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De la science moderne

“La science, c’est la croyance dans l’ignorance des experts.”

Extraits de l’article d’Adam Mastroianni publié le 13 décembre 2022 sur Substack sous le titre « The rise and fall of peer-review ». Traduit de l’anglais par Stanislas Berton.

Au cours des soixante dernières années, la science a mené une expérience sur elle-même. Cette expérience était assez mal conçue, elle ne comportait pas de facteur aléatoire ou de groupe témoin. Personne n’était responsable et personne n’effectuait des évaluations régulières. Et pourtant, c’était l’une des plus grandes expériences jamais réalisées et celle-ci impliquait chaque scientifique de la planète.

La plupart des gens n’avaient pas conscience de faire partie d’une expérience. Beaucoup d’entre eux, moi compris, n’étaient pas nés quand l’expérience a commencé. Si nous avions remarqué ce qui se passait, peut-être aurions-nous exigé un niveau minimum de rigueur scientifique. Il est possible que personne n’ait soulevé d’objections parce que la validité de l’hypothèse apparaissait comme une évidence : la science se portera mieux si quelqu’un vérifie chaque article de recherche et rejette ceux qui ne satisfont pas certains critères. Ce processus fut appelé « l’évaluation par un comité de lecture » (peer-review, littéralement évaluation par les pairs ).

[…]

Après la seconde guerre mondiale, les gouvernements se mirent à investir des sommes colossales dans la recherche et ils convoquèrent des chercheurs pour s’assurer qu’ils ne gaspillaient pas tout cet argent dans des projets fumeux. Ce financement donna naissance à un véritable déluge d’articles scientifiques. Des revues qui avaient eu autrefois des difficultés à remplir leurs pages avaient désormais des difficultés à faire le tri parmi tous les articles proposés. Évaluer les articles avant leur publication, chose assez rare jusqu’aux années 60, devint une pratique de plus en plus courante. Puis, elle devint universelle.

Aujourd’hui, la plupart des revues scientifiques font appel à d’autres scientifiques pour évaluer les articles et ceux qui ne plaisent pas à ces évaluateurs sont rejetés. Vous pouvez toujours écrire à vos amis à propos de vos recherches mais les comités de recrutement ou d’attribution des bourses se comportent comme si la seule science existante était celle publiée dans les revues scientifiques avec comité de lecture. Tel est la grande expérience qui est conduite depuis six décennies.

Nous avons obtenu les résultats : cette expérience est un échec.

Beaucoup d’argent pour rien

L’évaluation par comité de lecture fut un investissement aussi colossal que coûteux. D’après une estimation, les scientifiques y passent collectivement l’équivalent de 15 000 années de travail par an. Le passage d’un article à travers le système d’évaluation peut prendre des mois ou des années, ce qui représente un temps considérable quand vous êtes en train de chercher à résoudre le problème du changement climatique ou de guérir le cancer. Et les universités dépensent des millions pour avoir accès aux revues scientifiques, quand bien-même l’essentiel de la recherche est financé par les contribuables et que pas un centime de tout cet argent n’arrive dans la poche des auteurs ou des évaluateurs.

Les gros investissements doivent avoir de grosses retombées. Si vous dépensez cent millions d’euros pour l’enseignement, vous êtes en droit d’espérer que cette dépense aura eu un impact positif sur les élèves. Si vous revenez quelques années plus tard et que vous demandez dans quelle mesure vos cent millions ont permis d’améliorer les choses et que tout le monde vous répond : « euh, on n’est pas vraiment sûr de l’impact que cela a eu et nous sommes furieux que vous osiez poser la question », vous seriez vraiment très en colère. De la même manière, si les comités de lecture ont vraiment amélioré la science, cela devrait se voir et il y aurait de quoi être mécontent si ce n’était pas le cas.

Et ce n’est pas le cas. Dans de nombreux domaines, la productivité de la recherche a été stagnante ou en déclin depuis des décennies et l’évaluation par comité de lecture n’a pas eu d’impact sur cette tendance. Les nouvelles idées échouent à remplacer les anciennes. De nombreux résultats passés par le processus de « peer-review » ne peuvent pas être répliqués et beaucoup d’entre eux sont tout simplement faux. Quand vous demandez à des scientifiques d’évaluer les découvertes du 20ème siècle en physique, médecine ou chimie qui ont obtenu des prix Nobel, ils déclarent que celles qui ont été faites avant le « peer-review » sont aussi bonnes voire meilleures que celles qui sont venues après. D’ailleurs, vous ne pouvez pas leur demander d’évaluer les découvertes nobélisées entre 1990 et 2000 car il n’y en a tout simplement pas assez.

[…]

Post mortem

Qu’est-il passé ?

Voici une question simple : est-ce que le processus d’évaluation par comité de lecture fonctionne comme prévu ? Est-ce qu’il permet de détecter la recherche de mauvaise qualité et l’empêcher d’être publiée ?

