améliorer la qualité de son fonctionnement via différents mécanismes : prime, promotion, reconnaissance, de manière à créer des cercles vertueux d’auto-émulation. A l’inverse, elle sanctionne impitoyablement les comportements qui nuisent à son efficacité et veille en permanence à ce que des boucles de renforcement négatives ne soient pas mises en place.

En effet, rien n’est plus destructeur pour une organisation que d’y faire naître une culture qui ne sanctionne pas sévèrement les comportements inappropriés et décourage, voire punit la prise de risque, l’initiative, l’audace et la vraie créativité Il suffit de surcroît d’un mauvais exemple ou d’une mauvaise expérience pour décourager toutes les bonnes volontés, faire fuir les talents et  créer une culture toxique dont les effets délétères se feront sentir sur l’ensemble de l’activité.

L’un des premiers devoirs d’un chef est de veiller à ce que des boucles de renforcement négatives susceptibles de nuire à l’efficacité de l’organisation n’apparaissent pas.

Pour finir, il est évident que les principes présentés ici sont des principes généraux destinés à être adaptés de façon judicieuse à des circonstances particulières ainsi qu’à des environnements et des anthropologies spécifiques.

Néanmoins, il est plus que jamais indispensable de réfléchir à la qualité de nos organisations car le monde moderne tel qu’il est désormais organisé est en train de réussir l’exploit de créer,  de façon collective et à une échelle sans précédent, des organisations totalement inefficaces et dysfonctionnelles tout en s’acharnant à détruire méthodiquement toutes celles qui fonctionnaient encore de façon à peu près satisfaisante.

Sauver l’Occident nous impose aussi de réformer ses structures.

Pour aller plus loin:

Les 12 leviers pour agir sur un système, Donella Meadows.

Reinventing Organizations, Frédéric Laloux (français)

Blog de Dominic Cummings

De la Rationalité

Fête de l’Être Suprême – 8 juin 1794

“La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpasse.” Blaise Pascal

La rationalité est la grande conquête de la modernité.

Avant les Lumières, nous disent les manuels, point de salut.

L’Humanité était plongée dans les ténèbres de l’ignorance et de la superstition.

Par les travaux de philosophes et via l’action de groupes influents et organisés comme les Francs-Maçons, la Raison est devenue, à partir du XVIIIe siècle, la pierre angulaire de l’ordre social, économique et politique moderne et la société née de la Révolution Française, sa vitrine.

Face au poids des dogmes et aux excès de l’Ancien Régime, il est tout à fait logique que la Raison soit apparue à l’époque comme un progrès et il s’agissait là sans doute d’une étape nécessaire dans l’évolution de la pensée humaine.

Néanmoins, grâce aux progrès de la science, notamment dans les domaines de la psychologie, de la neurologie et de la biologie évolutive, nous savons désormais que c’est une grave erreur que de compter uniquement sur la Raison et de rejeter avec mépris des croyances et des comportements en apparence irrationnels.

En effet, comme l’a expliqué Nassim Nicholas Taleb en s’appuyant sur les travaux de Herb Simon, Gerd Gigerenzer et Ken Binmore, l’être humain possède une rationalité dite limitée (bounded rationality). Contrairement à un ordinateur, un individu ne peut pas tout mesurer et tout analyser. Par conséquent, sous l’effet de la pression évolutive, l’être humain a dû trouver des solutions cognitives sous la forme de raccourcis mentaux et de distorsions pour prendre des décisions de manière rapide et efficace.

De leur côté, les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky, prix “Nobel” d’économie,  sont arrivés à des conclusions similaires dans leurs travaux sur la rationalité et les heuristiques. Selon eux, le cerveau humain est gouverné par deux systèmes : le Système 1,  intuitif et émotionnel permettant la prise de décision rapide et le Système 2, logique et analytique mais plus lent à fournir des résultats. Les deux systèmes ont évolué en parallèle pour répondre le plus efficacement possible à la nécessité d’une prise de décision, chacun d’entre eux possédant ses forces mais aussi ses faiblesses sous la forme de biais cognitifs.

Ces découvertes nous invitent donc à relativiser l’importance considérable donnée dans le monde moderne au système 2 que nous appelons non sans orgueil, la Rationalité.

Comme l’a magistralement expliqué Taleb, nous sommes en réalité bien en peine d’expliquer ce que constitue véritablement la rationalité et de définir de façon rigoureuse ce qui est rationnel par rapport à ce qui ne l’est pas. En effet, certains comportements, croyances ou superstitions semblent être irrationnels jusqu’au moment où nous découvrons qu’ils possèdent une véritable raison d’être et permettent la prise en compte d’externalités, négatives ou positives, qui échappent totalement à l’analyse rationnelle.

