Category Archives: Psychologie

De la bienveillance

“Il n’y a pas de trêve avec les Furies/ Ton visage si bienveillant/Est le drapeau blanc qu’elles ignorent”

R.S. Thomas

C’est un ajout récent à la novlangue de l’époque que l’on retrouve à toutes les sauces et sur toutes les langues.

Aujourd’hui, rien ne semble plus important que de cultiver sa bienveillance. Pas un politique, un journaliste, un psychologue, un manager ne manque à l’appel pour nous rappeler l’importance d’être bienveillant.

La bienveillance : un mot bonbon pour une époque guimauve qui ne sait plus que mâcher mou.

En réalité, cette injonction permanente à la bienveillance devrait nous inquiéter.

En psychologie, plus un mot est employé, plus il cache en réalité son contraire.

Les métropoles dites apaisées sont celles où la criminalité est la plus grande et les parangons de vertu affichée sont souvent ceux qui, en privé, succombent aux plus grands vices.

L’appel à la bienveillance, c’est la réponse à la véritable dureté de l’époque, à sa violence, à son hypocrisie. Cet appel désespéré à la bienveillance, c’est demander un cocon, un refuge, un répit.

Arrêtez le massacre s’il vous plaît ; soyez bienveillant, je vous en prie.

Naïveté de l’époque qui croit qu’il suffira d’appeler à la bienveillance pour être épargné.

Si l’époque est mauvaise, les valeurs dévoyées et les chefs incapables, alors il faut reformer tout cela, par la force si nécessaire. Ce n’est pas en appelant à la pitié, autre nom de la bienveillance, que les choses risquent de changer.

Car cette bienveillance est un poison qui nous affaiblit et nous tue à petit feu.

Tous les systèmes vivants sont régis par des boucles de renforcement positives ou négatives.

Confronté à un choc ou à une agression, un système peut durcir la zone attaquée ou faire comme ce ver de terre décrit par Nietzsche qui se recroqueville davantage pour réduire ses chances de se faire à nouveau piétiner.   La bienveillance, c’est la deuxième option.

Notre corps est plus sage que nous. Attaqué par des virus ou des bactéries,  il développe des défenses immunitaires et fait monter notre température pour tuer l’envahisseur.

Promouvoir la bienveillance, c’est à l’inverse devenir comme ces américains obsédés par les germes qui cherchent à vivre dans les environnements les plus aseptisés possibles et qui finissent par ne plus avoir la moindre défense immunitaire. C’est aussi devenir comme cette nouvelle génération d’étudiants désormais incapables de supporter un débat un peu vif ou un remontage de bretelles en règle et qui se réfugient dans des safe space sur les campus ou se sentent agressés par la moindre critique.

« Tout ce qui ne te tue pas, te rend plus fort » disait Nietzsche.

Ou comme le disait mon arrière-grand père, boulanger de son état : « Si tu ne supportes pas la chaleur, ne rentre pas dans le fournil ».

Ce n’est pas la bienveillance qu’il faut demander mais l’estime et le respect.

Ces derniers ne sont pas dus, ils se méritent et ils se gagnent.

Au lieu de nous affaiblir, ils nous renforcent.

Au lieu de nous ramollir, ils nous endurcissent.

Etre contre la bienveillance, c’est en réalité rendre un immense service à notre époque.

Les temps qui viennent vont être durs, très durs.

Le monde qui vient n’est pas celui de la bienveillance mais de la guerre et de la lutte.

Alors au lieu d’appliquer la pommade dérisoire de la bienveillance sur les petits bobos de nos esprits fragiles, nous ferions mieux d’apprendre à prendre des coups et à en donner.

Pour aller plus loin:

Deadwood

De l’infantilisation

« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant »

Ecclésiastes 10 :16

L’infantilisation généralisée constitue l’une des caractéristiques majeures de l’Occident contemporain. Au-delà de sa dimension psychologique et individuelle, ce phénomène affecte également le champ politique car une population bloquée au stade infantile est une population maintenue dans un état de dépendance, incapable de pensée ou de décisions autonomes et surtout, dans l’incapacité d’exercer toute forme de souveraineté.

Cette infantilisation trouve sa source dans la famille avec l’effacement, quand il ne s’agit pas de la disparition pure et simple, des pères de famille. Psychologiquement, l’homme, le père, est en effet celui dont la parole est porteuse d’objectivité, qui incarne l’autorité, fixe les limites et qui, le moment venu, fera entrer le jeune garçon dans la société des hommes. Or, aujourd’hui, quand les pères ne sont pas absents ou manquants, c’est-à-dire incapables d’assumer leur rôle de chefs de famille, ce sont les qualités viriles elles-mêmes qui se trouvent désormais dénoncées au nom de la lutte contre le « patriarcat », « la masculinité toxique » ou encore « le privilège blanc ».

Comme l’a démontré avec brio le sociologue et démographe Emmanuel Todd dans son livre « Où en sont-elles ? », depuis la fin des années 60, nous vivons dans des sociétés dominées par les femmes que ce soit via leur présence majoritaire dans l’enseignement supérieur, de leur surreprésentation dans les activités « productrices de normes » – journalisme, justice, enseignement, administration-, de la tertiarisation de l’économie qui se fait au détriment des activités primaires (agriculture) et secondaires (industrie) traditionnellement masculines et enfin, par l’inflation des normes, des règlements et des protocoles qui viennent entraver la tendance naturelle masculine à l’improvisation et à l’innovation. De son côté, l’essayiste et anthropologue Sylvain Durain a montré comment cette féminisation de la société ne constitue pas un progrès mais bien un retour aux sociétés archaïques des temps pré-chrétiens marquées par l’indifférenciation, le monisme (fusion de l’Homme et du cosmos) et surtout, du grand retour de la logique sacrificielle et des boucs-émissaires.

Non contentes d’avoir « castré » socialement, professionnellement et symboliquement les hommes et les pères, nos sociétés ont supprimé tous les rites de passage, religieux ou civiques, qui permettaient de symboliser la transition de l’état d’enfant à celui d’adulte. Quant aux rites de substitution, qu’il s’agisse du baccalauréat ou du permis de conduire, ils ne représentent pas de véritable enjeu et ne sont porteurs que d’une charge symbolique ou sacramentelle extrêmement faible. Cette absence de véritables rites de passage se trouve de surcroît aggravée par l’allongement de la durée des études. Là où les anciennes générations quittaient, pour l’essentiel, les bancs de l’école à leur majorité, les nouvelles sont maintenues, à dessein, dans ce statut, mi-enfant, mi-adulte, d’étudiant, tout en étant soumis, durant leurs années de formation, au tir de barrage incessant de la propagande progressiste et mondialiste. Sur ce point, il est d’ailleurs frappant de constater qu’aujourd’hui, les individus les plus matures et les plus adultes sont souvent ceux qui ont quitté l’école dès le plus jeune âge pour aller travailler dans des métiers en prise directe avec le réel comme l’hôtellerie/restauration, le commerce ou le bâtiment.

Pour finir, cette infantilisation généralisée rendue possible par l’absence des pères, la suppression des rites de passage et l’allongement de la durée des études se retrouve largement encouragée par la société dans son ensemble. En effet, la publicité, les médias et toutes les structures chargées de diffuser « l’esprit du temps » nous invitent en permanence à dépasser les limites, à satisfaire immédiatement nos désirs et à adopter des comportements et des attitudes en lien avec la jeunesse, soit l’opposé exact des vertus traditionnellement associées à la maturité et à l’âge adulte. Sur le plan visuel, une esthétique caractérisée par des couleurs vives ou criardes, des formes géométriques simples et un langage infantilisant s’est imposée dans la communication, y compris celle de l’État ou d’acteurs économiques traditionnellement « sérieux » tels que les banques et les assurances. En ce qui concerne le langage, l’emploi du prénom et le recours systématique au tutoiement se sont imposés, un phénomène dont Renaud Camus a montré dans « La civilisation des prénoms » en quoi il constituait l’expression d’une société d’enfants refusant la hauteur, la distance et, surtout rejetant l’importance des ancêtres et de la lignée. De façon plus générale, entre la satisfaction immédiate des désirs, le refus de la  frustration et des limites, l’abdication de toute forme de responsabilité, la jeunesse érigée en valeur suprême, l’extension du ludique à des activités sérieuses, l’horizon limité à un perpétuel présent, et la trottinette devenue soudainement un moyen de transport pour adultes, les sociétés occidentales sont désormais caractérisées par l’omniprésence des comportements infantiles à tous les âges et dans toutes les couches de la société.

Or, cette infantilisation de la société a pour conséquence directe la croissance de l’État et l’immixtion de la puissance publique dans un nombre croissant de domaines. Si la société est devenue un jardin d’enfants, il faut bien une maîtresse ou une nounou pour la surveiller. Jugé incapable de s’occuper de lui-même, de sa famille et de ses affaires, l’Homme de 2022 doit être intégralement pris en charge, de la naissance au tombeau, par Big Mother qui lui dit désormais ce qu’il doit faire, ce qu’il doit dire, ce qu’il doit manger, quand il a le droit de sortir, et surtout, ce qu’il a le droit de penser. En 2020-2021, la crise du Covid a marqué l’aboutissement de cette logique avec une population acceptant passivement d’être confinée puis vaccinée, en l’absence de bénéfices avérés, sous peine d’être grondée ou punie par la puissance publique maternelle.

En effet, comme tous les parents toxiques, l’État-nounou s’avère être extrêmement jaloux de ses prérogatives et n’accepte pas que « son » enfant s’émancipe et se trouve ainsi un jour en mesure d’échapper à son étroite supervision. Si l’État semble bienveillant avec tous ceux qui acceptent de jouer sagement et sans faire d’histoires dans l’enceinte du grand jardin d’enfants, il se révèle en revanche impitoyable et despotique envers tous ceux qui, rejetant sa tutelle, préfèrent s’éduquer, se soigner, s’informer, se protéger et se gouverner par eux-mêmes.

En matière de pouvoir, le maintien de toute une population dans un état infantile, c’est-à-dire incapable d’autonomie, de révolte ou de pensée libre reste le meilleur et le plus discret moyen de la dominer sans avoir recours à une forme de contrôle trop visible ou brutale. Pour lutter contre ce totalitarisme qui cherche à nous maintenir en enfance pour mieux nous soumettre et disposer à sa guise de nos corps comme de nos esprits, il nous appartient de (re)devenir des individus matures et autonomes et surtout, d’éduquer nos enfants  pour qu’ils deviennent eux aussi, à leur tour des hommes et des femmes véritablement libres.

