De la hiérarchie socio-sexuelle

« Sur cent hommes, dix ne devraient pas être là, quatre-vingt ne sont que des cibles. Neuf sont de vrais combattants, et nous leur en sommes reconnaissants, car ils se battent. Mais un seul, un seul est un véritable guerrier et c’est lui qui ramène tous les autres à la maison. » Héraclite

L’une des conséquences les plus funestes du dogme de l’égalité se manifeste par son refus de reconnaître l’existence des hiérarchies naturelles. En effet, si tous les hommes sont égaux en dignité devant Dieu, le Créateur a distribué les talents et les aptitudes de façon différenciée et inégale afin que chacun puisse occuper la place qui lui revient au sein de l’ordre naturel divin. À l’inverse, la superstition de l’égalité vise à nier des différences pourtant réelles et observables avec pour conséquences funestes le rejet de l’autorité, la guerre de tous contre tous et pour finir, l’effondrement de l’ordre social.

Après plusieurs siècles de colonisation mentale par le dogme de l’égalité, force est de constater que la plupart des Occidentaux, y compris nombre de conservateurs, ont parfaitement intégré cet article de foi et se retrouvent aujourd’hui incapables de penser l’inégalité et de comprendre comment sa prise en compte est indispensable au bon fonctionnement de tout groupe humain. En réaction à cette idéologie progressiste qui prétend, au nom de l’égalité, nier toutes les différences entre les hommes, la dissidence américaine a forgé le concept de hiérarchie socio-sexuelle (social sexual hierarchy ou SSH en anglais).

Fondée sur l’expérience empirique plutôt que sur une théorie, cette taxonomie trouve son origine dans les observations « d’experts en séduction » (pick-up artists) tels que Roosh V. En effet, ceux-ci constatèrent un lien étroit entre le rapport aux femmes, la confiance en soi et la place de chaque homme au sein de la hiérarchie socio-sexuelle. En France, des observations similaires se retrouvent, sous une forme plus littéraire, dans les premiers romans de l’écrivain Michel Houellebecq comme « L’extension du domaine de la lutte » ou « Les particules élémentaires ».

La taxonomie SSH sera ensuite affinée et développée par Theodore Robert Beale, auteur et éditeur américain lié au mouvement alt-right et connu sous le nom de plume Vox Day. Selon Beale, le concept de hiérarchie socio-sexuelle « constitue une taxonomie fondée sur l’observation empirique et non l’invention ou la création. Les catégories représentent avant tout des modèles de comportements masculins dans des contextes sociaux. Elles ne correspondent pas nécessairement au statut ou au rang social. Elles ne s’appliquent pas aux animaux ou aux femmes et recouvrent les différents aspects du comportement humain, des relations intersexuelles aux sports d’équipes, en passant par le monde du travail ou les organisations sociales. »

D’après le modèle, développé par Beale et complété par mes propres observations, les profils comportementaux masculins sont les suivants :

Note : Par souci de concision, nous avons omis certaines sous-catégories et profils annexes que sont les bravos, les lambdas ou encore les zetas. Pour plus d’informations à ce sujet, nous invitons le lecteur à consulter les sources en fin d’article.

Alpha

L’alpha est un leader naturel. Il est dominant, charismatique et possède une grande confiance en lui. Il attire les femmes et les hommes cherchent à lui ressembler. L’alpha n’a pas peur de prendre des risques et ne redoute pas le conflit. Ultra-compétitif, c’est un perfectionniste qui cherche toujours à être le premier et à obtenir ce qu’il y a meilleur. Les alphas sont des extravertis qui ont besoin d’être au centre de l’attention. A ce titre, ils sont très sensibles au statut et aux marques de soumission comme de respect. Donald Trump, Jacques Chirac ou, dans la fiction, Tony Stark (Iron Man) constituent de parfaits exemples de mâles alphas. Si la plupart des femmes sont attirées par les alphas, peu de femmes occidentales modernes sont prêtes à accepter les exigences du mâle alpha et la soumission qu’il exige de sa partenaire.

Faiblesse :

L’alpha peut être vaniteux et superficiel. Sa quête du statut et son besoin d’être admiré peuvent le conduire à faire certaines compromissions et lui rendent parfois difficile l’adoption d’idées trop éloignées de l’opinion majoritaire. Son besoin de séduire les femmes et ses pulsions sexuelles peuvent également lui être préjudiciables.

