De l’opposition contrôlée

« Il viendra beaucoup de faux prophètes, et ils séduiront beaucoup de gens. »

Matthieu 24 :11

Dans le cadre de cette guerre hors limites fondée sur l’infiltration plutôt que l’invasion et qui vise à détruire les nations occidentales de l’intérieur, il est nécessaire de présenter un des outils les plus redoutables utilisé par le système mondialiste pour maintenir son pouvoir : l’opposition contrôlée.

Comme nous l’avons expliqué dans notre essai consacré au mondialisme, le système économique, financier et politique mondial se trouve contrôlé par de puissantes dynasties familiales dissimulant leur pouvoir derrière des institutions présentées comme neutres ou philanthropiques,  telles que le Forum Economique Mondial (WEF), le Council on Foreign Relations  (CFR) ou encore l’Open Society Foundation de George Soros, chargées en réalité de mettre en application le projet mondialiste ainsi que de placer ses agents à des postes clés.

Considérant appartenir à une caste « d’élus » chargés de diriger une humanité assimilée à du bétail, cette oligarchie a développé au fil des siècles une véritable science du contrôle et de la manipulation des masses afin de développer son influence et conserver son pouvoir. Sachant que toute puissance visible finit toujours par être contestée ou attaquée, la meilleure protection ne consisterait-t’elle pas à dissimuler la source réelle du pouvoir et de prétendre que celui-ci se trouve détenu par des individus qui n’en posséderaient qu’un simulacre ?

Le meilleur moyen d’empêcher toute révolte ne serait-il pas, d’une part, de « fixer » l’attention du public sur le jeu électoral et de l’autre, de créer une opposition destinée à canaliser la colère populaire pour mieux la neutraliser ? Pour être sûr de gagner à tous les coups, la meilleure méthode ne serait elle pas d’avoir plusieurs chevaux dans la course? Grâce travaux de l’historien Anthony Sutton, nous savons par exemple aujourd’hui que les grandes sociétés financières de Wall Street participèrent au financement du mouvement bolchevique aussi bien qu’à celui du parti nazi…

Au sein des démocraties occidentales, la première forme de contrôle utilisée par l’oligarchie consiste à placer à la tête des formations politiques de premier plan, et donc en position d’éligibilité, des candidats sélectionnés en amont par les instances mondialistes, mis en avant par les médias qu’elles contrôlent et placés face à une « opposition » chargée d’entretenir la fiction du pluralisme ou de l’alternance.

Pour satisfaire chaque « segment de marché électoral », l’offre politique se trouve ainsi déclinée entre mondialistes d’extrême-gauche, de gauche, du centre, de droite et d’extrême-droite qui, malgré d’apparentes divergences de façade se rejoindront en réalité sur l’essentiel, c’est-à-dire la disparition des peuples, des cultures, des nations historiques et l’adhésion à une modernité qui place l’Homme au centre de toute chose et prétend faire de lui l’égal de Dieu. Pour obtenir la preuve de l’existence d’un tel système, il suffit de s’intéresser aux programmes de recrutement ou de formation mondialistes tels que les Young Global Leaders de la French-American Foundation et de constater que la totalité des dirigeants politiques européens et français des dernières décennies, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron à François Hollande ou Arnaud Montebourg sont passés par ceux-ci. Une preuve supplémentaire de cette collusion pourra être apportée par la progression imperturbable de l’agenda mondialiste, indépendamment de la « couleur » politique du parti au pouvoir ou encore le ralliement systématique des candidats ou partis « d’opposition » autour du candidat “progressiste”.  Ce contrôle total du champ politique institutionnel a ainsi permis d’éviter toute contestation réelle du projet mondialiste et contribué à structurer la pensée et le discours autour de ses postulats philosophiques et politiques fondamentaux.

La deuxième forme de contrôle politique exercée par les mondialistes est moins connue mais bien plus dangereuse. Elle consiste à créer une fausse opposition située, en apparence, hors du système et chargée de canaliser la colère du peuple  tout en étant capable de servir comme « roue de secours » au cas où une trop forte pression populaire imposerait une « remise à plat » des institutions ou une « rénovation » de la classe politique.

Les méthodes qui président à la création d’une opposition contrôlée sont toujours à peu près les mêmes : un leader d’opposition est créé de toutes pièces ou habilement « retourné » ; il est attaqué par le système, parfois emprisonné ou traduit en justice ce qui lui permet de gagner en crédibilité et de renforcer son statut d’opposant. Il va ensuite créer une organisation « dissidente » à but politique ou engagée sur un sujet particulier. Cette organisation aura pour objectif de repérer les résistants, de contrôler l’accès à l’information et de tuer dans l’œuf toute initiative pouvant représenter une menace réelle pour l’oligarchie mondialiste. L’opposition contrôlée occupe toujours le terrain, dénonce, s’agite, manifeste mais son activité ne débouche jamais sur une prise réelle du pouvoir ou une remise en cause profonde du statut quo.

À titre d’exemple, aux États-Unis, de nombreuses organisations « patriotes » furent créées pour prouver la fraude électorale suite à la « victoire » de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020. Ces organisations mobilisèrent des milliers de citoyens, multiplièrent les actions en justice et récoltèrent des millions de dollars pour réaliser des audits comme celui du comté de Maricopa. Dans ce cas précis, après de nombreuses annonces, le rapport final ne fut jamais présenté au public et l’équipe de « cyber ninjas » chargée de l’organisation finit tout simplement par disparaître dans la nature avec les données de l’audit… De la même manière, nous savons aujourd’hui que parmi les personnes ayant participé à la marche du 6 janvier sur le Capitole se trouvaient des membres de groupes radicaux officiellement « pro-Trump » dont les chefs étaient en même temps informateurs pour le FBI…

En France, Emmanuel Macron et Assa Traoré, égérie indigéniste, ont en commun d’avoir été tous les deux salariés des Rothschild, le premier par la banque et la seconde via la fondation du même nom. Dans un autre registre, des échanges de SMS et des enregistrements téléphoniques ont révélé une coordination et une collusion entre des dirigeants de la France « Insoumise » et Emmanuel Macron dans le cadre de ce « théâtre » démocratique précédemment évoqué. Plus récemment, l’affaire, totalement passée sous silence, du fiasco français des « convois de la liberté » porte toutes les marques d’un sabotage mené par une opposition contrôlée, selon le même schéma ayant contribué en 2018-2019 au noyautage et à la neutralisation du mouvement des Gilets Jaunes. 

Ces quelques exemples permettent de comprendre la réalité de l’opposition contrôlée et du danger que ce stratagème représente dans le cadre de la guerre contre le totalitarisme mondialiste. Ceci étant dit, comment détecter et lutter contre les personnes ou les organisations susceptibles de faire partie de l’opposition contrôlée ? 

Commençons tout d’abord par rappeler que le contrôle d’une organisation s’exerce toujours via son chef ou le premier cercle de ses dirigeants. Une structure d’opposition contrôlée peut être ainsi dirigée par des traîtres tout en étant peuplée de militants sincères croyant de bonne foi lutter contre le système ou défendre la cause que l’organisation est supposée défendre. Ceci étant dit, l’appartenance à l’opposition contrôlée peut être détectée par les réponses aux questions suivantes :

-Le mondialisme et son contrôle des institutions est-il publiquement mentionné ou son existence est-elle rejetée comme une théorie du complot ? Des sujets majeurs comme la fraude électorale, la pédophilie d’élite ou le trafic d’êtres humains sont-ils publiquement évoqués ? Les restrictions liées au Covid  sont-elles dénoncées comme des attaques sans précédent sur nos libertés et rattachées au projet de Great Reset du Nouvel Ordre Mondial ?  

-D’où proviennent les fonds qui financent le mouvement ou l’organisation ? Quelle est la source des revenus du dirigeant ? Celui-ci manifeste-t-il un amour excessif de l’argent ou des biens matériels ? Son engagement ou ses prises de paroles sont-elles toujours conditionnées à des paiements ou à des rémunérations ? Pourquoi la Bible dit-elle que  « l’amour de l’argent est la source de tous les maux » ? (1 Timothée 6 :10)  

-Le dirigeant ou chef politique possède-t-il par son histoire familiale, ses amis, ses études ou ses réseaux professionnels des liens avec l’État profond ou des structures du pouvoir mondialiste ? A-t-il participé à des programmes comme celui des Young Leaders ? A-t-il bénéficié de financements ou de bourses d’études émanant d’institutions mondialistes ? Qui est son conjoint ? Quel rôle joue-t-il ? La médiatisation de l’homme ne sert-elle pas à cacher le pouvoir de la « femme » ?  Pourquoi Q nous invite-t-il à « suivre les femmes » (follow the wives) ?

-Les mœurs du dirigeant sont-elles saines ? Mène-t-il une vie dissolue ? Est-il un déviant sexuel ? A-t-il défendu la pédophilie ?  Est-il un consommateur régulier de drogues ? A-t-il une histoire d’abus sexuels ou de violences faites aux femmes ?

-Le dirigeant ou l’organisation rejettent-ils la foi catholique, jusqu’à contester l’apport objectif de la religion chrétienne en Occident ? Sont-ils liés à des sociétés secrètes ou à des puissances étrangères ? Font-ils référence à des croyances occultes ou à des spiritualités « alternatives » ? Si le dirigeant se prétend catholique, exprime-t-il des positions tranchées sur l’avortement ou l’euthanasie ou refuse-t-il d’être « clivant », prône la synthèse ou « l’adaptation aux réalités de notre époque » ?

Pour résumé, peut être considéré comme suspect :

-toute défense du supranationalisme, sous toutes ses formes, contre le fait national

-tout financement ou lien professionnel/privé avec des structures mondialistes

-tout rejet violent du catholicisme et de l’héritage chrétien de la France 

-toute défense des postulats philosophiques de la modernité contre la Tradition

Pour finir, s’il convient de faire preuve de lucidité sur l’existence de l’opposition contrôlée, cette prise de conscience ne doit pas conduire à la paranoïa, au refus de l’engagement et à l’interprétation du moindre élément concordant comme une preuve absolue. D’une part, parce que l’erreur, la bêtise et l’incompétence demeurent toujours des explications possibles. D’autre part, parce que certaines personnes peuvent changer de camp ou « retourner leur veste », pour sauver leur peau. Et enfin, parce même identifiée comme telle, l’opposition contrôlée peut être utilisée, jusqu’à un certain point, dans la guerre contre le mondialisme.

Dans cette guerre de l’ombre, la prudence doit être la règle et pour espérer triompher, les patriotes et les dissidents doivent faire preuve de discernement, se poser les bonnes questions et développer, pour eux-mêmes ou leurs organisations, une véritable culture du renseignement.