Ce n’est pas le cas. Des scientifiques ont mené des études consistant à ajouter des erreurs aux articles de recherche, de les envoyer aux évaluateurs et de mesurer combien d’erreurs ceux-ci détectent. Quand leurs performances sont mesurées, les évaluateurs obtiennent des résultats calamiteux. Dans une étude, les évaluateurs n’ont détecté que 30 % des erreurs les plus graves, dans une autre 25 %, et dans une troisième, 29 %. Il s’agissait d’erreurs très graves telles que « cet article prétend utiliser un méthode de contrôle aléatoire mais ce n’est pas le cas » et « quand vous observez les graphiques, il est évident qu’il n’y a aucun effet » ou encore « les auteurs tirent des conclusions qu’aucune donnée ne vient soutenir. » La plupart des évaluateurs n’ont absolument rien vu.

En fait, nous avons beaucoup de preuves concrètes que le processus de « peer-review » ne fonctionne pas : des articles de recherche bidons sont publiés tous les jours que Dieu fait. Si les évaluateurs faisaient leur travail, il y aurait beaucoup d’histoires du type « Le professeur Cornelius Toutbidon a été licencié après avoir publié une étude truquée dans une revue scientifique. » mais nous n’entendons jamais des histoires de ce genre. Au contraire, presque toutes les histoires concernant la fraude scientifique commencent avec la validation de l’article et sa publication. Suite à celle-ci, un bon samaritain -souvent quelqu’un qui travaille dans le même laboratoire que l’auteur !- détecte un problème et se met à enquêter. C’est ce qui s’est passé pour cet article sur la malhonnêteté qui a visiblement utilisé des données fictives (suprême ironie), ou bien ces types qui ont publié des dizaines, voire des centaines d’articles bidons, sans parler de ce champion toutes catégories :

Pourquoi les évaluateurs n’arrivent pas à détecter les erreurs et les falsifications les plus grossières ? Une des raisons est qu’ils ne regardent jamais les données brutes utilisées par les articles qu’ils évaluent, alors que c’est justement l’endroit où il est le plus probable de trouver la majorité des erreurs. La plupart des revues n’exigent pas que vous rendiez vos données publiques. Vous êtes censé les communiquer « sur demande » mais la plupart des auteurs ne le font pas. C’est ainsi que l’on se retrouve avec des situations dignes de sitcom où 20 % des articles scientifiques sur la génétique contiennent des données totalement inutiles car Excel a auto-corrigé les noms des gènes en mois et années.

(Lorsqu’un rédacteur en chef d’une revue a demandé aux auteurs de communiquer les données brutes après avoir envoyé leurs articles à sa revue, la moitié d’entre eux ont décliné et ont rétracté leur publication. Pour l’éditeur, cela suggère «la probabilité que les données brutes aient été totalement inventées »)

[…]

« Comité de lecture », nous ne t’avons jamais pris au sérieux

Il y a une autre façon de voir si le processus d’évaluation par comité de lecture fonctionne : a t’il vraiment gagné la confiance des scientifiques ?

Les scientifiques disent souvent qu’ils prennent le processus de « peer-review » très au sérieux. Mais la plupart des gens disent souvent des choses qu’ils ne pensent pas comme « heureux de vous voir » ou « je ne te quitterai jamais ». Si on regarde ce que font vraiment les scientifiques, il est clair qu’ils ne font pas grand cas du processus d’évaluation par comité de lecture.

Premièrement, si les scientifiques prenaient vraiment le processus de « peer review » au sérieux, ils prendraient en compte les retours et réécriraient l’article quand celui-ci est rejeté. Au lieu de ça, ils se contentent de publier le même article dans une autre revue. C’est une des premières choses que j’ai appris en tant que jeune psychologue lorsque ma responsable de thèse m’a expliqué qu’un « important facteur stochastique » jouait dans la publication (traduction : c’est totalement aléatoire, mec). Si ça ne marche pas avec la première revue, essayez avec une autre. Selon elle, être publié c’était comme jouer à la loterie et la meilleure façon de gagner était de bourrer l’urne avec un maximum de billets. Quand des scientifiques sérieux et réputés affirment que le prétendu système de fact-checking scientifique ne vaut pas mieux que le hasard, c’est vraiment que quelque chose ne tourne pas rond.

Deuxièmement, une fois que l’article a été publié. Les évaluations sont détruites. Quelques revues les publient, la plupart ne le font pas. Tout le monde se fiche des évaluations ou des modifications faites par les auteurs en retour, ce qui suppose que personne ne prend les évaluations au sérieux.

