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Du christianisme

Extraits de l’article de Nassim Nicholas Taleb publié le 25 août 2022 sur Medium sous le titre « On Christianity ». Ce texte est une préface pour l’édition anglophone du livre de Tom Holland « Dominion –how the christian revolution remade the world » publié en français sous le titre « Les Chrétiens – comment ils ont changé le monde »

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

Tom Holland a un avantage sur les autres auteurs et intellectuels : il possède cette combinaison rare d’une grande érudition et d’une remarquable clarté d’esprit, deux attributs qui semblent négativement corrélés, comme si la présence de l’un entraînait immédiatement la fuite de l’autre. Cela lui permet de détecter des choses que les autres professionnels ne remarquent pas immédiatement ou n’osent pas affirmer en public. Les historiens universitaires, soucieux de leur réputation ou de l’opinion de leurs pairs, craignent de s’éloigner ne serait-ce que d’un centimètre de l’opinion majoritaire, même s’ils savent qu’ils ont raison, ce qui donne un avantage déloyal à certaines personnes. Et ces éclairages, en dépit du fait qu’ils soient difficiles à détecter et à communiquer, apparaissent comme évidents, triviaux même, après coup. C’est ainsi qu’Holland peut être en avance sur son temps sans trop d’efforts : il y a dix ans, pour son livre sur les conditions entourant la genèse de l’Islam, il fut violemment attaqué par le grand prêtre de l’antiquité tardive, le très décoré Glenn Bowersock. Cinq ans plus tard, Bowersock publiait un livre reprenant les affirmations d’Holland.

Tout ce livre [NdT : Chrétiens – comment ils ont changé le monde] repose sur une thèse simple mais aux ramifications importantes. Par le biais d’un mécanisme appelé la distorsion rétrospective, nous regardons l’Histoire dans le rétroviseur et plaquons nos valeurs sur celle-ci de façon rétroactive. Ainsi, nous pourrions être enclins à penser que nos ancêtres, et les gréco-romains en particulier, étaient comme nous, qu’ils partageaient la même sagesse, les mêmes préférences, valeurs, préoccupations, peurs, espoirs et perspectives et tout cela sans l’IPhone, Twitter et le siège de toilette automatisé japonais. En réalité, nous dit Holland, non, non, pas du tout. Nos ancêtres n’avaient pas du tout les mêmes valeurs. En réalité, le christianisme a complètement chamboulé tout l’ancien système de valeurs.

Les gréco-romains méprisaient les faibles, les pauvres, les malades et les handicapés ; le christianisme glorifiait les vulnérables, les humbles et les intouchables et cela jusqu’au sommet de la pyramide sociale. Les anciens dieux pouvaient traverser des épreuves et connaître des difficultés mais ils continuaient d’appartenir au « club » des dieux. Jésus, lui, fut la première divinité ancienne qui connut le châtiment réservé à l’esclave, l’être occupant le rang le plus bas de toute l’espèce humaine. Et le culte qui lui succéda généralisa cette glorification de la souffrance : mourir en inférieur était plus important que de vivre en supérieur. Les Romains étaient sidérés de voir les membres de ce culte utiliser la croix, le châtiment réservé aux esclaves, comme symbole. À leurs yeux, cela devait ressembler à une sorte de blague.

Il est évident que les païens n’étaient pas totalement sans-cœur, il existe des preuves de cités païennes d’Asie Mineure venant en aide à d’autres communautés après une catastrophe mais ce sont des occurrences suffisamment rares pour justifier la règle.

Cette nouvelle religion intégrait également la notion de « jouer sa peau. ». Le christianisme, en insistant sur la Trinité, fit en sorte que Dieu souffre comme un être humain et qu’Il connaisse les pires souffrances qu’un être humain puisse connaître. Grâce à la relation consubstantielle compliquée entre le Père et le Fils, la souffrance n’était pas une simulation informatique pour le Seigneur mais une chose on ne peut plus réelle. L’argument selon lequel « je suis supérieur à vous parce que je subis les conséquences de mes actions et vous, non » s’applique aux humains et, dans ce cas précis, à la relation entre les humains et Dieu. Dans la théologie orthodoxe, cette conception se trouve prolongée par l’idée que Dieu, ayant souffert comme un humain, permet aux humains d’être plus proche de Lui et, potentiellement, de ne faire qu’un avec Lui via la Théosis [NdT : doctrine enseignée par la théologie orthodoxe et catholique orientale qui appelle l’Homme à chercher le salut par l’union avec Dieu].

Irréversibilité

Une fois installé, le christianisme se révéla impossible à déloger et l’état d’esprit nazaréen ainsi que sa structure influença ses adversaires, ses hérésies et tout ce qui tenta de le remplacer, en commençant par l’empereur Julien, et en terminant par les versions les plus récentes de l’humanisme laïque.

Le christianisme fut ainsi légitimé quand Julien l’Apostat, succombant à la distorsion rétrospective, décida de remplacer l’Église du Christ par l’Église des païens avec une organisation similaire incluant des évêques et tout le reste (ce que Chateaubriand appela « les Lévites »). Julien n’avait pas compris que le paganisme était une soupe d’affiliations décentralisées et superposées, individuelles ou collectives, aux dieux.

Ce qui est moins évident, c’est alors que nous avons tendance à penser que le christianisme descend du judaïsme, l’inverse pourrait être vrai. Même la relation mère-fille entre le judaïsme et le christianisme a été récemment remise en question d’une façon convaincante. « S’il n’y avait pas eu de Paul, il n’y aurait pas eu de rabbin Akiva » affirme le théologien Israël Yuval car nous pouvons détecter dans le judaïsme rabbinique la trace manifeste de l’influence chrétienne.

Un peu plus à l’est, l’Islam chiite partage de nombreuses caractéristiques avec le christianisme, par exemple la même approche dodécaédrique, avec douze apôtres, dont le dernier sera associé à Jésus Christ, plus des rituels d’auto-flagellation centrés sur la commémoration si familière des martyrs. Il est possible d’attribuer une origine levantine partagée à ces éléments mais l’influence chrétienne est largement acceptée par les savants islamiques étant donné que l’Islam est rétro-compatible. Dans tous les cas, il est clair que le poste récent de Guide Suprême a été très largement inspiré par la hiérarchie catholique.

Progression

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Le corollaire de la thèse d’Holland est que de nombreuses idées que nous attribuons au progrès social, y compris la laïcité etc…, descendent en ligne directe du christianisme, principalement de sa branche occidentale. Cela inclut, comme nous le verrons, l’athéisme. Mais le christianisme a été lent à faire passer ses valeurs des textes à la mise en pratique et il se peut qu’il s’agisse de l’argument central du livre. Certes, le christianisme glorifie les pauvres mais il fallut dix-sept siècles pour passer du « trou de l’aiguille » chez Matthieu 19:24 à la conception d’un communisme organisé et des divers théories sur la justice sociale [NdT : Sur ce point, il existe une spécificité française bien plus ancienne. A ce sujet, lire  « Économie médiévale et société féodale »  et « Corporations et corporatisme » de Guillaume Travers]. De la même manière, il fallut malheureusement plus d’un millénaire pour passer du « ni esclave, ni homme libre » de l’épître aux Galates 3:28 à sa mise en application.

[NdT : Là encore, la France se distingue car dès 1315, une ordonnance du roi Louis X le Hutin proclame : « Nous, considérant que notre royaume est dit et nommé le royaume des Francs ; et voulant que la chose soit accordante au nom, avons ordonné que toute servitude soit ramenée à la franchise. ». À travers l’Histoire, ce principe fut souvent résumé par la maxime : « La terre de France affranchit ».]

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Les débats

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On entend souvent l’argument selon lequel les chrétiens auraient détruit la production intellectuelle de la période classique tandis que les Arabes en auraient préservé une partie, une affirmation qui peut induire en erreur ceux qui lisent trop de Gibbon et pas assez d’autres sources. Holland a eu raison de remettre en question ce mythe probablement fondé sur des anecdotes réelles mais non représentatives : ces conservateurs « arabes » étaient quasiment tous des chrétiens Syrio-mésopotamiens parlant le syriaque travaillant principalement à partir de la Beit al Hikma, la Maison de la Sagesse, de Bagdad (comme par exemple Ishac ben Honein et Honein ben Ishac) qui réalisèrent des traductions à partir du grec mais aussi à partir de sources araméennes. Ceux qui n’étaient pas chrétiens étaient de récents convertis. Même s’il s’est beaucoup trompé sur les questions de race et d’ethnie, Ernest Renan avait raison d’affirmer que la majeure partie de l’âge d’or arabe était gréco-sassanide. La partie « gréco » était chrétienne.

La laïcité

“La religion” n’a pas la même signification pour les différentes croyances. Le christianisme est le moyen qui a été utilisé pour séparer l’Église de l’État, une autre erreur de calcul faite par Julien et bien d’autres. Gardez en tête le fait que dans les langues sémitiques, le mot din signifie « loi » ce qui en arabe est traduit par « religion » : la plus ancienne comme la plus jeune des religions abrahamiques n’étaient que des lois (l’une locale ; l’autre, universelle). Mais en chrétien araméen, c’est le mot nomous du grec nomos qui fait référence à loi, séparée de la religion. Car Jésus a séparé les deux domaines en disant « rendez à César ce qui est à César » ; un travail complémentaire fut réalisé par la suite par Saint Augustin afin de formaliser la façon de traiter avec le temporel, le spirituel, l’au-delà etc…Cela conduisit à une séparation naturelle entre l’Église et l’État.

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Croyance

Dans son livre, « les Grecs ont–ils cru en leurs mythes ? », le spécialiste de l’Antiquité Paul Veyne, explique qu’en lisant Madame Bovary, il croit à l’histoire et au personnage. Ceci peut expliquer comment Plutarque pouvait se moquer des « superstitions » païennes et terminer sa vie en tant que pieux prêtre de Delphes.