Pour le reste, Dieu seul connaît le secret du cœur de chaque homme. Dans Son infinie miséricorde, il a néanmoins envoyé un avertissement extrêmement clair à ceux qui servent le « prince du mensonge » et cherchent ainsi à tromper le peuple :

« Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. C’est pourquoi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, et ce que vous aurez dit à l’oreille dans le secret de vos chambres sera prêché sur tous les toits. » (Luc 12 :2)

Pour aller plus loin :

L’opposition contrôlée ou le “syndicat jaune” (Ariane Bilheiran)

Des mondialistes

De la défaite des conservateurs

Exposing Flynn networks

Du Black Swan

« Il est difficile de faire des prédictions surtout en ce qui concerne l’avenir » Yogi Berra

Dans son livre, le « Cygne Noir » (Black Swan), le statisticien Nassim Nicholas Taleb a développé la théorie du même nom. Celle-ci désigne un événement imprévisible possédant une faible probabilité de survenir mais qui, au cas où il arriverait, aurait des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. Cette théorie est utilisée pour expliquer l’impact disproportionné des événements difficiles à prédire, l’impossibilité de calculer de tels éléments en utilisant les méthodes statistiques classiques et enfin les biais cognitifs qui empêchent les individus, personnellement et collectivement, de comprendre et percevoir de tels événements.

Le terme « cygne noir » provient de l’anecdote suivante: jusqu’à la découverte du Nouveau-Monde, les européens pensaient que tous les cygnes étaient blancs. Or, la découverte d’un seul cygne noir fut suffisante pour remettre totalement en cause cette conception. Cet exemple offre une illustration du principe logique suivant : « l’absence de preuve n’est pas la preuve d’absence ».

En cette période de fêtes de fin d’année, l’histoire de la Dinde de Noël offre un bel exemple des dangers d’une pensée incapable d’intégrer la notion de « cygne noir ».

Durant toute l’année, mois après mois, la dinde de Noël est nourrie par son éleveur.

Dans l’esprit de la dinde commence à se dessiner une tendance.

A l’approche de Noël, son gavage s’intensifie.

La Dinde en conclut que la tendance est confirmée et que les choses vont de mieux en mieux pour elle. Si la veille de Noël, un sondeur demandait à la dinde sa prédiction pour l’année suivante, elle  anticiperait certainement la poursuite du gavage en s’appuyant sur les données des mois précédents.

Mais le jour de Noël, la série s’arrête brutalement : la Dinde est mise à mort pour être mangée.

Le graphique ci-dessous illustre parfaitement le choc causé par l’irruption soudaine d’un « cygne noir » dans une série considérée à tort comme linéaire.

Aujourd’hui, comme la dinde de Noël,  nos sociétés refusent  d’envisager qu’un grand nombre de « Black Swans » peuvent frapper les domaines suivants :

-l’Union Européenne

-la croissance économique

-le système bancaire et financier international

-la démographie

-la paix

-le « progrès »

“l’élite”

la République et les Droits de l’Homme

Pour accepter la réalité des « Cygnes Noirs », encore faut-il admettre que ces derniers existent mais aussi être prêts mentalement à changer radicalement de paradigme.

Pour aller plus loin:

Mini-conférences de Taleb sur les probabilités

Du marxisme

« Un communiste, c’est quelqu’un qui a lu Marx ; un anti-communiste, c’est quelqu’un qui l’a compris. »

Svetlana Aleksievtich 

Malgré l’effondrement du bloc soviétique, de la transition de la Chine à un « socialisme de marché » et, comme nous le verrons dans cet essai, des insuffisances de la pensée de Marx elle-même, le marxisme continue d’exercer une véritable fascination sur une large  partie de la classe intellectuelle française.

Ce crédit dont jouit encore la pensée de Marx en France témoigne à la fois de la puissance subversive de cette idéologie mais aussi du manque de rigueur doctrinale qui caractérise à la fois la résistance patriote ainsi qu’un grand nombre de catholiques. En effet, comme nous allons le démontrer, les trois grands piliers de la pensée marxiste que sont le matérialisme, le déterminisme historique et l’internationalisme se trouvent en opposition totale avec la défense de la souveraineté française, le respect des valeurs traditionnelles et les enseignements de l’Église.

1) Matérialisme

Pour Marx, ce sont les rapports économiques qui déterminent les représentations mentales et culturelles : « Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général » (Contribution à la critique de l’économie politique- 1859). Or, comme l’a montré le sociologue allemand Werner Sombart, lui-même disciple de Marx, ce sont au contraire les forces spirituelles qui dominent et gouvernent les forces matérielles. Pour l’expliquer, Sombart a notamment forgé le concept de Geist, l’esprit collectif d’un peuple, qui se distingue de la Seele, correspondant à l’âme individuelle.

Pour Sombart, comme l’écrit Guillaume Travers dans le remarquable  « Qui-suis-je ? » qu’il a consacré au sociologue allemand : « Sombart fera du Geist ce qui lie entre elles les multiples facettes de la vie sociale d’un peuple et d’une époque donnée. Dans les faits culturels, esthétiques, politiques sociaux ou économique, c’est toujours l’esprit d’un peuple qui se manifeste. Ainsi, le capitalisme ne sera plus tant défini comme un mode de production mais comme un esprit. Dans cette perspective, le monde est devenu capitaliste non pas tant le jour où le mode de production a changé mais celui où les hommes ont changé leur regard sur le monde pour n’y voir qu’un fond exploitable en vue de l’accumulation de profit. » En effet, Sombart souligne que l’état d’esprit du bourgeois ou de l’industriel capitaliste du XXe siècle diffère fondamentalement de celui de l’artisan du Moyen-Âge qui produit, non pas des séries mais des pièces uniques, vise la qualité plutôt que la quantité et dont la rémunération sert à « tenir son rang » plutôt qu’à engranger du profit.

Les travaux de Sombart sur le Geist rejoignent ceux du psychologue et anthropologue Geert Hofstede sur l’influence de la culture et des valeurs propres à chaque peuple sur l’organisation du travail et les systèmes économiques et sociaux. Hofstede a notamment identifié six facteurs indépendants à l’origine des différences culturelles : la distance hiérarchique, la tolérance pour l’incertitude, la tendance à la l’individualisme ou au collectivisme, la dimension masculine/féminine, l’orientation court-terme/long-terme et pour finir, le laisser-aller/la capacité à se restreindre.

Dans mon premier livre, « Être Français : lettre à ma sœur » (2018), je me suis inspiré des travaux d’Hofstede pour tenter de décrire de façon plus littéraire le Geist français et montrer qu’il existe, d’un point de vue anthropologique, une véritable exception culturelle française avec notamment cette combinaison unique au monde d’individualisme fort et de distance hiérarchique importante associée à un caractère masculin pour le peuple et féminin pour les élites. Dans le même esprit, j’ai également défini le système politique le plus conforme à l’esprit français dans mon essai « De l’anthropologie politique » (2019).

À bien des égards, les travaux de Sombart et d’Hofstede complètent également ceux du démographe et historien Emmanuel Todd consacrés à l’influence des systèmes familiaux sur les structures économiques et politiques. Sur ce point, il faut noter que la théorie de Todd, contrairement à celle de Marx, se trouve validée par l’expérience. En effet, selon le modèle de Marx, le communisme aurait dû apparaître dans les deux pays de première industrialisation qu’étaient la France et l’Angleterre et non dans des pays encore majoritairement ruraux et agricoles comme la Russie de 1917 ou la Chine de 1949 dans lesquels le prolétariat était peu développé, voire inexistant. Or, selon Todd, la réponse à cette énigme se trouve dans l’analyse des systèmes familiaux. En effet, la Russie et la Chine ont en commun d’être deux grands pays où le modèle familial de type communautaire exogame est dominant, type familial qui, d’après Todd, s’avère parfaitement compatible avec une organisation sociale communiste. La théorie de Todd, applicable à d’autres pays et à d’autres systèmes, apporte la preuve supplémentaire que contrairement à ce qu’affirme Marx, ce ne sont pas les forces matérielles et productives qui gouvernent l’histoire mais bien les systèmes culturels et familiaux.

Carte des systèmes familiaux dans le monde d’après les travaux d’Emmanuel Todd

Il apparaît donc clairement que la vision matérialiste de Marx se trouve largement contredite par les faits et que les théories de Sombart, d’Hofstede ou de Todd permettent de bien mieux expliquer que le marxisme l’apparition ou le développement de certaines phénomènes politiques ou sociaux. Pour finir, hors de toute considération anthropologique ou sociologique, le matérialisme de Marx devrait être par principe vigoureusement combattu par tous ceux qui rejettent le capitalisme comme esprit et encore davantage par les croyants, normalement convaincus qu’à Dieu tout est possible (Matthieu 19:26) et que le monde matériel se trouve soumis aux forces du monde spirituel.  

2) Déterminisme historique

Pour Marx, l’Histoire est gouvernée par des grandes lois. L’une d’entre elles s’appliquerait aux différents stades d’évolution des sociétés, toutes censées passer par la féodalité, puis par le capitalisme pour aboutir enfin au stade ultime, celui du triomphe du socialisme et de la dictature du prolétariat. Cette logique déterministe est censée de surcroît s’appliquer à l’être humain, les rapports entre les individus étant considérés comme entièrement gouvernés par des intérêts et des logiques de classe.

En ce qui concerne l’évolution des sociétés, le modèle de Marx se trouve une fois de plus contredit par les faits. Dans le cas des États-Unis, malgré l’exploitation des travailleurs et le caractère avancé du capitalisme dans ce pays, le socialisme et le syndicalisme, hors certains secteurs bien particuliers, ne sont jamais vraiment parvenus à s’implanter aux États-Unis et le communisme continue, aujourd’hui encore, d’exercer un violent effet repoussoir sur la très grande majorité de la population américaine. De leur côté, après avoir fait l’expérience du socialisme pendant plusieurs décennies, la Chine et la Russie, sont passées, avec des variantes, d’un système communiste à un capitalisme de marché fortement encadré par l’État associé à la défense de la souveraineté nationale et des valeurs traditionnelles. Pour finir, après avoir connu le règne du capitalisme financier et du libéralisme économique et social, l’Occident est aujourd’hui en train d’effectuer un retour à un ordre féodal dirigé par une oligarchie technocratique et corrompue via la privatisation des profits et la collectivisation des pertes, la mise en place d’un système de surveillance et de contrôle généralisé, la suppression de la propriété privée et la création de deux classes : ceux qui possèdent et « ceux qui n’auront rien mais qui seront heureux ».

Si Marx a raison, non seulement l’histoire économique et sociale des peuples devrait suivre l’évolution décrite par son modèle mais des peuples placés dans des conditions matérielles similaires devraient développer les mêmes types d’organisation économique ou de systèmes de valeurs. Or, de toute évidence, ce n’est pas le cas.

À l’échelle individuelle, le déterminisme marxiste nie la liberté de l’Homme puisque que ses actions sont censées être gouvernées par les lois implacables du matérialisme historique et des intérêts de classe. Ainsi, non content de nier la notion d’autonomie individuelle propre à la civilisation occidentale, le marxisme rejette totalement la doctrine chrétienne fondée sur le libre-arbitre, l’existence de la Grâce et de la toute-puissance de Dieu. Avec le déterminisme historique de Marx, il est impossible de comprendre Saint Paul, Sainte Jeanne d’Arc et toutes ces inexplicables fulgurances individuelles ou collectives qui jalonnent l’Histoire de la France et du monde. Pour Marx, ce digne héritier de la pensée des Lumières, tout peut et doit être expliquée de façon rationnelle par les intérêts de classe, la logique et la raison.