Et troisièmement, les scientifiques prennent au sérieux des travaux qui n’ont pas été validés par un comité de lecture sans trop se poser de questions. Nous lisons des « preprints », des articles de travail, des posts sur des blogs et aucun d’entre eux n’ont été publiés dans des revues à comité de lecture. Nous utilisons les données de Pew, Gallup (NDT : instituts de sondage américains) et du gouvernement, qui n’ont pas non plus été évaluées. Nous assistons à des conférences où des gens parlent de projets non-évalués et personne ne se tourne vers son voisin pour lui dire :  « C’est vraiment très intéressant, j’ai vraiment hâte que ça passe dans une revue à comité de lecture afin de savoir si c’est vrai. »

[…]

« Comité de lecture »: mieux que rien

L’évaluation par comité de lecture ne fonctionne pas et le système ne peut probablement pas être sauvé. Mais c’est toujours mieux d’avoir un peu de contrôle que pas du tout, non ?

N’importe quoi.

Imaginez que vous découvriez que la méthode des services d’hygiène pour inspecter la viande est d’envoyer un gars (Robert) pour renifler la viande et dire si ça sent bon ou pas. Et si la viande de bœuf passe le test du reniflage, elle reçoit une certification « inspectée par les services d’hygiène ». Si les choses se passaient ainsi, je pense que vous seriez furieux. Il est possible que Robert trouve des morceaux de viande avariée mais beaucoup de pièces dangereuses pour la santé risquent de ne pas être détectées. Un mauvais système est pire que rien parce qu’il fait croire aux gens qu’ils sont en sécurité alors que ce n’est pas le cas.

C’est exactement ce que notre système d’évaluation par comité de lecture fait et c’est dangereux.

[…]

La science doit être libre

Pourquoi le processus d’évaluation par comité de lecture nous a t’il semblé raisonnable en premier lieu ? Je pense que nous avons une fausse idée de la façon dont la science fonctionne. Nous traitons la science comme un problème de maillon-faible dans lequel le progrès dépend de la qualité de votre plus mauvais travail. Si vous croyez en la science de maillon faible, vous pensez qu’il est très important d’attaquer les idées fausses à la racine, et, idéalement, de les empêcher d’être publiée en premier lieu. Ce n’est pas grave si de bonnes idées sont éliminées au passage parce qu’il est vital de se débarrasser de tout ce qui ne tient pas la route.

Sauf que la science est un problème de maillon fort : le progrès dépend de la qualité de votre meilleur travail. Les meilleures idées ne s’imposent pas toujours immédiatement mais elles finissent par triompher parce qu’elles sont plus utiles.

[…]

Si cette conception vous inquiète, je vous comprends. Si nous laissons les gens dire ce qu’ils veulent, ils diront parfois des choses fausses et cela peut sembler effrayant. Mais à l’heure actuelle, nous n’empêchons pas vraiment les gens de dire des choses fausses, nous faisons juste semblant. En réalité, il nous arrive même parfois de donner notre bénédiction à des mensonges via un gros autocollant sur lequel il est écrit : « ÉVALUÉ PAR UNE REVUE SCIENTIFIQUE PRESTIGIEUSE » et ces étiquettes sont très difficiles à enlever. C’est bien plus effrayant.

[…]

Que faire ?

[…]

Que devrions-nous faire ? Et bien le mois dernier, j’ai publié un article, c’est à dire que j’ai mis en ligne un PDF sur Internet et je l’ai écrit sans jargon pour que tout le monde comprenne. J’ai été totalement transparent et j’ai même avoué que j’avais oublié pourquoi j’avais fait telle étude. J’ai ajouté de l’humour parce que personne n’était là pour me dire de ne pas le faire. J’ai mis à disposition du public toutes les données, le code et les éléments de l’étude. Je me suis dit que si je passais pour un crétin, personne ne le remarquerait et qu’au moins, je m’étais bien amusé en faisant ce qui me semblait être un travail valable.

Avant même que j’ai pu parler de ce travail, des milliers de gens l’avaient déjà trouvé, lu et retweeté.

J’ai reçu des critiques très constructives de la part d’inconnus. Des professeurs réputés m’ont envoyé des idées. La radio NPR a voulu m’interviewer. Mon article a désormais plus de vues que mon dernier article publié dans la prestigieuse revue à comité de lecture Proceedings of the National Academy of Sciences. Et j’ai l’intuition que beaucoup de gens ont lu l’article jusqu’à la fin car les derniers paragraphes ont suscité de nombreux commentaires. Alors, je suppose que j’ai fait quelque chose qui a plutôt bien marché.

Je ne sais pas à quoi ressemblera le futur de la science. Peut-être que nous rédigerons des articles interactifs dans le méta-verse ou que nous téléchargerons les données brutes directement dans notre cerveau ou que nous chuchoterons nos découvertes sur le dance-floor lors de rave-parties. Dans tous les cas, ça sera toujours mieux que ce que nous avons fait au cours des soixante dernières années. Et pour y arriver, nous devons tous faire ce que nous savons faire le mieux : expérimenter.