En réalité, la notion de croyance épistémique est totalement moderne et utiliser le mètre-étalon de « la Véritable Croyance Justifiée » n’est pas sans problème. [NdT : Le modèle JTB (Justified True Belief) s’applique lorsqu’une croyance est 1) justifiée par la preuve et cohérente au niveau des données, de la logique et du langage 2) vraie car elle correspond au monde réel 3) effective car nous agissons dans le respect de notre conviction]. En grec, le terme pisteuo signifie « confiance » traduit par credere en latin (lié au terme « crédit » dans le sens d’une transaction commerciale) et même en anglais, « croire » ne signifiait pas à l’origine « croire » mais plutôt quelque chose proche « d’aimer » ou de « chérir ». Dans toutes les langues sémites, amen (Haymen) signifie fidélité et confiance.

Le débat post-Lumières sur la croyance ou non en Dieu est censé être scientifique. Ce n’est pas le cas. C’est plutôt un truc pour les gens qui écrivent sur la science comme R. Dawkins, S. Pinker et tout ce groupe. On demanda un jour au grand mathématicien Robert (maintenant Israël) Aumann, qui travaille au Centre sur la rationalité de l’Université hébraïque de Jérusalem comment il pouvait être à la fois un scientifique rationnel et un juif orthodoxe très pieux et sa réponse fut : « C’est orthogonal ». N.T Wright, le théologien et historien, essaie habituellement d’expliquer que c’est « la mauvaise question. » mais je vais aller au-delà. C’est une question mal formulée.

La notion de croyance scientifique hors du domaine de la science n’est même pas scientifique. Par le biais d’un mécanisme appelé la « révélation des préférences », la prise de décision rationnelle s’intéresse à ce que vous faites et non à ce que vous « croyez ». Le processus par lequel ses croyances sont formulées à l’intérieur de votre crâne ne concerne pas la science. Nous sommes guidés à travers l’existence par des distorsions visuelles et cela serait techniquement irrationnel de chercher à les modifier. [NdT : cette idée capitale  est développée dans l’article de Taleb : «How to be rational about rationality » ]

Dans l’empirisme aux mauvais endroits

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L’ironie est que les modernistes succombent à ce que j’ai appelé l’opium de la classe moyenne, c’est-à-dire les sciences sociales et la spéculation boursière. Ces derniers rejettent la religion sous prétexte qu’elle n’est pas rationnelle pour ensuite se faire avoir par des experts économiques, des conseillers financiers et des psychologues. Nous savons que les prévisions économiques ne sont pas plus rigoureuses que l’astrologie, que les analystes financiers sont plus pompeux mais moins élégants que les évêques et que les résultats des recherches en psychologie ne peuvent pas être reproduits ce qui signifie qu’ils sont bidons.

Mon co-auteur Rupert Read et moi-même avons affirmé, en utilisant des arguments évolutionnistes, que la religion, par ses interdits, permet la transmission intergénérationnelle d’heuristiques de survie et se révèle très efficace pour inciter les gens à adopter certains types de comportements. De façon assez ironique, il a été récemment démontré que la théorie du « nudge », développée par des spécialistes en sciences humaines (et qui valut à Richard Thaler son prix Nobel d’économie), n’était pas reproductible à cause d’un artefact statistique. Non-reproductible est une façon polie de dire qu’elle ne diffère pas de l’astrologie. Écoutez l’évêque, le détenteur d’une sagesse transmise par des générations de survivants et non les psychologues [NdT : Sauf si l’évêque appelle à voter Macron ou défend des positions contraires aux enseignements fondamentaux de l’Église.]

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La désacralisation et Vatican II

Dans son apologie du christianisme, Le génie du christianisme, Chateaubriand répète plusieurs fois que la religion est essentiellement du mystère et du sacrifice (c’est-à-dire « jouer sa peau »). « Dans l’Antiquité, quelle religion n’a pas perdu son influence en perdant ses prêtres et ses sacrifices ? » écrit-il.

Dans les faits, le catholicisme a perdu son autorité morale à la minute où il a mélangé les croyances épistémiques et pistéiques [NdT : qui sont de l’ordre de l’engagement personnel : foi, confiance], en rompant le lien entre le sacré et le profane. L’aggiornamento du second Concile du Vatican au début des années 60 avait pour objectif de « mettre à jour » le catholicisme. L’une des mesures fut de traduire les prières en langue vernaculaire pour remplacer le latin. En faisant cela, c’est quasiment tout l’élément de mystère entourant la religion qui fut supprimé et cela me fait penser à cette soirée à Chicago où je suis sorti en pleine représentation d’un opéra de Verdi après m’être rendu compte qu’il était chanté en anglais.

Car dès qu’une religion sort du sacré, elle devient l’objet de croyances épistémiques. L’athéisme est le fruit du protestantisme et Vatican II s’avéra être une deuxième Réforme.

L’Islam sunnite est aujourd’hui la religion dont la croissance est la plus rapide avec un milliard et demi de croyants, et tous prient en arabe, qui est une langue étrangère pour neuf-dixièmes d’entre eux, en utilisant de surcroît une ancienne version de cette langue (fusha) qui n’est jamais utilisée pour converser par les Arabes. Quand un Marocain veut parler avec un Libanais, ils le font en français ou en anglais, pas en arabe classique. Le judaïsme a survécu avec uniquement des prières en hébreu (et un peu d’araméen dans le livre de Daniel).

[…]

Nassim Nicholas Taleb est un écrivain, un statisticien et un essayiste libano-américain spécialisé dans la prise de décision en condition d’incertitude. Il est l’auteur de plusieurs livres dont « Le Cygne Noir »  « Antifragile » et « Jouer sa Peau » qui font partie de son œuvre en cinq volumes, l’Incerto.  Plusieurs traductions de NNT sont disponibles sur ce site ainsi que dans les recueils d’essais « l’Homme et la Cité – Volume I et II »

Pour aller plus loin :

De la Rationalité

Du skin in the game

De la religion (Taleb)

Des conflits religieux  (Taleb)

De l’intellectuel-mais-idiot (Taleb)

De la dictature de la minorité (Taleb)

Documentaire sur la réforme Vatican II (Mass of the Ages-sous titré français)

Du triomphe de la Croix

Le triomphe du christianisme sur le paganisme, Gustave Doré (détail)

Vous aurez des tribulations en ce monde mais gardez courage car moi, j’ai vaincu le monde” Jean 16:33

Lors de la fête de Pâques, les chrétiens célèbrent la Résurrection du Christ qui vient succéder à l’épreuve de la Passion et à son supplice sur la Croix.  Réduits à sa dimension purement religieuse, la signification philosophique et anthropologique de ces événements échappe bien souvent à ceux qui ne croient pas mais aussi à certains croyants eux-mêmes.

Cette méconnaissance d’une des significations profondes de la mort du Christ sur la croix est d’autant plus regrettable qu’à bien des égards,  les hommes et les croyants du XXIe siècle possèdent  une clé de compréhension qui faisait défaut à ceux des siècles passés.  Cette clé, c’est la théorie du philosophe René Girard sur la violence mimétique et les boucs émissaires.

En résumé, René Girard nous explique que l’humanité se trouve, depuis ses origines, prisonnière de la logique du désir mimétique, c’est-à-dire l’imitation du désir de l’autre. La rivalité étant contagieuse, ce processus d’imitation provoque une escalade qui aboutit inévitablement à une crise mimétique ne pouvant être résolue que par la violence, c’est-à-dire par le sacrifice d’une victime, le fameux « bouc émissaire », contre laquelle l’ensemble du groupe va se coaliser.  

A travers cette grille de lecture, René Girard nous révèle des « choses cachées depuis la fondation du monde », c’est-à-dire la succession des cycles de violences mimétiques, souvent liés au thème du double (jumeaux) ou au sacrifice d’une figure d’autorité (Roi/Dieu) et qui finissent toujours par aboutir par la mise à mort d’un bouc émissaire, une logique que l’on retrouve parfaitement à l’œuvre dans la plupart des grands mythes fondateurs : Caïn et Abel, Romulus et Remus, et plus proche de nous, la décapitation de Louis XVI, victime sacrificielle de la Révolution Française dont la mort vint ouvrir un nouveau cycle de violence mimétique absolument catastrophique pour le peuple français.

Or, nous dit René Girard, il est essentiel de comprendre deux choses.

Premièrement, le cycle de la violence mimétique est entièrement crée et contrôlé par Satan.

Satan a besoin de la violence mimétique car c’est grâce à elle qu’il règne sur le monde, d’abord en créant le «scandale » (la rivalité mimétique)  qui va ouvrir le cycle et ensuite par le sacrifice du bouc émissaire qui va le refermer. Pour René Girard, Satan symbolise ainsi le processus mimétique dans son ensemble et le Christ lui-même ne décrit pas autre chose quand il explique dans l’Évangile de Marc que « Satan expulse Satan ».

Deuxièmement, le peuple hébreu est le premier peuple à avoir eu l’intuition du caractère « satanique » de la violence mimétique comme en témoignent de nombreux récits de l’Ancien Testament comme le sacrifice d’Isaac, les souffrances de Job ou encore la trahison de Joseph par ses frères, récits qui contiennent pour la première fois dans l’Histoire l’idée que le bouc émissaire pourrait être en réalité une victime innocente.

Si cette intuition se trouve présente dans l’Ancien Testament, il faudra en revanche  attendre la venue du Christ et le témoignage des Évangiles pour que le projet de sortir du cycle de la violence mimétique se trouve pleinement réalisé.

Tout d’abord, nous dit René Girard, nous commençons par assister à une répétition du cycle de la violence mimétique telle qu’elle a toujours existé avec la mort et le sacrifice de Jean Le Baptiste qui agit à la fois comme un rappel mais aussi comme une répétition, au sens théâtral, de ce qui va se passer avec le Christ. Une fois ce rappel effectué, nous allons être les témoins d’un nouvel épisode du cycle de la violence mimétique à travers ce moment charnière de l’histoire du monde que constitue la Passion du Christ.