3) Internationalisme

Si les conditions matérielles déterminent tous les autres facteurs et si celles-ci obéissent aux lois universelles révélées par Marx, alors le communisme ne peut que triompher et les différences culturelles entre les peuples s’effacer. En revanche, tout ce bel édifice conceptuel s’effondre si, comme Guillaume Travers inspiré par Sombart, on considère que : « Dès lors que l’on pense chaque peuple et chaque époque comme étant baignés d’un esprit, particulier, le trait saillant n’est plus l’unicité du monde et de l’histoire mais leur diversité fondamentale. Chaque peuple est dominé par un esprit particulier, de sorte qu’il serait illusoire de vouloir plaquer sur chacun d’eux des structures sociales uniques. Par conséquent, l’internationalisme se trouve condamné : chaque peuple doit au contraire, rechercher l’ordre social conforme à son « esprit » propre. C’est ainsi que le socialisme ne peut être que national. »

Cet internationalisme achève de révéler ce qu’est vraiment le marxisme : d’une part, un véhicule idéologique utilisé pour détacher les peuples de leurs patries respectives et préparer l’avènement du mondialisme en sapant le principe même de nations diverses, autonomes et souveraines ; d’autre part, un projet religieux universel venant contester les dogmes fondamentaux du christianisme où la lutte des classes vient remplacer l’épitre aux Galates 3:28, le Parti, l’Église et la société sans classe, le Jugement Dernier.

Comme toutes les religions, le marxisme propose un ensemble de croyances collectives structurées, un modèle d’explication du monde, des rituels, un clergé et pour finir, une eschatologie. Adopter cette grille de lecture, c’est d’abord comprendre qu’il est absurde de vouloir réfuter le marxisme par des arguments car celui-ci appartient en réalité au domaine de la croyance et ensuite, prendre conscience que la religion marxiste a très largement remplacé le catholicisme dans l’esprit des Français, le plus souvent à l’insu des croyants eux-mêmes. Ainsi, un grand nombre de dérives actuelles telles que le transhumanisme, le transgenre, la dissolution des nations et la dictature des minorités trouvent leurs racines dans la pensée marxiste et son concept de« sens de l’Histoire », un phénomène renforcé par l’apparition récente du « marxisme culturel » auquel vient s’ajouter celui de « léninisme biologique ».

Comme nous l’avons expliqué à de nombreuses reprises, tous les phénomènes politiques ne sont en vérité que l’expression d’une pensée religieuse qui les gouverne et les façonne. Dans le cas du marxisme, cette croyance fondamentale est la suivante : l’Homme peut trouver le Paradis sur Terre à condition de réformer la société et d’obéir aux lois du matérialisme historique. Cette croyance à prétention universelle se trouve en opposition frontale avec tous les dogmes de la foi chrétienne, à commencer par celui qui fait de l’homme un être déchu dont le salut ne se trouve pas dans ce monde mais dans celui d’après. Par son rejet total du récit de la Genèse, le marxisme se révèle comme une doctrine résolument satanique, qui, inspirée par le « Prince du Mensonge », trompe les hommes, empoisonne leurs esprits et les conduit à détruire leur société en croyant ainsi la sauver.

Dans ce combat pour le redressement matériel et spirituel de la France, il est donc capital de procéder à une véritable démarxisation des esprits, à commencer par celui des intellectuels, des patriotes et des catholiques. Tous les hommes et les femmes de bonne volonté doivent comprendre que le marxisme constitue un véritable poison idéologique, politique et culturel qui rend impossible tout redressement de notre pays, toute défense de sa souveraineté et tout rétablissement de la France comme la grande nation catholique qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

Entre la France catholique et souveraine et la République marxiste et soumise, il faut choisir et c’est de la capacité des élites politiques et intellectuelles française à faire ce choix dont dépend, en grande partie, l’avenir de la France.

Il est dit dans l’Évangile :

« Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups féroces. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Matthieu 7 : 15-20)

Marx était un faux prophète et tous ses fruits se sont révélés pourris.

Pour aller plus loin :

Guillaume Travers, “Qui suis-je-Werner Sombart

Geert Hofstede, The 6-D model of national culture

Emmanuel Todd, La diversité du monde

Être Français : lettre à ma sœur

Du léninisme biologique

De l’anthropologie politique

Du maître et son émissaire

De la religion (Taleb)

De l’utopie mondialiste

Article d’Ida Auken, députée danoise et membre du Forum économique mondial (WEF), publié le 12 novembre 2016 sous le titre original “Welcome to 2030, I own nothing, have no privacy and life has never been better” et repris sur le site du WEF. Traduit de l’anglais par Stanislas Berton.

Bienvenue en 2030. Bienvenue dans ma ville ou devrais-je plutôt dire “notre ville”. Je ne possède rien. Je n’ai pas de voiture. Je ne suis pas propriétaire de ma maison. Mes appareils électroménagers et mes vêtements ne m’appartiennent pas.

Cela peut vous sembler étrange mais cela est tout à fait logique pour nous, habitants de cette ville. Tout ce que nous avions l’habitude de considérer comme un produit est maintenant devenu un service. Nous avons accès aux moyens de transport, au logement, à la nourriture et à tout ce dont nous avons besoin dans notre vie de tous les jours. L’une après l’autre, toutes ces choses sont devenues gratuites alors, en fin de compte, cela ne servait à rien d’en rester propriétaires.

Ce furent d’abord les moyens de communication qui devinrent entièrement numérisés et gratuits pour tout le monde. Ensuite quand l’énergie verte devint gratuite, les événements se précipitèrent. Le coût du transport devint négligeable. Il n’y avait donc plus aucun intérêt d’avoir une voiture car nous pouvions tous appeler en quelques minutes un véhicule contrôlé par une IA ou une voiture volante pour des trajets plus longs. Quand les transports en commun devinrent plus facile d’accès, plus rapides et plus pratiques que la voiture, nous commençâmes à nous déplacer d’une façon plus ordonnée et coordonnée. Désormais, j’ai du mal à croire que nous tolérerions les embouteillages, sans parler de la pollution causée par les moteurs. Qu’est-ce qui nous a pris?

Parfois quand je vais voir mes amis, je prends mon vélo. J’apprécie l’exercice et le trajet en lui-même. C’est comme si notre âme participait à ce voyage. C’est surprenant de constater à quel point certaines choses ne perdent jamais leur attrait : marcher, faire du vélo, cuisiner, dessiner et faire pousser des plantes. Cela est logique et nous rappelle que notre culture s’est développé en relation étroite avec la nature.

“Les problèmes environnementaux semblent appartenir au passé.”

Dans notre ville, nous ne payons pas de loyer parce que quelqu’un utilise l’espace que nous laissons libre quand nous n’en avons pas l’usage. Mon salon est utilisé pour des réunions d’affaires lorsque je ne suis pas chez moi.

De temps en temps, je fais moi-même la cuisine. C’est facile, tout l’équipement dont j’ai besoin est livré devant ma porte en quelques minutes. Depuis que le transport est devenu gratuit, nous avons cessé d’entasser toutes ces choses dans nos foyers. Pourquoi garder une machine à faire des pâtes ou des crêpes dans nos placards? Il nous suffit de passer commande quand nous en avons besoin.

Ce mode d’organisation a facilité le passage à l’économie circulaire. Quand les produits deviennent des services, personne n’a besoin de concevoir des produits à faible durée de vie. Tout est conçu pour être durable, réparable et recyclable. Les matières premières arrivent plus rapidement dans nos circuits économiques et peuvent être transformés plus facilement en nouveaux produits. Les problèmes environnementaux semblent appartenir au passé car nous n’utilisons que de l’énergie et des moyens de production propres. L’air est pur, l’eau est pure et personne n’oserait toucher à ces zones protégées car elles sont si importantes à notre bien-être. Dans les villes, nous avons beaucoup d’espaces verts et des plantes et des arbres un peu partout. Je ne comprends pas pourquoi tous les espaces non-utilisés étaient autrefois remplis de béton.

La mort du shopping

Le shopping? Je ne me rappelle même plus du sens de ce mot. Pour la plupart d’entre nous, cela revient désormais à choisir quels objets nous allons utiliser. Parfois, je trouve ça amusant et parfois, je veux juste que l’algorithme s’en occupe à ma place. J’ai désormais une meilleure connaissance de mes goûts.

Quand l’IA et les robots se sont mis à accomplir la plupart de notre travail, nous eûmes tout à coup plus de temps pour mieux manger, mieux dormir et passer plus de temps avec les gens. Le concept d’heure de pointe n’a plus vraiment de sens aujourd’hui car le travail que nous effectuons peut être accompli à n’importe quel moment. Je ne sais même si l’on peut encore appeler cela du travail. C’est simplement plus du temps pour penser, créer et s’épanouir.

“Ils vivent des existences différentes à l’extérieur de la ville”.

Il eut une époque où tout avait été transformé en divertissement et où les gens ne voulaient plus se confronter aux questions importantes. C’est qu’au dernier moment que nous avons trouvé comment utiliser ces nouvelles technologies pour autre chose que juste passer le temps.

Parfois, je suis inquiète en pensant aux gens qui n’habitent pas notre ville. Ceux que nous avons perdu en chemin. Ceux qui ont décidé que toute cette technologie était “trop” pour eux. Ceux qui se sont sentis obsolètes et inutiles quand les robots et l’IA nous ont remplacé dans plupart des emplois. Ceux qui en ont eu assez du système politique et se sont révoltés contre lui. Ils vivent des existences différentes à l’extérieur de la ville. Certains ont fondé des communautés autonomes. D’autres se sont installés dans des maisons vides et abandonnées dans des villages du XIXe siècle.

De temps en temps, cela m’ennuie de n’avoir aucune vie privée. De ne pouvoir aller nulle part sans être identifiée Je sais que quelque part, tout ce que je fais, que je pense et ce dont je rêve est enregistré. J’espère que personne n’utilisera cela contre moi.

Au bout du compte, c’est une bonne vie. Bien meilleure que celle vers lequel notre ancien modèle nous conduisait et où il était devenu clair que nous ne pouvions plus continuer avec le même modèle de croissance. Nous devions faire face à une réalité horrible: maladies liées au mode de vie, changement climatique, la crise des réfugiés, la dégradation de l’environnement, les villes saturées, la pollution de l’air, de l’eau, les troubles sociaux et le chômage. Nous avons perdu tant de gens avant de nous rendre compte que nous pouvions faire les choses autrement.

Notes du traducteur:

1) Cet article constitue un concentré chimiquement pur du “socialisme technocratique” vendu par l’oligarchie mondialiste aux membres de bas-niveau de la classe dirigeante (élus, cadres, classes “éduquées”). Séduisant en apparence, ce projet totalitaire, lié à celui des “villes intelligentes” (smart cities), représente en réalité la destruction des piliers de civilisation occidentales: liberté, vie privée, propriété privée. Présenté comme un progrès et reposant sur des principes positifs et consensuels (défense des milieux naturels, limitation du gaspillage), ce projet vise à susciter l’adhésion et à faire consentir les populations à leur propre mise en esclavage.

2) De nombreuses notions évoquées dans ce texte sont purement verbales et ne peuvent séduire que des personnes vivant en milieu urbain, travaillant dans le secteur tertiaire et totalement déconnectées des réalités de toute activité productive. Par exemple, la notion d’énergie “propre” est un non-sens physique: toute activité de production consomme des matières premières et génère des déchets. De la même manière, un agriculteur ou un ouvrier travaillant en usine voit son activité déterminée par des contraintes climatiques, énergétiques ou logistiques et ne peut donc pas travailler “quand il veut”.