 Pour aller plus loin :

De la bienveillance

Du féminisme

Des surdoués

“En tant qu’homme c’est votre devoir de protéger les faibles et les innocents. Pas de devenir le faible et l’innocent.”

Du gaslighting politique

En psychologie, le terme « gaslighting » ou détournement cognitif désigne une technique de manipulation mentale dans laquelle le bourreau cherche à faire douter la victime de la réalité de son agression, de sa souffrance ou de sa santé mentale. Cette technique est particulièrement utilisée par les sociopathes ainsi que par les auteurs de violences conjugales.

Une fois ce terme présenté, il apparait clairement que les peuples européens, et le peuple en français en particulier, subissent depuis plusieurs années une gigantesque opération de gaslighting de la part de  classes dirigeantes, des  médias et des minorités.

La tentative la plus éhontée de gaslighting est sans aucun doute celle menée par l’islam. Pour comprendre, commençons par rappeler qu’en France, entre 2012 et 2018, 263 personnes ont été tuées par le terrorisme islamique. Rappelons ensuite  qu’en France, des quartiers entiers sont devenus enclaves étrangères islamisées de fait  d’où sont peu à peu chassés les juifs et les français « mécréants ». Rappelons aussi qu’année après année, provocation après provocation, l’islam impose  un peu plus ses lois et ses coutumes dans l’espace public : viande hallal, port du voile, burkini, mosquées… Rappelons enfin que les Français n’ont jamais été consultés sur leur consentement à l’implantation massive d’une population islamique sur une terre historiquement chrétienne.

Dans les faits, le peuple français subit une agression culturelle, et parfois physique permanente, qui menace à terme son existence  et son identité. Et pourtant, ce sont bien les  musulmans  qui ne cessent de se présenter comme les malheureuses victimes d’une société française « raciste » et « islamophobe », trouvant dans le moindre des faits divers l’occasion de se victimiser un peu plus.

Magnifique exemple  de gaslighting où les agresseurs cherchent, et  le plus souvent parviennent, à culpabiliser les agressés !

La même technique est utilisée dans le domaine  économique et social par la classe dirigeante 

Voilà plus de quarante ans que le peuple français subit les conséquences de choix économiques et politiques désastreux : les champions industriels sont vendus à la découpe, la France périphérique laissée à l’abandon, la qualité des services publics ne cesse de se détériorer. Confronté à la réalité du quotidien, le peuple français  voit bien que la France va de plus en plus mal, qu’elle perd son identité et qu’une population étrangère s’y installe et s’y comporte comme en pays conquis. A raison, le peuple  interpelle ses dirigeants et  leur demande des comptes.

Que font les responsables ?

Ils pratiquent le gaslighting en rejetant la faute sur les français.

Si la France va mal, ce n’est pas parce que ceux qui la dirigent sont médiocres ou incompétents.

C’est parce que les Français sont fainéants, qu’ils ne travaillent pas assez, qu’ils ne sont jamais contents et d’ailleurs, ils n’apprécient pas la chance qu’ils ont d’avoir des dirigeants capables d’une pensée aussi subtile que complexe. Si les Français arrêtaient d’être un peuple de « gaulois réfractaires » qui fument des clopes, roulent au diesel et refusent d’embrasser cette diversité qui est une « chance pour la France » peut-être que les choses iraient un peu mieux pour eux.

Magnifique exemple de gaslighting où, une fois de plus, le bourreau cherche à culpabiliser sa victime.

Les exemples de manipulation cognitive sont tellement nombreux qu’ils pourraient être multipliés à l’infini.

Comment la victime peut-elle sortir de ce cercle vicieux ?

Que faire quand pendant des décennies tout un peuple a été victime de sévices psychologiques, de surcroît de la part de ceux qui étaient censés le protéger et l’informer ?  

Première étape : arrêter de culpabiliser, faire confiance à son instinct et admettre que, pendant des années, nous avons  été manipulés par des pervers.

Deuxième étape : Ne plus accorder le moindre crédit aux manipulateurs et les chasser du pouvoir et des plateaux télévisés.

Troisième étape : Si jamais ils reviennent, en jurant que cette fois, ils ont compris et qu’ils vont changer, ne pas tomber dans le piège et garder la porte bien fermée. S’ils insistent, répondre à coups de fusil.

Même si, balayées par le vent du réel, les effluves du  gaslighting sont en train de se dissiper, trop de Français continuent de culpabiliser de penser ce qu’ils pensent et de voir ce qu’ils voient.  

Pour sortir le peuple français de cette spirale infernale, il faut commencer par l’aider à reprendre confiance en lui et combattre impitoyablement tous les manipulateurs qui cherchent à l’affaiblir et à le faire douter.

De la psychiatrisation du monde

Après “Cracked” (2013), livre, fondamental consacré à l’imposture de la psychiatrie moderne et à l’inflation des troubles mentaux en Occident1, le chercheur en psychologie et psychothérapeute britannique James Davies revient avec “Sedated”, un livre qui s’intéresse cette fois aux causes de cette explosion des problèmes de santé mentale et aux réponses principalement biomédicales qui y sont apportées.

James Davies commence par rappeler un paradoxe déjà évoqué dans son premier ouvrage: bien que les dépenses en matière de santé mentale et la consommation de médicaments psychotropes n’aient jamais été aussi fortes, on assiste à une explosion des troubles mentaux alors, qu’en toute logique, les efforts conjugués des traitements prescrits et la prise en charge accrue devraient conduire à une amélioration de la situation. Il rappelle également que la plupart des troubles mentaux ne possèdent aucune réalité biologique observable et que leur inclusion dans les manuels de psychiatrie comme le célèbre DSM repose sur un consensus scientifique plutôt que sur des bases scientifiques solides. Pour finir, James Davies souligne que de nombreuses études prouvent non seulement que l’effet des antidépresseurs se distingue à peine du placebo mais que l’utilisation de ce dernier dans le cadre de traitement au long cours contribue à dégrader significativement la santé mentale plutôt que de l’améliorer.

Selon James Davies, cette situation trouve son origine dans les liens incestueux noués entre le monde médical et Big Pharma, avec la complicité des gouvernements et des autorités de régulation. Dans « Sedated », James Davies dépasse ce constat et entreprend de se pencher sur les causes profondes du mal-être occidental et l’augmentation croissante du nombre de personnes souffrant de troubles mentaux et prenant des traitements médicamenteux pour ces derniers. Selon James Davies, ce phénomène est due à deux tendances : d’une part, la volonté de psychiatriser et de médicaliser un nombre grandissant d’états mentaux et de comportements ; d’autre part, depuis les années soixante-dix, le développement d’un système socio-économique extrêmement nocif pour la santé mentale. Or, au lieu d’aider les personnes à comprendre l’impact de système sur leur psychisme, la plupart des professionnels de la santé mentale sont formés et incités à dédouaner le système pour faire porter l’entière responsabilité de son mal-être sur l’individu.

Davies donne l’exemple de plusieurs programmes mis en place dans les entreprises ou au sein du système de soin britannique, comme le IAPT2. Alors que ces programmes prétendent aider à identifier les troubles mentaux et à les surmonter, ceux-ci ne s’attaquent jamais aux causes psycho-sociales des problèmes: surcharge de travail, contrats précaires, pression managériale, déshumanisation mais expliquent à l’individu qu’il est entièrement responsable de ce qu’il lui arrive et qu’il n’appartient qu’à lui de surmonter ses difficultés. Pour Davies, alors que le mal-être ressenti par les individus constitue une réponse normale et légitime à un problème structurel, celui-ci est immédiatement médicalisé et imputé à un défaut de l’individu et non du système lui-même. Par exemple, une personne souffrant de ne pas pouvoir conserver la garde de sa fille à cause de l’enchaînement de contrats précaires va être diagnostiquée comme « dépressive » et se verra prescrire une combinaison destructrice de médicaments et de séminaire de « pensée positive », du type : « Le succès est un état d’esprit » ou « Il est toujours trop tôt pour abandonner. »

Davies poursuit son exposé en montrant comment ces problèmes se trouvent aggravés par une approche productiviste du management qui évalue la performance en fonction d’indicateurs numériques arbitraires plutôt que par la résolution des problèmes et une culture matérialiste qui encourage l’avoir au détriment de l’être et présente la consommation de produits, de loisirs, de médicaments comme la réponse à des dysfonctionnements d’ordres structurel.

Face à une idéologie destrutrice qui a désormais infiltrée toutes les sphères de la société, du monde du travail à l’éducation en passant par le politique, la conclusion de James Davies est sans appel: alors qu’ils prétendent désormais se soucier des problèmes grandissants de santé mentale, nos dirigeants cherchent à réalité à faire porter leur entière responsabilité sur les individus plutôt que sur le système corrompu qui les broie. Pour nous en sortir, la priorité doit être un changement radical et systémique, à la fois de la façon dont nous abordons la santé mentale mais aussi, et plus largement, des fondements philosophiques et économiques sur lequel est fondé un système qui ne peut que conduire à une crise de santé publique sans précédent.

Si ce livre, plus ambitieux dans son approche et plus éloigné sur certains points du domaine d’expertise de l’auteur, s’avère moins percutant que “Cracked”, il représente néanmoins une contribution très importante au combat contre la logique économique et politique moderne ainsi qu’une illustration supplémentaire de l’adage selon lequel être adapté à une société malade n’est pas un signe de bonne santé.

1Malgré ou à cause des révélations explosives qu’il contient, « Cracked » n’a toujours pas été traduit en français. Dans le Volume I des Essais (2020), nous avions déjà consacré un essai à ce livre.

2Improving Access to Psychological Therapies (améliorer l’accès aux thérapies psychologiques)

De la psychiatrie (Cracked)

Du Grand Réveil

De la psychiatrie (Cracked)

*

James Davies est un psychologue et un anthropologue anglais diplômé d’Oxford.

Après plusieurs années de pratique de la psychologie, il s’est mis à se poser un grand nombre de questions dérangeantes sur son métier et sur la psychiatrie.

Existe-t-il des bases scientifiques solides sur les nombreux troubles mentaux recensés par les manuels ?

Les antidépresseurs prescrits en masse sont-ils vraiment efficaces ?

Comment expliquer cette inflation massive des troubles mentaux au point que près d’un quart de la population américaine ou anglaise en soit aujourd’hui affecté ?

Pour répondre à ces questions, James Davies s’est lancé dans une grande enquête, consultant des milliers d’études et interrogeant les sommités mondiales de la psychiatrie.

 Ses résultats sont sidérants.

On y apprend que le DSM, la bible de la psychiatrie mondiale, a été rédigé pour l’essentiel avec des critères d’exigence scientifiques faibles, voire inexistants.