Sigma

Le sigma est l’équivalent introverti de l’alpha. Bien que pouvant être un excellent chef, le sigma se comporte la plupart du temps en loup solitaire, indifférent au statut social et peu enclin au respect des hiérarchies. Farouchement indépendant et possédant une confiance en lui moins visible mais toute aussi importante que l’alpha, le sigma a besoin de se mettre à l’écart pour concevoir des plans à long-terme ou des innovations de rupture. Intelligent, audacieux et extrêmement rusé, le sigma a besoin d’être son propre patron et d’agir selon ses propres règles. Dans le domaine des relations, les sigmas ont généralement peu de vrais amis et privilégient les relations individuelles. Très à l’aise avec les femmes, le sigma séduit par son indépendance et son mystère mais éprouve des difficultés à s’engager. Charles de Gaulle, Napoléon, ou encore dans la fiction Sherlock Holmes ou Han Solo correspondent à des profils de leaders sigmas.

Faiblesse : Le refus des sigmas de jouer selon les règles peut les conduire à l’ostracisation ou à la marginalité dans un système qui n’est pas capable de gérer leur indépendance ou de tirer parti de leur singularité. Le peu d’intérêt porté aux normes et aux hiérarchies peut également devenir un handicap lorsqu’ils se retrouvent à devoir assumer les responsabilités de chef.

Note sur les alphas et les sigmas :

-les chefs alphas sont davantage plébiscités par les sociétés « simples », plus sensibles à l’expression visible de la puissance et de la confiance en soi et possédant un niveau de complexité sociale faible. À l’inverse, les chefs sigmas sont davantage prisés par les sociétés matures à fort niveau de complexité sociale.

-le christianisme est une croyance religieuse extrêmement structurante pour les alphas comme pour les sigmas. En effet, il vient discipliner les alphas dont les appétits et la vitalité peuvent devenir déréglés, entraînant le risque d’un préjudice pour eux-mêmes comme pour le groupe. Pour les sigmas, le christianisme peut légitimer, pour eux-mêmes comme pour la société, un rôle de chef qu’ils peuvent être réticents à assumer et, via les sacrements, les aider à s’engager sur le temps long.

-le système actuel est extrêmement toxique pour les alphas comme pour les sigmas. Au nom de la lutte contre la “masculinité toxique” et le “patriarcat”, il empêche les premiers de dominer et de jouer leur rôle de chefs. Les seconds voient leur singularité étouffée par le conformisme ambiant et leur volonté d’indépendance brimée par un contrôle social et technocratique de plus en plus étroit et intrusif.

Beta/Bravo

Le beta est l’éternel numéro 2, le fidèle lieutenant. Manquant de confiance en lui ou de charisme, le beta recherche la validation externe et n’est pas à l’aise avec le conflit ou la prise de risque. Les betas sont très loyaux et enclins à suivre les ordres ainsi qu’à respecter les hiérarchies. En conséquence, les betas font souvent de belles carrières et sont indispensables au bon fonctionnement d’une organisation. Sur le plan personnel, ce sont souvent des partenaires fiables et d’excellents pères de famille. Alain Juppé avec Jacques Chirac, Michel Debré avec Charles De Gaulle, Sam avec Frodon ou le Docteur Watson avec Sherlock Holmes (duo Beta/Sigma) sont de bons exemples de profils betas.

Faiblesse : Le destin du beta dépend de l’alpha avec lequel il se lie. Sous l’influence de ce dernier, le beta pourra être amené à bien ou mal agir. Un mauvais alpha pourra également être tenté de sacrifier son beta et le traiter comme un simple fusible. Pour une organisation, il est toujours catastrophique de mettre un beta à une place devant être occupée par un alpha ou un sigma.


Delta

Le delta est monsieur tout le monde. C’est un homme honnête et sérieux qui place sa valeur dans sa compétence et son travail. Peu séduisant et possédant une confiance en lui faible, il n’est pas à l’aise avec les femmes. Si un delta parvient à séduire une femme d’un statut supérieur, il se mettra à la vénérer ce qui pourra conduire celle-ci à le quitter. Beaucoup d’hommes qui pensent être des betas sont en réalité des deltas, ce qui n’est pas une mauvaise chose car un delta qui assume son statut possède tous les éléments pour mener une vie saine et contribuer utilement à la société.

Faiblesse : Les deltas ont besoin d’être respectés pour leur compétence et appréciés pour leur loyauté. Le rôle des alphas/sigmas et betas est d’encadrer les deltas, de fixer des objectifs stratégiques pour les premiers et opérationnels pour les seconds. Quand l’encadrement est défaillant ou corrompu, la passivité et la faible confiance en eux des deltas peuvent les conduire à être facilement exploités.