Notes du traducteur :

1) L’échec de la science moderne fondée sur le processus de « peer-review » pose la question plus large des sources et des processus pouvant être considérés comme fiables dans la diffusion du savoir et l’acquisition de connaissances nouvelles. A bien des égards, mon propre travail, notamment à travers ma série d’essais « L’Homme et la Cité » et mon site internet, vise à apporter une réponse à cette question doublée d’un exemple concret d’une approche alternative appliquée aux sciences humaines et politiques. A moyen-long terme, le modèle universitaire et scientifique actuel est condamné à disparaître et beaucoup de gens vont découvrir qu’ils ont investi beaucoup de temps et d’efforts dans un système aussi inefficace que corrompu. Dans cette période de transition, la notion clé est celle de la confiance : a qui avez-vous décidé de vous fier et dans quelle mesure cette confiance repose sur une adéquation entre les modèles explicatifs proposés et le monde réel ?

2) L’opération Q, faussement appelé Qanon par les médias, constitue un exemple concret d’un phénomène important totalement ignoré par la plupart des analystes politiques. Quoi que l’on pense de son contenu ou de son orientation idéologique, l’opération Q représente un événement majeur à la fois sur le plan politique (trumpisme) sociologique (les anons), militaire (guerre de l’information), psychologique (ingénierie sociale) et géopolitique (guerre contre le mondialisme). Nombre d’éléments communiqués dès 2017 par cette opération se sont d’ailleurs révélées cruciaux pour comprendre certains bouleversements géopolitiques majeurs des années 2020 ( changement de politique en Arabie Saoudite par exemple). Malgré cela, l’opération Q continue d’être considérée, y compris par une partie des dissidents, comme une simple “théorie du complot” indigne d’étude ou d’analyse.

Pour aller plus loin :

What is science? (Richard Feynman)

De la rationalité

De l’intellectuel-Mais-Idiot (Taleb)

Le futur n’aura pas lieu (Vertumne)

Erreurs dans une majorité de publications scientifiques

L’empire du mensonge (Geddes)

De l’origine abiotique du pétrole

De la spécialisation

If our small minds, for some convenience, divide this glass of wine, this universe, into parts -physics, biology, geology, astronomy, psychology and so on- remember that nature does not know it ! Richard Feynman

La spécialisation est l’exigence de l’époque.

Si vous voulez faire carrière dans le monde universitaire ou l’enseignement, il faut absolument que vous vous ultra-spécialisiez dans un domaine de la connaissance.  Si vous voulez intervenir dans les médias, il faut que vous puissiez être identifié comme un « spécialiste » susceptible de faire bénéficier le public de son « expertise » sur un sujet. Et si vous voulez vraiment parler du tout plutôt que de la partie ou simplement proposer une explication faisant appel à plusieurs champs du savoir, vous devez impérativement vous présenter comme un « philosophe ».

Cette obsession de la spécialisation et de la classification se retrouve partout à l’œuvre dans le monde occidental où elle est en train de détruire toute pensée originale et toute forme de vie intellectuelle.

Dans ses célèbres « Lectures on physics », le génial physicien et pédagogue Richard Feynman prenait soin de rappeler à ses étudiants que les différents domaines de la science, physique, chimie, biologie, reposent en réalité  sur des classifications arbitraires : la nature est un tout  qui se fiche pas mal des distinctions effectuées par les hommes.

Rappelons que cet état d’esprit était justement  celui de la plupart des chercheurs et des savants avant l’avènement de la période moderne. Nos ancêtres  considéraient qu’une bonne éducation était celle qui reposait à la fois sur des connaissances propres à des domaines considérés désormais comme « scientifiques » (logique, arithmétique,  géométrie, architecture)  mais également, et à part égales, sur des disciplines considérées aujourd’hui comme « littéraires » ou « artistiques » (histoire, musique, rhétorique, grammaire). Au Moyen-Age, la comptabilité, le commerce, l’agronomie et la stratégie furent ajoutées au cursus achevant de compléter la formation intellectuelle de ce qui s’appellera plus tard l’ “honnête homme”.

Cet enseignement s’appuyait sur une conception dite holiste enracinée dans l’idée que la Création formait un tout crée par Dieu . Une bonne éducation devait permettre la compréhension de ce tout. Or à partir du XIXème siècle, la pensée moderne rompit avec cette logique et se mit à suivre le conseil de Descartes qui invitait dans son « Discours de la Méthode » à découper les problèmes en parties pour mieux les soumettre à l’analyse. L’ultra-spécialisation de notre époque n’est rien d’autre que cette logique poussée jusqu’à son terme.