3) Comme le marxisme ou le socialisme, cette utopie mondialiste fondamentalement antichrétienne car elle postule que l’homme peut accéder au paradis sur terre et retrouver, grâce à des réformes, un nouvel Éden. A l’inverse, le chrétien connaît sa nature déchue et sait que le vrai royaume n’est pas de ce monde mais dans celui d’après et que tous ceux qui affirment le contraire ne sont pas de Dieu mais du diable.

Pour aller plus loin:

Article original

De l’Intellectuel-Mais-Idiot (Taleb)

Des mondialistes

Du déni des complots

Du marxisme

De la désinformation

“Nous saurons que notre programme de désinformation a atteint son but lorsque tout ce que croira la population américaine sera faux. »

William Casey,  ancien directeur de la CIA

Dans le cadre de cette guerre hors limites menée par le mondialisme contre les peuples, le contrôle de l’information occupe une place centrale. En effet, comme nous l’avons écrit dans « La France Retrouvée » : « quiconque contrôle les médias et le récit médiatique possède le pouvoir de contrôler les esprits mais également de définir ce qu’une société tient pour réel, de déterminer les opinions considérées comme acceptables et pour finir, de contrôler la hiérarchie du pouvoir et des représentations. »

Pour aider les peuples à sortir de cette prison mentale et cognitive dans laquelle ils ont été enfermés pendant des siècles, il est donc essentiel de comprendre que les médias de masse et les “experts” qu’ils invitent n’ont pas pour vocation à informer mais à désinformer et qu’ils doivent donc être considérés comme la branche « propagande » du système mondialiste.

Pour s’en rendre compte, il suffit de constater qu’aucun média de masse ne fait référence au mondialisme ainsi qu’à ses multiples instances dirigeantes, telles que le Forum Économique Mondial (WEF), le groupe  Bilderberg, le Council on Foreign Relations (CFR) ou encore la Commission Trilatérale. Sur le plan politique, les médias maintiennent la fiction de l’opposition gauche/droite qui, comme nous l’avons expliqué dans notre essai consacré à l’opposition contrôlée, permet d’entretenir l’illusion du libre choix et du pluralisme dans un système présenté comme démocratique mais en réalité entièrement contrôlé en amont. Sur le plan historique, les médias continuent de diffuser une version « corrigée » de l’Histoire, en dissimulant par exemple le financement des mouvements bolcheviques et nazis par les financiers de Wall Street ou le rôle de l’oligarchie mondialiste britannique, incarnée par le « groupe de Milner », dans le déclenchement de la première guerre mondiale.

Même si une part croissante de la population fait preuve d’un scepticisme de plus en plus grand à l’encontre des médias de masse, moins nombreux sont ceux à avoir pris conscience que les médias ne se contentent pas de communiquer des informations fausses ou incomplètes mais qu’ils œuvrent à la construction d’une véritable réalité parallèle dont la création et la diffusion font appel à des techniques extrêmement sophistiquées de manipulation psychologique et d’ingénierie sociale.

Dans le cas de la crise Covid, il est possible de parler de « pandémie médiatique » tant la perception de la maladie et de sa dangerosité a été en grande partie due à son traitement par les médias. Face à une situation présentée comme apocalyptique et vendue comme telle au public à travers des images de services d’urgence saturés et le décompte quotidien des décès attribués au Covid, la réalité est celle d’une mortalité moyenne de 0.6% dont moins de 1% pour la tranche d’âge des 20 à 70 ans et d’une surmortalité de seulement 9% pour l’année 2020 par rapport aux années précédentes, avec de surcroît un nombre important de patients morts avec le Covid comptabilisés comme morts du Covid.

De la même manière, toutes les mesures de restrictions des libertés, dont les confinements, furent présentées comme nécessaires, sans informer le public des meilleurs résultats sanitaires obtenus par des pays comme la Suède dans lesquels il fut seulement conseillé aux personnes les plus fragiles et les plus âgées de rester chez elles. Enfin, le vaccin fut présenté par les médias comme le seul moyen de lutter contre le virus, sans informer le public sur l’existence de prophylactiques reconnus par l’académie de médecine comme la Vitamine D ainsi que des résultats obtenus par des dizaines de pays ayant choisi d’utiliser des médicaments tels que l’ivermectine dans le cadre de traitements précoces. Après avoir massivement promu les vaccins, les médias refusent toujours en revanche d’informer le public sur l’explosion des effets secondaires et de la surmortalité générale depuis 2021 ainsi que sur les conséquences désastreuses de la suspension des soignants non-vaccinés sur le fonctionnement de l’hôpital.

La même logique de désinformation se retrouve à l’œuvre dans le cas l’opération militaire en Ukraine, présentée par les médias comme l’invasion d’un pays innocent et pro-européen par une Russie impérialiste et belliqueuse. Là encore, les médias oublient de rappeler le financement, dès le XIXe siècle, du nationalisme ukrainien par des « marchands de révolution » comme Alexandre Parvus afin d’affaiblir l’Empire Russe. Oublié aussi “Le Grand Échiquier” de Zbigniew Brzezinski, bible des stratèges mondialistes, qui fait de l’Ukraine un pivot stratégique dont le contrôle permet celui du “Heartland” (Mackinder) donc de l’île-monde (l’Eurasie) et donc du monde. Oubliées également la révolution orange de 2004 et l’EuroMaïdan de 2014, véritables coups d’État menés par l’OTAN et orchestrés depuis Washington par des donneurs d’ordre telles que la vice-ministre des affaires étrangères pour l’Europe et l’Eurasie, Victoria Nuland. Oubliés aussi les bombardements sur les populations civiles du Donbass depuis 2014 ainsi que les massacres des populations russophones par milices néo-nazies, comme le bataillon Azov, soutenues financièrement par des oligarques comme Igor Kolomoïski. Et ne parlons même pas des preuves apportées par l’armée russe de l’existence de nombreux programmes de recherche bactériologique développés en Ukraine par des laboratoires financés dès 2005 par le Pentagone (DTRA) et des entreprises comme Metabiota liées à la famille Biden.

Sur le plan économique, nous avions montré en 2019 dans un essai consacré aux grands indicateurs macro-économiques tels que le PIB, l’inflation et le chômage, comment les chiffres étaient systématiquement truqués et privés de toute véritable signification. En effet, la « richesse » des pays occidentaux est aujourd’hui en grande partie virtuelle car reposant sur le secteur financier et « l’argent magique » créé ex-nihilo par les banques centrales. Cette richesse fictive, défendue en grande partie par la puissance militaire des États-Unis et la capacité du mondialisme à éliminer ceux qui refuseraient de « jouer le jeu » (Libye et Irak par exemple), ne saurait être comparée à la richesse réelle, productive et énergétique de pays tels que la Russie ou la Chine.

Pour finir, quand les médias ne désinforment pas, ils pratiquent la « divulgation partielle » (limited hangout), technique qui consiste à concentrer l’attention du public sur un détail mineur ou une dimension annexe afin de ne pas aborder le cœur du sujet. Le meilleur exemple de cette pratique se trouve dans le traitement de l’affaire Epstein, présentée comme une sordide affaire de mœurs, quand il s’agit en réalité d’un système sophistiqué de chantage et de manipulation des puissants de ce monde orchestré par les services de renseignement israéliens par l’intermédiaire de Robert Maxwell, père de Ghislaine Maxwell, elle-même associée et « rabatteuse » d’Epstein. En ce qui concerne cette dernière, les médias français se sont bien gardés de rappeler que celle-ci détient la nationalité française ou de mettre en avant sa relation avec Jean-Luc Brunel, autre bras droit d’Epstein, retrouvé lui aussi mort de façon suspecte dans sa cellule de la prison de la Santé.

Ces quelques exemples doivent aider à prendre conscience que les médias de masse sont en réalité des vecteurs de désinformation à grande échelle chargés de maintenir les peuples dans une réalité parallèle entièrement détachée du monde réel. Par conséquent, plus un individu s’appuie sur les médias de masse, y compris en multipliant les sources d’informations officielles, plus celui-ci se trouve victime de manipulation psychologique et plus il est difficile de lui faire admettre cette réalité. Sur ce point, force est de constater que tous ceux qui, par leur profession ou leur statut social se considèrent comme plus informés que la moyenne – élus, dirigeants, médecins, journalistes, universitaires, militaires – se révèlent plus susceptibles d’être victimes de cette manipulation et de succomber à ce que le philosophe Nassim Nicholas Taleb a appelé « l’arrogance épistémique ».

Dans le cadre de cette guerre de l’information menée aujourd’hui contre la dictature mondialiste, ce n’est qu’une question de temps avant que le système s’effondre et que les mensonges des médias soient révélés au grand jour. Pour les résistants, tout l’enjeu consiste à créer des canaux d’information alternatifs, à y relayer des informations fiables et, par ces moyens, d’aider nos contemporains à prendre conscience de la prison cognitive dans laquelle ils se trouvent enfermés pour mieux leur permettre de s’en échapper. Mais surtout, veiller à ce que ce système de manipulation de masse soit entièrement démantelé et ne parvienne pas à se reconstituer sous une autre forme, moyennant quelques arrangements et la diffusion de quelques inoffensives vérités.

Pour aller plus loin :

De la pilule rouge

Des bonnes questions

De la guerre de l’information

Principes de base de la propagande

Entretien Mike Benz sur le contrôle de l’information et la censure

Neuro-Pirates –Réflexions sur l’ingénierie sociale, Lucien Cerise

Confession d’un ancien de la CIA sur la manipulation de l’opinion publique par les médias

De l’effet d’ancrage

En psychologie, l’effet d’ancrage (anchoring) désigne un biais cognitif humain qui consiste à privilégier la première information reçue et à l’utiliser en tant que valeur de référence.

L’effet d’ancrage est une technique particulièrement utilisée en négociation ou en politique où elle se révèle particulièrement utile car elle permet de poser les termes de la discussion et de faire en sorte qu’il soit très difficile psychologiquement pour l’interlocuteur de s’en écarter.

Un exemple d’ancrage consiste à demander à des convives d’un repas de choisir entre fromage et dessert. En formulant les choses ainsi, vous avez « ancré » le choix.  Si suite à cela, un convive venait à demander s’il serait possible d’avoir fromage et dessert et pourquoi pas en plus un petit café, il passerait aux yeux de l’assemblée  pour quelqu’un d’exigeant, voire d’impoli.

De la même manière, l’effet d’ancrage explique pourquoi pour obtenir une augmentation de salaire significative, il est souvent préférable  de changer d’employeur, voire de métier plutôt que de rester dans la même entreprise. Même si vous le méritez, il est plus difficile pour votre ancien patron de vous payer 10 000€ de plus par an car c’est votre ancien salaire qui reste sa valeur de référence.

De tous temps, l’effet d’ancrage a été utilisé en politique pour défendre une position ou affaiblir celle de l’adversaire. Abraham Lincoln utilisa par exemple l’abolition de l’esclavage dans les Etats du Nord  comme effet d’ancrage dans ses négociations avec le sud esclavagiste comme le montre avec brio le film « Lincoln » de Steven Spielberg.

Aujourd’hui, aucun sujet n’illustre mieux l’utilisation de l’effet d’ancrage que celui du traitement de l’immigration. Le gouvernement français a par exemple annoncé récemment la mise en place de quotas sur l’immigration de travail et un durcissement des conditions d’accès à l’AME.