C’est le cas par exemple d’une superstition de Nouvelle-Guinée qui interdit de s’endormir au pied d’un arbre. En réalité, cette superstition protège les papous du danger de se faire écraser par un arbre mort pendant leur sommeil, véritable risque dans cet environnement.

Il en va de même pour les interdits alimentaires religieux comme le casher ou le halal. En apparence absurdes et irrationnels, ces pratiques permettent de renforcer l’identité du groupe, de souder ce dernier autour de pratiques et de rituels communs et donc de renforcer la confiance et la coopération entre ses membres, conditions essentielles à la survie de la communauté et à son succès.

En appliquant cette grille de lecture, la religion et les dogmes, de même que certaines croyances et superstitions populaires, se révèlent comme tout sauf irrationnels car ils permettent, via le Système 1, de palier aux limites de notre rationalité limitée et révèlent souvent leur véritable raison d’être qu’après un long et complexe processus d’analyse.

Cette idée a conduit le philosophe Nassim Nicholas Taleb à proposer une définition capitale de la rationalité et à formuler l’une des idées le plus importantes de notre siècle :

« Juger les gens sur leurs croyances n’est pas scientifique »

« La rationalité d’une croyance ne compte pas, seule compte la rationalité d’une action »

« La rationalité d’une action ne peut être jugée que d’un point de vue évolutif »

Pour dire les choses autrement :

  1. Il faut juger les gens non pas sur ce qu’ils pensent ou sur ce qu’ils disent mais sur leurs actions car elles seules révèlent leurs véritables préférences
  2. Doit être considéré comme rationnel tout ce qui permet la survie et irrationnel tout ce qui nuit à cette dernière

Pour terminer :

« Il ne faut jamais évaluer les croyances par rapport à d’autres croyances mais par rapport à la survie des groupes qui les adoptent » 

C’est donc à l’aune de ce critère que nous devons évaluer la croyance moderne en la rationalité.

Au nom de la rationalité, nous avons détruit la religion.

En faisant cela, nous avons détruit un référentiel culturel commun, des valeurs et des principes testés par des millénaires de vie en société et un cadre moral et éthique qui structurait l’ensemble de la vie humaine. Sans ce cadre mental collectif, la vie en société n’est plus possible et les individus se retrouvent isolés, atomisés et menacés par l’anarchie, sans parler du fait que le vide laissé par la religion chrétienne risque aujourd’hui d’être rempli par une religion qui, elle, refuse radicalement la modernité, l’islam.

Au nom de la rationalité, nous avons chassé les rois de leurs trônes pour fonder un système sur le contrat social entre des individus théoriquement libres et rationnels.

En faisant cela, nous avons permis la manipulation de l’opinion publique par les médias de masse, garanti le gouvernement à court terme au gré des rapports de force électoraux et confié le pouvoir à une caste de technocrates protégés des conséquences de leurs erreurs et par conséquent suscité un rejet et une défiance sans précédent vis-à-vis de la chose publique.

Au nom de la rationalité, nous avons créé une organisation économique d’une redoutable efficacité assurant aux êtres humains un niveau de confort sans précédent dans l’histoire.

En faisant cela, nous avons permis la concentration de la richesse entre les mains d’une élite apatride ; nous avons fait disparaître un grand nombre de savoir-faire et vidé le travail de son sens ; nous avons épuisé les ressources naturelles de la planète, dégradé et détruit un ensemble considérables d’écosystèmes naturels et entraîné une augmentation de la population telle qu’elle menace à moyen terme la survie de l’espèce.

Enfin, au nom de la rationalité, nous avons chassé Dieu de l’esprit des hommes.

En faisant cela, nous avons fait de l’Homme et ses caprices la mesure de toute chose ; nous nous sommes privés de la seule limite capable de poser une borne à nos passions et à notre violence et surtout nous avons privé la Nature et le Vivant de leur caractère inviolable et sacré.

En réalité, après plus de deux cent ans, nous ne pouvons que constater que le règne sans partage de la rationalité a été un désastre complet et que ceux qui aujourd’hui encore élèvent des temples à la déesse Raison sont en réalité en train de construire le tombeau de l’espèce humaine.

Face à ce désastre, tout l’enjeu philosophique et spirituel du XXIe siècle est, dans un premier temps, de limiter les dégâts considérables causés par la fausse rationalité et dans un deuxième temps, de préserver les réels acquis de la science et l’intelligence analytique tout en réintroduisant l’idée de Dieu et de la croyance, là où il est  désormais vital de le faire afin de réconcilier les deux formes formes de pensée nécessaires à la survie que sont la logique et l’intuition, le Système 1 et le Système 2.