La nécessité de se spécialiser se trouve le plus souvent justifiée par l’argument suivant : contrairement à l’Antiquité, à la Renaissance ou même aux Lumières, il y aurait aujourd’hui tellement de connaissances qu’il serait devenu impossible pour un seul cerveau  de toutes les maîtriser. 

Le problème, c’est que cet argument ne tient absolument pas la route.

Commençons par rappeler que si le travail de recherche a augmenté en quantité, il n’a pas nécessairement gagné en qualité. Les chercheurs sont les premiers à reconnaître qu’un grand nombre de travaux de recherche sont en réalité d’une importance mineure et que leur publication doit beaucoup à l’impérieuse logique du « publier ou périr » en vigueur dans le monde universitaire. En réalité, ce qui a augmenté, ce n’est pas le volume des connaissances mais celui du « bruit de fond » (noise) et les vraies grandes découvertes qui remettent en cause notre vision du monde ou nous font progresser dans la compréhension de ce dernier sont toujours aussi rares que par le passé. Comme je l’ai déjà expliqué, ce n’est jamais  la quantité de l’information qui est importante mais sa densité informationnelle.

Rappelons ensuite que la compréhension du monde passe avant tout par la compréhension des lois générales qui le régissent. Ces dernières sont en réalité assez simples et au final, peu nombreuses. Une fois ces dernières identifiées et maîtrisées, il suffit, sur un sujet donné, de les appliquer aux détails, lesquels procèdent le plus souvent de cette loi générale. Il est d’autant plus important de garder ce principe en tête que la connaissance se trouve  également soumise à la loi des rendements marginaux décroissants. Dans la plupart des cas, il est bien plus utile de consacrer son temps à l’étude d’un  tout autre domaine plutôt que de réduire son champ d’analyse en se concentrant sur un domaine où l’acquisition d’une quantité supplémentaire de savoir exige un investissement de plus en plus coûteux pour un résultat de plus en plus faible.

Enfin, dans un monde, qui, comme aiment le répéter les « experts », n’a jamais été aussi interconnecté, il n’a jamais été aussi important d’être capable de mobiliser des connaissances issues de domaines divers pour en comprendre la complexité.  Allons même plus loin : il existe aujourd’hui tellement de spécialistes dans tant de domaines que le travail intellectuel le plus utile consiste  non pas à faire émerger des connaissances nouvelles mais plutôt à identifier celles qui sont véritablement critiques et à proposer  de nouvelles descriptions du fonctionnement de la nature  en utilisant des concepts et des données issus d’un champ du savoir pour les appliquer dans un autre.  

Aujourd’hui, celui qui se spécialise trop se place dans l’incapacité de comprendre le monde, tel un médecin qui se concentrerait sur le fonctionnement d’un seul organe plutôt que de s’intéresser à celui de l’ensemble du corps humain et des interactions de ce dernier avec son environnement.

Prenons l’exemple de  la science économique.

Comme je l’ai déjà expliqué, pour comprendre l’économie, il est indispensable de comprendre le fonctionnement du monde physique, à commencer par les lois de la thermodynamique. Dans un deuxième temps, une compréhension de l’écologie, c’est-à-dire le fonctionnement des systèmes vivants, circulaires et interconnectés  est également essentielle. Ensuite, il est nécessaire de maîtriser l’anthropologie culturelle et de s’intéresser au rôle crucial des systèmes familiaux (Todd) ou de celui des systèmes culturels sur les organisations (Hofstede). De solides notions de psychologie et une bonne compréhension de la rationalité et de ses limites, notamment les biais cognitifs, sont essentielles pour comprendre les comportements des agents économiques. Enfin, il est tout aussi indispensable de lire des philosophes comme Marx pour comprendre les questions politiques soulevées par les rapports de production ou un penseur comme Jacques Ellul pour appréhender l’impact de la technique sur l’organisation économique et sa pensée.

Pour être un bon économiste, il faut  donc être physicien biologiste, démographe, historien, philosophe, psychologue et anthropologue, ce qui correspond à peu de choses  près à la célèbre description faite par John M. Keynes. A l’inverse, si vous perdez votre temps, comme le font tant d’étudiants et de professeurs d’économie, à étudier pendant des années et des années, des modèles classiques ou néo-classiques parlant de concurrence pure et parfaite ou d’autres abstractions du même tonneau  qui n’existent que dans la tête de ces pseudo-économistes et non dans le monde réel, vous n’aurez absolument aucune chance de comprendre quoi que ce soit à l’économie.

En réalité, le problème n’est pas la spécialisation mais la mauvaise spécialisation dans un champ de compétence trop étroit. Pour être un professionnel compétent, il faut en réalité être expert dans cinq ou six domaines différents. Tout comme l’économiste, un bon médecin doit connaître l’anatomie, la biologie, l’épidémiologie mais aussi la statistique, la psychologie, l’anthropologie et la philosophie.  

