Tag Archives: psychopathes

De la pathocratie

Ignoti nulla est curatio morbi

(Nul ne peut traiter une maladie qu’il ne comprend pas)

Confrontés aux problèmes ainsi qu’aux aberrations de nos sociétés contemporaines, la plupart des citoyens attribuent les mauvaises décisions et les comportements néfastes de leurs dirigeants à l’incompétence, à l’ignorance ou à la bêtise. Malheureusement, la nature réelle des problèmes est toute autre et sans possibilité de comprendre leur cause, comment espérer pouvoir les résoudre ?   

Pour comprendre la nature de ce mal qui frappe nos sociétés, il est nécessaire de faire appel à une discipline très peu connue développée par un collectif de psychologues et psychiatres polonais durant l’occupation de leurs pays : la ponérologie, c’est-à-dire l’étude du mal d’un point de vue biologique et psychopathologique.

Pour simplifier, l’idée maîtresse de cette discipline est qu’il est possible de comprendre le mal en étudiant les facteurs cliniques et psychopathologiques rendant possible son émergence. Selon les études menées par les ponérologues, il existerait au sein de chaque groupe humain, une catégorie de personnes, de l’ordre de 0.6% à 1% de la population totale, marquées, soit par l’effet de lésions cérébrales, soit par un facteur héréditaire et génétique qui reste à identifier, par des troubles de la personnalités graves, notamment la psychopathie, au sens clinique et non commun du terme.

Le trait le plus saillant de la psychopathie et des caractéropathies associées est l’absence totale d’empathie, l’incapacité à éprouver des remords et plus généralement un monde de fonctionnement émotionnel totalement déviant et anormal. Pour reprendre une analogie souvent utilisée par les ponérologues, tout comme un daltonien est incapable de distinguer le rouge du vert, un psychopathe est incapable de faire la distinction entre ce qui est moral et ce qui ne l’est pas. Au mieux, il pourra comprendre, par l’expérience et l’observation, que certains comportements ne sont pas acceptables socialement et comprendra bien vite la nécessité de cacher sa nature « réelle » au gens normaux derrière ce que des psychologues ont appelé le « masque de santé mentale » (mask of sanity).

Dans une société saine, les psychopathes sont obligés de faire « profil bas » et concentrent l’essentiel de leurs efforts à ne pas être détectés par les gens normaux. Néanmoins, il arrive que dans l’histoire d’une société ou d’un groupe social, des événements particuliers, une crise grave, par exemple, ouvrent une fenêtre d’opportunité dans laquelle cette minorité de psychopathes va s’engouffrer. S’appuyant le plus souvent sur une idéologie révolutionnaire, les psychopathes vont utiliser cette dernière, à la fois comme prétexte pour laisser libre cours à leur véritable nature, mais également comme moyen de prendre progressivement le contrôle de la société et d’exercer sur celle-ci une influence de plus en plus grande.

Historiquement, il est possible d’identifier à la fois la ponérogénèse et sa dynamique : une minorité de psychopathes (1% de la population) gagne en influence et attire à elle des individus (6 à 10% de la population) qui ne sont pas des psychopathes essentiels mais qui souffrent d’autres formes de troubles de la personnalité et qui, pour des raisons qui restent à déterminer, s’avèrent, particulièrement sensibles à l’influence et à la fascination exercées par les psychopathes. Ce groupe, composé des psychopathes et de leurs « disciples », va voir son influence sociale et politique grandir jusqu’à agréger à lui, dans la première phase du processus, des gens normaux séduits par l’idéologie utilisée comme prétexte par le groupe de déviants pour exprimer sa pathologie. Dans la majorité des cas, ces groupes de gens sains finiront, à terme, par prendre conscience de la trahison des psychopathes et estimeront que la cause originelle pour laquelle ils se battaient a été trahie ou pervertie par ces derniers.

En attendant d’arriver à ce stade, le processus de prise de contrôle de la société par la minorité de psychopathes se poursuit et une fois celui-ci terminé, la société s’est transformée en ce que la ponérologie appelle une pathocratie, c’est-à-dire une société dans laquelle tous les leviers de l’influence et du pouvoir sont contrôlés par une minorité de caractéropathes souffrant de psychopathologies graves dont l’influence va se faire sentir sur l’ensemble du corps social et menacer à terme sa survie.