Si l’Occident échoue dans cette tâche, il connaîtra un retour au plus terrible des obscurantismes, un monde barbare et brutal où il n‘y aura plus de place ni pour la pitié, ni pour la nuance.

Pour aller plus loin:

The Master and his emissary, Ian McGilchrist

How to be rational about rationality (Taleb)

Money, Gods and Taboos : resacralizing the commons (Ugo Bardi)

The Haunted Mind: The Stubborn Persistence of the Supernatural (Bo & Ben Winegard)

The Master and his Emissary (livre)

Nietzche raconte l’histoire suivante[1] :

“Il était une fois un maître aussi puissant que sage qui gouvernait une province modeste mais florissante. Avec le temps et suite à sa bonne gestion, son peuple se mit à prospérer et son domaine à s’étendre, imposant au maître de s’en remettre de plus en plus à des émissaires pour faire connaître ses ordres et sa volonté dans les provinces de plus en plus lointaines de son domaine. Or, le plus brillant et le plus ambitieux de ses émissaires, le grand vizir, celui dans lequel le maître avait placé toute sa confiance, finit par se considérer comme le véritable maître, à voir la tempérance et la modération de ce dernier comme de la faiblesse et enfin à utiliser sa position pour accroître sa propre fortune et son influence. Ainsi, le maître fut trahi par son émissaire, le peuple dupé et le royaume autrefois si prospère finit par subir le joug de la tyrannie avant de s’effondrer.”

Pour Iain McGilchrist, psychiatre britannique diplômé d’Oxford, le maître représente l’hémisphère droit de notre cerveau ; l’émissaire, le gauche et cette parabole représente l’évolution de la relation entre ces deux parties au cours de l’histoire de l’Occident.  

Dans son livre, « Le Maître et son émissaire »,  somme de plus de vingt années de recherche en psychiatrie, en philosophie et en neurobiologie, McGilchrist a choisi de s’intéresser à la question de l’asymétrie cérébrale et de la latéralisation, un sujet trop souvent réduit à des clichés du type « le cerveau gauche est masculin, le cerveau droit féminin » ou «le cerveau gauche représente la raison, le cerveau droit l’intuition ».

Ce que montre en premier lieu McGilchrist, c’est que notre approche du fonctionnement du cerveau a longtemps été dominée par la question « que font  les hémisphères ? » (what they do) plutôt que : « comment le font-ils? » (How they do it). Cette nouvelle approche du fonctionnement cérébral a permis de révéler que nos deux hémisphères fonctionnent à la fois dans une logique complémentaire mais également antagoniste : l’hémisphère gauche, majoritairement chargé du verbal et de l’analytique, cherche à se concentrer sur la partie tandis que l’hémisphère droit cherche à voir le tout, à remettre les éléments dans leur contexte et à se concentrer principalement sur ce qui est autre (Other), hors de nous, nous permettant notamment l’empathie et l’imitation ( les psychopathes, incapables , entre autres, d’éprouver des remords se caractérisent par un défaut dans le fonctionnement de leur cortex préfrontal droit).

Dans la première partie du livre, McGilchrist propose un état de l’art des connaissances sur le fonctionnement des deux hémisphères. Il s’attache notamment à montrer comment les tâches sont distribuées entre ces derniers et comment dans certains cas, chaque hémisphère sert à neutraliser l’autre pour éviter la domination d’un seul mode de fonctionnement et maintenir ainsi l’équilibre du système. Rompant avec la vision traditionnelle qui présentait l’hémisphère gauche comme l’hémisphère dominant, l’auteur montre qu’il s’agit là justement d’une pensée marquée par l’influence d’un hémisphère gauche refusant de se soumettre à la médiation de l’hémisphère droit !

En réalité, la fonction première de l’hémisphère gauche consiste à collecter de l’information précise, circonstanciée, parcellaire  qui se trouve ensuite recontextualisée par l’hémisphère droit pour fournir une vision d’ensemble. Malheureusement pour ce dernier, l’hémisphère gauche est le seul capable de parole et de se justifier « logiquement » ce qui peut le conduire, comme l’émissaire de la fable, à croire qu’il possède toute l’information nécessaire pour gérer le royaume et à ce titre, à se détacher de plus en plus de l’influence de l’hémisphère droit, le véritable maître car seule capable de replacer l’information fournie par l’hémisphère gauche dans un contexte plus large.

Dans la deuxième partie, plus spéculative mais aussi plus accessible pour un profane, Iain McGilchrist s’engage dans une vertigineuse remise en perspective historique à partir des premiers âges de l’Humanité jusqu’à la période moderne dans laquelle il cherche à montrer que l’histoire de l’Occident est, avec une accélération lors de certaines périodes bien particulières, l’histoire d’une domination progressive de l’hémisphère gauche, l’émissaire, sur le maître, l’hémisphère droit.