Au début, tout se déroule selon le schéma habituel : le scandale s’est produit et la foule s’est liguée contre le Christ qui endosse à la perfection le rôle du bouc émissaire, « ce roi des juifs » que l’on va sacrifier. Par peur de l’émeute ou de la violence du groupe, tous ceux qui auraient pu empêcher la crucifixion du Christ laissent faire : Ponce Pilate essaie de substituer un autre bouc émissaire, Barrabas, mais finit par se plier au désir de la foule ; l’apôtre Pierre renie le Christ de peur d’être lui aussi sacrifié et le mauvais larron, lui-même crucifié, prend également le parti de la foule contre le Christ. Déterminé de son côté  à aller au bout de son supplice, le Christ comprend parfaitement le cycle de la violence mimétique dont il est la victime : « Seigneur pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Au final, tout est accompli.

Le Christ meurt sur la croix, la crise sacrificielle du cycle mimétique a été menée à son terme et Satan semble, une fois de plus, avoir triomphé.

Mais il se produit à ce moment un retournement de situation unique dans l’Histoire.

En acceptant de mourir sur la croix, le Christ a révélé au monde et de façon définitive la logique de la violence mimétique et le sacrifice ignominieux du bouc émissaire. Satan croyait avoir triomphé mais c’est lui qui, en réalité, se retrouve cloué sur la Croix tandis que le cycle mimétique dont il est le maître se retrouve révélé à la terre entière à travers le récit qu’en feront les Évangiles !  Avant la Passion, l’épisode de la femme adultère nous montre d’ailleurs sans aucune ambigüité que le Christ avait parfaitement compris la logique des cycles de violence mimétique et identifié les moyens d’en sortir.

Ainsi, en endossant lui-même  le rôle du bouc émissaire et en rendant visible à tous la réalité du cycle de la violence mimétique, le Christ s’est sacrifié pour offrir à l’humanité une chance d’en sortir !

Si le concept de « bouc émissaire » nous est aujourd’hui aussi odieux que familier, c’est parce que le christianisme nous a révélé sa réalité et que nous vivons depuis des millénaires dans une civilisation chrétienne fondée sur sa révélation !   En tant que symbole, la croix vient ainsi nous rappeler que le sacrifice a eu lieu une bonne fois pour toute et qu’il est donc inutile de le répéter, tout comme l’Eucharistie nous permet de reproduire le sacrifice et la consommation du corps de la victime (ceci est mon corps, ceci est mon sang).    

Ainsi, comme le dit René Girard à la suite de Simone Weil, l’Évangile est moins une science de Dieu (théologie) qu’une science de l’Homme (anthropologie), c’est-à-dire que grâce à la Bible, l’humanité a pu comprendre la réalité du cycle de la violence mimétique qui la gouvernait depuis des millénaires et s’est ouvert, grâce au sacrifice du Christ et au récit fait par les Évangiles, la possibilité d’y échapper.

A Pâques, l’Occident célèbre ainsi la victoire du Christ sur la mort mais également son triomphe, grâce à son sacrifice, sur le cycle de la violence mimétique symbolisé par Satan.

Ce bref exposé permet donc de mieux comprendre à la fois le génie du christianisme mais aussi le risque que fait courir à notre civilisation le processus de déchristianisation et le retour d’une pensée païenne.

Une société qui rejette le Christ et son exemple se retrouve condamnée à rouvrir le cycle de la violence mimétique qui avait été refermé par sa mort sur la croix. Dans une telle société, Satan peut à nouveau créer des scandales, entretenir, à travers la fiction de l’égalité, la rivalité mimétique du « tous contre tous » et ainsi créer un nouveau cycle  qui ne pourra conduire qu’au sacrifice de victimes innocentes pour restaurer l’harmonie de la communauté et apaiser la colère des Dieux. Dès qu’une société se déchristianise, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne se remette à pratiquer, à plus ou moins grande échelle, les sacrifices humains.

En ce jour de Pâques, les chrétiens célèbrent  la victoire du Christ sur la mort mais ceux qui ne croient pas peuvent également rendre grâce à celui qui s’est sacrifié pour nous révéler la réalité destructrice du cycle de la violence mimétique et toutes ces choses cachées depuis la fondation du monde.

Pour aller plus loin :

English version

La femme adultère (exemple de rupture du cycle mimétique par Jésus)

1- En se mettant en retrait, Jésus refuse d’entretenir la rivalité mimétique

2- Par sa question, Jésus individualise les pharisiens et les sort ainsi de la logique de groupe

Je vois Satan tomber comme l’éclair, René Girard (lecture essentielle)

La Violence et le Sacré, René Girard

Ce sang qui nous lie, Sylvain Durain

De la religion

Des boucs émissaires

Avé César

De l’obscurantisme

« Il n’y a aucune bonne raison que les sociétés humaines ne soient pas décrites et expliquées avec la même précision et le même succès que le reste de la nature », écrit l’anthropologue Pascal Boyer dans l’introduction de son dernier livre « Minds make societies ».

Depuis une vingtaine d’années, des sciences comme l’éthologie, la sociobiologie ou encore la psychologie évolutionniste ambitionnent de faire de l’Homme et de ses comportements une véritable science naturelle.  Largement enseignées dans les plus grandes universités américaines, ces nouvelles approches restent quasiment inconnues en France où elles suscitent un violent rejet de la part du monde universitaire. Récemment, un séminaire organisé sur le sujet à l’ENS prenait bien soin de préciser dans sa présentation qu’il entendait « réfuter les arguments selon lesquels naturaliser les sciences sociales reviendrait à justifier l’ordre social et les inégalités, et mènerait donc au conservatisme politique ».

Tout le nœud du problème est là.

En mettant l’accent sur les déterminants biologiques, l’hérédité et les diverses pressions évolutives ayant conduit à l’émergence des comportements, ces nouvelles sciences battent en brèche l’idée si chère  au milieu académique français que tout ne serait que « construction sociale ».

Malheureusement, en ce XXIème siècle de « progrès », la question n’est plus de savoir si une théorie ou un modèle scientifique permettent de décrire  fidèlement le fonctionnement du réel afin d’agir efficacement sur lui mais de savoir si ces connaissances ne menacent pas les dogmes en vigueur. Dans les années 30, l’URSS condamnait la génétique comme une science « juive et bourgeoise » pour lui préférer le lyssenkisme ; la France de 2019 préfère la religion de l’égalité et de la « table rase » plutôt qu’une science susceptible de mener au conservatisme politique.

Tout cela pourrait être risible si les conséquences de cette prééminence du dogme sur la science n’étaient pas catastrophiques. En effet, une large part  des problèmes auxquels la France doit faire face sur le plan sécuritaire, politique, éducatif et social découlent en dernière analyse d’une ignorance complète des lois fondamentales de l’éthologie et des sciences comportementales. Ceux qui ne comprennent pas pourquoi les pompiers se font attaquer dans les quartiers pudiquement appelés « difficiles » ne comprennent pas que la logique territoriale et tribale prime désormais sur une quelconque appartenance nationale  et que l’établissement d’une  nouvelle hiérarchie de dominance passe toujours par la destruction des symboles de l’ancienne autorité et l’occupation visible de l’espace public. Les mêmes qui s’étonnent que les policiers se suicident en masse ne comprennent  pas que dans une situation d’agression, l’inhibition de la réaction de défense conduit inévitablement le sujet  à retourner cette violence contre lui-même via le suicide ou la somatisation.

Enfin, ceux qui prônent le « vivre-ensemble » et le « multiculturalisme » témoignent d’une ignorance profonde des travaux de Robert Putnam sur la destruction du lien social par la diversité ainsi  des puissants mécanismes  de discrimination sélectionnés par l’évolution qui régissent la constitution des groupes humains, leur conflictualité  et les manifestations d’appartenance à ces derniers.

Ignorant les modèles et les concepts développés par ces nouvelles sciences, le logiciel qui oriente la décision politique  repose le plus souvent  sur des postulats comportementaux totalement incorrects qui ne peuvent que conduire au désastre. En la matière, nos dirigeants ressemblent à des médecins espérant combattre les maladies en pensant que ces dernières sont causées par des « esprits malins » plutôt que par des virus ou des bactéries.

De la même manière qu’étudier l’économie revient à toucher à la question sensible de la production des richesses et de leur répartition, étudier la politique à l’aune des sciences de l’évolution conduit à juger les décisions politiques et les comportements d’un groupe humain à l’aune de leur adaptation à l’environnement et  de leur capacité à assurer la survie du groupe.

Malheureusement, autant une erreur dans l’appréciation de la bienveillance d’un lion affamé a des conséquences rapides sur la survie de son auteur, autant l’adoption d’un comportement ou d’une idéologie mettant en danger la survie d’un peuple fait souvent sentir ses effets sur une échelle de temps relativement longue, le délai et la multitude des facteurs à l’œuvre empêchant le plus souvent ses membres d’établir un lien  direct entre leur déchéance et  leur ignorance des lois naturelles fondamentales qui gouvernent les corps politiques.

Tout comme le lyssenkisme a conduit l’URSS à la famine et a ainsi contribué à terme à son effondrement, l’ignorance et le rejet de l’éthologie, de la biologie et des sciences de l’évolution au profit de superstitions modernes comme celles de l’égalité, du vivre-ensemble ou du multiculturalisme conduisent notre civilisation au désastre. Peu importent les données, les modèles, les démonstrations, ceux qui présentent de tels arguments ne seront jamais considérés comme des scientifiques mais avant tout comme des conservateurs, voire des militants d’extrême-droite.

Au-delà des immenses crimes dont il est responsable, le nazisme aura eu pour terrible conséquence d’empêcher pendant plus d’un demi-siècle l’apparition d’une véritable science humaine et sociale intégrant les concepts fondamentaux de la biologie et de l’évolution ainsi que d’offrir une parade facile à tous les grands prêtres qu’une telle science menace.