On y apprend également que la plupart des troubles mentaux qui y sont recensés n’ont d’une part aucune réalité biologique mesurable et d’autre part que leur inclusion repose sur un consensus social plutôt que sur une véritable base scientifique.

On y voit ensuite que l’effet des antidépresseurs sur la grande majorité des patients se distingue très difficilement du placebo mais qu’en revanche ces derniers possèdent des effets secondaires néfastes qui peuvent aller jusqu’à l’altération de la personnalité.

Pour terminer, Davies montre que les grands gagnants de toute cette affaire sont les grands laboratoires pharmaceutiques qui ont noués des liens incestueux avec le monde de la psychiatrie.

Pour dire les choses clairement, ce livre constitue une remise en cause complète des fondations de la psychologie et de la psychiatrie moderne.

Dans un monde où de plus en plus de comportements sont médicalisés et psychiatrisés et où les systèmes de santé publiques doivent faire face aux coûts faramineux de ces traitements, la lecture de ce livre devrait être considérée de salut public. « Cracked » devrait être lu par tous les psychologues et les psychiatres mais aussi par les hommes politiques, les magistrats, les travailleurs sociaux et tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par la question des troubles mentaux.

Paru en 2013, Cracked n’a toujours pas été traduit en français. Il serait temps qu’un éditeur se penche sur la question.

Cracked, James Davies

De la chasteté féminine

Article publié le 12 février 2024 par Vox Day sous le titre original « Frisky Barbie vs Chaste Babe – how men value women in the sexual and marital markets ». Traduit de l’anglais par Stanislas Berton.

Cet article a été écrit en 2010 en réponse à un article publié sur un blog féminin aujourd’hui disparu mais il demeure aussi pertinent qu’il l’était à l’époque. Il offre également un outil permettant de prévoir le comportement féminin plus fiable que toutes les diverses formes féminines du SSH (hiérarchie socio-sexuelle) proposées jusqu’à présent.

Un certain nombre de personnes n’ont cessé de me demander s’il existait un équivalent féminin de la hiérarchie socio-sexuelle masculine alpha-omega. J’ai commencé par répondre de façon assez malicieuse qu’il existait une échelle de 1à 10 parfaitement utile qui ne demandait pas d’effort mental particulier pour être comprise mais il va de soi que l’évaluation socio-sexuelle d’une femme ne dépend pas seulement de sa beauté physique à un moment donné. Cependant, ce n’est qu’après la lecture de l’article The Sex Risk for Women That No One Likes to Talk About que j’ai compris comment fonctionnait la hiérarchie féminine.

« Comme le dit Davis Buss, le contexte dans lequel se rencontrent les couples a beaucoup changé mais les êtres humains ont toujours recours aux mêmes stratégies sexuelles. Sur les soixante sept caractéristiques que les hommes recherchent pour une relation à long terme, la fidélité et la loyauté sexuelle sont considérées comme les plus importantes, quelle que soit la culture étudiée. Si les hommes recherchent des femmes « libérées », expérimentées et sexuellement très actives pour des relations de court-terme, en ce qui concerne leur futur femme leurs choix se portent de préférence sur une femme sans expérience ou, a minima, moins sexuellement expérimentée qu’eux.

Dans la culture actuelle du «coup d’un soir», ce problème se trouve exacerbé par le fait que le nombre de femmes sans expérience sexuelle a drastiquement diminué. Une des choses que j’entends le plus de la part d’hommes comme M.Indécis [personnage dont l’histoire est racontée dans l’article cité] est qu’ils ne veulent pas d’une femme sur laquelle d’autres hommes seraient « passés ». Ils considèrent de façon évidente cela comme une insulte à leur fierté et beaucoup d’entre eux refuseront de se marier s’ils ne parviennent à trouver une femme qui satisfasse leurs exigences. »

Nous savions déjà que les hommes accordent une grande valeur à la beauté féminine, or si nous prenons en compte le fait que la loyauté sexuelle est également très importante à leurs yeux et que l’historique des relations sexuelles d’une femme offre un moyen empirique d’évaluer cette loyauté sexuelle, par définition difficile à estimer, il est alors possible de construire une échelle capable de décrire de façon fiable l’attractivité socio-sexuelle d’une femme pour les hommes.

Selon le CDC américain [Center for Disease Control), lorsqu’elles sont interrogées de façon anonyme, les femmes entre 20 et 59 ans définissent l’historique de leurs relations sexuelles de la manière suivante :

HISTORIQUE

  • Salope: 15 partenaires et plus: 9.4%
  • Délurée: 7 à 14 partenaires: 21.3 %
  • Normale: 2 à 6 partenaires: 44.3 %
  • Chaste: 0 à 1 partenaires: 25 %

Toujours d’après le CDC, le nombre médian de partenaires sexuels pour une femme qui a atteint ce qui est aujourd’hui devenu l’âge normal du mariage (25-29 ans) est de quatre. Ce rapport montre également que l’historique des relations sexuelles constitue une variable adéquate pour prédire le statut marital futur: 30,8 % des femmes chastes sont mariées et 6,5 % sont divorcées tandis que 7,4 % des femmes « salopes » sont mariées et 19,1 % sont divorcées.

Note de 2024 : le fait qu’une femme « chaste » ait 41 % de chances en plus de se marier qu’une « salope » suggère fortement, sans le prouver, que ses chances de se marier à un homme de statut plus élevé sont également plus hautes, notamment en tenant compte ce qui devrait être une observation évidente, à savoir que ses standards et ses attentes ont plus de chance d’être plus élevés que plus bas.

Pour rester simple, je vais diviser les femmes en quatre catégories en fonction de leur beauté physique évaluée sur une échelle de 1 à 10 :

BEAUTÉ :

  • Barbie: 9-10: 2.5 %
  • Beauté: 7-8: 12.5 %
  • Jeanne: 4-6: 55 %
  • Coyote: 1-3: 30 %

La chose la plus importante à garder à l’esprit est que les hommes ont une approche très binaire des femmes. Ce qu’ils recherchent à court-terme n’est jamais ce qui est prioritaire pour eux à long terme. Pour une relation permanente, ce qui correspond à ce que j’imagine que les lecteurs de cet article recherchent, la plupart des hommes sont prêts à descendre d’un niveau sur l’échelle de la beauté pour en gagner un sur l’échelle de la chasteté, à l’exception peut-être des Alphas et des Sigmas qui placent un premium sur la beauté, probablement parce que la différence entre normale, délurée et salope n’est qu’un arrondi dans la longue liste de leurs conquêtes sexuelles, même s’il n’est jamais possible de prévoir la préférence d’un individu à l’échelle micro à partir de la moyenne macro.

Les cinq catégories féminines

  • Catégorie 1: Barbie chaste, Barbie normale, Beauté chaste
  • Catégorie 2 :Barbie délurée, Beauté normale, Jeanne chaste
  • Catégorie 3: Barbie salope, Beauté délurée, Jeanne normale
  • Catégorie 4: Beauté salope, Jeanne délurée, Coyote chaste
  • Catégorie 5: Jeanne salope, coyotes normaux, délurés et salopes

Cela explique la réaction négative de M. Indécis au récit de sa petite amie ainsi que la combinaison « femme sexy+mari qui ne ressemble à rien » qui n’a jamais cessé de rendre perplexes tant d’observateurs des relations humaines, quel que soit leur sexe.

M. Indécis croyait avoir conquis une Beauté normale mais celle-ci s’est révélée être une Beauté salope. La perception de la valeur de sa future femme a donc diminué en conséquence, au point où M. Indécis considère désormais mettre fin à la relation et refusera très probablement de l’épouser. Dans le cas de « femme sexy+mari qui ne ressemble à rien », il s’agit vraisemblablement d’un cas de femme dont la valeur « Beauté » a été réduite par son score « Chasteté », résultat conduisant à la faire descendre dans une catégorie plus basse.

Bien évidemment, il s’agit là de de règles générales fondées sur des statistiques auxquelles il peut toujours y avoir des exceptions individuelles. Mais cela explique pourquoi les stars du porno les plus sexys n’épousent que rarement des Alphas et pourquoi des femmes, proportionnellement moins séduisantes parviennent à épouser des hommes considérés comme très désirables comme Pierce Brosnan ou Denzel Washington.

Cela montre également le choix clair que les jeunes femmes doivent faire entre leurs instincts hypergamiques à court-terme et leurs perspectives de mariage à long terme. Et, selon moi, un des aspects les plus intéressants de tout ceci est la façon dont les femmes tendent à partager cette vision hiérarchique de leur propre sexe avec les autres hommes, tandis que les hommes considèrent souvent avec mépris l’Alpha bonimenteur et n’arrivent pas à comprendre pourquoi les femmes sont autant attirées par lui.

Note du traducteur

Une fois de plus, la science moderne ne fait que redécouvrir ce que la morale traditionnelle, renforcée et légitimée par la religion, avait compris de façon empirique, à savoir que la chasteté est une chose qui doit être préservée par la femme et valorisée par la société. À l’inverse, la libération sexuelle, opération d’ingénierie sociale mondialiste, participe de cette guerre hors-limite menée contre les peuples en contribuant notamment à la misère sexuelle, à la destruction de la famille et à l’effondrement de la natalité.

Pour aller plus loin :

Hiérarchie socio-sexuelle (SSH-Vox Day)

De la hiérarchie socio-sexuelle (Berton)

Sigma game (blog Vox Day)

De la libération sexuelle

De la guerre hors limite (Berton)

Femme à part (blog modestie chrétienne et féminité)

De la psychologie de Vladimir Poutine

Article publié par Vox Day le 22 janvier 2024 sous le titre original « SSH and geopolitics ».

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

L’un des aspects les plus bizarres de l’analyse par les médias occidentaux des événements géopolitiques actuels est l’accent qui est mis sur les personnalités et les caractéristiques des principaux acteurs engagés dans ce qui a été décrit au XIXe siècle comme le Grand Jeu. Encore plus étrange est le fait que les États-Unis et le Royaume-Uni semblent fonder leur stratégie militaire sur l’existence ou non de certaines personnes.

On peut penser ce que l’on veut de la situation actuelle en Ukraine, mais indépendamment des griefs des uns et des autres, il devrait être évident que ce qui suit ne constitue pas un plan viable pour remporter la victoire :

1) Déclarer que l’Ukraine est en train de gagner indépendamment de la réalité sur le champ de bataille

2) Supposer que ces déclarations conduiront à détruire la confiance du peuple russe envers Vladimir Poutine malgré une cote de popularité de 83 %

3) Supposer que ces chiffres sont faux et que la perte de confiance envers Vladimir Poutine conduira le peuple russe à se révolter contre le gouvernement russe

4) Supposer que la révolte du peuple russe chassera Vladimir Poutine du pouvoir

5) Victoire ?