Ces décisions sont présentées par les commentateurs comme un « virage à droite » et des mesures dures.

Redoutable effet d’ancrage !

Un véritable virage à droite consisterait en réalité à ne plus accueillir de réfugiés, à expulser les clandestins, à mettre un terme au regroupement familial, à en finir avec le droit du sol, à déchoir de la nationalité française les criminels binationaux et de procéder à une remigration massive des populations indument naturalisées depuis quarante ans. Mais grâce à l’effet d’ancrage, des mesurettes à la portée limitée peuvent être présentées comme une politique de grande fermeté.

Le deuxième bonus de l’effet de l’ancrage est justement de présenter ceux qui osent sortir du cercle étroit des choix qu’il a tracé comme des extrémistes ou des gens déraisonnables.

Même si vous pouvez démontrer par A + B que le marché immobilier est surévalué d’environ 70%, vous aurez bien du mal à faire admettre au vendeur que le bien qu’il espérait vous vendre 100 000€ ne vaut en réalité que 30 000€ sans passer pour un idiot peu conscient de la réalité du marché.

Comprendre la puissance de l’effet d’ancrage, c’est comprendre l’importance du contrôle des médias et plus généralement des sources d’information par le pouvoir. En effet, dans nos sociétés contemporaines, ce sont les médias qui pour l’essentiel définissent les termes de l’ancrage.  Par le registre lexical, le choix des thématiques, des données ainsi que celui des intervenants, ces derniers ancrent dans l’esprit du public les valeurs de référence.

Celui qui contrôle les médias contrôle en réalité ce qui est considéré  par une société comme la norme raisonnable. Sur le plan politique, il est notamment amusant de constater par exemple que des thèmes ou des idées considérés comme appartenant à l’ultra-droite en France sont considérés comme de centre-droit dans des pays comme la Russie, la Hongrie ou la Pologne. A chaque pays, son ancrage.

Éviter les pièges tendus par l’ancrage demande une discipline mentale de fer.

Pour un négociateur, il faut dès le début  recadrer le débat en accusant au passage  l’interlocuteur de nous prendre pour un imbécile ou de nous manquer de respect.  Une fois l’ancrage établi, sortir du cercle tracé par celui-ci suppose une force de caractère et une indifférence au fait d’être traité d’extrémiste, d’idéaliste ou de dur en affaires. Sur le plan social et médiatique, le meilleur antidote reste encore de s’exposer le moins possible aux termes de l’ancrage pour ne pas l’intérioriser et au contraire aller chercher ce qu’on appelle les biais de confirmation pour se prémunir mentalement.

Face à l’effet d’ancrage, comme le capitaine pris dans la tempête,  il ne faut surtout pas chercher à jeter l’ancre mais plutôt chercher à son garder son cap et continuer à suivre son étoile.

De l’intégration

Modèle de ségrégation de Schelling

“Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants.” Charles de Gaulle

C’est le nouveau mantra que répète à l’envi la classe politique et médiatique : il faut intégrer.

Il faut les intégrer. Qui ? Ces populations d’origine étrangère dont depuis quarante ans le nombre s’accroît  chaque année un peu plus un peu plus en France. Dans l’esprit de nos dirigeants, l’étranger intégré, c’est celui qui occupe une activité professionnelle stable, qui respecte les lois de la République et qui évite de voiler trop ostensiblement sa femme ou d’agresser trop régulièrement les pompiers.  Le problème, c’est que tout « intégré» qu’il soit, cet étranger contribue à détruire chaque jour un peu plus la Nation.

En quelques décennies, la France a  en effet connu une modification spectaculaire  de ses exigences envers les nouveaux venus  via un glissement sémantique subtil mais significatif. Autrefois, il était attendu des populations étrangères non pas qu’elles s’intègrent mais qu’elles s’assimilent. S’assimiler, cela signifie laisser derrière soi son origine pour devenir pleinement français en adoptant les mœurs, les coutumes et l’histoire de France. S’assimiler, c’est faire comme Napoléon qui disait : “De Clovis au Comité de Salut Public, j’assume tout”.

Aujourd’hui laxiste et impuissante, la République sut  pourtant être ferme  et impitoyable sur la question de l’assimilation. En 1870 avec les décrets Crémieux, elle offrit aux populations indigènes d’Algérie la possibilité de devenir pleinement français. Les juifs acceptèrent de s’assimiler ; les musulmans le refusèrent, préférant conserver le “statut personnel”, autrement dit la charia. Au début du XXème siècle, la République expulsa des millions d’italiens et de polonais non assimilés et dans des provinces comme l’Alsace, elle mena à l’école et dans l’espace public une guerre impitoyable aux identités et aux langues régionales. Qu’on l’approuve ou non, la République avait à l’époque un projet : faire de la France une nation républicaine et elle savait se donner  les moyens d’atteindre cet objectif.

A partir des années 70, sous la pression de l’immigration de masse et de l’idéologie antinationale, il ne fut soudain plus question d’assimiler mais d’intégrer. Cela signifiait que désormais chaque « communauté » allait pouvoir continuer à vivre en France en conservant ses mœurs, ses coutumes et son appartenance affective, culturelle  et parfois même juridique à son pays d’origine.  En théorie, la République et ses lois devaient être le ciment chargé de rendre cette cohabitation possible et faire de ses communautés disparates une nation. En pratique, il y eut une explosion du communautarisme et une perte du sentiment d’appartenance collective dans un pays qui, contrairement aux Etats-Unis, ne s’était jamais construit sur un tel modèle.

L’intégration, c’est en réalité la destruction de la nation et l’affaiblissement de la France.

Quant à l’assimilation, il est désormais trop tard et ceux qui la prônent sont des « cervelles de colibri » qui n’ont toujours rien compris au film. Quarante ans d’intégration ratée ont conduit des pans entiers du territoire et des populations qui se comptent en millions à faire sécession. Aujourd’hui, le véritable enjeu consiste à reprendre ses territoires perdus par la République et à expulser hors de la communauté nationale tous ceux qui s’en sont volontairement détachés.

Malheureusement, ceux qui dirigent la France n’ont pas encore compris l’absurdité complète de « chercher à intégrer » ou de mettre en œuvre des « politiques d’intégration ».  En effet, l’adhésion à un projet politique et l’assimilation  à un peuple ne peuvent être que des démarches volontaires.

Vouloir intégrer, c’est comme chercher à marier de force deux êtres qu’aucun élan du cœur n’attire l’un à l’autre et c’est surtout entretenir la logique communautariste qui contribue à la destruction de la France ainsi qu’à son archipélisation.

Certains français d’origine étrangère, peu nombreux, ont fait volontairement le choix de s’assimiler à la France. Ils ont compris sa grandeur, apprécié son génie et vu l’intérêt qu’ils avaient à associer leur destin à celui d’un si grand peuple. Ceux-là sont en chemin pour devenir de vrais français et la France doit leur réserver le meilleur accueil possible.

En revanche, tous ceux qu’il faut  sans cesse chercher à intégrer avec une débauche de dépenses aussi coûteuses qu’inutiles et qui de toute évidence n’aiment ni la France, ni son peuple  doivent être, expulsés de la communauté nationale, quand bien même la citoyenneté française leur eut elle été indument octroyée. La France leur a offert une chance extraordinaire, ils n’ont pas su la saisir.

Tant pis pour eux.

De l’Intellectuel-mais-Idiot (IMI)

Traduction de l’article publié en anglais par Nassim Nicholas Taleb sur Medium en 2016. Quelques libertés ont été prises par rapport à l’article original pour adapter son contenu et ses exemple à un public français. L’esprit du texte a été rigoureusement respecté.

Extrait du livre « Jouer sa peau » (Les Belles Lettres) – « Skin in the Game » (Random House)

“De l’Inde à l’Angleterre en passant par les Etats-Unis, nous sommes les témoins à l’échelle mondiale d’une révolte contre la cabale des « experts » et des journalistes du système sans « skin in the game », cette classe de semi-intellectuels paternalistes diplômés de l’ENA, d’HEC, de Sciences-Po ou d’établissements similaires aux diplômes prestigieux qui s’arrogent le droit de nous dire  1) ce que nous devons faire 2) ce que nous devons manger 3) comment parler 4) comment penser et… 5) pour qui voter.

Le problème, c’est que les borgnes suivent les aveugles : ces membres auto-proclamés de l’intelligentsia seraient incapable de trouver leur derrière avec leurs deux mains, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas assez intelligents pour définir ce qu’être intelligent veut dire et que par conséquent, ils restent prisonnier de raisonnements circulaires, leur principale compétence étant au final de passer des examens conçus par des gens comme eux.

Quand les résultats d’articles de recherche en psychologie peuvent être répliqués dans seulement 40% des cas, quand les conseils diététiques changent du tout au tout après 30 ans de diabolisation de la matière grasse, quand l’analyse macro-économique est moins fiable que l’astrologie, quand vous avez Bernanke nommé à la FED (réserve fédérale américaine) alors qu’il est complètement à la ramasse sur les risques pesant sur le système financier et que vous avez des tests pharmaceutiques dont les résultats ne peuvent être répliqués qu’une fois sur trois, vous avez tout à fait le droit de vous en remettre à votre instinct ancestral ou d’écouter vos grand-mères (ou Montaigne et tout autre savoir classique éprouvé par le temps) car ces bonnes vieilles recettes offrent de meilleurs résultats que tous ces pseudo-experts en costume.

Il n’est pas difficile de constater que ces bureaucrates universitaires qui s’arrogent le droit de gérer nos vies ne sont même pas rigoureux en matière de statistiques médicales ou de politiques publiques. Ils ne savent pas faire la différence entre la science et le scientisme. Pour leurs esprits obsédés par l’image, le scientisme a l’air plus scientifique que la véritable science (par exemple, il est trivial de montrer que tous ceux qui à l’instar de Cass Sunstein ou de Richard Thaler cherchent à nous « nudger » vers certains comportements, qu’ils classifieraient comme « rationnels » ou « irrationnels » (ou tout autre catégorie indiquant une déviation d’un protocole désiré ou prescrit)  ne comprennent la théorie des probabilités et utilisent les modèles de premier ordre de façon cosmétique). Ils sont également enclins à confondre l’ensemble avec l’agrégation linéaire de ses composants, comme nous l’avons vu dans le chapitre consacré à l’extension de la règle minoritaire.

***

L’Intellectuel-mais-Idiot est une production de la modernité qui a connu une accélération à partir de la moitié du vingtième siècle pour atteindre aujourd’hui son apogée, accompagné par une cohorte de gens sans skin in the game qui ont envahi de nombreux pans de la société.  Pourquoi ? Tout simplement parce que dans la plupart des pays, le poids du gouvernement est entre cinq et dix fois plus important que ce qu’il était il y a encore un siècle (exprimé en pourcentage du PIB). L’IMI semble être désormais à tous les coins de rue mais représente encore une toute petit minorité. On le retrouve rarement hors de certaines institutions spécialisées : think-tanks, medias et universités car la plupart des gens ont des vrais métiers et il n’y a pas beaucoup de postes vacants pour les IMI.

Méfiez-vous du semi-érudit qui pense qu’il est un érudit.