A force d’avoir poussé jusqu’à son terme, sa rationalité réductrice et spécialisée, notre époque se retrouve condamnée à observer le monde qui l’entoure par le  petit bout de la lorgnette ainsi qu’à être désormais incapable de réellement comprendre, résoudre ou expliquer quoi que ce soit.

Dix mesures pour une société robuste aux “Black Swans”

Note : Extraits d’un article de Nassim Nicholas Taleb originalement publié en 2009 dans le Financial Times et repris dans la seconde édition du «Cygne Noir » (Random House/Les Belles Lettres)

Traduit de l’anglais par Stanislas Berton

1- Ce qui est fragile doit casser le plus tôt possible tant que c’est encore petit.

Rien ne devrait  jamais devenir « too big to fail » (trop gros pour disparaître). L’évolution économique actuelle aide ceux qui ont le plus de risques cachés à grandir.

2- Pas de socialisation des pertes et de privatisations des profits.

Tout ce qui a besoin d’être renfloué par l’Etat doit être nationalisé ; tout ce qui n’a pas besoin d’être renfloué doit être libre, petit, et capable de supporter le risque. Nous avons aujourd’hui le pire du capitalisme et du socialisme. […] C’est irréel.

3- Les gens qu’on a laissé conduire un bus scolaire avec un bandeau sur les yeux et qui l’ont conduit droit dans le mur ne devraient jamais se voir confier un autre bus.

Les instances économiques (universités, régulateurs, banquiers centraux, experts gouvernementaux, toute organisation employant des économistes) ont perdu toute légitimité suite à l’échec du système en 2008. Il est irresponsable et stupide d’avoir confiance en leur capacité à nous sortir de ce bourbier. […] Trouvez des gens intelligents qui ont encore les mains propres.

4- Ne laissez pas quelqu’un qui reçoit un bonus « d’incitation » gérer une centrale nucléaire ou vos risques financiers.

Il y a des chances qu’il fera des économies sur la sécurité pour réaliser un « profit » grâce à ces économies tout en vantant sa gestion « prudente ». Les bonus ne prennent pas en compte les risques cachés d’effondrement. C’est l’asymétrie du système des bonus qui nous a conduits là où nous en sommes. Pas d’incitations sans contre-incitations : le capitalisme intègre les récompenses et les punitions, pas uniquement les récompenses.

5- Compensez la complexité par la simplicité.

La complexité née de la mondialisation et de l’interconnexion accrue des économies doit être contrée par la simplicité des produits financiers. […] Ajouter de la dette dans ce système produit des mouvements dangereux et imprévisibles et n’offre aucune marge d’erreur. Les systèmes complexes survivent parce qu’ils ont des réserves et qu’ils sont redondants, pas grâce à la dette et l’optimisation. […]

6- Ne donnez pas des bâtons de dynamite à des enfants, même si un avertissement est imprimé dessus.

Les produits financiers complexes doivent être interdits parce que personne ne les comprend et peu de gens sont assez rationnels pour le comprendre. Nous devons protéger les citoyens d’eux-mêmes, des banquiers qui leurs vendent des produits financiers « sans risque » et des régulateurs crédules qui écoutent les théoriciens économiques.

7- Seuls les systèmes de Ponzi dépendent de la confiance. Un gouvernement ne devrait jamais avoir à « restaurer la confiance ».

Dans un système de Ponzi, le plus célèbre étant celui crée par Bernard Madoff, une personne emprunte ou utilise les fonds d’un nouvel investisseur pour rembourser un investisseur existant voulant quitter le système. L’enchaînement de rumeurs est le produit des systèmes complexes. Le gouvernement ne peut pas mettre un terme aux rumeurs. Il doit simplement être en position de les ignorer, d’y être robuste.

8- Ne donnez pas plus de drogue à un drogué s’il a un problème de sevrage.

Utiliser l’effet de levier pour résoudre des problèmes d’effet de levier n’est pas de l’homéopathie, c’est du déni. La crise de la dette n’est pas un problème temporaire : il est structurel. Nous avons besoin d’une cure de désintoxication.

9- Les citoyens ne devraient pas dépendre d’actifs financiers comme dépôts de valeurs et dépendre des conseils d’experts faillibles pour leur retraite.

Nous devons apprendre à  ne pas utiliser les marchés comme lieux de stockage de la valeur ; ils n’offrent pas les garanties de certitude dont les citoyens normaux ont besoin, malgré ce qu’affirment les « experts ». Investir devrait être fait uniquement « pour le fun ». Les citoyens devraient uniquement être inquiets de la performance de leurs propres affaires (qu’ils contrôlent) et non de leurs investissements  (qu’ils ne contrôlent pas).

10- Faire une omelette avec les œufs cassés.

Au final, la crise de 2008 ne fut pas un problème à résoudre avec quelques réparations de fortune de même qu’un bateau avec une coque pourrie ne peut pas être sauvé par quelques planches neuves.