En réalité, il n’y a de plus grand crime que celui contre la pensée et la connaissance. Ceux qui cherchent à interdire ou à ignorer une science parce qu’elle menace leurs dogmes feraient bien de méditer sur cette citation du grand  physicien Richard Feynman : « La nature se fiche pas mal de la façon dont nous nommons les choses, elle continue juste de faire ce qu’elle a à faire ».

De la “Red Queen”

En biologie évolutive, le concept de la « Red Queen » désigne la course à l’armement permanente du vivant dans sa lutte pour la survie. Par exemple, une plante développe une toxine pour repousser les chenilles. Quelques générations plus tard, les chenilles survivantes  ont développé une immunité à la toxine et parviennent à nouveau à grignoter la plante.

Cette notion permet d’aborder l’histoire politique mais aussi celle des luttes sociales avec une toute autre grille de lecture. Appliquons celle-ci à l’histoire de l’Europe.

Rome parvient à conquérir le monde et le confort des citoyens romains repose sur l’exploitation d’une large population d’esclaves. Cette population adopte le christianisme qui abolit les barrières entre les hommes pour en faire tous des frères. L’empire romain s’effondre mais trouve le moyen de se réincarner dans l’Eglise. Pour légitimer leur pouvoir, les rois inventent la monarchie de droit divin mais le pouvoir de l’Eglise les dérange. La France invente alors le gallicanisme et ce qui ne s’appelle pas encore l’Allemagne, la Réforme, afin de contrer l’influence du Pape et de Rome.

Prenant l’ascendant sur la noblesse, la bourgeoisie prend le pouvoir et s’appuie sur la philosophie des Lumières pour remettre en cause un ordre existant qui lui est défavorable. L’ancien régime est emporté par les révolutions et la bourgeoisie devient la classe dominante.  Force motrice de la Révolution Industrielle, elle exploite le peuple dans ses usines. A la fin du XIXème, le peuple développe une contre-mesure en adoptant le socialisme et en créant les premiers syndicats.

Grand perdant de la colonisation mais néanmoins  déterminé à dominer l’Europe, le peuple allemand déclenche deux guerres mondiales qui affaiblissent ses deux rivaux que sont la France et l’Angleterre. La défaite de l’Allemagne en 1945 permet aux chrétiens-démocrates de prendre le pouvoir et l’après-guerre devient l’âge d’or de la classe moyenne. Pour faire pression sur les salaires, le patronat ouvre grand les vannes de l’immigration dès les années 70 puis profite ensuite de la mondialisation financière et économique pour s’affranchir du cadre national. Les classes moyennes voient leur niveau de vie baisser et le peuple se retrouve chassé en zone périphérique par les populations des banlieues. La riposte prend la forme des partis dits « populistes » et des mouvements identitaires.

A l’échelle internationale, l’Occident utilise le christianisme pour soumettre et coloniser les peuples du Nouveau-Monde. Plus tard, il fera de même avec la « civilisation » et les « droits de l’homme » en Afrique et en Asie. Confronté à la menace occidentale, le Japon riposte en 1868 avec l’ère Meiji et l’impérialisme. Partie avec un temps de retard, la Chine reprend la main avec la création du parti communiste chinois, nouvelle forme de l’administration impériale et le sacre de Mao comme nouvel empereur. Suite à l’effondrement de l’URSS, version communiste et laïque de l’empire russe, la Russie retrouve son rang sur la scène internationale en renouant avec le nationalisme et l’orthodoxie sous la direction du  nouveau tsar de toutes les Russies  Vladimir Poutine.  Conquis et vaincus pendant deux siècles, l’Afrique et le monde arabo-musulman ont trouvé avec le pétrole un levier d’influence et avec l’islam et la démographie, un moyen de soumettre l’Europe et de prendre leur revanche sur leurs anciens colonisateurs.

Ce rapide survol de l’histoire du monde permet de noter que contrairement aux espèces animales où la « Red Queen » prend pour l’essentiel la forme d’une évolution physiologique, chez l’espèce humaine, cette course à l’armement se déroule toujours sur le plan de la technique, des idées et des formes d’organisation. Le biologiste Richard Dawkins a proposé le terme de « mèmes », en opposition à « gènes »  pour désigner cette information transmise par la culture et soumise, au même titre que la biologie, aux forces de l’évolution. Dans un précédent article, j’ai  justement montré comment la « densité informationnelle » constituait la variable clé pour expliquer l’efficacité d’un système culturel, organisationnel ou économique. La « Red Queen » et son cortège de mèmes, c’est la densité informationnelle en action.

Cette grille de lecture nous permet de comprendre que les corps politiques et sociaux sont eux aussi des organismes engagés dans la lutte pour la survie. Génération après génération, des ensembles de  mèmes se transmettent ou évoluent pour assurer la domination et la pérennité du groupe.

Dans certains cas, des  mèmes  particulièrement efficaces permettent à un groupe donné d’établir une domination temporaire sur les autres groupes, le temps que ces derniers développent une parade via des contre-mèmes. A l’inverse, l’adoption de mèmes inadéquats ou de mauvaise qualité peut compromettre durablement la survie du groupe et parfois même conduire à sa disparition.

Dans tous les cas, le repos et la paix demeurent de dangereuses illusions pour peuples fatigués.

Soumis à l’impitoyable tyrannie de la « Red Queen », nous sommes condamnés  à nous battre jusqu’à notre dernier souffle ou à disparaître si nous refusons le combat.  Comme Alice, pour échapper à la « Reine Rouge », nous devons sans cesse courir, ne serait-ce que pour rester sur place.

Du léninisme biologique

Mais cette organisation, elle aussi, avait besoin d’être terrible, — non pas, cette fois-ci, dans la lutte avec la bête, mais avec l’idée contraire de la bête, avec l’homme qui ne se laisse pas élever, l’homme du mélange incohérent, le Tchândâla.

Nietzsche, Le Crépuscule des Idoles

Dans son entreprise de conquête du pouvoir, Lénine avait compris que dans toute société, l’élite ne représente nécessairement qu’une minorité. Par conséquent, pour renverser cette minorité aristocratique,il est nécessaire de s’appuyer sur la masse des mécontents des classes inférieures. Pour ce faire, il faut, dans un deuxième temps, créer un parti, faire en sorte que le parti contrôle l’État et s’assurer que les membres des classes inférieures dépendent du parti pour progresser socialement et accéder au pouvoir, garantissant ainsi leur loyauté absolue. Pour mener à bien cette stratégie, Lénine s’appuya, en Russie, sur le prolétariat ouvrier urbain ; Mao fit de même en Chine avec la paysannerie.

Le léninisme biologique reprend cette stratégie pour l’appliquer à la période contemporaine.

A l’inverse de la gauche léniniste ou maoïste, la gauche « progressiste » actuelle ne s’appuie pas sur les classes ouvrières ou populaires qu’elle a abandonnées aux mouvements dits populistes ou d’extrême droite mais sur les « marginaux biologiques », une coalition d’individus incapables d’agir en tant que membres fonctionnels de la société et donc d’y acquérir des positions de pouvoir ou d’influence : les minorités ethniques, les déviants sexuels, les malades mentaux, les inadaptés sociaux, les individus laids ou difformes…

Avec le léninisme biologique, tous ces individus considérés de tout temps par les sociétés traditionnelles comme des marginaux, des intouchables et des déviants se retrouvent désormais célébrés, mis en avant et propulsés à des postes d’autorité ou des situations d’influence par les ennemis des peuples occidentaux.

Prenons par exemple le cas de la famille Traoré, fratrie de délinquants issue d’un père immigré polygame ou Yseult, « chanteuse » noire et obèse placée sous les feux de la rampe par la presse et les médias culturels progressistes ou bien encore Conchita Wurtz, la « femme à barbe » de l’Eurovision 2014.

Cette promotion de ces marginaux, ces « Tchândâlas » dénoncés par Nietzsche, ne doit rien ni au hasard, ni à l’esprit du temps mais constitue au contraire une application stricte du léninisme biologique qui permet aux mondialistes, ennemis de l’Occident, d’atteindre trois principaux objectifs.

1-garantir la loyauté sans faille des marginaux.

Comme dans le cas du léninisme classique, le nouveau prolétariat progressiste doit tout au système. Sans lui, il n’est rien et par conséquent, il se battra jusqu’à la mort pour assurer sa survie et conserver en retour son influence et son statut. Sans matraquage médiatique par les médias progressistes, qui aurait envie d’écouter Bilal Hassani ou d’aller voir la nouvelle palme d’or consacrée au sort tragique des transsexuels afghans ? 

2-neutraliser la normalité

La promotion des marginaux permet aux ennemis des peuples occidentaux de neutraliser les individus normaux, compétents et talentueux en justifiant leur mise à l’écart au nom de la « diversité » mais également d’utiliser les marginaux comme « armée de réserve » et « chiens de garde » d’un système qu’ils ont tout intérêt à défendre.

3-détruire le Beau

La promotion et la visibilité publique de personnalités repoussantes, incompétentes et inadaptées participe à cette œuvre satanique d’inversion de toutes les valeurs et de destruction méthodique de la civilisation occidentale ainsi que des notions mêmes du beau, du juste et du vrai.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où tout ce qui fut considéré pendant des millénaires comme indésirable, repoussant et déviant a pris le pouvoir. Cette évolution s’inscrit dans un schéma historique plus large : nos sociétés sont passées du règne de l’aristocratie à celui de la bourgeoisie (XVIIIe-XIX) puis à celui des masses (XXe) pour aboutir au stade final, celui des marginaux et des «hors castes» (XXIe), règne précédant un effondrement complet qui ne pourra aboutir qu’au retour d’une nouvelle et véritable aristocratie chargée de rebâtir notre pays et notre civilisation.

En attendant ce jour, la notion de léninisme biologique permet de mieux comprendre pourquoi des incompétents, des marginaux ou des monstres de foire se trouvent aujourd’hui mis en avant par les médias ou portés à des positions d’influence ou de responsabilité Il s’agit tout simplement du meilleur moyen que ceux qui détiennent réellement le pouvoir ont trouvé à la fois pour le conserver mais aussi pour neutraliser le seul groupe capable de lui faire obstacle : celui des individus sains, talentueux et conquérants.