Autrement dit, la totalité de la stratégie de l’Occident pour gagner la guerre en Ukraine dépend de la relation entre le président russe et le peuple russe. Ce qui, naturellement, pose la question de la nature de cette relation. Et la nature de cette relation repose largement sur le profil hiérarchique socio-sexuel (SSH) du chef de l’État russe et de son mode de fonctionnement.

Comme tous les autres chefs d’États, hommes comme femmes, Vladimir Poutine occupe la place d’alpha situationnel dans la hiérarchie politique. Mais cela ne fait pas de lui un alpha du point de vue de ses inclinations naturelles. Il suffit de constater la différence entre un véritable alpha comme Donald Trump et une jeune fêtarde écervelée de trente ans comme l’ancienne première ministre finlandaise Sanna Marin, pour comprendre que le statut situationnel ne permet pas nécessairement de déterminer le comportement.

Rôle situationnel : alpha. Profil SSH : non-applicable.

Dans ce cas, parmi les profils SSH, lequel correspond le mieux à Vladimir Poutine ? Un livre récent de Giuliano da Empoli, Le mage du Kremlin, livre un portrait psychologique extrêmement précis d’un homme que le protagoniste désigne comme « le tsar ». Intéressons-nous à quelque citations pertinentes tirées du livre.

« À l’Ouest, vos dirigeants sont comme des adolescents, ils ne peuvent pas supporter la solitude, ils veulent toujours être accompagnés. Ils donnent l’impression que s’ils devaient passer une journée entière dans une pièce sans la moindre compagnie, ils se dissoudraient dans l’atmosphère comme un courant d’air chaud. Le tsar, au contraire, vit et prospère dans la solitude. La contemplation est ce qui lui donne la force qui surprend tant de vos observateurs. »

« L’idéal du tsar ressemblerait davantage à un cimetière où il se tiendrait seul, debout, le seul survivant parmi tous ses ennemis et même ses amis, ses proches et ses enfants. »

« Le tsar n’était pas encore le tsar. Ses gestes ne manifestaient pas encore l’autorité inflexible qu’ils devraient acquérir par la suite et, bien que son regard possédait déjà une trace de la qualité minérale que nous y décelons aujourd’hui, elle était dissimulée par un effort conscient de la garder sous contrôle. Ceci étant dit, sa présence communiquait un sentiment de calme. »

« Durant la réunion, Poutine s’était comporté avec une impeccable courtoisie envers Boris. Il avait même manifesté de la déférence tandis qu’il écoutait les conseils de l’homme d’affaires. Et pourtant, quand Berezovsky s’adressa à lui avec sa familiarité habituelle, je crus déceler une trace d’irritation dans l’œil de Poutine. Et il y avait eu cette étincelle d’ironie à la fin quand Boris lui avait promis de le guider étape par étape. Comme si le chef du FSB considérait l’idée même de se laisser guider par cet homme hautement comique. »

Tout cela indique fortement un comportement sigma. Une preuve supplémentaire peut être trouvée dans la réponse faite par Poutine à la suggestion qu’il succède à l’alpha charismatique, Boris Eltsine, le président russe.

« Je t’entends Boris mais pourquoi penses-tu que je puisse être ce chef ? Je n’ai parlé en public que trois ou quatre fois et je peux te garantir que les résultats n’étaient pas brillants. J’ai vu le président en action un grand nombre de fois : il entre dans une pièce, comprend tout de suite la dynamique et une seconde et demie plus tard, tout le monde lui mange dans la main. Il les fait rire, il les fait pleurer, il établit une relation avec eux comme s’il s’était assis avec chacun d’entre eux à la table de leur cuisine. Même aujourd’hui, dans son état actuel, il peut encore le faire. Les gens le voient et ils sont émus. Je ne suis pas fait de ce bois-là. »

En plus des différents éléments politiques et psychologiques, il est également clair que Poutine jouit d’un statut sexuel élevé comme le prouve cette photo de l’ancienne gymnaste olympique qui est la mère de quatre de ses enfants, malgré le fait qu’elle ne soit pas sa femme.

Il apparaît comme évident que Vladimir Poutine est la définition parfaite du Sigma. Et les différences marquées et significatives entre des chefs alphas comme Trump et Eltsine et un chef sigma comme Poutine montrent clairement pourquoi il était nécessaire de créer le profil sigma en premier lieu. D’ailleurs, cela prouve même pourquoi la stratégie militaire de l’Occident pour gagner en Ukraine, en plus d’être mal conçue et stupide, était totalement inadaptée car l’idée qu’un effondrement de sa cote de confiance soit suffisant pour déstabiliser un chef politique suppose que la cible soit un alpha.

Chaque profil SSH comporte des formes très différentes de comportement et de motivation. Quiconque a déjà dû travailler avec un chef delta ou gamma est conscient de la façon dont leurs comportements varient de celui d’un chef alpha. Et les schémas comportementaux présents dans le monde de l’entreprise se retrouvent également dans les domaines politiques ou militaires car le comportement humain recouvre chaque facette de l’humanité et des relations humaines.

Plus la géopolitique, à tort ou à raison, reposera sur l’analyse d’individus spécifiques, plus elle devra prendre en compte les concepts issus de la hiérarchie socio-sexuelle.

Note du traducteur :

Il est logique que le concept de hiérarchie socio-sexuelle soit apparu dans le monde anglo-saxon. En effet, les sociétés anglo-saxonnes possèdent une tolérance plus élevée à l’idée d’inégalité naturelle entre les hommes (cf. Emmanuel Todd), ce qui, en conséquence, leur permet d’être moins formelles et hiérarchiques sur le plan social. À l’inverse, dans les sociétés latines, et particulièrement en France, cette difficulté à accepter et à penser l’inégalité naturelle se manifeste par un besoin fort de hiérarchie formelle pour marquer les différences de qualité comme de statut.

Cette grille d’analyse révèle pourquoi tout projet politique démocratique et égalitaire ne peut qu’échouer en France car le peuple français, pour compenser son aspiration égalitaire, a besoin d’une hiérarchie sociale visible, assumée et pouvant prendre différentes formes (titres, décorations, diplômes).

Cette grille de lecture permet de comprendre le succès de la franc-maçonnerie qui, avec ses grades, ses initiations et sa hiérarchie parallèle, satisfait parfaitement ce besoin psychologique fondamental du peuple français. Cela permet aussi de mieux saisir, à l’inverse, l’échec de la restauration catholique car, en France, l’égalitarisme chrétien doit être absolument tempéré par une hiérarchie formelle, comme cela était le cas avec la noblesse sous l’Ancien Régime. Pour finir, ce besoin de hiérarchie vient aussi éclairer le succès du catholicisme traditionnel, très respectueux des distinctions, notamment entre clercs et laïcs, entre hommes et femmes et entre le sacré et le profane.

En résumé, quel que soit le régime, la France et le peuple français ont besoin d’être structurés par une hiérarchie sociale visible et un système politico-social inégalitaire. En conséquence, tous ceux qui rêvent d’une démocratie directe et populaire où le pouvoir serait égalitairement partagé se bercent d’illusions et connaissent bien mal les Français.

“Tout Français désire bénéficier d’un ou plusieurs privilèges. C’est sa façon d’affirmer sa passion pour l’égalité.” Charles de Gaulle

Pour aller plus loin :

De la hiérarchie socio-sexuelle (concept original- Vox Day-anglais)

Sigma Game : blog sur les profils Sigma (Vox Day)

De la hiérarchie socio-sexuelle (Berton)

Du leadership (Berton)

Le mage du Kremlin (Gallimard)

De la hiérarchie socio-sexuelle

« Sur cent hommes, dix ne devraient pas être là, quatre-vingt ne sont que des cibles. Neuf sont de vrais combattants, et nous leur en sommes reconnaissants, car ils se battent. Mais un seul, un seul est un véritable guerrier et c’est lui qui ramène tous les autres à la maison. » Héraclite

L’une des conséquences les plus funestes du dogme de l’égalité se manifeste par son refus de reconnaître l’existence des hiérarchies naturelles. En effet, si tous les hommes sont égaux en dignité devant Dieu, le Créateur a distribué les talents et les aptitudes de façon différenciée et inégale afin que chacun puisse occuper la place qui lui revient au sein de l’ordre naturel divin. À l’inverse, la superstition de l’égalité vise à nier des différences pourtant réelles et observables avec pour conséquences funestes le rejet de l’autorité, la guerre de tous contre tous et pour finir, l’effondrement de l’ordre social.

Après plusieurs siècles de colonisation mentale par le dogme de l’égalité, force est de constater que la plupart des Occidentaux, y compris nombre de conservateurs, ont parfaitement intégré cet article de foi et se retrouvent aujourd’hui incapables de penser l’inégalité et de comprendre comment sa prise en compte est indispensable au bon fonctionnement de tout groupe humain. En réaction à cette idéologie progressiste qui prétend, au nom de l’égalité, nier toutes les différences entre les hommes, la dissidence américaine a forgé le concept de hiérarchie socio-sexuelle (social sexual hierarchy ou SSH en anglais).

Fondée sur l’expérience empirique plutôt que sur une théorie, cette taxonomie trouve son origine dans les observations « d’experts en séduction » (pick-up artists) tels que Roosh V. En effet, ceux-ci constatèrent un lien étroit entre le rapport aux femmes, la confiance en soi et la place de chaque homme au sein de la hiérarchie socio-sexuelle. En France, des observations similaires se retrouvent, sous une forme plus littéraire, dans les premiers romans de l’écrivain Michel Houellebecq comme « L’extension du domaine de la lutte » ou « Les particules élémentaires ».

La taxonomie SSH sera ensuite affinée et développée par Theodore Robert Beale, auteur et éditeur américain lié au mouvement alt-right et connu sous le nom de plume Vox Day. Selon Beale, le concept de hiérarchie socio-sexuelle « constitue une taxonomie fondée sur l’observation empirique et non l’invention ou la création. Les catégories représentent avant tout des modèles de comportements masculins dans des contextes sociaux. Elles ne correspondent pas nécessairement au statut ou au rang social. Elles ne s’appliquent pas aux animaux ou aux femmes et recouvrent les différents aspects du comportement humain, des relations intersexuelles aux sports d’équipes, en passant par le monde du travail ou les organisations sociales. »

D’après le modèle, développé par Beale et complété par mes propres observations, les profils comportementaux masculins sont les suivants :

Note : Par souci de concision, nous avons omis certaines sous-catégories et profils annexes que sont les bravos, les lambdas ou encore les zetas. Pour plus d’informations à ce sujet, nous invitons le lecteur à consulter les sources en fin d’article.