Notes sur les deltas et les betas :

– la plupart des femmes qui cherchent à se mettre en couple avec des alphas ou, plus rarement, des sigmas, seraient en réalité plus heureuses avec des betas ou des deltas. Par ailleurs, le travail des femmes et leur accès aux études supérieures contribuent à rendre difficiles leurs relations avec les betas/deltas, considérés de statut égal ou inférieur, tandis que leur indépendance et leur refus de la féminité traditionnelle conduit ces mêmes femmes à être également rejetées par les alphas/sigmas.

-la société actuelle représente un environnement extrêmement hostile et toxique pour les betas/deltas. Les modèles de réussite qui leur sont proposés par la publicité ou les médias leur sont inaccessibles. L’absence de véritables modèles, à commencer par celui du père, rend difficile leur construction en tant qu’hommes et enfin, la destruction des métiers productifs, la rentabilité à court terme et la multiplication des normes nuit à leur épanouissement professionnel. Pour finir, les avancées de la technologie (IA, automatisation, robotique) les poussent être considérés par les mondialistes malthusiens comme des « inutiles ».

-en insistant sur l’égale dignité des hommes devant Dieu, le christianisme contribue à protéger les betas/deltas des excès des alphas et des sigmas. À bien des égards, les betas et les deltas sont ceux qui ont le plus à perdre de la déchristianisation de la société, de la destruction de l’État, de la 4ème Révolution industrielle et de la mise en concurrence généralisée.

Oméga

L’oméga est l’exact opposé de l’alpha. C’est un paria que tout le monde évite. Contrairement aux gammas, l’oméga n’est pas manipulateur ou malhonnête mais il est en revanche totalement dépourvu de compétences sociales. S’il se prend de passion pour un sujet, l’oméga peut s’y consacrer de façon obsessionnelle. En conséquence, les omégas font d’excellents techniciens dans des domaines très spécifiques tels que l’informatique et tous ceux où les relations humaines et sociales peuvent être réduites au minimum. Sur le plan relationnel, l’oméga évolue souvent au sein d’un autre groupe d’omégas de type geeks ou nerds. Pour peu qu’il soit bien encadré ou incité à se prendre en main, notamment en travaillant sur son apparence physique et son hygiène, l’oméga peut, au prix de beaucoup d’efforts, améliorer sa situation pour devenir un delta.

Faiblesse : L’oméga peut facilement tomber dans la marginalité ou la délinquance. Ses tendances obsessionnelles ou asociales peuvent être exploitées par des manipulateurs ou des criminels. À force d’être rejeté par la société ou les femmes, l’oméga peut les rejeter en retour (phénomène incels).


Gamma

Le gamma est une personnalité hautement toxique. Obsessionnel, manipulateur et de mauvaise foi, le gamma est convaincu de posséder une intelligence supérieure qui lui donne le droit de régner en monarque absolu sur l’univers tout entier, à commencer par les alphas, les betas et même les sigmas. Le grand drame du gamma est de ne pas comprendre pourquoi le monde entier ne reconnaît pas son génie, à commencer par les femmes qui devraient toutes être à ses pieds. Incapable de reconnaître ses erreurs ou d’évaluer avec lucidité son rang dans la hiérarchie socio-sexuelle, le gamma est un être aigri, égoïste et souvent prisonnier d’une spirale d’échec fondée sur le mensonge. C’est chez les gammas que l’on retrouve les escrocs, les pervers narcissiques, les manipulateurs, les « fact-checkers » et les militants « progressistes ».

Notes sur les gammas :

-le gamma pullule sur les réseaux sociaux. Que ce soit, sur le Covid, la géopolitique, l’économie, la religion, le gamma a toujours réponse à tout et se croit légitime pour parler d’égal à égal avec de vrais experts qui sont souvent des alphas, des sigmas ou même des betas.

-en Occident, les études supérieures sont une véritable machine à fabriquer des gammas convaincus qu’ils sont des alphas. Dans un article traduit par nos soins, le philosophe et trader Nassim Nicholas Taleb a dressé le portrait de ces Intellectuels-Mais-Idiots.