Pour aller plus loin :

Genèse du concept

Article explicatif

Entretien

Du racisme

Si une communauté n’est pas acceptée, c’est qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous imposer ses mœurs.” Philippe de Gaulle, De Gaulle mon père, entretiens avec Michel Tauriac.

En France, le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit.

Fidèle à cette logique, l’Assemblée Nationale a voté en 2018 la suppression de toute mention de race dans la Constitution. Or dans le même temps, les « racisés », le plus souvent issus des minorités visibles, revendiquent une appartenance et une culture raciales et exigent un traitement de faveur au nom de ces dernières.  Alors, race ou pas race ?

A cause de la lourde charge historique, morale et politique dont il est porteur, ce débat a pris pour l’essentiel la forme d’un jeu sur les mots. D’un côté, l’étude de plus en plus fine du génome humain a révélé que les différences génétiques entre les populations humaines sont relativement faibles et le plus souvent dues à des adaptations locales liées à des pressions environnementales spécifiques. Mais d’un autre côté, les différences entre « groupes humains » ou « populations » n’en sont pas moins réelles et se manifestent par des caractéristiques physiologiques précises. Par exemple, les noirs africains possèdent une meilleure densité musculaire qui en fait d’excellents coureurs mais également  une forte densité osseuse qui en fait en revanche de piètres nageurs.  Sur le plan des pathologies, alors que les populations noires et moyen-orientales sont touchées par la drépanocytose, les populations occidentales sont plus susceptibles d’être atteintes par la sclérose en plaques.

Les différences physiologiques entre les groupes humains vont au-delà des caractéristiques physiques pour atteindre parfois  le domaine de l’incompatibilité biologique. Il est par exemple impossible de réaliser une greffe de moelle osseuse entre un blanc et un noir et beaucoup plus difficile de réussir une greffe de foie entre ces deux ethnies. Récemment, l’Allemagne s’alarmait de ne pas avoir assez de stocks de sang d’origine extra-européenne car les transfusions entre européens de souche et les nouveaux venus posent des problèmes de rejet et de compatibilité. 

Ces faits sur lesquels la communauté scientifique rechigne à s’exprimer peuvent choquer mais certains considèrent qu’il est temps de faire entrer cette réalité dans le débat public. En 2018, le généticien de Harvard, David Reich, juif et démocrate de surcroît, publia dans le New York Times une tribune qui fit grand bruit. Dans ce texte, Reich affirmait que les différences génétiques entre les populations allaient au-delà de la simple couleur de peau et pouvaient concerner des éléments plus complexes comme la taille, la susceptibilité à certains types de maladie mais aussi le comportement et les capacités cognitives. Pour Reich, il est dangereux et antiscientifique de nier les différences  génétiques parfois significatives entre les différents groupes humains de peur d’encourager le racisme.

En France, cette information fut très peu reprise. Dans le Monde, l’entrepreneur Laurent Alexandre réagit à cette information en affirmant que «  la science doit parfois s’effacer devant le principe d’égalité fondamentale entre les hommes» préférant ainsi défendre le dogme plutôt que de faire avancer la science et oubliant au passage qu’un scientifique doit, comme l’enseignait le physicien Richard Feynman, être habité par une honnêteté foncière et d’accepter tous les résultats, même ceux qui vont à l’encontre de sa thèse.

S’il existe bel et bien des différences génétiques entre les différents groupes humains contribuant, dans une certaine mesure, à déterminer leurs capacités et leurs comportements, il ne faut pas oublier, comme l’a démontré Joseph Henrich, que l’évolution humaine a été façonnée par une coévolution gène-culture ayant rendu l’être humain extrêmement sensible à la notion de culture partagée ainsi qu’aux différences comportementales et culturelles. Dans les sociétés occidentales dans lesquelles, depuis les années soixante-dix, le multiculturalisme a été imposé et présenté comme un souverain bien, c’est en réalité,  au-delà de la question raciale et ethnique, la question de la cohabitation entre peuples de différentes cultures qui se pose.

Dans une étude qui fit grand bruit, le grand sociologue américain Robert Putnam démontra qu’au sein d’un quartier, l’augmentation de la diversité ethnique et culturelle conduisait à l’effondrement de la confiance entre les communautés mais  également au sein des communautés elles-mêmes. Dans le même registre, le sociologue et philosophe finlandais Tatu Vanhanen démontra que les sociétés multiethniques et multiculturelles sont multiconflictuelles et qu’il existe chez l’être humain une tendance naturelle au “népotisme ethnique”. Pour être convaincu de la conflictualité apporté par le multiculturalisme, il suffit de comparer les États-Unis, toujours marqués par la ségrégation et la violence malgré l’avancée des droits civiques, ou le Brésil, autre creuset multiethnique et culturel, à des nations ethniquement et culturellement homogènes comme le Japon, la Nouvelle-Zélande ou la Corée.  

Enfin, sur le plan culturel, le chercheur hollandais Geert Hofstede a démontré et modélisé les différences culturelles fondamentales entre les peuples et les conséquences de ces différences sur leurs formes d’organisation, leur rapport à l’autorité et leur gestion du risque.

Au-delà de ses considérations savantes, comment imaginer une cohabitation harmonieuse entre des peuples dont les postulats philosophiques se trouvent en tous points opposés ? Comment imaginer une cohabitation entre la philosophie de l’émancipation propre à l’Occident et celle de la soumission propre à l’islam ? Entre une civilisation où la religion est avant tout une loi et une autre marquée depuis des siècles par la séparation des pouvoirs temporels et spirituels?

Nier la différence entre les populations humaines et les cultures, c’est nier la véritable diversité du monde et s’interdire de penser les problèmes que celle-ci peut poser.

Soucieux d’assurer la cohésion de son groupe d’appartenance et menacé par des groupes culturellement et physiologiquement distincts, l’être humain n’a pu que devenir « raciste », c’est-à-dire capable d’identifier rapidement les différences ethniques et culturelles et capable de ne faire société qu’avec des individus partageant avec lui, sur ces deux points, des caractéristiques communes. Parfois cruels, injustes et imprécis, les préjugés raciaux ne sont rien de moins que ce que les psychologues comportementaux appellent des heuristiques : des raccourcis mentaux développés au cours de l’évolution pour permettre un jugement rapide sur une situation.

Plutôt que de refuser d’admettre la réalité des différences aussi bien physiologiques que culturelles entre les groupes humains et les problèmes posés par leur cohabitation imposée, certains préfèrent s’accrocher au dogme du vivre-ensemble et continuent à affirmer que « nous sommes tous du même sang ». A ce stade, il ne s’agit plus de science ou de politique mais d’ignorance, voire d’une forme pathologique de dissonance cognitive.

Le refus de reconnaître les différences entre les groupes humains ne pose pas seulement la question de la censure d’une vérité scientifique au nom d’un dogme politico-religieux. Il met aujourd’hui en péril l’ensemble de la civilisation occidentale. Dans les années 30, l’Union Soviétique dénonça la génétique comme science contre-révolutionnaire pour lui préférer le lyssenkisme, science inventée par un paysan, Trofim Lyssenko, décidé à appliquer « la dialectique marxiste aux lois de la nature ».

Condamnés par le régime, des milliers de biologistes et de généticiens furent persécutés et emprisonnés. Les conséquences de ce choix pour l’URSS furent dramatiques. Aujourd’hui, en refusant de reconnaître les différences entre les groupes humains et les conséquences désastreuses de leur cohabitation imposée, l’Occident est en train de mourir d’un lyssenkisme politique.

De l’Antifragilité

Nassim Nicolas Taleb, auteur du « Cygne Noir », d’ »Antifragile » et de « Jouer sa peau » développait récemment sur Twitter son concept d’ « effet Lindy ».

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

« Vous voulez écrire un livre capable de survivre deux ou trois décennies ? Le premier réflexe est d’écrire quelque chose tourné vers le futur. Non. Assurez-vous que le contenu du livre est pertinent à la fois aujourd’hui mais aussi à un moment déterminé du passé, par exemple il y a 30 ans.

Inversement, si vous voulez qu’un livre meure, assurez-vous qu’il n’ait aucun intérêt pour un homme du passé.

Cette astuce s’applique aux institutions, aux idées, aux théories, aux technologies, et toutes ces autres choses non-périssables : la vieille technologie survit en grande partie parce qui est nouveau se trouve remplacé par ce qui est encore plus nouveau.

Le temps est à la fois un détecteur et une cause de fragilité : ce qui a survécu possède une résistance aux événements aléatoires.

Cette petite astuce nous permet de nous livrer à de la prédiction négative. L’Histoire n’a pas de sens ou plutôt, elle a un sens qui ne nous est pas accessible. En revanche, tout ce qui est fragile finira par rompre sous le poids du temps. Par conséquent l’effondrement est plus facile à prévoir que l’émergence : l’innovation est plus susceptible d’attaquer ce qui est nouveau et d’épargner ce qui est ancien.

En conséquence, certains éléments modernes seront remplacés- on ne sait pas encore par quoi, tout ce que l’on peut savoir est que ce qui est fragile s’effondrera  et que ce qui a été éprouvé par le passage du temps sera épargné. Voici donc une liste de choses nouvelles et fragiles qui sont susceptibles de disparaître au cours des dix prochaines années. Elles sont très modernes, hautement fragiles et soumises à des pressions donc attendez-vous qu’au moins quatre sur huit disparaissent :

Les huiles végétales (soja, maïs, palme), les statines et les médicaments psychotropes, la monnaie fiduciaire, le régime d’Arabie Saoudite, l’ordinateur de bureau, les compagnies aériennes nationales, le mouvement néo-athéiste, l’économie comportementale et le nudge, CNN, l’architecture non-fractale, les organisations centralisées et kafkaïennes comme Bruxelles ou Whitehall (UK), l’éducation d’ « élite »  au niveau licence, et pour terminer,  les organismes génétiquement modifiés»

A la liste de Taleb, j’ajouterai à titre personnel : l’idéologie égalitaire universaliste et la République Française, en tant que régime.