Alpha

L’alpha est un leader naturel. Il est dominant, charismatique et possède une grande confiance en lui. Il attire les femmes et les hommes cherchent à lui ressembler. L’alpha n’a pas peur de prendre des risques et ne redoute pas le conflit. Ultra-compétitif, c’est un perfectionniste qui cherche toujours à être le premier et à obtenir ce qu’il y a meilleur. Les alphas sont des extravertis qui ont besoin d’être au centre de l’attention. A ce titre, ils sont très sensibles au statut et aux marques de soumission comme de respect. Donald Trump, Jacques Chirac ou, dans la fiction, Tony Stark (Iron Man) constituent de parfaits exemples de mâles alphas. Si la plupart des femmes sont attirées par les alphas, peu de femmes occidentales modernes sont prêtes à accepter les exigences du mâle alpha et la soumission qu’il exige de sa partenaire.

Faiblesse :

L’alpha peut être vaniteux et superficiel. Sa quête du statut et son besoin d’être admiré peuvent le conduire à faire certaines compromissions et lui rendent parfois difficile l’adoption d’idées trop éloignées de l’opinion majoritaire. Son besoin de séduire les femmes et ses pulsions sexuelles peuvent également lui être préjudiciables.

Sigma

Le sigma est l’équivalent introverti de l’alpha. Bien que pouvant être un excellent chef, le sigma se comporte la plupart du temps en loup solitaire, indifférent au statut social et peu enclin au respect des hiérarchies. Farouchement indépendant et possédant une confiance en lui moins visible mais toute aussi importante que l’alpha, le sigma a besoin de se mettre à l’écart pour concevoir des plans à long-terme ou des innovations de rupture. Intelligent, audacieux et extrêmement rusé, le sigma a besoin d’être son propre patron et d’agir selon ses propres règles. Dans le domaine des relations, les sigmas ont généralement peu de vrais amis et privilégient les relations individuelles. Très à l’aise avec les femmes, le sigma séduit par son indépendance et son mystère mais éprouve des difficultés à s’engager. Charles de Gaulle, Napoléon, ou encore dans la fiction Sherlock Holmes ou Han Solo correspondent à des profils de leaders sigmas.

Faiblesse : Le refus des sigmas de jouer selon les règles peut les conduire à l’ostracisation ou à la marginalité dans un système qui n’est pas capable de gérer leur indépendance ou de tirer parti de leur singularité. Le peu d’intérêt porté aux normes et aux hiérarchies peut également devenir un handicap lorsqu’ils se retrouvent à devoir assumer les responsabilités de chef.

Note sur les alphas et les sigmas :

-les chefs alphas sont davantage plébiscités par les sociétés « simples », plus sensibles à l’expression visible de la puissance et de la confiance en soi et possédant un niveau de complexité sociale faible. À l’inverse, les chefs sigmas sont davantage prisés par les sociétés matures à fort niveau de complexité sociale.

-le christianisme est une croyance religieuse extrêmement structurante pour les alphas comme pour les sigmas. En effet, il vient discipliner les alphas dont les appétits et la vitalité peuvent devenir déréglés, entraînant le risque d’un préjudice pour eux-mêmes comme pour le groupe. Pour les sigmas, le christianisme peut légitimer, pour eux-mêmes comme pour la société, un rôle de chef qu’ils peuvent être réticents à assumer et, via les sacrements, les aider à s’engager sur le temps long.

-le système actuel est extrêmement toxique pour les alphas comme pour les sigmas. Au nom de la lutte contre la “masculinité toxique” et le “patriarcat”, il empêche les premiers de dominer et de jouer leur rôle de chefs. Les seconds voient leur singularité étouffée par le conformisme ambiant et leur volonté d’indépendance brimée par un contrôle social et technocratique de plus en plus étroit et intrusif.

Beta/Bravo

Le beta est l’éternel numéro 2, le fidèle lieutenant. Manquant de confiance en lui ou de charisme, le beta recherche la validation externe et n’est pas à l’aise avec le conflit ou la prise de risque. Les betas sont très loyaux et enclins à suivre les ordres ainsi qu’à respecter les hiérarchies. En conséquence, les betas font souvent de belles carrières et sont indispensables au bon fonctionnement d’une organisation. Sur le plan personnel, ce sont souvent des partenaires fiables et d’excellents pères de famille. Alain Juppé avec Jacques Chirac, Michel Debré avec Charles De Gaulle, Sam avec Frodon ou le Docteur Watson avec Sherlock Holmes (duo Beta/Sigma) sont de bons exemples de profils betas.

Faiblesse : Le destin du beta dépend de l’alpha avec lequel il se lie. Sous l’influence de ce dernier, le beta pourra être amené à bien ou mal agir. Un mauvais alpha pourra également être tenté de sacrifier son beta et le traiter comme un simple fusible. Pour une organisation, il est toujours catastrophique de mettre un beta à une place devant être occupée par un alpha ou un sigma.


Delta

Le delta est monsieur tout le monde. C’est un homme honnête et sérieux qui place sa valeur dans sa compétence et son travail. Peu séduisant et possédant une confiance en lui faible, il n’est pas à l’aise avec les femmes. Si un delta parvient à séduire une femme d’un statut supérieur, il se mettra à la vénérer ce qui pourra conduire celle-ci à le quitter. Beaucoup d’hommes qui pensent être des betas sont en réalité des deltas, ce qui n’est pas une mauvaise chose car un delta qui assume son statut possède tous les éléments pour mener une vie saine et contribuer utilement à la société.

Faiblesse : Les deltas ont besoin d’être respectés pour leur compétence et appréciés pour leur loyauté. Le rôle des alphas/sigmas et betas est d’encadrer les deltas, de fixer des objectifs stratégiques pour les premiers et opérationnels pour les seconds. Quand l’encadrement est défaillant ou corrompu, la passivité et la faible confiance en eux des deltas peuvent les conduire à être facilement exploités.

Notes sur les deltas et les betas :

– la plupart des femmes qui cherchent à se mettre en couple avec des alphas ou, plus rarement, des sigmas, seraient en réalité plus heureuses avec des betas ou des deltas. Par ailleurs, le travail des femmes et leur accès aux études supérieures contribuent à rendre difficiles leurs relations avec les betas/deltas, considérés de statut égal ou inférieur, tandis que leur indépendance et leur refus de la féminité traditionnelle conduit ces mêmes femmes à être également rejetées par les alphas/sigmas.

-la société actuelle représente un environnement extrêmement hostile et toxique pour les betas/deltas. Les modèles de réussite qui leur sont proposés par la publicité ou les médias leur sont inaccessibles. L’absence de véritables modèles, à commencer par celui du père, rend difficile leur construction en tant qu’hommes et enfin, la destruction des métiers productifs, la rentabilité à court terme et la multiplication des normes nuit à leur épanouissement professionnel. Pour finir, les avancées de la technologie (IA, automatisation, robotique) les poussent être considérés par les mondialistes malthusiens comme des « inutiles ».

-en insistant sur l’égale dignité des hommes devant Dieu, le christianisme contribue à protéger les betas/deltas des excès des alphas et des sigmas. À bien des égards, les betas et les deltas sont ceux qui ont le plus à perdre de la déchristianisation de la société, de la destruction de l’État, de la 4ème Révolution industrielle et de la mise en concurrence généralisée.

Oméga

L’oméga est l’exact opposé de l’alpha. C’est un paria que tout le monde évite. Contrairement aux gammas, l’oméga n’est pas manipulateur ou malhonnête mais il est en revanche totalement dépourvu de compétences sociales. S’il se prend de passion pour un sujet, l’oméga peut s’y consacrer de façon obsessionnelle. En conséquence, les omégas font d’excellents techniciens dans des domaines très spécifiques tels que l’informatique et tous ceux où les relations humaines et sociales peuvent être réduites au minimum. Sur le plan relationnel, l’oméga évolue souvent au sein d’un autre groupe d’omégas de type geeks ou nerds. Pour peu qu’il soit bien encadré ou incité à se prendre en main, notamment en travaillant sur son apparence physique et son hygiène, l’oméga peut, au prix de beaucoup d’efforts, améliorer sa situation pour devenir un delta.

Faiblesse : L’oméga peut facilement tomber dans la marginalité ou la délinquance. Ses tendances obsessionnelles ou asociales peuvent être exploitées par des manipulateurs ou des criminels. À force d’être rejeté par la société ou les femmes, l’oméga peut les rejeter en retour (phénomène incels).


Gamma

Le gamma est une personnalité hautement toxique. Obsessionnel, manipulateur et de mauvaise foi, le gamma est convaincu de posséder une intelligence supérieure qui lui donne le droit de régner en monarque absolu sur l’univers tout entier, à commencer par les alphas, les betas et même les sigmas. Le grand drame du gamma est de ne pas comprendre pourquoi le monde entier ne reconnaît pas son génie, à commencer par les femmes qui devraient toutes être à ses pieds. Incapable de reconnaître ses erreurs ou d’évaluer avec lucidité son rang dans la hiérarchie socio-sexuelle, le gamma est un être aigri, égoïste et souvent prisonnier d’une spirale d’échec fondée sur le mensonge. C’est chez les gammas que l’on retrouve les escrocs, les pervers narcissiques, les manipulateurs, les « fact-checkers » et les militants « progressistes ».

Notes sur les gammas :

-le gamma pullule sur les réseaux sociaux. Que ce soit, sur le Covid, la géopolitique, l’économie, la religion, le gamma a toujours réponse à tout et se croit légitime pour parler d’égal à égal avec de vrais experts qui sont souvent des alphas, des sigmas ou même des betas.

-en Occident, les études supérieures sont une véritable machine à fabriquer des gammas convaincus qu’ils sont des alphas. Dans un article traduit par nos soins, le philosophe et trader Nassim Nicholas Taleb a dressé le portrait de ces Intellectuels-Mais-Idiots.

-l’expérience enseigne qu’il est impossible d’avoir une relation ou un échange constructif avec un gamma. La seule solution consiste à le neutraliser. Dans une entreprise, il faut le virer. Dans un groupe, il faut le chasser. Sur les réseaux sociaux, il faut le bloquer. Inutile de chercher à discuter. Comme le dit très sagement Vox Day « Gamma’s gonna gamma » (le gamma va faire son gamma).

-la seule chance de salut pour un gamma consiste à reconnaître sa nature, à faire pénitence et à reprendre avec humilité et constance le long chemin qui le conduira, aux prix de grands efforts, à devenir un delta et, plus rarement, un beta.