-l’expérience enseigne qu’il est impossible d’avoir une relation ou un échange constructif avec un gamma. La seule solution consiste à le neutraliser. Dans une entreprise, il faut le virer. Dans un groupe, il faut le chasser. Sur les réseaux sociaux, il faut le bloquer. Inutile de chercher à discuter. Comme le dit très sagement Vox Day « Gamma’s gonna gamma » (le gamma va faire son gamma).

-la seule chance de salut pour un gamma consiste à reconnaître sa nature, à faire pénitence et à reprendre avec humilité et constance le long chemin qui le conduira, aux prix de grands efforts, à devenir un delta et, plus rarement, un beta.

Il est évident que la classification que vous venons de présenter n’a pas la prétention de saisir toutes les nuances de la personnalité d’un individu mais vise simplement à dégager une tendance psychologique dominante. Notons également que cette classification comporte une dimension dynamique : un alpha peut chuter et devenir un gamma s’il se met à mentir aux autres comme à lui-même. À l’inverse, un delta peut devenir un beta en acceptant des responsabilités et en mettant ses compétences au service d’une organisation. Précisons également que le concept de hiérarchie socio-sexuelle n’a pas pour but de dévaloriser les hommes ou de les enfermer dans des représentations figées mais, au contraire, de leur proposer un cadre conceptuel leur permettant non pas tant d’identifier leur propre place au sein de la hiérarchie mais celle des autres hommes et de prévoir en conséquence leur comportement.

À ce titre, la taxonomie SSH constitue un outil très utile pour tous ceux chargés de gérer des groupes masculins : dirigeants politiques, officiers, chefs d’entreprises, recruteurs, entraîneurs sportifs, coachs etc. La reconnaissance des différents profils du modèle SSH est d’autant plus importantes que des moyens colossaux sont aujourd’hui mise en œuvre pour détruire la masculinité ainsi que la capacité d’action et d’organisation des hommes. Que ce soit via l’éducation, les normes sociales, la culture d’entreprise ou encore la propagande médiatique, nous assistons en effet à une convergence de facteurs visant à :

  • neutraliser les alphas au nom de la lutte contre la « masculinité toxique »
  • rendre fous les sigmas via un discours qui prône « le respect des différences » en paroles mais impose le plus étouffant des conformismes en actes
  • priver les betas de modèles positifs à suivre ou à imiter
  • éliminer les deltas rendus inutiles par les avancées techniques (robotisation, IA, automatisation)
  • retourner les tendances obsessionnelles des omégas contre la société (wokisme, incels)
  • produire en masse des gammas via les études supérieures ou l’idéologie « progressiste ».

Contre ce phénomène de fond qui ne peut que conduire à l’effondrement de la civilisation occidentale, le modèle SSH vise au contraire à donner aux hommes les outils leur permettant de penser les hiérarchies naturelles et d’utiliser ces connaissances pour bâtir une société et des organisations solides et efficaces selon le schéma suivant :

  • un alpha ou un sigma pour diriger
  • des sigmas pour penser long-terme/stratégie et produire des innovations de rupture
  • des betas pour seconder l’alpha/sigma
  • des deltas qui sont encadrés et guidés au niveau opérationnel par les betas et au niveau stratégique par des alphas/sigmas
  • des omégas centrés sur leurs domaines de compétences et dont les tendances asociales sont gérées
  • des gammas rapidement identifiés et neutralisés

À l’heure où notre pays et notre civilisation se trouvent en danger de mort, il est capital que les hommes puissent jouer leur rôle, c’est à dire exercer l’autorité, fixer des limites, protéger les plus faibles et neutraliser les menaces. Ce combat commence par se libérer du poison mental de l’égalité, fruit des dogmes et des superstitions des Lumières, pour ensuite comprendre que le véritable combat politique dépasse de loin la simple question électorale et concerne les rapports entre les sexes, la corruption de la connaissance par l’idéologie et enfin, la définition des valeurs religieuses sur lesquelles est fondée toute société. Pour finir, ajoutons que toute hiérarchie sociale ne peut être stable, féconde et légitime que si celle-ci se trouve fondée sur la vision chrétienne qui reconnaît aux hommes une égale dignité devant Dieu et soumet ceux placés au sommet de la hiérarchie sous l’autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ et dans la crainte de Son Jugement.

Pour aller plus loin :

Du leadership (Essais- Vol I)

Des organisations (Essais- Vol I)

De l’égalité (Essais- Vol I)

Taxonomie SSH (anglais)

Personnalités socio-sexuelles (anglais)

SSH Vox Day

L’esprit familial (Durain/Delassus)

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