Des psychopathes

Bien des gens croient que le diable est mort, alors qu’il se contente aujourd’hui de se promener déguisé en homme. Nicolas Gomez Davila

Des films comme « Le Silence des Agneaux » ont dépeint les psychopathes comme des personnalités à la fois retorses et flamboyantes. La réalité est autrement triviale et bien plus terrifiante.

Une des dates marquantes dans l’histoire de l’étude la psychopathie est la publication de « La ponérologie politique : étude la genèse du mal à des fins politiques ». Ce livre, rédigé par un collectif de psychiatres polonais à l’époque communiste révèle comment notre monde est dirigé par une minorité de psychopathes se cachant derrière « un masque de santé mentale ».

Les véritables psychopathes ne sont pas des tueurs en série éructant derrière les barreaux d’une prison de haute sécurité ou tapis dans un bois en attendant le passage d’une innocente victime.

Non, ce sont des chefs d’état, des chefs d’entreprises, des médecins, des stars de la chanson ou du cinéma. Si vous êtes déstabilisé par cette révélation, vous le serez encore plus en apprenant que du point de vue de la biologie évolutive, le fait d’être un psychopathe constitue un véritable avantage.

En effet, l’intelligence largement supérieure à la moyenne et surtout l’incapacité à ressentir  de l’empathie pour ses victimes ou à souffrir des remords causés par le mensonge ou la manipulation font du psychopathe l’être parfait pour s’imposer dans des situations de dominance et accéder aux rangs les plus élevés de la hiérarchie sociale.

S’il y a bien  une chose en revanche qu’Hollywood a dépeint correctement, c’est l’extrême intelligence du psychopathe. Ses capacités hors-normes sont le plus souvent utilisées pour manipuler ses victimes et piéger ses proies. Loin d’être un fou furieux, le couteau entre les dents et la bave aux lèvres, le psychopathe est un grand charmeur. Il séduit, il flatte, il promet. Son sens aigu de l’observation lui permet d’analyse votre psychologie  pour y détecter la faille dans laquelle il va s’engouffrer.

Pour arriver à ses fins, il va mentir, tromper, déformer les faits, refaçonner la réalité à sa guise.

Et il n’en ressentira aucune gêne, ni remords.

Il est quasiment impossible pour un être humain « normal » d’imaginer le fonctionnement d’un psychopathe. Nous pensons naïvement que les gens ont les mêmes limites que nous et ressentent les mêmes émotions désagréables quand ils commettent une injustice ou profèrent un véritable mensonge.  C’est vrai, sauf dans le cas du psychopathe et c’est cela qui le rend si redoutable.

Il fonctionne différemment, il n’est pas « câblé » pareil.

Prenons l’exemple d’un psychopathe engagé en politique.

Avec un électeur de base, il se fera sympathique, bon vivant, proche du peuple.

Avec un syndicaliste, il se dira proche des revendications des ouvriers et pestera contre les patrons.

Avec les patrons, il dira l’inverse et se prétendra libéral.

Quand le peuple demandera des mesures fermes contre l’immigration, il lancera un débat sur le sujet et se déclarera préoccupé par la question.

En coulisse, il agira contre l’extrême-droite et financera des mouvements d’extrême-gauche.

Le pire, c’est que ça marche.

Les gens aimeront le psychopathe et continueront jusqu’à sa mort de penser qu’il était proche d’eux, qu’il était sympathique, à l’écoute, que c’était un bon chef qui avait leurs intérêts à cœur.

Ils ne comprendront jamais que tout cela n’était qu’une ruse de psychopathe, un « masque de santé mentale ». Dans son for intérieur, le psychopathe méprisera ces imbéciles qu’il a si facilement dupés.

Comment détecter les psychopathes ?

1-Les actes et leurs résultats

Le psychopathe fait beaucoup de promesses, prétend entendre, comprendre mais ses annonces sont souvent peu suivies d’effet. Surtout, il se débrouille toujours pour faire passer son intérêt personnel avant l’intérêt général et évite toujours de faire de vrais sacrifices.  L’entreprise fait faillite, il part avec un parachute doré. Le pays court à la ruine, il continue de mener grand train. Si quelqu’un doit payer, ce sont toujours ses lieutenants, jamais lui.

2-Trop sympathiques et séducteurs

Pour manipuler ses proies, le psychopathe les séduit et les charme en leur disant ce qu’elles veulent entendre. Par conséquent, quelqu’un de trop sympathique, d’absolument charmant et dont absolument tout le monde dit trop de bien et qui, de surcroît, vous dit toujours ce que vous voulez entendre, doit susciter la méfiance. Face à ce genre de profil, l’alerte rouge doit s’enclencher : attention, psychopathe potentiel !

L’ennemi juré du psychopathe, sa Némésis, qui peut aussi être sa proie favorite quand elle n’a pas été avertie, est le surdoué. Ce dernier a le souci authentique du bien commun et les capacités intellectuelles pour voir clair dans le jeu du  psychopathe. A ce sujet, il est intéressant de noter que dans la culture populaire  les grands conflits archétypaux opposent souvent un surdoué à un psychopathe.

Que faire face à un psychopathe ?

En premier lieu, il ne faut en aucun cas tenter de l’attaquer de front car les chances de succès sont quasi nulles. Ensuite, il est tout aussi inutile faire appel à sa compassion, à sa morale ou à son humanité.

Autant supplier un tigre affamé de ne pas vous manger.

Il est tout aussi déconseillé de le designer publiquement un psychopathe comme tel. A moins d’être un psychiatre, l’accusation ne sera pas prise au sérieux et le psychopathe l’a retournera à son avantage.

Pour neutraliser un psychopathe, il faut d’abord commencer par rompre le charme en passant le moins de temps avec lui et en réduisant au maximum le volume  et la fréquence des interactions. Dans le même temps, il faut cesser de lui faire confiance et ne plus croire une seule de ses promesses ou de ses engagements. En cas de collaboration forcée, il faut tout mettre par écrit enregistrer les conversations, bref se barder de preuves objectives.

Quand le moment est venu de neutraliser le psychopathe en passant à l’action, il faut être rapide, brutal, décisif et surtout ne lui laisser aucune chance de réagir.

Dans tous les cas, il est déconseillé d’attaquer frontalement un psychopathe car les chances de succès sont très faibles.

Ceci étant dit, le meilleur moyen de se prémunir contre les psychopathes reste de les identifier à temps pour éviter de se retrouver dans leur environnement proche.

Pour autant, il serait ridicule et excessif de voir un psychopathe derrière chaque personnalité forte ou dominatrice. Au mieux, les psychopathes représentent 1% de la population. Manipuler, mentir et tricher sont des comportements humains normaux. Les psychopathes, eux, se distinguent par le fait que le mensonge et la manipulation ne sont pas pour eux des outils tactiques utilisés de façon ponctuelle mais un mode de fonctionnement total et permanent.

Pour aller plus loin:

De la pathocratie

Du déni des complots

Psychopathy and the Origins of Totalitarianism

Les troubles psy expliqués par la théorie de l’évolution, Pierrich Plusquellec

La ponérologie : étude de la genèse du mal à des fins politiques

L’agression : une histoire naturelle du mal, Konrad Lorenz

Leave a Reply