Il est évident que la classification que vous venons de présenter n’a pas la prétention de saisir toutes les nuances de la personnalité d’un individu mais vise simplement à dégager une tendance psychologique dominante. Notons également que cette classification comporte une dimension dynamique : un alpha peut chuter et devenir un gamma s’il se met à mentir aux autres comme à lui-même. À l’inverse, un delta peut devenir un beta en acceptant des responsabilités et en mettant ses compétences au service d’une organisation. Précisons également que le concept de hiérarchie socio-sexuelle n’a pas pour but de dévaloriser les hommes ou de les enfermer dans des représentations figées mais, au contraire, de leur proposer un cadre conceptuel leur permettant non pas tant d’identifier leur propre place au sein de la hiérarchie mais celle des autres hommes et de prévoir en conséquence leur comportement.

À ce titre, la taxonomie SSH constitue un outil très utile pour tous ceux chargés de gérer des groupes masculins : dirigeants politiques, officiers, chefs d’entreprises, recruteurs, entraîneurs sportifs, coachs etc. La reconnaissance des différents profils du modèle SSH est d’autant plus importantes que des moyens colossaux sont aujourd’hui mise en œuvre pour détruire la masculinité ainsi que la capacité d’action et d’organisation des hommes. Que ce soit via l’éducation, les normes sociales, la culture d’entreprise ou encore la propagande médiatique, nous assistons en effet à une convergence de facteurs visant à :

  • neutraliser les alphas au nom de la lutte contre la « masculinité toxique »
  • rendre fous les sigmas via un discours qui prône « le respect des différences » en paroles mais impose le plus étouffant des conformismes en actes
  • priver les betas de modèles positifs à suivre ou à imiter
  • éliminer les deltas rendus inutiles par les avancées techniques (robotisation, IA, automatisation)
  • retourner les tendances obsessionnelles des omégas contre la société (wokisme, incels)
  • produire en masse des gammas via les études supérieures ou l’idéologie « progressiste ».

Contre ce phénomène de fond qui ne peut que conduire à l’effondrement de la civilisation occidentale, le modèle SSH vise au contraire à donner aux hommes les outils leur permettant de penser les hiérarchies naturelles et d’utiliser ces connaissances pour bâtir une société et des organisations solides et efficaces selon le schéma suivant :

  • un alpha ou un sigma pour diriger
  • des sigmas pour penser long-terme/stratégie et produire des innovations de rupture
  • des betas pour seconder l’alpha/sigma
  • des deltas qui sont encadrés et guidés au niveau opérationnel par les betas et au niveau stratégique par des alphas/sigmas
  • des omégas centrés sur leurs domaines de compétences et dont les tendances asociales sont gérées
  • des gammas rapidement identifiés et neutralisés

À l’heure où notre pays et notre civilisation se trouvent en danger de mort, il est capital que les hommes puissent jouer leur rôle, c’est à dire exercer l’autorité, fixer des limites, protéger les plus faibles et neutraliser les menaces. Ce combat commence par se libérer du poison mental de l’égalité, fruit des dogmes et des superstitions des Lumières, pour ensuite comprendre que le véritable combat politique dépasse de loin la simple question électorale et concerne les rapports entre les sexes, la corruption de la connaissance par l’idéologie et enfin, la définition des valeurs religieuses sur lesquelles est fondée toute société. Pour finir, ajoutons que toute hiérarchie sociale ne peut être stable, féconde et légitime que si celle-ci se trouve fondée sur la vision chrétienne qui reconnaît aux hommes une égale dignité devant Dieu et soumet ceux placés au sommet de la hiérarchie sous l’autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ et dans la crainte de Son Jugement.

Pour aller plus loin :

Du leadership (Essais- Vol I)

Des organisations (Essais- Vol I)

De l’égalité (Essais- Vol I)

Taxonomie SSH (anglais)

Personnalités socio-sexuelles (anglais)

SSH Vox Day

L’esprit familial (Durain/Delassus)

Du féminisme

Extraits de l’article publié sur le blog Matt’s Musings le 26 mai 2022 sous le titre « The Transgender Origins of Feminism »

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

“Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel, ton Dieu.”

Deutéronome 22 :5

Il y a quelque chose d’intéressant dans la folie qui s’est emparée du mouvement féministe. Nous assistons à un combat pour son contrôle. Qui sont les combattants ? Si les femmes se trouvent d’un côté du ring, qui se trouve à l’autre bout ? Des hommes habillés en femmes. Une situation qui, pour de nombreuses personnes, est aussi déroutante qu’étonnante.

Les débats sur les questions de genre ont longtemps porté sur les minorités considérées comme les plus discriminées et il ne s’agit désormais plus des femmes, ou même des femmes de couleur, mais des hommes qui veulent s’identifier à des femmes. Cela a conduit à un schisme au sein du mouvement féministe car nous avons désormais des hommes qui veulent des droits pour les femmes mais qui font ces revendications en tant que « femmes ». Les femmes devraient elles considérer la volonté de ces hommes d’être protégés en tant que femmes comme légitime ? Où devraient elles rechigner à partager leurs lieux de vie et leurs combats avec des personnes nées avec un pénis ? Où le féminisme doit-il s’arrêter ?

Ces débats furent mis sur le devant de la scène lors de l’audition visant à confirmer Kentanji Brown Jackson au poste de juge de la Cour Suprême des États-Unis, quand Mme Brown Jackson donna une réponse étonnante à ce qui aurait dû être une question simple. Elle affirma en effet qu’elle ne pouvait pas définir ce qu’était une femme car elle n’était pas « une biologiste ». Cela est de toute évidence absurde, ma fille de quatre ans pourrait donner une réponse immédiate à cette question. Mais tel est le dilemme auquel le féminisme intersectionnel et une large partie de la gauche se trouve confrontés.

[…]

Vous entendrez parfois certains chrétiens évangélistes affirmer que le féminisme est un mouvement inspiré par l’Évangile. J’ai démontré en détail la fausseté de cette affirmation. Les premiers mouvements féministes « évangélistes » rejetaient les enseignements bibliques sur le genre. Mais à travers cet article, je voudrais montrer quelque chose dont la plupart des gens n’ont absolument pas conscience, à savoir que le phénomène transgenre fait partie intégrale du mouvement féministe depuis ses origines. J’apporterai la démonstration historique de ce fait dans quelque instants mais commençons par étudier la signification exacte du terme « transgenre ». Celui-ci signifie « un état ou une condition dans laquelle l’identité de la personne ne se conforme pas aux idées conventionnelles concernant le genre masculin ou féminin. » En d’autres termes, cela signifie transgresser toutes les barrières liées au sexe.

La plupart des activistes trans admettent la réalité biologique des différences sexuelles mais affirment que le genre est une donnée de votre identité ou dépend de la façon dont vous vous sentez vis-à-vis de la représentation de votre genre. Vous pouvez être biologiquement mâle mais psychologiquement femelle ou vice versa. L’essence du combat des activistes trans vise à faire éclater les barrières liées au genre, ce qui est exactement ce que cherchent également à faire les féministes. Ces dernières font souvent référence au concept de « plafond de verre » selon lequel là où les hommes sont allés, les femmes devraient et vont aussi aller, même si cela se produit cent cinquante ans après les hommes.

Par conséquent, si les féministes veulent transgresser les barrières liées au sexe peut-on trouver un lien entre la genèse du mouvement féministe et l’idéologie transgenre ? Oui, on le peut et Per Faxneld l’a documenté dans un livre important « Le féminisme satanique : Lucifer présenté comme libérateur des femmes dans la littérature du XIXe siècle » (Satanic Feminism: Lucifer as Liberator of Woman in Nineteenth-Century Literature).  

J’ai déjà présenté à plusieurs reprises les liens fondamentaux entre les idées lucifériennes et la genèse du mouvement féministe et je ne reviendrai donc pas ici sur ce sujet. Il suffit de rappeler que les proto et primo-féministes réinterprètent les actions du diable dans la Genèse. Au lieu de voir le serpent comme celui qui trompe la femme, laquelle donne ensuite le fruit défendu à son mari, elles choisissent d’interpréter cet événement comme la libération de la femme de sa « servitude » envers l’homme et Dieu, c’est-à-dire le « patriarcat ». Voilà d’où sort l’idée de renverser le patriarcat. Dans le cadre de cet article, soulignons que cela signifie que les premières féministes présentent Lucifer ou le diable comme leur libérateur plutôt que comme leur ennemi.  Dans la théologie chrétienne, c’est un truisme que de dire que les gens se conforment à l’image des dieux qu’ils vénèrent et dont ils acceptent les commandements. Quelle est donc l’image du diable ?

D’un point de vue conceptuel, les gens ont tendance à considérer le diable comme masculin. Il est le méchant ultime, un très vilain monsieur. La plupart des théologiens ont traditionnellement représenté le diable comme un homme, ou comme une figure masculine et l’ont désigné par le pronom « il ». Cependant, comme le note Faxneld, ce choix ne fait pas l’unanimité. Étant donné que le diable est un ange, cela signifie qu’il n’est pas tenu de se conformer aux règles sexuelles qui s’appliquent aux hommes et aux femmes. La tradition théologique chrétienne n’impose pas un sexe particulier au diable et reconnaît d’ailleurs que les démons peuvent choisir de prendre la forme de n’importe quel sexe.   

[…]

Dans de nombreuses représentations médiévales ou prémodernes, le diable est représenté comme un “monstre hermaphrodite”. Les démons sont considérés comme des créatures ontologiquement instables qui transgressent les frontières entre les sexes et les espèces. « La transgression de genre est considéré comme l’expression d’une volonté blasphématoire de défier toute catégorisation naturelle par Lucifer et ses démons. » note Faxneld avant de partager d’horribles représentations du Diable par des artistes prémodernes.

Comme vous pouvez le voir, il était courant de représenter visuellement le diable et les démons comme des êtres fondamentalement instables ne respectant aucune limite, d’ordre sexuel ou naturel. Le diable est l’entité transgressive ultime, ce qui est également une bonne description du mal lui-même. L’action mauvaise se manifeste à travers le désir et l’intention de transgresser les limites fixées par Dieu. D’ailleurs, l’un des mots utilisés dans la Bible pour le péché est « transgression », qui signifie littéralement transgresser les limites de ce que Dieu affirme être bon. Le mal cherche fondamentalement à transgresser toutes les bonnes limites fixées par Dieu.