Nous devons reconstruire une nouvelle coque avec des matériaux nouveaux et plus résistants : nous devons reconstruire le système avant qu’il ne le fasse lui-même. Avançons volontairement vers une économie plus robuste en aidant ce qui doit casser à casser, en transformant la dette en capital, en marginalisant les instances économiques et les écoles de commerce, en supprimant le « Nobel » d’économie, en interdisant les rachats via l’effet de levier, en remettant les banquiers à leur place et en reprenant les bonus de tous ceux qui nous ont amené là où nous en sommes (en demandant par exemple le restitution des fonds accordés aux banquiers dont la richesse a été de fait subventionnée par les impôts des instituteurs).

Ainsi nous verrons apparaître une vie économique plus proche de notre environnement biologique : des plus petites entreprises, une écologie plus vivante, pas de logique spéculative, un monde dans lequel les entrepreneurs et non les banquiers assument les risques et dans lequel les entreprises vivent et meurent sans faire les gros titres des journaux.

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NB: Cet article ne fait pas partie du recueil l’Homme et la Cité

De la violence

I struggled with some demons
They were middle class and tame
I didn’t know I had permission to murder and to maim

Leonard Cohen

S’il y a bien une chose que notre époque abhorre plus que tout, c’est la violence.

Dès le plus jeune âge, nos parents et nos éducateurs nous ont répété que « la violence ne résout  jamais rien » et toute la société s’est jointe par la suite au chœur des non-violents.

Pour notre époque, le recours à la violence est pire qu’un échec, c’est une aberration.

Tout doit être désormais résolu par le dialogue, l’empathie et la compréhension mutuelle de nos différences.

Il s’agit là d’une immense erreur aussi bien sur le plan psychologique que politique.

Psychologiquement, il est capital d’admettre que la violence fait partie de la condition humaine.

Les rédacteurs de la Bible en avaient eu l’intuition en faisant de l’Humanité les descendants de Caïn, ce fils d’Adam et Eve qui tua par jalousie son frère, Abel, préféré par Dieu. De la même manière, la plupart des contes traditionnels comportent des éléments de grande violence, souvent expurgés dans leurs versions contemporaine, afin de préparer les enfants à la cruauté du monde. Plus proche de nous, le grand psychiatre Carl Jung expliqua qu’une personnalité parfaitement intégrée est celle qui est parvenue à accepter et à assimiler sa part « d’ombre », c’est-à-dire ce qu’il y a d’inférieur, de primitif et d’imparfait en nous. Si, terrifié par sa propre violence, l’être humain choisit de la nier et de la refouler, refusant, comme le chantait le poète, de se donner la  « permission de meurtrir et de mutiler » alors il s’expose non seulement au risque de la névrose mais surtout à un retour aussi  dévastateur qu’imprévisible de  cette violence contenue.

Pour un individu comme pour la société à laquelle il appartient, tout l’enjeu consiste à accepter cette violence et de trouver des moyens de la canaliser, par exemple en la dirigeant contre les ennemis du groupe (guerre, rivalité), de la ritualiser à travers des compétitions sportives, des cérémonies religieuses ou de certains manifestations populaires (carnaval, corrida) ou encore de l’homéopathiser via le jeu ou la culture de la vanne que l’on retrouve particulièrement dans les groupes ou les activités essentiellement masculines.

Rien n’est plus dangereux et destructeur pour la psyché que de refuser cette part d’ombre et nier la puissance de cette vie intérieure qui possède ses exigences propres. C’est pourtant ce que font tous ceux qui cherchent à expurger tout conflit et toute confrontation de la société en se faisant les apôtres inconditionnels de la bienveillance et de la non-violence, comme ces antispécistes qui refusent jusqu’à tuer les moustiques.

Dépassant désormais le seul cas du trouble individuel, ce refus de la violence devient aujourd’hui un phénomène politique concernant l’ensemble de la société.  Au-delà  de l’authentique violence physique, psychologique ou verbale, la  juste sanction, l’autorité et les hiérarchies sont  désormais perçues comme des violences et à ce titre condamnées.

Ce que refusent de voir les apôtres de la non-violence, c’est que le refus de la violence contribue à rendre paradoxalement  la société  encore plus violente et injuste. Si  un agresseur sait qu’il court le risque immédiat d’une riposte, il peut être découragé de passer à l’acte à condition que le menace soit perçue comme crédible. Il s’agit là du principe même de la dissuasion  et c’est d’ailleurs pour cela qu’un grand nombre d’espèces animales ont vu l’évolution sélectionner des caractéristiques physiques et des comportements hautement dissuasifs. A l’inverse, si l’agresseur sait que sa victime a peu de chances de riposter, il peut être tenté de laisser libre cours à son agressivité.  Ce n’est donc pas un hasard si les violences dites “gratuites” frappent aujourd’hui en priorité les membres de la société considérés comme les plus faibles : personnes âgées, SDF, femmes isolées…

Loin d’encourager la pitié ou la compassion, la faiblesse et la vulnérabilité encouragent le plus souvent l’agression.