NB : Cet article ne fait pas partie du recueil l’Homme et la Cité

De la réussite

Discours prononcé en 2016 par Nassim Nicholas Taleb  lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’Université de Beyrouth. Article original publié sur Medium.

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

Chers diplômés,

C’est la première cérémonie de remise de diplômes à laquelle j’assiste (je n’ai pas assisté à ma propre remise de diplôme). En plus, il faut que je trouve un moyen de vous parler de ce que réussir veut dire alors que je n’ai pas encore le sentiment d’avoir réussi et il ne s’agit pas là de fausse modestie.

Le succès en tant que construction fragile

Car j’ai une seule définition du succès : vous vous regardez dans le miroir tous les soirs et vous vous demandez si vous avez déçu la personne que vous étiez à 18 ans, juste avant l’âge où les gens commencent à être corrompus par la vie. Qu’il ou qu’elle soit le seul juge ; pas votre réputation, pas votre fortune, pas votre statut dans la communauté, pas les décorations accrochées à votre veste. Si vous ne vous sentez pas honteux, vous avez réussi. Toutes les autres définitions de la réussite ou du succès sont des constructions modernes, des constructions modernes et fragiles.

Pour les anciens grecs, la principale définition de la réussite était d’avoir une mort héroïque. Compte tenu du fait que, même au Liban, nous vivons dans un monde moins martial, nous pouvons par conséquent adapter notre définition de la réussite : avoir emprunté un chemin héroïque au profit du collectif, ce collectif étant défini aussi largement ou étroitement que vous le souhaitez.

Le plus important est que tout ne soit pas ramené à vous : les sociétés secrètes avaient une règle pour les uomo d’onore: vous accomplissez quelque chose pour vous et quelque chose pour les autres membres. Et la vertu est inséparable du courage. Comme le courage de faire quelque chose d’impopulaire. Prenez des risques pour les autres ; vous n’avez pas à le faire pour la terre entière, ça peut être simplement d’aider Beirut Madinati ou la municipalité locale.  Plus c’est à l’échelle micro, moins c’est abstrait, mieux c’est.

La réussite exige l’absence de fragilité. J’ai vu des milliardaires terrifiés par les journalistes, des gens fortunés qui se sentaient abattus parce que leur beau-frère était devenu riche, des universitaires avec des prix Nobel qui avaient peur de commentaires sur le net. Plus haut vous montez, plus dure est la chute. Pour presque  tous les gens que j’ai rencontrés, la réussite extérieure a été accompagnée par une fragilité accrue et une augmentation du sentiment d’insécurité. Les pires sont les “ex-quelque chose” avec des CV de 4 pages qui, après avoir quitté leur poste et être devenus accrocs à la considération de bureaucrates serviles, se trouvent mis au placard, comme si de retour chez vous, vous découvriez que quelqu’un avait  profité de votre absence pour vider votre maison de tous ses meubles.

Mais le respect de soi est robuste, c’est l’approche de l’école stoïque qui, au passage, était un mouvement phénicien (si quelqu’un demande qui sont les stoïques, je dirai que ce sont des bouddhistes avec un sale caractère, imaginez quelqu’un qui soit à la fois très libanais et très bouddhiste). Dans mon village d’Amioun, j’ai vu des gens robustes qui étaient fiers d’être des citoyens locaux impliqués dans la vie de leur tribu ; ils vont se coucher fiers et se réveillent heureux. Ou des mathématiciens russes qui, durant la période de transition post-soviétique, étaient fiers de gagner 200 dollars par mois et de faire un travail apprécié par vingt personnes et qui considéraient que montrer ses décorations ou accepter des récompenses était un signe de faiblesse et de manque de confiance dans la valeur de ses contributions. Et croyez-le ou non, certaines personnes fortunées sont robustes mais vous n’en entendez jamais parler parce qu’ils ne participent pas à la vie mondaine, vivent à côté de chez vous et boivent de l’Arak baladi et non de la Veuve Clicquot.

Histoire personnelle

Maintenant un peu de ma propre histoire.

Ne le répétez à personne mais si vous pensez que toutes mes idées proviennent d’une profonde réflexion philosophique sachez que tout cela n’est que du théâtre : cela vient d’un instinct de joueur qu’il est impossible d’éradiquer, imaginez un joueur compulsif jouant au grand prêtre. Les gens n’aiment pas le croire : toute mon éducation vient de mon expérience de trader et de preneur de risque avec un peu d’aide de l’école.

J’ai eu la chance d’avoir une formation plus proche d’un méditerranéen de l’antiquité ou d’un européen de l’époque médiévale que d’un citoyen moderne. En effet, je suis né dans une bibliothèque, mes parents avaient un compte à la Librairie Antoine à Bab ED Driss et une grande bibliothèque. Ils achetaient plus de livres qu’ils n’étaient capables de lire et ils étaient heureux que quelqu’un les lise à leur place. Mon père connaissait tous les érudits du Liban, en particulier les historiens. Par conséquent, nous avions souvent des prêtres jésuites à dîner et par leur érudition multidisciplinaire, ils étaient pour moi les seuls modèles de référence : mon idée de l’éducation était d’avoir des professeurs juste pour manger avec eux et leur poser des questions. C’est ainsi que j’en vins à valoriser l’érudition plutôt que l’intelligence et c’est d’ailleurs toujours le cas. Au départ, je voulais être un écrivain et un philosophe et pour cela, il faut lire des tonnes de livres, vous n’avez aucun avantage si votre connaissance est limitée au programme du Baccalauréat libanais. C’est comme cela  qu’à l’âge de 14 ans,  je me mis à sécher l’école la plupart du temps et à dévorer des livres. Plus tard, je découvris une incapacité à me concentrer sur les sujets que m’imposaient les autres. Je séparai l’école pour les diplômes et la lecture pour sa culture personnelle.

Qui j’étais à 20-22 ans. Pas un saint mais il voudrait que je sois aujourd’hui un saint pour l’absoudre de quelques péchés (véniels) qu’il a pu commettre.

Premier déclic

Jusqu’à l’âge de 23 ans, je dérivais un peu, sans objectif et restais bloqué à la page 8 du Grand Roman Libanais (mon roman avançait au rythme d’une page par an). Soudain, à Wharton, j’eus un déclic le jour où je découvris par accident la théorie des probabilités et devins complètement obsédé par le sujet. Mais, comme je l’ai dit, cela ne trouva pas son origine dans de hautes considérations philosophiques ou une soif de savoir scientifique, mais uniquement dans le frisson et la décharge hormonale que ressent celui qui prend un risque sur les marchés. Un ami m’avait parlé des produits dérivés financiers complexes et j’ai décidé de faire carrière dans ce domaine. C’était la combinaison du trading et de mathématiques complexes. Le sujet était nouveau et peu exploré. Mais très très difficile sur le plan mathématique.

L’avidité et la peur sont des professeurs. J’étais comme ces drogués qui ont une intelligence inférieure à la moyenne mais qui sont capables des astuces les plus ingénieuses pour se procurer leur drogue. Quand il s’agissait de risque, un second cerveau se manifestait et tous ces théorèmes devenaient intéressants. Quand il y a le feu, vous courrez plus vite que dans n’importe quel championnat. Et quand la situation redevenait calme, je redevenais stupide.

De plus, en tant que trader, les mathématiques que nous utilisions allaient comme un gant à nos problèmes contrairement aux universitaires qui ont des théories à la recherche d’une application. Appliquer des maths à des problèmes pratiques était une tout autre affaire ; cela supposait une compréhension profonde des problèmes avant de mettre des équations dessus. C’est ainsi que je trouvais qu’obtenir un doctorat après 12 ans dans la finance était bien plus facile que d’obtenir des diplômes d’un niveau moindre.

En chemin, je découvris que les économistes et les experts en sciences sociales utilisaient toujours des mathématiques inadaptées à leurs problèmes, ce qui devint plus tard le thème du Cygne Noir. Ce n’est pas juste que leurs outils statistiques étaient faux, ils étaient outrageusement faux et ils le sont toujours. Leurs méthodes sous-estimaient les « événements de queue » (tail events), ces sauts rares mais lourds de conséquences. Ils étaient trop arrogants pour l’accepter. Cette découverte me permit de devenir financièrement indépendant dans ma vingtaine après le krach de 1987.

Je pensais donc que j’avais quelque chose à dire sur la façon dont nous utilisons les probabilités et la façon dont nous considérons et gérons l’incertitude. Les probabilités sont la logique de la science et de la philosophie ; elle concerne de nombreux sujets : la théologie, la philosophie, la psychologie, la science et de façon plus banale, la gestion des risques, au passage, les probabilités sont nées au Levant au 8ème siècle en tant que 3elm el musadafat et utilisées pour décrypter des messages.

Les trente dernières années ont été pour moi une flânerie à travers les sujets, embêtant les gens au passage, jouant des tours aux types qui se prennent au sérieux. Vous prenez un papier de recherche médical et demandez à un scientifique imbu de lui-même comment il interprète la valeur p- ; l’auteur va être terrorisé.

L’association internationale des name-droppers

Mon second déclic eut lieu lors de la crise de 2008 qui confirma mes dires et me fit gagner une belle somme d’argent en risquant une fois de plus ma peau. Mais la célébrité vint avec la crise et je découvris que je détestais la célébrité, les gens célèbres, le caviar, le champagne, la nourriture compliquée, le vin cher et surtout les experts en œnologie.

J’aime les mezzés avec un Arak baladi local et du calamar dans son encre  (sabbidej), pas plus, pas moins et  les gens riches ont tendance à avoir leurs préférences dictées par un système conçu pour les plumer. Mes propres préférences me furent révélées quand, après un dîner dans un restaurant trois étoiles au Michelin avec des gens ennuyeux et coincés, je m’arrêtai à la pizzeria de Nick pour un plat à 6,95 dollars et depuis je n’ai plus jamais pris un repas Michelin ou quoi que ce soit avec un nom compliqué.