Non seulement le diable était décrit comme un être transgressif mais il était aussi représenté ou conceptualisé comme une femme ou une femme-serpent. Par exemple, dans le livre d’éducation chrétienne,  « Livre pour l’enseignement de ses filles » (1371-1372) ; l’auteur écrit : « Geoffroy tentait de faire pénétrer dans l’esprit de ses filles l’idée que les femmes doivent s’en remettre à leurs pères et à leurs maris dans toutes les affaires, sauf celles concernant la gestion du foyer, utilisant pour cela l’exemple d’Eve qui viola cette règle en conversant avec le serpent qui selon l’histoire avait la partie droite du visage semblable à celle d’une femme »

Étant donné que nous avons l’habitude de le représenter en homme, cela peut nous sembler étrange de voir Satan sous les traits d’une femme mais il s’agit là d’une représentation courante tout au long de l’histoire de l’Église. « Une représentation plus directe du Satan féminin peut être couramment trouvée sous la forme du serpent du jardin d’Éden possédant une tête de femme, avec même parfois une poitrine de femme sur son corps de reptile. Il est difficile d’établir avec précision la date d’apparition de la notion de serpent féminin mais les traductions les plus anciennes de la Bible en latin utilisent le mot « serpens », qui est féminin.

[…]

Il est intéressant de voir le diable représenté en tant que femme mais rappelons une fois de plus que le diable n’est ni homme, ni femme, Satan est un être spirituellement déchu. Le diable se trouve par sa nature même dans une autre catégorie. Même si vous voulez défendre l’idée que les Évangiles tendent à le présenter comme une figure masculine, notez bien que le fait qu’il transgresse toutes les limites participe à sa rébellion contre l’ordre crée par Dieu et participe à son rôle de « Prince des Ténèbres ».

L’image la plus célèbre représentant la nature transgenre du diable est celle de Baphomet. Baphomet est une créature hermaphrodite et  constitue une des représentations les plus utilisées au cours du siècle dernier pour symboliser Satan. La première représentation visuelle de Baphomet fut conçue par l’occultiste français Éliphas Lévi  dans son livre  « Dogme et rituel de la haute magie (1855).

Notez que nous ne cherchons pas ici à définir précisément comment la Bible décrit le sexe du diable. Notre objectif est de montrer que la théologie chrétienne a toujours présenté le diable comme un être qui transgresse toutes les limites, et comment cela a inspiré les premières féministes qui se sont emparées de cette idée pour ensuite la faire fructifier. C’est ainsi que cette créature transgenre fut transformée en libérateur des femmes. 

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La rébellion contre les limites liées au sexe telles qu’enseignées par la Bible et appliquées dans les sociétés occidentales constitue l’acte fondateur du féminisme. Personne ne nie réellement cet état de fait mais la plupart des gens n’ont pas conscience des implications de la conception biblique du monde. Ils ne comprennent pas que le rejet de cette conception libère les forces de Satan et les déchaîne sur la société.

Les proto et primo-féministes cherchaient à briser toutes les barrières concernant la représentation des femmes aussi bien dans la vie publique que dans la fiction. Percy Bysshe Shelley (1792-1822), gendre de la première philosophe féministe, Mary Wollstonecraft, constitue un exemple de cette tendance. Dans son livre, Revolt of Islam, dédié à Mary Shelley, fille de Mary Wollstonecraft et William Godwin [NdT : également auteur du roman « Frankenstein ou le Prométhée moderne »], Shelley incorpore les idées féministes de Wollstonecraft et les conceptions sataniques de Godwin pour présenter à la face du monde un héros transgressant les notions de sexe et de genre, Cyntha.

Le poème est truffé de références sataniques évidentes. La première partie raconte l’histoire d’une femme qui vient en aide à un serpent déchu désigné sous le nom « d’étoile du matin » qui fut jeté à terre après avoir été battu par un aigle représentant ce que les gens appellent le « Bon Dieu ». Dans le texte de Shelley, le « Bon Dieu » est le grand méchant de l’histoire.

« Ce monstre est le créateur de la mort, des tremblements de terre, des épidémies et ainsi de suite. Son ennemi, le serpent, est le bienfaiteur de l’humanité et l’ennemi de tous les oppresseurs. Lorsqu’il pourra à nouveau reprendre son combat contre Dieu, les trônes trembleront et les multitudes terrestres, immenses et foulées au pied, commenceront à réaliser l’ampleur de son pouvoir. »

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Les intentions de Shelley sont claires. Dans The Revolt of Islam, Shelley tente de créer un contre-récit féministe visant à manifester l’existence d’une opposition idéologique à la conception chrétienne des différences entre les sexes majoritaire à l’époque de la rédaction du livre. Le but de Shelley, en tant que défenseur du féminisme, tout comme ses beaux-parents, était de présenter Dieu et le patriarcat ordonné par Dieu comme une force d’oppression et d’encourager les femmes à prendre conscience de leur capacité à détruire les limites liées au sexe et au genre.

Selon Faxneld, « Le satanisme révolutionnaire de Shelley se combine à ce qui peut être, sans trop d’hésitation, qualifié d’idéal féministe. Cela est d’autant plus visible quand, par exemple, Cyntha, endosse un rôle typiquement masculin et charge, épée à la main, sur son destrier noir, pour sauver son frère. Shelley avait une vision utopique des distinctions entre les sexes, des « distinctions détestables » destinées à être « certainement abolies dans un état futur des choses ».

« Des distinctions détestables » ? Shelley appelle ouvertement et explicitement à la création d’une société féministe future dans laquelle les différences liées au sexe seront considérées comme mauvaises et en conséquence, entièrement abolies. Cela nous rappelle-t-il quelque chose ? Ce n’est pas un hasard si cette conception a été inspirée par des idées lucifériennes car nous avons montré comment les théologiens chrétiens et les premiers féministes considéraient Satan comme un être transgressant les limites liées au sexe et au genre.

Les chrétiens essaient parfois de défendre l’idée selon laquelle la recherche de l’égalité dans la société serait le résultat de l’influence biblique. Une chose est sûre : la Bible ne prêche pas l’égalité. Les critiques de la Bible comprennent cela clairement, à commencer par Faxneld et les féministes.

« Aux premiers temps de l’Église, le statut de la femme fit l’objet de longs débats. Si l’on s’en réfère aux textes, il est facile de trouver des passages qui viennent soutenir la notion de subordination des femmes tels que 1 Timothée 2 :11-15  mais aussi Tite 2:3-5, Éphésiens 5 :22-23, Colossiens 3 :18 et 1 Corinthiens 14 :34-36. Des phrases comme « femmes, soyez soumises à vos maris comme vous l’êtes envers le Seigneur » (Éphésiens 5 :22) et la façon dont elles ont été mises au service de la vision patriarcale permettent de mieux comprendre pourquoi certaines féministes viendront à considérer Dieu comme le protecteur du patriarcat (et occasionnellement, Satan comme un allié dans le combat contre ce dernier). »

La Bible est clairement patriarcale, dans le sens où elle soutient le leadership des hommes et rejette la prétention à l’égalité. À cause de cela, l’approche féministe de la Bible a oscillé entre un rejet pur et simple, à un rejet sous prétexte de détournement de sens, et dans les cercles « évangélistes » modernes, à expliquer que ces conceptions sont culturellement obsolètes, sans importance ou dépassées. De leur côté, Shelley et les autres féministes sataniques, ont tenté de subvertir le texte et de réinterpréter des récits comme celui de la Genèse en présentant Satan comme le libérateur de la femme.

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Cyntha n’est pas radicale dans notre monde moderne mais elle l’était dans celui de Shelley et ainsi que dans le nôtre, il n’y a pas si longtemps que cela. L’idée d’un soldat féminin chargeant les lignes ennemies était ridicule à l’époque et devrait toujours l’être aujourd’hui. Mais dès l’origine, le but du féminisme était de subvertir les normes et les limites liées au sexe et c’est précisément ce qu’ont accompli les féministes. Au cœur de l’idéologie féministe se trouve l’idée que toutes les distinctions liées au sexe sont des chaînes dont il faut se libérer. Par essence, le féminisme EST transgenre.

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Montrer dans l’espace public des femmes transgressives habillées en hommes était une technique habituelle aux débuts du mouvement féministe car leur objectif a toujours été de détruire toutes les différences entre les sexes. C’est l’essence même du féminisme dans sa notion la plus pure et la plus historique : les distinctions entre les sexes sont arbitraires et doivent à terme disparaître. Les choses ont-elles vraiment changé aujourd’hui ? Existe-t-il des limites que les mouvements féministes modernes considèrent comme sacrées ?

Par conséquent, nous voyons que le conflit actuel entre les activistes féministes et transgenres ne découle pas d’une corruption du mouvement féministe ou de quelque chose d’étranger au mouvement. Il s’agit tout simplement de la conclusion logique des buts premiers du féminisme. Rien de tout cela n’est nouveau, tout était là dès l’origine.

Notes du traducteur:

1) Le phénomène transgenre s’inscrit pleinement dans le projet mondialiste. Il permet en effet de développer l’indifférenciation, d’utiliser la défense des droits de l’individu et des minorités pour imposer leurs lois à la majorité tout en normalisant le pathologique et enfin, de détruire toute notion de réalité objective, y compris biologique, pour faire de l’individu le créateur de sa propre norme.

2) Le phénomène transgenre ne peut être pleinement compris qu’en tant que marque et signe d’appartenance à la religion luciférienne dont le mondialisme constitue l’expression politique. De nombreux décideurs économiques, politiques et financiers dissimulent une identité transgenre et l’étude attentive de l’anatomie ou de la physionomie se révèle souvent riche en surprises…

3) En France, la personne de Sainte Jeanne d’Arc semble, en apparence, transgresser les distinctions entre les sexes (ce sera d’ailleurs un argument utilisé par ses bourreaux pour justifier sa condamnation). Pour éviter toute équivoque ou subversion de cette sainte figure, il convient de noter que si Jeanne prend les habits d’homme pour guerroyer, c’est d’une part pour respecter l’ordre naturel des choses (pour faire la guerre, il faut ressembler à un homme) et d’autre part, pour obéir à la volonté de Dieu. La transgression temporaire de Jeanne ne se fait pas au nom de sa liberté ou de son émancipation personnelle mais dans un esprit de service et d’abandon à une volonté supérieure. Là où Satan et ses acolytes refusent de servir (non serviam), les soldats du Christ obéissent et servent.

Pour aller plus loin:

L’homme tue et la femme rend fou, Philippe de Vulpillières

Yin- l’Occident comme cunnicratie, Modeste Schwartz

Ce sang qui nous lie- vers le matriarcat, Sylvain Durain

Où en sont-elles, Emmanuel Todd

L’esprit familial, Monseigneur Delassus/Sylvain Durain

De la pathocratie

Ignoti nulla est curatio morbi

(Nul ne peut traiter une maladie qu’il ne comprend pas)

Confrontés aux problèmes ainsi qu’aux aberrations de nos sociétés contemporaines, la plupart des citoyens attribuent les mauvaises décisions et les comportements néfastes de leurs dirigeants à l’incompétence, à l’ignorance ou à la bêtise. Malheureusement, la nature réelle des problèmes est toute autre et sans possibilité de comprendre leur cause, comment espérer pouvoir les résoudre ?   