Il est incapable de détecter naturellement le sophisme.

L’IMI psychiatrise les autres lorsqu’ils font des choses qu’il ne comprend pas sans se rendre compte qu’en l’occurrence,  c’est sa compréhension qui est limitée. Il pense que les gens devraient agir dans leur intérêt et lui seul sait comment agir en ce sens, surtout s’il s’agit de ploucs ou d’habitants de la France profonde qui votent pour le FN ou pour le « Non » au référendum de 2005.

Quand les plébéiens font quelque chose qui a du sens pour eux mais non pour lui, l’IMI emploie le terme « non-éduqué ». Ce que nous appelons généralement la participation au processus démocratique, l’IMI le désigne par « démocratie » quand cela lui convient et par « populisme » quand la plèbe ose voter d’une façon qui va à l’encontre de ses préférences.

Alors que les riches prônent le « un euro, une voix », les plus humanistes le « un homme, une voix, » Monsanto le  « un lobbyiste, une voix, », l’IMI prône le « un diplômé de l’ENA, une voix » ou équivalent pour toute autre établissement d’ « élite » faisant partie du club.

Socialement, l’IMI est abonné au Monde ou au Nouvel Obs. Il n’est jamais grossier sur Twitter. Il parle de l’ « égalité des races » et d’ « égalité économique » mais n’a jamais été boire un verre avec un conducteur de taxi issu d’une minorité ethnique (une fois de plus, pas de skin in the game car le concept est étranger à l’IMI). Les IMI du Royaume-Uni ont été embobinés par Tony Blair. L’IMI moderne a assisté à plus d’un Ted talks en personne et en a regardé plus de deux sur Youtube.

Non seulement il a voté pour Hillary-Monsanto-Malmaison parce qu’elle était la mieux placée, et autre raisonnement circulaire du même acabit mais en plus il considère tous ceux qui n’ont pas fait de même comme mentalement perturbés.

L’IMI possède un exemplaire du « Cygne Noir » (livre de Taleb) dans sa bibliothèque mais confond l’absence de preuve avec la preuve d’absence. Il croit que les OGM sont de la « science » et que cette « technologie » ne diffère en rien des méthodes de reproduction traditionnelles du fait de sa capacité à confondre la science avec le scientisme.

Typiquement, l’IMI ne se trompe pas sur la logique de premier ordre mais les effets de second ordre ou les externalités lui échappent complètement le rendant totalement incompétent dans les domaines complexes. Du confort de son appartement de Saint-Germain-des-Prés, il était partisan de la « neutralisation » de Kadhafi parce qu’il était un « dictateur », sans réaliser que les neutralisations ont des conséquences (n’oubliez pas que parce qu’il n’a pas de skin in the game, il ne paie pas le prix de ses erreurs).

Sur le stalinisme, le maoïsme, les OGM, l’Irak, la Syrie, les lobotomies, l’aménagement urbain, les régimes, le fitness, la psychologie comportementale, les acides gras insaturés,  le freudisme, les stratégies de diversification, la régression linéaire, la gaussienne, le salafisme, l’équilibre dynamique stochastique, les ghettos urbains, le gène égoïste, les prédictions électorales, Bernie Madoff (avant sa chute) et les valeurs p-, l’IMI a toujours été du mauvais côté de l’Histoire mais cela ne l’empêche pas de penser que sa position actuelle est la bonne.

L’IMI fait partie d’un club pour bénéficier de réductions sur ses voyages. S’il travaille dans les sciences sociales, il utilise des statistiques sans savoir comment elles sont dérivées (comme Steven Pinker et autres psychocharlatans). Quand il va en France, il assiste à des conférences organisées par le Monde ou Courrier International ; il boit du vin rouge avec ses steaks (jamais du blanc) ; il pensait que le gras était mauvais maintenant il pense le contraire ; il prend des statines parce que son docteur lui a dit d’en prendre ; il ne comprend pas le concept d’ergodicité  et quand on lui explique, il l’oublie aussitôt ; il n’utilise pas des mots de yiddish pour parler business ; il étudie la grammaire avant de parler une langue ; il a cousin qui travaille dans un cabinet ministériel, il n’a jamais lu Frédéric Dard, Libanius Antiochus, Michael Oakeshot, John Gray, Amianus Marcellinus, Ibn Battuta, Saadiah Gaon, ou Joseph De Maistre ; il ne s’est jamais bourré la gueule avec des Russes ; il n’a jamais bu jusqu’au point où l’on commence à casser des verres ou mieux encore, des chaises ; il ne sait pas faire la différence entre Hécate et Hécube (ou comme on dit par chez moi, il ne sait pas faire la différence entre la merde et l’andouillette) ; il ne sait pas qu’il n’y a aucune différence entre le pseudo-intellectuel et l’intellectuel quand il n’y a pas de skin in the game ; il a mentionné la mécanique quantique au moins deux fois au cours des cinq dernières années dans des conversations qui n’avaient  rien à voir avec la physique.

Il sait exactement à tout instant l’impact de ses actes et de ses paroles sur sa réputation.

Mais il y a un critère encore plus facile pour le détecter : il ne soulève pas de la fonte.

***

Les aveugles et les très aveugles

Arrêtons un instant d’être satirique.

Les IMI ne savent pas faire la différence entre la lettre et l’esprit.

Ils sont tellement aveuglés par des notions verbales telles que la science, l’éducation, la démocratie, le racisme, l’égalité, la preuve, la rationalité et autres termes à la mode qu’il est très facile de les embobiner. Par conséquent, ils peuvent créer des iatrogéniques (des dégâts causés par le médecin) monstrueux sans aucun sentiment de culpabilité parce qu’ils sont convaincus qu’ils voulaient bien faire, ce qui leur permet d’ignorer l’effet de leurs actions sur le monde réel.

Tout le monde se rirait du docteur qui manquerait de tuer son patient mais qui se défendrait en affirmant qu’il a réussi à diminuer son taux de cholestérol, sans comprendre qu’une mesure corrélée à la santé n’est pas la santé – la médecine a eu besoin de plusieurs siècles pour comprendre qu’il fallait qu’elle s’intéresse à la santé et non à l’exercice de ce qu’elle considérait comme une « science » et que par conséquent, ne rien faire était souvent préférable (via negativa). Et pourtant, dans un autre domaine, disons la politique étrangère, un néo-conservateur qui n’a pas conscience de cette déficience mentale ne ressentira aucune culpabilité après avoir détruit un pays comme la Lybie, l’Irak ou la Syrie au nom de la « démocratie ». J’ai essayé d’expliquer la via negativa à un néo-conservateur, ce fut comme essayer d’expliquer ce qu’est la couleur à un aveugle de naissance.

Les IMI seront satisfaits parce qu’ils ont donné de l’argent à un groupe ayant pour objectif de « sauver les enfants » et qui passera son temps à faire des powerpoints et à organiser des conférences sur comment sauver les enfants, sans jamais voir le problème.

De la même manière, les IMI sont régulièrement incapables de faire la différence entre une institution (par exemple le milieu universitaire et les diplômes) et le but véritable (la connaissance, la rigueur dans le raisonnement), j’ai même vu un universitaire français dénigrer un grand mathématicien ayant contribué utilement à son domaine parce que celui-ci n’était pas allé à la “bonne école”  quand il avait dix-huit ans.

La propension à cette déficience mentale est sans doute partagée par tous les humains, c’est peut-être une tare consubstantielle,  mais elle a tendance à disparaître avec du skin in the game.

Post-Scriptum :

L’élection de Donald Trump fut tellement absurde pour les IMI et tellement incompatible avec leur vision du monde qu’ils se révélèrent incapables de trouver les instructions sur la façon de réagir dans leurs manuels. C’était exactement comme un épisode de « Caméra Cachée » : le visage de quelqu’un à qui on vient de jouer un sacré tour et qui ne sait absolument pas comment réagir. Ou pour dire les choses autrement, l’expression de quelqu’un qui, se croyant heureux en ménage, rentre chez lui à l’improviste et trouve sa femme au lit avec un déménageur.

Tout ce que les experts, les sondeurs, les superprévisionnistes, les politologues, les psychologues, les intellectuels, les consultants, les spécialistes du Big Data, pensaient savoir se révéla totalement bidon. Ainsi, mon rêve de mettre un rat sous la chemise de quelqu’un (comme je l’ai exprimé dans le Cygne Noir) devint soudain réalité.”

Note du traducteur :

Bien avant Nassim Nicholas Taleb, le Général De Gaulle avait déjà identifié les IMI qu’il appelait les « cervelles de colibri ».

Extrait de « C’était de Gaulle » d’Alain Peyrefitte :

« Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherez-vous de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées… »

Du wokisme d’entreprise

«  La forme la plus élevée de l’art de la guerre n’est pas de se battre mais de corrompre tout ce qui a de la valeur dans le pays de votre ennemi jusqu’au moment où la perception de votre ennemi est tellement déformée qu’il ne vous perçoit même plus comme un ennemi. »

Yuri Bezmenov

En avril 2023, la célèbre marque de bière américaine « Bud Light », propriété du groupe Anheuser Busch Inbev, lançait une campagne publicitaire mettant en scène l’influenceur transgenre Dylan Mulvaney. Une semaine plus tard, la capitalisation boursière de l’entreprise perdait 6 milliards de dollars suite à l’effondrement de ses ventes. Entre 2005 et 2016, le NASCAR, le sport automobile le plus populaire des États-Unis avait connu un déclin tout aussi spectaculaire de ses spectateurs après avoir pris le virage de « l’inclusivité », son président Mike Helton allant jusqu’à déclarer en 2006 que : « nous sommes convaincus que l’héritage redneck (bouseux, cul-terreux) du sud des États-Unis sur lequel était fondé ce sport n’existe plus. Mais nous avons aussi conscience que nous devons faire un effort pour aider d’autres personnes à le comprendre. »

Dans son livre publié « Corporate Cancer » publié en 2019, l’auteur et éditeur Theodore Beale (Vox Day) a révélé les facteurs qui conduisent des entreprises prospères, bien établies et parfois en pleine croissance, à se saborder en lançant des campagnes de communication désastreuses et en se mettant à dos leurs clients les plus fidèles. L’explication donnée par Beale de ce phénomène est la prise de contrôle et la destruction progressive d’une entreprise par l’idéologie progressiste, un processus auquel il a donné le nom de « convergence ». Selon Beale, la progression de cette idéologie au sein d’une l’entreprise peut être comparée à un cancer dont l’évolution correspondrait aux phases suivantes :

1) Infiltrée

L’entreprise compte des employés progressistes mais ils n’exercent aucune influence au sein de l’entreprise. Celle-ci est concentrée sur la production de biens et services conformes à son objet social. Le recrutement continue à se faire sur la base du mérite et des compétences.

2) Convergence légère

Les progressistes ont réussi à infiltrer leurs départements de prédilection que sont les ressources humaines et le marketing mais n’exercent pas encore d’influence sur la direction ou la stratégie de l’entreprise. Celle-ci commence à parler d’inclusivité ou de diversité mais ne modifie pas en profondeur sa communication, ses produits ou ses processus de recrutement, même si certains signes discrets de convergence peuvent commencer à apparaître.