Sous le régime d’une pathocratie, les gens restés sains et normaux vont progressivement sentir, de façon confuse, que « quelque chose ne va pas », que la situation n’est pas « normale » sans pour autant être capable de le mettre le doigt sur la nature exacte du problème. Cette prise de conscience est rendue d’autant plus difficile par le fait que les psychopathes ont parfaitement conscience de la nécessité absolue de cacher leur nature réelle à une population majoritairement composée de gens normaux, population dont la coopération est de surcroît nécessaire pour faire « tourner la boutique » car compte tenu de leurs pathologies, les caractéropathes sont totalement incapables de créer ou de gérer correctement quoi que ce soit.

Malheureusement, l’action de la pathocratie ne se limite pas à un rôle de « parasite » sur le corps social. Peu à peu, les idées et les comportements déviants de « l’élite » pathocrate  vont être diffusés et absorbés par le corps social qui va, à son insu, modifier sa vision du monde pour adopter celle des psychopathes qui le dirige. Ainsi, les citoyens normaux vont progressivement modifier leur perception du monde et leur sens des valeurs pour s’adapter à la vision déviante des pathocrates  tout en ressentant plus ou moins consciemment une tension entre la nouvelle hiérarchie de valeurs et un héritage moral et culturel demeuré sain, une tension psychologique conduisant le plus souvent au développement de névroses au sein de la population.

Tout en modifiant  l’état d’esprit et les valeurs de la société qu’ils parasitent, les pathocrates vont, dans le même temps, utiliser tous les moyens à leur disposition pour neutraliser les gens sains d’esprit qui seraient en mesure de déchirer le voile du mensonge  et de révéler à la majorité de la population l’influence délétère et destructrice de ses nouveaux maîtres. En pathocratie, tout ce qui est sain doit être détruit ou neutralisé et les pathocrates utilisent systématiquement des techniques de manipulation psychologique comme l’inversion ou la projection pour faire passer comme dangereuses ou immorales les idées des individus restés sains. Comme ont pu le constater les pionniers de la ponérologie eux-mêmes, la psychologie et la psychiatrie font l’objet d’un contrôle étroit  par les pathocrates, à la fois pour neutraliser les opposants au régime (hospitalisation forcée)  mais aussi pour empêcher la diffusion de travaux susceptibles de révéler le caractère pathologique de la minorité dirigeante.

D’après les études menées par les ponérologues, dans un système pathocratique, plus un individu est talentueux et équilibré sur le plan psychique, plus sa participation à la société va devenir  progressivement difficile, voire totalement impossible. Passé un certain seuil, les individus les plus sensibles à la dérive pathocratique n’ont plus d’autre choix que de s’exiler ou de rompre tous les liens qui les unissent à la société pour entrer dans la marginalité, des choix et des attitudes adoptés aussi bien par les dissidents de l’époque soviétique que par les occidentaux fuyant les États où se met en place le totalitarisme progressiste.

Une fois que la société a terminé sa transition vers un régime pathocratique complet, elle se trouve structurellement confrontée aux problèmes suivants : d’une part, l’incapacité des psychopathes à gérer efficacement le système social et politique dont ils ont pris le contrôle, compte tenu des traits psychologiques qui les caractérisent, conduit mécaniquement celui-ci à l’effondrement. D’autre part, la majorité des gens normaux prend peu à peu conscience de la nature de la pathocratie, apprend à décrypter ses mensonges et son double langage et prend conscience de la nature parasitaire de la classe dirigeante des pathocrates.

Cette dynamique peut conduire certains à penser que pour se débarrasser d’une pathocratie, il suffit de laisser les choses suivre leur cours et d’attendre l’effondrement du système pour chasser les pathocrates du pouvoir et les remplacer par une nouvelle élite de gens normaux. Cette analyse méconnait le fait que compte tenu de leur nature déviante et de leur incapacité à vivre et à prospérer dans une société normale, la conservation de leur pouvoir constitue pour les pathocrates une question de vie ou de mort et qu’en cas d’incapacité à atteindre cet objectif, ils peuvent être prêts à emporter toute la société avec eux dans la tombe. Il est donc nécessaire de comprendre que la lutte contre la pathocratie est une lutte à mort contre un ennemi déterminé à conserver coûte que coûte un pouvoir qui constitue la seule et unique garantie de son existence et de sa survie.

Développés à l’origine dans le cadre de l’ancienne URSS, les concepts de pathocratie et de ponérologie peuvent être parfaitement appliqués à nos sociétés occidentales contemporaines. Aujourd’hui, l’idéologie remplaciste ou  progressiste a remplacé le communisme mais le mode de fonctionnement et les méthodes sont restées les mêmes : négation de la réalité du grand remplacement des peuples historiques, minimisation de l’explosion de l’insécurité et des violences, destruction des héritages culturels et historiques nationaux, manipulation des masses par les médias, normalisation des comportements déviants, promotion d’une conception sociale pathologique fondée sur l’individualisme, l’égoïsme et la violence, persécution de tous les résistants et plus généralement, processus de destruction systématique des nations occidentales ne pouvant à terme que conduire à leur effondrement.