Pour comprendre la nature de ce mal qui frappe nos sociétés, il est nécessaire de faire appel à une discipline très peu connue développée par un collectif de psychologues et psychiatres polonais durant l’occupation de leurs pays : la ponérologie, c’est-à-dire l’étude du mal d’un point de vue biologique et psychopathologique.

Pour simplifier, l’idée maîtresse de cette discipline est qu’il est possible de comprendre le mal en étudiant les facteurs cliniques et psychopathologiques rendant possible son émergence. Selon les études menées par les ponérologues, il existerait au sein de chaque groupe humain, une catégorie de personnes, de l’ordre de 0.6% à 1% de la population totale, marquées, soit par l’effet de lésions cérébrales, soit par un facteur héréditaire et génétique qui reste à identifier, par des troubles de la personnalités graves, notamment la psychopathie, au sens clinique et non commun du terme.

Le trait le plus saillant de la psychopathie et des caractéropathies associées est l’absence totale d’empathie, l’incapacité à éprouver des remords et plus généralement un monde de fonctionnement émotionnel totalement déviant et anormal. Pour reprendre une analogie souvent utilisée par les ponérologues, tout comme un daltonien est incapable de distinguer le rouge du vert, un psychopathe est incapable de faire la distinction entre ce qui est moral et ce qui ne l’est pas. Au mieux, il pourra comprendre, par l’expérience et l’observation, que certains comportements ne sont pas acceptables socialement et comprendra bien vite la nécessité de cacher sa nature « réelle » au gens normaux derrière ce que des psychologues ont appelé le « masque de santé mentale » (mask of sanity).

Dans une société saine, les psychopathes sont obligés de faire « profil bas » et concentrent l’essentiel de leurs efforts à ne pas être détectés par les gens normaux. Néanmoins, il arrive que dans l’histoire d’une société ou d’un groupe social, des événements particuliers, une crise grave, par exemple, ouvrent une fenêtre d’opportunité dans laquelle cette minorité de psychopathes va s’engouffrer. S’appuyant le plus souvent sur une idéologie révolutionnaire, les psychopathes vont utiliser cette dernière, à la fois comme prétexte pour laisser libre cours à leur véritable nature, mais également comme moyen de prendre progressivement le contrôle de la société et d’exercer sur celle-ci une influence de plus en plus grande.

Historiquement, il est possible d’identifier à la fois la ponérogénèse et sa dynamique : une minorité de psychopathes (1% de la population) gagne en influence et attire à elle des individus (6 à 10% de la population) qui ne sont pas des psychopathes essentiels mais qui souffrent d’autres formes de troubles de la personnalité et qui, pour des raisons qui restent à déterminer, s’avèrent, particulièrement sensibles à l’influence et à la fascination exercées par les psychopathes. Ce groupe, composé des psychopathes et de leurs « disciples », va voir son influence sociale et politique grandir jusqu’à agréger à lui, dans la première phase du processus, des gens normaux séduits par l’idéologie utilisée comme prétexte par le groupe de déviants pour exprimer sa pathologie. Dans la majorité des cas, ces groupes de gens sains finiront, à terme, par prendre conscience de la trahison des psychopathes et estimeront que la cause originelle pour laquelle ils se battaient a été trahie ou pervertie par ces derniers.

En attendant d’arriver à ce stade, le processus de prise de contrôle de la société par la minorité de psychopathes se poursuit et une fois celui-ci terminé, la société s’est transformée en ce que la ponérologie appelle une pathocratie, c’est-à-dire une société dans laquelle tous les leviers de l’influence et du pouvoir sont contrôlés par une minorité de caractéropathes souffrant de psychopathologies graves dont l’influence va se faire sentir sur l’ensemble du corps social et menacer à terme sa survie.

Sous le régime d’une pathocratie, les gens restés sains et normaux vont progressivement sentir, de façon confuse, que « quelque chose ne va pas », que la situation n’est pas « normale » sans pour autant être capable de le mettre le doigt sur la nature exacte du problème. Cette prise de conscience est rendue d’autant plus difficile par le fait que les psychopathes ont parfaitement conscience de la nécessité absolue de cacher leur nature réelle à une population majoritairement composée de gens normaux, population dont la coopération est de surcroît nécessaire pour faire « tourner la boutique » car compte tenu de leurs pathologies, les caractéropathes sont totalement incapables de créer ou de gérer correctement quoi que ce soit.

Malheureusement, l’action de la pathocratie ne se limite pas à un rôle de « parasite » sur le corps social. Peu à peu, les idées et les comportements déviants de « l’élite » pathocrate  vont être diffusés et absorbés par le corps social qui va, à son insu, modifier sa vision du monde pour adopter celle des psychopathes qui le dirige. Ainsi, les citoyens normaux vont progressivement modifier leur perception du monde et leur sens des valeurs pour s’adapter à la vision déviante des pathocrates  tout en ressentant plus ou moins consciemment une tension entre la nouvelle hiérarchie de valeurs et un héritage moral et culturel demeuré sain, une tension psychologique conduisant le plus souvent au développement de névroses au sein de la population.

Tout en modifiant  l’état d’esprit et les valeurs de la société qu’ils parasitent, les pathocrates vont, dans le même temps, utiliser tous les moyens à leur disposition pour neutraliser les gens sains d’esprit qui seraient en mesure de déchirer le voile du mensonge  et de révéler à la majorité de la population l’influence délétère et destructrice de ses nouveaux maîtres. En pathocratie, tout ce qui est sain doit être détruit ou neutralisé et les pathocrates utilisent systématiquement des techniques de manipulation psychologique comme l’inversion ou la projection pour faire passer comme dangereuses ou immorales les idées des individus restés sains. Comme ont pu le constater les pionniers de la ponérologie eux-mêmes, la psychologie et la psychiatrie font l’objet d’un contrôle étroit  par les pathocrates, à la fois pour neutraliser les opposants au régime (hospitalisation forcée)  mais aussi pour empêcher la diffusion de travaux susceptibles de révéler le caractère pathologique de la minorité dirigeante.

D’après les études menées par les ponérologues, dans un système pathocratique, plus un individu est talentueux et équilibré sur le plan psychique, plus sa participation à la société va devenir  progressivement difficile, voire totalement impossible. Passé un certain seuil, les individus les plus sensibles à la dérive pathocratique n’ont plus d’autre choix que de s’exiler ou de rompre tous les liens qui les unissent à la société pour entrer dans la marginalité, des choix et des attitudes adoptés aussi bien par les dissidents de l’époque soviétique que par les occidentaux fuyant les États où se met en place le totalitarisme progressiste.

Une fois que la société a terminé sa transition vers un régime pathocratique complet, elle se trouve structurellement confrontée aux problèmes suivants : d’une part, l’incapacité des psychopathes à gérer efficacement le système social et politique dont ils ont pris le contrôle, compte tenu des traits psychologiques qui les caractérisent, conduit mécaniquement celui-ci à l’effondrement. D’autre part, la majorité des gens normaux prend peu à peu conscience de la nature de la pathocratie, apprend à décrypter ses mensonges et son double langage et prend conscience de la nature parasitaire de la classe dirigeante des pathocrates.

Cette dynamique peut conduire certains à penser que pour se débarrasser d’une pathocratie, il suffit de laisser les choses suivre leur cours et d’attendre l’effondrement du système pour chasser les pathocrates du pouvoir et les remplacer par une nouvelle élite de gens normaux. Cette analyse méconnait le fait que compte tenu de leur nature déviante et de leur incapacité à vivre et à prospérer dans une société normale, la conservation de leur pouvoir constitue pour les pathocrates une question de vie ou de mort et qu’en cas d’incapacité à atteindre cet objectif, ils peuvent être prêts à emporter toute la société avec eux dans la tombe. Il est donc nécessaire de comprendre que la lutte contre la pathocratie est une lutte à mort contre un ennemi déterminé à conserver coûte que coûte un pouvoir qui constitue la seule et unique garantie de son existence et de sa survie.

Développés à l’origine dans le cadre de l’ancienne URSS, les concepts de pathocratie et de ponérologie peuvent être parfaitement appliqués à nos sociétés occidentales contemporaines. Aujourd’hui, l’idéologie remplaciste ou  progressiste a remplacé le communisme mais le mode de fonctionnement et les méthodes sont restées les mêmes : négation de la réalité du grand remplacement des peuples historiques, minimisation de l’explosion de l’insécurité et des violences, destruction des héritages culturels et historiques nationaux, manipulation des masses par les médias, normalisation des comportements déviants, promotion d’une conception sociale pathologique fondée sur l’individualisme, l’égoïsme et la violence, persécution de tous les résistants et plus généralement, processus de destruction systématique des nations occidentales ne pouvant à terme que conduire à leur effondrement.

Trop souvent, notre condamnation des comportements et des dérives pathocratiques se place sur un plan uniquement moral.  Bien que justifiée, cette tendance empêche de comprendre les facteurs, notamment psychopathologiques, qui conduisent à l’éclosion du mal dans une société. L’immense mérite de la ponérologie est d’avoir développé une grille d’analyse conceptuelle permettant de comprendre scientifiquement comment une psychopathologie peut « infecter » politiquement, socialement et psychologiquement  une société et la conduire sur le chemin de la destruction. Elle permet également d’aider les individus normaux, notamment les plus jeunes, à identifier rapidement les psychopathes et à se garder des immenses capacités de séduction et de fascination que ceux-ci peuvent déployer, notamment sur les plans de la politique et des idées. Combien de psychopathes sont encore aujourd’hui admirés et vénérés aussi bien par le grand public que les intellectuels alors que leurs comportements et leurs productions les révèlent à l’œil du ponérologue averti comme tels ?

Les pays d’Europe de l’Est ont été libérés de la pathocratie par un événement géopolitique majeur : la chute de l’URSS. Plutôt que d’attendre le grand  événement qui libérera le monde occidental de la pathocratie progressiste, ne vaudrait-il mieux pas révéler le plus largement la nature du régime pathocratique au plus grand nombre et mobiliser un maximum de forces en vue de sa neutralisation ?

Pour aller plus loin :

La ponérologie politique, Andrew M. Lobaczewski

Ponerology.com

Des psychopathes

Du déni des complots

Psychopathy and the Origins of Totalitarianism