Je suis particulièrement allergique aux gens qui aiment être entourés de gens célèbres, l’AIND (l’association internationale des name-droppers). Après un an sous les feux de la rampe, je retournai à mon isolement dans ma bibliothèque (à Amioun ou près de New-York) et commençai une carrière de chercheur travaillant sur des sujets techniques. Quand je lis ma biographie, j’ai toujours le sentiment qu’il s’agit de celle d’une autre personne : elle décrit ce que j’ai fait pas ce que je suis en train de faire ou ce que j’aimerais faire.

Au sujet des conseils et du fait de jouer  sa peau

Je ne fais que décrire ma vie. J’hésite à donner des conseils car tous les conseils importants que j’ai reçus se sont révélés faux et je suis heureux de ne pas les avoir suivis. On m’a dit de me concentrer sur un sujet et je ne l’ai jamais fait. On m’a dit de ne jamais faire traîner les choses, j’ai attendu vingt ans pour le Cygne Noir et j’en ai vendu trois millions d’exemplaires. On m’a dit d’éviter de mettre des personnages fictifs dans mes livres et j’ai créé Nero Tulip et Fat Tony car autrement je m’ennuyais. On m’a dit de ne jamais insulter le New York Times et le Wall Street Journal ; plus je les insultais, plus ils étaient sympathiques avec moi et me demandaient d’écrire des éditos. On m’a dit d’éviter de soulever des poids à cause d’un problème de dos et je me suis mis à soulever des poids, je n’ai plus eu un problème de dos depuis.

Si je devais refaire ma vie, je serai encore plus têtu que je ne l’ai été et je ferai encore moins de compromis que ceux que j’ai fait.

Personne ne devrait jamais rien faire sans jouer sa peau. Si vous donnez un conseil, vous devez être exposé aux pertes qu’il peut occasionner. C’est une extension de la règle d’argent. Je vais vous donner toutes les astuces que j’utilise.

  • Ne lisez pas les journaux ou ne suivez pas les actualités d’une quelconque façon ou manière. Pour en être convaincu, lisez les journaux de l’année dernière. Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer l’actualité, cela veut dire que vous partez de l’événement pour aller à l’actualité et non le contraire
  • Si quelque chose est bidon, dites-le et dites le fort. Cela vous fera un peu de mal mais vous serez antifragile et sur le long terme, les gens qui ont besoin de vous faire confiance vous feront confiance.

Quand je n’étais encore qu’un obscur auteur, j’ai quitté le studio de la radio Bloomberg pendant une interview parce que le journaliste racontait n’importe quoi. Trois ans plus tard, Bloomberg fit sa couverture sur moi. Tous les économistes de la planète me détestent (sauf ceux de l’université américaine de Beyruth bien sûr)

J’ai dû faire face à des campagnes de diffamation et encouragé par le Libanais le plus courageux depuis Hannibal, Ralph Nader, j’ai mis ma réputation en danger en mettant en évidence les infâmes malversations d’entreprises comme Monsanto et le prix à payer fut une campagne de diffamation menée contre moi.

  • Traitez le portier avec un peu plus de respect que le grand patron
  • Si quelque chose vous ennuie, évitez-le, à l’exception des impôts et des visites à votre belle-mère. Pourquoi ? Parce que la biologie est le meilleur outil qui soit pour détecter ce qui est bidon, utilisez-le pour mener votre vie.

A éviter à tout prix

Il y a beaucoup de règles de ce genre dans mes livres alors pour le moment, laissez-moi terminer avec quelques maximes. Celles qui suivent sont des choses à éviter à tout prix :

Des muscles sans force

De l’amitié sans confiance

Des opinions sans risque

Du changement sans esthétique

De l’âge sans valeurs

De la nourriture sans être nourri

Du pouvoir sans justice

Des faits sans rigueur

Des diplômes sans érudition

Du militarisme sans force morale

Du progrès sans civilisation

De la complexité sans profondeur

De la maitrise sans substance  

Et surtout, de la religion sans tolérance.

Merci.

Du COVID-19

Note du traducteur : Cette lettre a été publiée sur Internet le 27 septembre 2021 par une source anonyme répondant au nom « Spartacus ».  De toute évidence, cette source, de nationalité américaine, possède de solides connaissances médicales ainsi que des éléments de renseignement de première main sur l’épidémie de COVID-19. Longue de 15 pages de texte et de 17 pages de notes, cette lettre constitue la synthèse la plus complète mais aussi la plus documentée que nous ayons pu lire sur le sujet. Compte tenu de la longueur du texte, nous avons choisi de proposer ici une traduction en français de son résumé et de sa conclusion. Le fichier original contenant le texte complet et toutes les sources peut être téléchargé ici (V4). Une version augmentée de cette traduction est à retrouver dans “L’Homme et la Cité- Volume II”

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

Retrouver une version augmentée de cette traduction dans l’Homme et la Cité- Volume II

« Bonjour,

Mon nom est Spartacus et ma patience est à bout,

Nous avons été forcés d’assister au déclin inexorable de l’Amérique et du Monde Libre à cause d’une attaque bactériologique. Comme tant d’autres, nous avons été manipulés par de la propagande et transformés en victimes d’une opération de guerre psychologique menée contre le peuple américain et ses alliés par une élite non-élue jouissant d’une impunité totale.

Au cours de l’année et demie passée, nous avons énormément souffert mentalement comme physiquement. Nous avons ressentis les effets de l’isolation, des confinements, des masques, des quarantaines et tous ces actes absurdes de « théâtre médical » qui n’ont été d’aucune utilité pour protéger la santé ou le bien-être du public dans le cadre de la pandémie en cours de COVID-19.

Aujourd’hui, nous voyons le corps médical injecter un véritable poison dans le corps de millions de nos compatriotes sans véritable résistance.

Nous avons été informés que nous serions licenciés et privés de nos moyens de subsistance si nous refusions de nous vacciner. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder la vase.

Nous avons passé des milliers d’heures à analyser les données issues de Wuhan, les papiers de recherche provenant de sources directes et à remonter la piste des données produites par le corps médical.

Ce que nous avons découvert va vous choquer et vous ébranler.

Nous commencerons par résumer nos découvertes et nous les présenterons ensuite en détail. Les sources seront placées à la fin du texte.

Résumé:

  • Le COVID-19 est une maladie sanguine et des vaisseaux sanguins. Le SARS-CoV2 infecte la bordure des vaisseaux sanguins humains les conduisant à «couler » dans les poumons.
  • Les protocoles de traitement actuels (la ventilation invasive) sont activement néfastes pour les patients car ils accélèrent le stress oxydatif et causent des cas sévères de lésions pulmonaires causées par la ventilation. L’utilisation persistante des ventilateurs en l’absence de tout bénéfice médical prouvé s’apparente à un meurtre de masse
  • Les contremesures actuelles sont inadéquates pour ralentir la diffusion d’un virus transmis par aérosol, et potentiellement par les eaux usées, et constituent une forme de « théâtre médical ».
  • Divers traitements non-vaccinaux ont été discrédités par les médias et le corps médical en faveur de vaccins et de traitements coûteux.
  • Les autorités ont nié l’utilité de l’immunité naturelle contre le COVID-19 en dépit du fait que l’immunité naturelle confère une protection contre toutes les protéines du virus et non juste l’une d’entre elles.
  • Les vaccins font plus de mal que de bien. L’antigène utilisé par ces vaccins, la spike SARS-CoV-2, est une protéine toxique. Il est possible que la SARS-CoV- 2 puisse permettre la facilitation de l’infection par des anticorps (ADE) ; les anticorps peuvent ne plus être capables de neutraliser les souches futures mais au contraire de les aider à infecter les cellules immunitaires. De plus, vacciner durant une épidémie avec un vaccin « bancal » supprime la pression évolutive conduisant un virus à devenir moins létal.
  • Il existe une vaste et scandaleuse conspiration criminelle qui relie Anthony Fauci et Moderna à l’Institut de virologie de Wuhan
  • Les chercheurs chargés de développer le vaccin pour le COVID-19 sont directement liés à des scientifiques travaillant sur les interfaces neuronales, l’un d’entre eux ayant été mis en examen pour avoir touché de l’argent de la Chine via des bourses de recherche
  • Des chercheurs indépendants ont trouvé de mystérieuses nanoparticules à l’intérieur des vaccins qui n’étaient pas sensées s’y trouver.
  • Toute cette pandémie est utilisée comme excuse pour réaliser une vaste transformation des sociétés occidentales qui enrichira encore plus les riches et transformera les autres en serfs et en intouchables.

 […]

Conclusions:

La pandémie actuelle a été produite et perpétrée par l’establishment via l’utilisation d’un virus conçu dans un laboratoire lié à l’armée chinoise (PLA), avec l’aide de dollars américains et de l’expertise française.

Cette recherche a été conduite sous l’euphémisme de « gain de fonction » censée être menée pour déterminer quels virus possèdent le plus fort potentiel de transmission zoonotique (des animaux aux humains) et de nous protéger ou de nous vacciner contre eux à titre préventif.

En réalité, la recherche sur le gain de fonction/gain de menace connue  sous le nom de Dual-Use Research of Concern or DURC (recherche à double usage) n’est rien de moins que la recherche menée sur des armes bactériologiques  et désignée sous un nom plus sympathique afin de ne pas avoir à l’appeler par son véritable nom. Cela a toujours été de la recherche sur des armes bactériologiques.  Les gens qui conduisent ces recherches comprennent parfaitement qu’ils prennent des pathogènes présents à l’état sauvage et incapables d’infecter les humains et qu’ils les rendent beaucoup plus virulents, recevant souvent des financements de la part de l’armée pour le faire.