Trop souvent, notre condamnation des comportements et des dérives pathocratiques se place sur un plan uniquement moral.  Bien que justifiée, cette tendance empêche de comprendre les facteurs, notamment psychopathologiques, qui conduisent à l’éclosion du mal dans une société. L’immense mérite de la ponérologie est d’avoir développé une grille d’analyse conceptuelle permettant de comprendre scientifiquement comment une psychopathologie peut « infecter » politiquement, socialement et psychologiquement  une société et la conduire sur le chemin de la destruction. Elle permet également d’aider les individus normaux, notamment les plus jeunes, à identifier rapidement les psychopathes et à se garder des immenses capacités de séduction et de fascination que ceux-ci peuvent déployer, notamment sur les plans de la politique et des idées. Combien de psychopathes sont encore aujourd’hui admirés et vénérés aussi bien par le grand public que les intellectuels alors que leurs comportements et leurs productions les révèlent à l’œil du ponérologue averti comme tels ?

Les pays d’Europe de l’Est ont été libérés de la pathocratie par un événement géopolitique majeur : la chute de l’URSS. Plutôt que d’attendre le grand  événement qui libérera le monde occidental de la pathocratie progressiste, ne vaudrait-il mieux pas révéler le plus largement la nature du régime pathocratique au plus grand nombre et mobiliser un maximum de forces en vue de sa neutralisation ?

Pour aller plus loin :

La ponérologie politique, Andrew M. Lobaczewski

Ponerology.com

Des psychopathes

Du déni des complots

Psychopathy and the Origins of Totalitarianism

Des psychopathes

Bien des gens croient que le diable est mort, alors qu’il se contente aujourd’hui de se promener déguisé en homme. Nicolas Gomez Davila

Des films comme « Le Silence des Agneaux » ont dépeint les psychopathes comme des personnalités à la fois retorses et flamboyantes. La réalité est autrement triviale et bien plus terrifiante.

Une des dates marquantes dans l’histoire de l’étude la psychopathie est la publication de « La ponérologie politique : étude la genèse du mal à des fins politiques ». Ce livre, rédigé par un collectif de psychiatres polonais à l’époque communiste révèle comment notre monde est dirigé par une minorité de psychopathes se cachant derrière « un masque de santé mentale ».

Les véritables psychopathes ne sont pas des tueurs en série éructant derrière les barreaux d’une prison de haute sécurité ou tapis dans un bois en attendant le passage d’une innocente victime.

Non, ce sont des chefs d’état, des chefs d’entreprises, des médecins, des stars de la chanson ou du cinéma. Si vous êtes déstabilisé par cette révélation, vous le serez encore plus en apprenant que du point de vue de la biologie évolutive, le fait d’être un psychopathe constitue un véritable avantage.

En effet, l’intelligence largement supérieure à la moyenne et surtout l’incapacité à ressentir  de l’empathie pour ses victimes ou à souffrir des remords causés par le mensonge ou la manipulation font du psychopathe l’être parfait pour s’imposer dans des situations de dominance et accéder aux rangs les plus élevés de la hiérarchie sociale.

S’il y a bien  une chose en revanche qu’Hollywood a dépeint correctement, c’est l’extrême intelligence du psychopathe. Ses capacités hors-normes sont le plus souvent utilisées pour manipuler ses victimes et piéger ses proies. Loin d’être un fou furieux, le couteau entre les dents et la bave aux lèvres, le psychopathe est un grand charmeur. Il séduit, il flatte, il promet. Son sens aigu de l’observation lui permet d’analyse votre psychologie  pour y détecter la faille dans laquelle il va s’engouffrer.

Pour arriver à ses fins, il va mentir, tromper, déformer les faits, refaçonner la réalité à sa guise.

Et il n’en ressentira aucune gêne, ni remords.

Il est quasiment impossible pour un être humain « normal » d’imaginer le fonctionnement d’un psychopathe. Nous pensons naïvement que les gens ont les mêmes limites que nous et ressentent les mêmes émotions désagréables quand ils commettent une injustice ou profèrent un véritable mensonge.  C’est vrai, sauf dans le cas du psychopathe et c’est cela qui le rend si redoutable.

Il fonctionne différemment, il n’est pas « câblé » pareil.

Prenons l’exemple d’un psychopathe engagé en politique.