3) Convergence modérée

les progressistes ont réussi à prendre le contrôle du département des ressources humaines qu’ils utilisent pour faire pression sur le reste de l’organisation. Le marketing commence à se soucier davantage d’afficher son « progressisme » que de vendre les produits de l’entreprise. Les managers sont encouragés à recruter des candidats issus de la « diversité » et à ne plus sanctionner les employés incompétents ou improductifs. Des consultants en « inclusivité » commencent à organiser des sessions de formation pour « sensibiliser » le reste de l’organisation.

4) Convergence lourde

Les « progressistes » ont pris le contrôle de tous les départements stratégiques. Des membres de la direction sont « progressistes » et affichent ouvertement leur soutien à cette idéologie. Le département RH impose ses vues sans même consulter la direction. Le marketing fait non seulement référence aux valeurs « progressistes » de l’entreprise mais les défend de façon militante. L’entreprise délaisse ses consommateurs historiques pour se concentrer sur des marchés qui n’existent que dans l’imagination de ses responsables « progressistes ».

5) Convergence totale

Toutes les ressources de l’entreprise sont mises au service de causes « progressistes » qui n’ont plus aucun rapport avec l’activité de départ. Le département RH est devenu une nouvelle Inquisition qui peut imposer ses vues à la direction. La communication de l’entreprise est tellement saturée de déclarations progressistes qu’il est presque impossible de déterminer la nature réelle de son activité. L’entreprise n’a plus que mépris pour ses consommateurs historiques. « La convergence remplace le principe selon lequel le client a toujours raison par le principe de justice sociale selon lequel le client mécontent est forcément raciste, sexiste, conservateur et qu’en conséquence, ses remarques peuvent être ignorées. » (Corporate Cancer p,15)

Cette grille d’analyse permet de comprendre pourquoi la diffusion du « progressisme » au sein d’une entreprise conduit rapidement à la ruine de cette dernière. Dans son livre, Beale donne des exemples très concrets de l’explosion des coûts induite par la convergence d’une entreprise et estime qu’une fois le processus enclenché la perte de CA peut atteindre jusqu’à 20 % en l’espace d’un an. Beale prend néanmoins la peine de préciser que des signes « légers » de convergence ne doivent pas conduire à une surréaction de la part de la direction et qu’il existe une réelle différence entre une entreprise en phase de convergence et un simple discours marketing visant à satisfaire un segment de marché spécifique.

Il est intéressant de souligner, qu’en théorie, une économie de marché devrait conduire à l’élimination rapide d’une entreprise dysfonctionnelle ou incapable de satisfaire les exigences de ses clients. Or, comme le souligne à juste titre l’auteur de « Corporate Cancer », la poursuite de ces stratégies ou de ces positionnements désastreux aussi bien pour l’image des entreprises que pour leurs bilans prouvent que ce qui se joue ici dépasse la simple question économique et démontre la réalité d’un système ayant désormais pour objectif avoué de « changer la société et faire évoluer les mentalités ».

Prenons par exemple le cas d’une équipe de basketball totalement inclusive, c’est à dire qui ne sélectionnerait plus ses joueurs sur leur capacité à bien jouer au basket mais de façon à représenter toute la diversité des tailles, des genres, des poids ou des orientations sexuelles. Ces critères conduiraient vraisemblablement l’équipe à perdre tous ses matchs et à n’avoir que très peu de fans. Mais au lieu de faire faillite et de disparaître, cette équipe continueraient d’être soutenue, pour des raisons idéologiques, par des entreprises ou des sponsors eux-mêmes « progressistes ». Et même si ces sponsors venaient à faire défaut, cette équipe pourrait continuer d’être financée par des fonds publics ou associatifs au nom de la promotion de la diversité. Dans une telle configuration, la fonction première de cette équipe ne serait même plus de bien jouer au basket et de gagner des matchs mais d’être un porte-étendard de cette nouvelle religion du « progressisme » et de la « diversité ». Avant Beale, l’anthropologue David Graeber avait déjà mis en évidence, dans son célèbre article consacré aux « bullshit jobs », la contradiction d’un système prétendant être gouverné par une rationalité économique extrême mais acceptant dans le même temps de financer un grand nombre de métiers totalement improductifs et inutiles, aussi bien pour l’entreprise que pour la société.

Ces analyses permettent de mieux comprendre pourquoi nous nous trouvons aujourd’hui au cœur d’une nouvelle guerre de religion dans laquelle une oligarchie mondialiste utilise son contrôle total d’un capitalisme de connivence pour imposer son projet politico-religieux à l’ensemble de la société. Une fois que vous comprenez que le système économique n’est plus là pour produire de la richesse mais pour convertir les masses à une nouvelle religion via un gigantesque programme d’ingénierie sociale, tout devient plus clair.

Comme je l’ai expliqué dans mon essai consacré à la guerre hors limites, les peuples occidentaux sont aujourd’hui impliqués, qu’ils le veuillent ou non, dans une guerre sans pitié qui vise à détruire leur société et leur civilisation. En conséquence, il est capital que les acteurs de la vie économique, salariés, indépendants, dirigeants, entrepreneurs, recruteurs, investisseurs, prennent conscience de la réalité de cette guerre et du rôle joué par l’infiltration progressiste des entreprises dans cette dernière.

La grille d’analyse développée par Beale et présentée dans cet essai devrait ainsi leur permettre de mieux comprendre :

1) le péril mortel que le wokisme représente pour leurs entreprises et l’activité économique en général.

2) la nécessité de créer un indice de « convergence » ou de « wokisme » afin de permettre aux investisseurs, aux banquiers, aux fournisseurs et aux clients de mesurer le niveau d’infiltration d’une entreprise par le progressisme et le risque de défaillance associé.

3) le besoin urgent pour les dirigeants ou les comités de direction d’identifier et de neutraliser les éléments subversifs au sein des organisations dont ils ont la charge, dans le plus grand respect de la législation en vigueur sur les discriminations.

4) que ce combat s’inscrit dans une guerre politique, culturelle et spirituelle bien plus large où se joue aujourd’hui l’avenir de la civilisation occidentale et dans laquelle les activistes « progressistes » jouent le plus souvent le rôle des « idiots utiles » (Lénine).

Pour finir, il est important de noter que le combat ne se fait pas à armes égales. Autant lorsqu’elle vise à préserver une organisation saine de l’infiltration, de la subversion ou de la déviance, la discrimination sous toutes ses formes est aujourd’hui interdite et condamnée ; autant celle-ci devient acceptable et même de rigueur, lorsqu’il s’agit de d’identifier, de stigmatiser et même de priver de leur gagne-pain, tous ceux accusés par l’auto-proclamé « camp du bien » de faire obstacle à une société diverse, inclusive et enfin libérée de ses préjugés « toxiques ».

Face à ce véritable cancer qui détruit actuellement les entreprises et les organisations, il ne suffit donc plus d’ériger des positions défensives ou de se contenter de déclarations de principes. Dans un monde où ce sont les fous qui ont pris le contrôle de l’asile, il est temps que les adultes reprennent les choses en main, sifflent la fin de la récréation et ramènent, calmement mais fermement, les patients dans leurs cellules.

Pour aller plus loin :

Corporate Cancer, Vox Day (recommandé)

Explications du wokisme par les indices CEI/ESG

Le CEI (Corporate Equality Index) est une sous-catégorie de l’ESG (gouvernance d’entreprise sociale et environnementale) poussée par les trois plus grands fonds d’investissement au monde que sont Blackrock, Vanguard et State Street. Ces fonds n’hésitent pas à mettre la pression sur les entreprises dont ils sont les principaux actionnaires pour que celles-ci appliquent les principes de l’ESG. En 2018, Larry Fink, le PDG de Blackrock et instigateur de l’ESG avait écrit une lettre dans lequel il exigeait la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance aligné sur les valeurs ESG sous peine de voir les entreprises perdre le soutien des investisseurs.

Campagne Bud Light

De la guerre hors limites (Vol II)

Du léninisme biologique (Vol II)

Des bullshit jobs (vol III)

Subversion Yuri Bezmenov

Des “Bullshit Jobs”

Extraits d’un article David Graeber publié en août 2013 par le site Strike sous le titre original « On the phenomenon of bullshit jobs »

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

En 1930, John Maynard Keynes avait prédit que d’ici la fin du siècle, la technologie aurait connu des progrès suffisants pour que l’Angleterre et les États-Unis puissent mettre en place la semaine de travail de quinze heures. Nous avons toutes les raisons de penser que sa prédiction était juste. D’un point de vue technique, nous en sommes capables. Et pourtant, cela ne s’est pas produit. Au contraire, la technologie a été mise à contribution pour trouver des moyens de nous faire travailler davantage. Pour arriver à ce résultat, il a fallu créer des emplois qui sont, dans les faits, totalement inutiles. Un nombre important de gens, en Europe et aux États-Unis, passent ainsi l’intégralité de leur vie professionnelle à accomplir des tâches dont ils pensent secrètement qu’elles n’ont aucune raison d’être accomplies. Les dégâts moraux et spirituels causés par cet état de fait sont profonds. C’est une cicatrice sur notre psyché collective. Et pourtant pratiquement personne n’en parle.

Pourquoi l’utopie promise par Keynes, encore attendue avec impatience dans les années soixante, ne s’est-elle jamais matérialisée ? De nos jours, l’explication habituelle est qu’il n’avait pas prévu l’augmentation spectaculaire de la consommation. Entre travailler moins d’heures et posséder davantage de jouets et de plaisirs, nous avons collectivement choisi la deuxième option. Cette explication constitue peut-être une bonne leçon de morale mais y réfléchir un seul instant suffit pour comprendre qu’elle ne peut pas être vraie. Certes, nous avons été témoins depuis les années 20 de la création d’une variété infinie de nouvelles activités et d’industries mais très peu d’entre elles ont un rapport avec la production et la distribution de sushis, d’IPhones ou de baskets dernier cri.

Alors quelle est précisément la nature de ces nouveaux emplois ? Un rapport récent comparant l’emploi aux États-Unis entre 1920 et 2000 nous en donne une vision assez claire (à noter que cette évolution se retrouve également en Grande-Bretagne). Au cours du siècle précédent, le nombre de travailleurs employés en tant que domestiques, dans l’industrie ou l’agriculture s’est effondré de façon spectaculaire. Dans le même temps, les effectifs dans les emplois managériaux, administratifs, commerciaux et plus généralement dans les services ont triplé, passant d’un quart aux trois-quarts de l’emploi total. Pour dire les choses autrement, les emplois productifs ont, comme prévu, été largement automatisés (même si vous comptez les emplois industriels à l’échelle mondiale en incluant les masses laborieuses de l’Inde et de la Chine, ces emplois ne représentent pas une part aussi importante de la population active qu’ils l’étaient par le passé).

Mais plutôt que d’avoir conduit à une réduction massive du temps travail afin de rendre la population mondiale libre de poursuivre ses propres projets, ses plaisirs, ses visions et ses idées, nous avons assisté à une explosion, non pas tant du secteur des« services » mais du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme l’industrie des services financiers, le télémarketing, ou l’expansion sans précédent de certains secteurs d’activité comme le droit d’entreprise, les cadres administratifs universitaires ou médicaux, les ressources humaines et les relations publiques. Et ces chiffres ne tiennent pas compte de tous ces gens dont le travail consiste à apporter un soutien administratif, technique ou sécuritaire à ces industries, sans parler de toutes ces industries annexes (toiletteurs pour chien, livreurs de pizzas) qui n’existent que parce les gens des autres industries sont trop occupés pour réaliser eux-mêmes ces tâches.