Pour McGilchrist, une véritable rupture s’est produite aux alentours du VIème siècle avant Jésus Christ manifestée par le début de la philosophie, de la logique, de l’évolution du langage  et de l’alphabet ainsi que des premiers systèmes monétaires. Cette évolution franchira un nouveau cap avec la pensée de  Socrate et Platon, ces derniers rejetant les mythes et l’expérience issue des sens (l’hémisphère droit) pour valoriser les formes abstraites et la logique du raisonnement (l’hémisphère gauche).

L’analyse de McGilchrist rejoint ici la critique de Nietzche qui considérait Socrate comme la pire chose jamais arrivée à la pensée occidentale car l’ayant conduite à s’éloigner des forces primitives et vitales du dionysiaque pour se concentrer sur les formes abstraites et dévitalisées de l’apollinien.

Une fois ce processus enclenché, notre cerveau serait entré dans une boucle de renforcement néfaste pour le cerveau droit : le langage, la pensée analytique et la logique créent un monde, des sociétés et des cultures de plus en plus dominés par le mode de fonctionnement de l’hémisphère gauche (administrations, lois, primat de l’écrit sur l’oral, de la raison sur le mythe) tandis que les modes de pensée issus du cerveau droit sont de plus en plus associées, au pire, à des formes de maladies mentales (voix, vision) et au mieux ne sont plus considérées comme des modes de fonctionnement « valables » (intuitions, instincts, traditions, coutumes).

Pour McGilchrist, l’hémisphère gauche crée ainsi un monde virtuel de miroirs autoréflexifs où toutes les issues vers une réalité pouvant être comprise par l’hémisphère droit se trouvent désormais bouchées. De tout temps, l’art, la religion et le monde naturel ont été des chemins que notre pensée pouvait emprunter pour échapper à la domination de l’hémisphère gauche mais le monde moderne nous  barre de de plus en plus l’accès à ces issues de secours, contribuant ainsi à la domination sans partage de cet hémisphère. Commencée à l’époque antique, cette évolution s’est poursuivie avec la Réforme et les Lumières pour arriver à sa phase terminale dans la période post-moderne.  

Encore tolérée de nos jours chez les artistes et les poètes, la pensée issue du cerveau droit n’est désormais plus acceptée chez les scientifiques (voir l’emblématique affaire Raoult et son exigence de « preuves »), dans le monde du travail [2] et encore moins chez les responsables politiques. Imagine-t-on aujourd’hui le peuple accepter un dirigeant qui redescendrait d’une montagne avec des commandements qu’il aurait reçu d’un buisson ardent ou fixant une stratégie qui lui serait venu dans un rêve comme l’empereur Constantin la veille de la bataille du pont Milvius?

D’après McGilChrist, l’effondrement actuel de la civilisation occidentale s’explique en grande partie par la domination totale dans tous les domaines des processus mentaux issus de l’hémisphère gauche au détriment de ceux issus de l’hémisphère droit. A ce titre, il est intéressant de noter que les groupes humains qui, à l’instar des sociétés asiatiques, ont su conserver, un meilleur équilibre entre l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit, notamment en conservant culturellement leurs traditions, leurs croyances et leurs rituels semblent être parvenus à ne pas s’échouer sur les écueils du monde moderne et à trouver, pour reprendre un lieu commun sur le Japon, un équilibre entre « tradition et modernité ».

Un autre visionnaire, le dissident russe Alexandre Soljenitsyne, avait lui aussi perçu le danger mortel que courrait une civilisation dominée  uniquement par l’hémisphère gauche. Dans son célèbre discours de  Harvard prononcé en 1978, il dénonçait déjà une vie gouvernée par l’individualisme, le matérialisme et tissé par le seul fil des relations légales tout en nous invitant à nous détacher des « principes fossilisés des Lumières » pour prendre le seul chemin capable de nous sauver, celui nous permettant de préserver notre intégrité spirituelle.

Comme tant de prophètes avant lui, il nous enjoignait, sans le savoir, à nous détacher de l’influence tyrannique de notre cerveau gauche pour redonner le pouvoir à notre cerveau droit : obéir de nouveau à notre véritable maître et non à son simple émissaire.

Pour aller plus loin : mon essai sur la Rationalité

NB : Cet essai ne fait pas partie du recueil l’Homme et la Cité


[1] A noter que ni l’auteur, ni ses lecteurs ne sont parvenus à retrouver cette parabole dans l’œuvre de Nietzsche…

[2] Doug Engelbart, l’un des pères de l’informatique moderne, inventeur de la souris et des premières interfaces graphiques faisait régulièrement prendre du LSD à ses équipes d’ingénieurs pour libérer leur créativité.