Ces virologues qui mènent ce type de recherche sont des ennemis du genre humain, semblables à des pompiers pyromanes. La recherche sur le gain de fonction n’a jamais protégé quiconque d’une épidémie. D’ailleurs, elle vient justement d’en créer une, ce qui signifie que son utilité est en réalité égale à zéro. Ce type de recherche aurait dû être interdit à l’échelle mondiale et les fous furieux qui travaillent sur ce sujet auraient dû être enfermés à l’asile il y a bien longtemps.

Qu’il s’agisse d’une fuite ou d’une diffusion intentionnelle émanant de l’institut de virologie de Wuhan, une souche mortelle de SARS est aujourd’hui endémique à l’échelle du globe après que l’OMS, le CDC (agence de santé américaine) et nos dirigeants ont minimisé les risques pour nous pousser à la panique et aux confinements mettant ainsi en danger la santé des populations ainsi que leur gagne-pain.

Tout cela fut ensuite utilisée comme excuse par les psychopathes dépravés qui nous servent d’élite pour forcer les gens à accepter de s’injecter un poison qui constitue potentiellement un vecteur de dépopulation, un agent de contrôle mental/pacification sous la forme de «  poussière intelligente » (smart dust) ou les deux. Ils pensent qu’ils peuvent s’en tirer en stigmatisant socialement tous ceux qui refusent de se faire vacciner. Ils se trompent.

Leurs motivations sont claires et évidentes pour quiconque y a prêté attention. Ces mégalomanes ont pillé les fonds de retraite du monde libre. Wall Street est en faillite et fait face à une crise de liquidité depuis fin 2019. L’objectif est de parvenir à un contrôle total mental, physique et financier sur l’ensemble de l’humanité avant que nous prenions conscience à quel point nous avons été volés par ces fous furieux.

Pour l’élite, La pandémie et sa gestion servent plusieurs objectifs :

  • Dissimuler une dépression causée par le pillage de nos économies et menée par des capitalistes rentiers et des dirigeants démissionnaires dont la contribution à la richesse de la société est nulle. Au lieu d’avoir d’avoir à affronter la deuxième saison des Gilets Jaunes, les élites et leurs sbires se pavanent à la télévision et se font passer pour des sauveurs au lieu de l’infâme cabale de pillards en vadrouille qu’ils sont en réalité.
  • Détruire les petites entreprises et affaiblir la classe moyenne
  • Transférer des milliards de dollars des poches de la population américaine à celles des milliardaires et autres lobbies
  • Pratiquer le délit d’initiés en achetant les actions d’entreprises de biotechnologie, spéculer sur l’effondrement du commerce et de l’industrie touristique avec comme objectif de détruire le commerce de proximité et de le remplacer par le e-commerce et l’uberisation.
  • Créer un prétexte pour déclarer la guerre à la Chine, les encourager à nous attaquer, gaspillant ainsi des vies et des ressources américaines et nous conduisant au bord de l’apocalypse nucléaire.
  • Établir un cadre technologique et bio-sécuritaire permettant le contrôle de la population et la création de « villes intelligentes » (smart cities) où nos déplacements sont surveillés en permanence, le tout par anticipation de l’essor de l’automatisation, du chômage et des pénuries alimentaires, avec ce vaccin comme prétexte pour nous inciter à coopérer

Une seule de ces mesures représenterait un viol monstrueux de la civilisation occidentale. Prises dans leur ensemble, elles défient la raison et constituent une inversion de nos valeurs les plus chères.

Quelle est la raison de tout ceci ? Nous ne pouvons qu’offrir des spéculations sur les motivations des coupables mais nous avons cependant quelques théories. Les élites sont en train de chercher à « enlever l’échelle », supprimer la mobilité sociale pour des pans entiers de la société, éliminer leurs adversaires politiques et autres « indésirables » et mettre le reste de l’humanité sous haute surveillance, rationnant notre accès à certains biens et services considérés comme ayant un « fort impact » tels que l’usage de l’automobile, le tourisme, la consommation de viande etc…. Bien entendu, eux continueront de profiter de ces produits de luxe dans le cadre d’un système de castes néo-féodal.

Pourquoi font-ils cela? C’est simple. Les élites sont des néo-malthusiens et pensent que nous sommes trop nombreux sur cette planète et que l’épuisement des ressources conduira à l’effondrement de la civilisation d’ici quelques décennies. Ils n’ont pas nécessairement tort sur ce point. Nous sommes trop nombreux et nous consommons trop de ressources. Cependant, organiser une prise de contrôle aussi ignoble que meurtrière face à une crise imminente ne fait que prouver le mépris qu’ils éprouvent à l’égard du reste de l’humanité.

A ceux qui participent à cette répugnante farce sans comprendre ce qu’ils font, nous avons une chose à vous dire. Arrêtez. Vous êtes en train de causer des dégâts irréparables à votre pays et à vos compatriotes.

A ceux qui lisent cet avertissement et qui savent très bien ce qu’ils font et comprennent que leurs actions vont injustement nuire à des millions de gens innocents, nous avons encore une chose à dire :

Allez au diable ! Vous ne détruirez pas l’Amérique et le Monde Libre et vous n’aurez pas votre Nouvel Ordre Mondial. Nous allons tout mettre en œuvre pour que ce ne soit pas le cas. »

Pour aller plus loin :

De la religion de l’Homme

De la guerre de l’information

Le triomphe de la Croix

De la courbe de Kauffman

“Things fall apart; the center cannot hold”

W.B. Yeats -The Second Coming

Stuart Alan Kauffman est un médecin, un biologiste et un chercheur travaillant sur les systèmes complexes, notamment l’origine de la vie sur terre. Sur ce point, il défend l’idée que la complexité des systèmes biologiques et des organismes découle au moins autant de l’auto-organisation et des processus dynamiques non à l’équilibre que de la sélection naturelle darwinienne [NdT : « Far-from-equilibrium dynamics », il s’agit d’une situation où un ordre est maintenu ou émerge au-delà des seuils d’instabilité].

Dans le cadre ce ces recherches, Stuart Kauffman a modélisé les phénomènes d’émergence sous la forme d’une courbe en S. Comme l’a écrit Régis Chamagne, « Cette courbe est presque plate au début, elle semble ne pas évoluer, puis subitement, elle grimpe de façon exponentielle, passe par un point d’inflexion et se stabilise asymptotiquement vers son nouveau paradigme. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu’il peut se passer beaucoup de petites choses en apparence anodines si l’on n’y est pas attentif, sans que cela se remarque de l’extérieur, mais à un moment donné, la combinaison de toutes ces petites choses fait masse critique et provoque le changement d’état. »

Cette courbe de Stuart Kauffman nous permet de mieux comprendre à la fois ce que nous avons vécu et ce que nous sommes en train de vivre. Pour simplifier, à partir de la Renaissance, avec une accélération durant la période des Lumières, premier point d’inflexion de la courbe, l’Occident a été le théâtre d’une remise en cause fondamentale des principes philosophiques, spirituels et sociaux qui l’avaient gouverné jusque alors. En 1789, la Révolution Française fut la manifestation visible et politique du deuxième point d’inflexion de cette courbe avec une croissance et une diffusion exponentielle des idées modernes et révolutionnaires tout au long des XIXe et XXe siècles. Après la seconde guerre mondiale, l’Occident atteignit le troisième point d’inflexion avec un transfert de souveraineté progressif des États à des institutions supranationales, la poursuite du travail de sape philosophique (déconstructionnisme, existentialisme, début des gender studies) et la mise en place de ce l’écrivain Renaud Camus a appelé les « industries de l’hébétude » (médias de masse, remplacement de la culture par le divertissement). En 1989, l’effondrement (programmé) de l’URSS constitua le dernier point d’inflexion et donna l’illusion d’une fin de l’Histoire à un Occident désormais mûr pour achever avec le transhumanisme, la « théorie de genre »  et la destruction de toute forme de structures, de valeurs ou d’organisations traditionnelles, le projet luciférien d’individu devenu créateur de sa propre norme.

Alors que les mondialistes, les progressistes et les partisans d’un Nouvel Ordre Mondial pensaient avoir triomphé en arrivant au bout de la courbe de Stuart Kauffman, leur aveuglement les empêcha de comprendre qu’ils se trouvaient en réalité non pas à la fin mais au début de cette même courbe. En effet, depuis les années 2000, un nouveau cycle de changement d’état s’est enclenché avec un premier point d’inflexion incarné par une minorité avant-gardiste de résistants, de patriotes et de défenseurs des valeurs traditionnelles ayant compris le danger posé par le projet mondialiste/progressiste et déterminés à le combattre pour assurer la survie de leurs civilisations respectives. En 2020, là où ses organisateurs crurent y voir l’aboutissement de leur projet, la Grande Réinitialisation et l’épidémie de Covid-19 constituèrent le deuxième point d’inflexion précédant une croissance exponentielle de la résistance au projet mondialiste. Au cours des prochaines années, comme je l’ai expliqué, nous allons assister à un grand réveil des peuples ainsi qu’à l’effondrement du Nouvel ordre Mondial, à la fois par le biais de l’économie, (dédollarisation), des défaites militaires (échec de l’offensive otanienne en Ukraine ou en Syrie), des révélations sur la corruption des classe dirigeantes et plus généralement, par la tension de plus en plus insoutenable entre la propagande politico-médiatique et le monde réel.

Aujourd’hui, le nouveau paradigme en train d’émerger est celui d’une mise en échec du projet de gouvernance mondiale et l’avènement d’un monde multipolaire marqué par la souveraineté des États, le respect de la diversité culturelle et religieuse mondiale et un retour aux valeurs morales, sociales et familiales traditionnelles. Nous sommes en train de vivre un véritable changement d’ère où les puissances dominantes d’hier seront les sociétés effondrées de demain, où ce qui était censuré ou dénoncé sera loué et approuvé, et où tous les résistants, les complotistes et les non-vaccinés seront reconnus comme des sages, des exemples et l’avenir de l’humanité.

« Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »

(Matthieu 20 :16)

Pour aller plus loin :

Du changement de paradigme

Du cygne noir

Dépasser Babylone (Martin Geddes)

Bienvenus au XXIe siècle (Régis Chamagne)