Tout cela constitue ce que je propose d’appeler des « bullshit jobs » ( les emplois bidons)

C’est comme si quelqu’un s’amusait à inventer ces emplois inutiles juste pour continuer à nous faire travailler. Et c’est là qu’est l’énigme. Dans un système capitaliste, c’est justement le genre de chose qui n’est pas censé se produire. Dans les anciens pays soviétiques notoirement inefficaces tel que l’URSS où le travail était considéré comme un droit et un devoir sacré, le système créait autant d’emplois que nécessaire (c’est pour cela qu’en URSS, il fallait trois vendeurs pour vendre un seul bout de viande). Mais en revanche, c’est exactement le problème qu’une économie de marché est censée résoudre. Selon la théorie économique, la dernière chose que va faire une entreprise qui cherche à dégager un profit c’est de verser de l’argent à des gens qu’elle n’a pas vraiment besoin d’employer. Et pourtant, c’est bien ce qui se passe.

Quand les entreprises se livrent à d’impitoyables réductions de la masse salariale, les licenciements et autres dégraissages frappent inévitablement la catégorie de gens qui contribuent à produire, à transporter, à réparer et à effectuer la maintenance alors que par le biais d’une étrange alchimie que personne ne parvient véritablement à expliquer, le nombre de bureaucrates salariés semble en progression constante et de plus en plus d’employés se retrouvent, comme les travailleurs de l’Union Soviétique, à travailler quarante à cinquante heures par semaine en théorie mais à en travailler véritablement quinze, comme l’avait prédit par Keynes, le reste du temps étant passé à organiser ou à assister à des séminaires de motivation, mettre à jour des profils Facebook ou à jouer à des jeux sur un navigateur Internet.

La réponse n’est manifestement pas économique : elle est morale et politique. La classe dirigeante a compris qu’une population heureuse et productive avec du temps libre représente un danger mortel (pensez à ce qui a commencé à se produire quand nous nous sommes approchés de cette situation dans les années soixante). Et d’un autre côté, le sentiment que le travail possède une valeur morale en tant que tel et que quiconque n’accepte pas de se soumettre à une intense discipline de travail durant ses heures ouvrées mérite bien son sort, est une idée extrêmement utile pour ceux qui nous dirigent.

Un jour, alors que je considérais la croissance en apparence infinie des responsabilités administratives dans un département universitaire britannique, je fus saisi par une certaine vision de l’enfer. L’enfer est un groupe de gens qui passent l’essentiel de leur temps à accomplir une tâche qu’ils n’aiment pas et pour laquelle ils n’ont aucun talent particulier. Admettons qu’ils aient été embauchés parce qu’ils étaient d’excellents menuisiers et qu’ils découvrent qu’ils doivent passer l’essentiel de leur temps à faire frire du poisson. En plus, cette tâche est globalement inutile dans le sens où il n’y a qu’un nombre limité de poissons qui ont besoin d’être frits. Et pourtant, ils deviennent malades de jalousie à l’idée que certains de leurs collègues passent plus de temps à faire de la menuiserie plutôt qu’à faire leur part de friture de poisson et en un rien de temps, vous vous retrouvez avec des piles de poissons mal cuisinés et tout le monde ne fait plus que ça. Je pense qu’il s’agit là d’une description assez précise du fonctionnement moral de notre économie.

J’ai bien conscience qu’un tel argument va immédiatement soulever certaines objections : qui êtes-vous pour déterminer quels emplois sont vraiment « nécessaires » ? Qu’est-ce que « nécessaire » veut dire ? Vous êtes un professeur d’anthropologie, en quoi est-ce « nécessaire » ? (En effet, pour de nombreux lecteurs de la presse de caniveau, l’existence de mon travail représenterait l’exemple type d’une dépense sociale inutile.)  À un certain niveau, c’est évidemment vrai. Il ne peut exister aucune mesure objective de l’utilité sociale.

Je n’aurai pas la prétention de dire à quelqu’un qui pense contribuer de façon utile à la société qu’en réalité, ce n’est pas le cas. Mais qu’en est-il de ces gens qui sont eux-mêmes convaincus que leur travail n’a aucun sens ? Il y a quelque temps, j’ai repris contact avec un ami d’enfance que je n’avais pas revu depuis l’âge de 12 ans. J’ai eu la surprise de découvrir qu’entretemps, il était devenu d’abord un poète, puis le chanteur d’un groupe de rock indépendant. J’avais entendu certaines de ses chansons à la radio sans savoir que le chanteur était quelqu’un que je connaissais. Il était de toute évidence brillant, créatif et son travail avait indiscutablement rendu plus belle la vie des gens sur l’ensemble de la planète. Et pourtant, après l’échec de plusieurs albums, il avait perdu son contrat et, criblé de dettes avec un enfant à charge, il s’était retrouvé à, comme il me le dit lui-même, « à prendre la solution par défaut de tant de gens perdus : la fac de droit ». Aujourd’hui, c’est un juriste d’entreprise qui travaille dans un prestigieux cabinet de New-York. Il est le premier à admettre que son travail est totalement vide de sens, n’apporte rien au monde et, selon lui, ne devrait même pas exister.

Cela pourrait nous conduire à nous poser pas mal de questions, à commencer par : que penser d’une société qui semble générer une demande extrêmement limitée pour de brillants musiciens et poètes mais qui possède, de toute évidence, une demande infinie pour les spécialistes en droit d’entreprise ? (Réponse : si 1% de la population contrôle la quasi-totalité de la richesse disponible, ce que nous appelons « le marché » reflète ce groupe, et non les autres, considère comme important). Mais surtout, cela montre que la plupart des gens qui occupent ce genre d’emploi sont bien conscients de son inutilité. D’ailleurs, je ne suis pas sûr d’avoir déjà rencontré un juriste d’entreprise qui ne pensait pas que son travail était bidon. Cela vaut pour toutes ses nouvelles industries mentionnées précédemment. Il y a une classe entière de professionnels salariés qui, lorsque vous les rencontrez dans une soirée et leur confiez que vous faites un métier pouvant être considéré comme intéressant (anthropologue par exemple), feront tout pour éviter de parler de leur propre métier (le leur ou celui de leur conjoint). Faites-les boire un peu et ils se lanceront dans des diatribes contre ce métier stupide et inutile qu’ils détestent.

Il y a là une profonde violence psychologique. Comment peut-on commencer à parler de la dignité du travail lorsque l’on pense que son travail ne devrait pas exister ? Comment cela ne peut-il pas conduire à un sentiment profond de rage et de ressentiment ? Et pourtant, le génie propre à notre société et de ceux qui la dirigent est d’avoir trouvé un moyen, comme dans le cas de ceux qui font frire les poissons, de faire en sorte que cette rage soit dirigée précisément contre ceux qui font un travail vraiment utile. Par exemple, dans notre société, il existe une règle générale selon laquelle plus le travail de quelqu’un est utile aux autres, moins ce travail a une chance d’être bien payé.

Là encore, il est difficile d’établir un critère objectif mais un bon indicateur est de poser la question suivante : que se passerait-il si ce groupe de gens venait simplement à disparaître ? Vous pouvez penser ce que vous voulez des infirmières, des éboueurs, des réparateurs mais il est évident que s’ils venaient à disparaître dans un nuage de fumée, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques. Un monde sans professeurs ou dockers connaîtrait des difficultés et même un monde sans auteurs de science-fiction ou groupes de folk serait un monde bien moins intéressant. En revanche, il n’est pas clair que l’humanité y perdrait au change dans un monde où les directeurs de fonds d’investissement, les lobbyistes, les chercheurs en relations publiques, les actuaires, les télémarketeurs, ou les consultants juridiques, viendraient soudainement à disparaître (beaucoup de gens soupçonnent que le monde s’en porterait mieux). Là encore, à part quelques exceptions bien connues (les médecins), cette règle tient la route.

[…]

Si quelqu’un avait imaginé un système parfaitement conçu pour maintenir le pouvoir de la finance et du capital, il est difficile de voir comment il aurait pu faire un meilleur travail. Ceux qui accomplissent un véritable travail productif sont exploités et pressurés sans relâche. Le reste est réparti entre la strate terrorisée et universellement méprisée des chômeurs et une large strate globalement payée à ne rien faire qui occupe des postes conçus pour qu’elle s’identifie aux perspectives et aux sensibilités de la classe dirigeante (managers, administrateurs etc…), et tout particulièrement ses avatars financiers, tout en entretenant, dans le même temps, un ressentiment larvé envers quiconque exerçant un métier dont l’utilité sociale est aussi claire qu’indéniable. Il est évident que ce système n’a pas été conçu de façon consciente. Il a émergé suite à environ un siècle d’essais et d’erreurs. Mais c’est la seule explication au fait qu’en dépit de nos moyens techniques, nous ne travaillons pas tous seulement 3-4 heures par jour.

Notes du traducteur:

1- L’explosion des “bullshit jobs” doit beaucoup à l’explosion de la classe des « intellectuels mais idiots », ces diplômés du supérieur ou des grandes écoles qui, ne possédant pas de réelles compétences, ne peuvent donc exercer que des emplois bidons. Ce phénomène, conjugué à la réduction du nombre de travailleurs avec du « skin in the game » (entrepreneurs, indépendants) conduit à un système dominé par des gens incapables de faire autre chose que des “bullshit jobs” et qui se recrutent entre eux. Sauf exceptions, les chefs d’entreprise ou les dirigeants ne voient pas le problème ou refusent de le prendre à bras le corps, par exemple en supprimant 90% des postes d’encadrement pour créer des organisations dominées par des emplois productifs où l’encadrement est réduit au strict nécessaire, comme dans le cas d’école des entreprises FAVI ou de Valve Software

2-L’augmentation des « bullshit jobs » ne peut être comprise sans l’explosion du travail féminin et la destruction de la famille traditionnelle. Au début du XXe siècle, la quasi-totalité des femmes s’occupaient de la gestion du foyer et de l’éducation des enfants, les tâches économiques productives constituant le domaine réservé des hommes. Aujourd’hui les d’emplois administratifs ou de service sont majoritairement occupés par des femmes qui, soit par volonté, soit par nécessité économique (divorce notamment) ont rejoint la population active. Faire sortir massivement les femmes de la population active constituerait donc le meilleur moyen de réduire drastiquement la part des “bullshit jobs” dans l’économie, sans parler des bénéfices éducatifs, psychologiques et sociaux qu’une telle mesure induirait pour la société dans son ensemble.

3) Les “bullshit jobs” s’inscrivent parfaitement dans le projet de “socialisme technocratique” défendu à l’origine par la société fabienne et aujourd’hui par des instances mondialistes comme le Forum Économique Mondial. D’une part, la multiplication des normes, des règlements et des contraintes administratives étouffent l’esprit entrepreneurial et handicapent les PME par rapport aux grandes entreprises ; d’autre part, ces “bullshit jobs” démoralisent les individus, encouragent leur passivité et les préparent à leur remplacement par des machines, voir à leur élimination pure et simple.

Pour aller plus loin :

De l’Intellectuel-Mais-Idiot

Du refus du mensonge

De la crise économique

De l’UERSS