Avec un électeur de base, il se fera sympathique, bon vivant, proche du peuple.

Avec un syndicaliste, il se dira proche des revendications des ouvriers et pestera contre les patrons.

Avec les patrons, il dira l’inverse et se prétendra libéral.

Quand le peuple demandera des mesures fermes contre l’immigration, il lancera un débat sur le sujet et se déclarera préoccupé par la question.

En coulisse, il agira contre l’extrême-droite et financera des mouvements d’extrême-gauche.

Le pire, c’est que ça marche.

Les gens aimeront le psychopathe et continueront jusqu’à sa mort de penser qu’il était proche d’eux, qu’il était sympathique, à l’écoute, que c’était un bon chef qui avait leurs intérêts à cœur.

Ils ne comprendront jamais que tout cela n’était qu’une ruse de psychopathe, un « masque de santé mentale ». Dans son for intérieur, le psychopathe méprisera ces imbéciles qu’il a si facilement dupés.

Comment détecter les psychopathes ?

1-Les actes et leurs résultats

Le psychopathe fait beaucoup de promesses, prétend entendre, comprendre mais ses annonces sont souvent peu suivies d’effet. Surtout, il se débrouille toujours pour faire passer son intérêt personnel avant l’intérêt général et évite toujours de faire de vrais sacrifices.  L’entreprise fait faillite, il part avec un parachute doré. Le pays court à la ruine, il continue de mener grand train. Si quelqu’un doit payer, ce sont toujours ses lieutenants, jamais lui.

2-Trop sympathiques et séducteurs

Pour manipuler ses proies, le psychopathe les séduit et les charme en leur disant ce qu’elles veulent entendre. Par conséquent, quelqu’un de trop sympathique, d’absolument charmant et dont absolument tout le monde dit trop de bien et qui, de surcroît, vous dit toujours ce que vous voulez entendre, doit susciter la méfiance. Face à ce genre de profil, l’alerte rouge doit s’enclencher : attention, psychopathe potentiel !

L’ennemi juré du psychopathe, sa Némésis, qui peut aussi être sa proie favorite quand elle n’a pas été avertie, est le surdoué. Ce dernier a le souci authentique du bien commun et les capacités intellectuelles pour voir clair dans le jeu du  psychopathe. A ce sujet, il est intéressant de noter que dans la culture populaire  les grands conflits archétypaux opposent souvent un surdoué à un psychopathe.

Que faire face à un psychopathe ?

En premier lieu, il ne faut en aucun cas tenter de l’attaquer de front car les chances de succès sont quasi nulles. Ensuite, il est tout aussi inutile faire appel à sa compassion, à sa morale ou à son humanité.

Autant supplier un tigre affamé de ne pas vous manger.

Il est tout aussi déconseillé de le designer publiquement un psychopathe comme tel. A moins d’être un psychiatre, l’accusation ne sera pas prise au sérieux et le psychopathe l’a retournera à son avantage.

Pour neutraliser un psychopathe, il faut d’abord commencer par rompre le charme en passant le moins de temps avec lui et en réduisant au maximum le volume  et la fréquence des interactions. Dans le même temps, il faut cesser de lui faire confiance et ne plus croire une seule de ses promesses ou de ses engagements. En cas de collaboration forcée, il faut tout mettre par écrit enregistrer les conversations, bref se barder de preuves objectives.

Quand le moment est venu de neutraliser le psychopathe en passant à l’action, il faut être rapide, brutal, décisif et surtout ne lui laisser aucune chance de réagir.

Dans tous les cas, il est déconseillé d’attaquer frontalement un psychopathe car les chances de succès sont très faibles.

Ceci étant dit, le meilleur moyen de se prémunir contre les psychopathes reste de les identifier à temps pour éviter de se retrouver dans leur environnement proche.

Pour autant, il serait ridicule et excessif de voir un psychopathe derrière chaque personnalité forte ou dominatrice. Au mieux, les psychopathes représentent 1% de la population. Manipuler, mentir et tricher sont des comportements humains normaux. Les psychopathes, eux, se distinguent par le fait que le mensonge et la manipulation ne sont pas pour eux des outils tactiques utilisés de façon ponctuelle mais un mode de fonctionnement total et permanent.

Pour aller plus loin:

De la pathocratie

Du déni des complots

Psychopathy and the Origins of Totalitarianism

Les troubles psy expliqués par la théorie de l’évolution, Pierrich Plusquellec

La ponérologie : étude de la genèse du mal à des fins politiques

L’agression : une histoire naturelle du mal, Konrad Lorenz