Dans la plupart des sociétés, c’est habituellement l’État qui possède le monopole de la violence légitime via la justice, les forces armées et la police. Or, aujourd’hui,  dans les sociétés occidentales, ces trois fonctions sont de plus en plus défaillantes, encourageant les citoyens soit à subir passivement la violence, soit à se faire justice eux-mêmes.   

En réalité, en choisissant de nier la violence et en privant l’État de sa capacité à répondre à cette dernière par la violence légitime, notre société a fait le pire choix possible, d’autant plus que son hypocrisie sur le sujet est aussi totale que manifeste.

Alors que la société refuse de punir sévèrement la violence, celle-ci ne cesse d’augmenter et se porte désormais sur les symboles de l’État et de son autorité comme la police et les pompiers. Ne pouvant que constater l’impunité dont ils jouissent, les criminels remontent alors la chaîne alimentaire et cherchent à découvrir jusqu’où ils peuvent imposer leur dominance.

Alors que la société prétend pacifier les rapports sociaux  une violence économique et sociale sans précédent fait rage: licenciements,  précarité, exploitation mais aussi mépris de classe et dédain des élites pour le peuple, ces ploucs qui » fument des clopes et roulent au diesel ». Comme je l’ai expliqué dans un article sur le gaslighting politique, rien n’est plus  violent et destructeur pour le psychisme que la négation d’un antagonisme infligeant une souffrance bien réelle.  

Enfin, alors que notre société traque et condamne toutes les formes de « micro-agression » au point où même  les humoristes et les caricaturistes ne peuvent plus exercer librement leur métier, la violence au quotidien augmente et se manifeste par une exaspération générale, une agressivité latente et une hausse spectaculaire des incivilités.

Autrefois, la violence était gérée de façon à se déverser de façon puissante et contrôlée  dans les institutions et les occasions prévues à cet effet. Aujourd’hui, bloquée dans son écoulement « naturel », elle suinte à travers une multitude de petits ruisseaux qui viennent irriguer l’ensemble de la vie publique. Peu à peu, une logique perverse se met en place dans l’esprit de ceux qui subissent la violence sans pouvoir riposter : ils attendent de tomber sur plus faible qu’eux ou sur une espèce « non protégée » pour pouvoir enfin se libérer de cette violence contenue. C’est ainsi que durant les manifestations de décembre 2018, certains membres des forces de l’ordre et du gouvernement ont infligé aux Gilets Jaunes une violence qu’ils ne peuvent plus faire subir aux criminels et aux délinquants des quartiers. Comme nous l’a enseigné René Girard, la société doit toujours se décharger de sa violence sur un bouc émissaire. Aujourd’hui, le bouc émissaire que l’on sacrifie sur l’autel de la non-violence, c’est le peuple.

Si le peuple constitue la première victime, l’homme en est la deuxième.

En effet, le refus de la violence va souvent de pair avec la dénonciation d’une masculinité qui ne peut plus désormais être que toxique. Si l’homme est souvent celui par qui la violence arrive, il ne faut pas oublier qu’il est aussi souvent celui qui y met un terme. Ceux qui se complaisent dans la dénonciation de la “violence patriarcale” sont souvent les premiers à se précipiter vers un policier, un pompier ou un militaire pour les protéger de ceux qui n’ont, eux,  aucun scrupule à infliger une violence bien réelle. Notons enfin que tous les hommes ne sont pas égaux devant la dénonciation de la violence masculine : autant la violence émanant de l’homme blanc,  désormais responsable de tous les crimes, y compris ceux d’éventuels ancêtres, est vigoureusement condamnée, autant celle venant de l’Étranger est souvent excusée au nom du traumatisme colonial, de la différence culturelle ou de la non-maîtrise des codes culturels.

Dans tous les cas, le refus d’une réalité psychologique et sociale aussi fondamentale que la violence ne peut que conduire notre société et ses citoyens à la névrose et se terminer soit par une forme de suicide collectif, la victime s’abandonnant à la hache du bourreau, soit à un retour aussi spectaculaire que destructeur de cette violence refoulée.

Socialement et politiquement, la voie de la guérison serait que l’État et la société assument à nouveau pleinement leur monopole de la violence légitime et retrouvent un sens de la justice et du châtiment plus proche de Charles Martel et des Croisades que de l’ONU et des Droits de l’Homme mais les hommes du XXIème siècle n’ont pas encore  manifestement assez souffert pour en revenir à de telles évidences et quand bien même le voudraient-ils en auraient-ils encore la force ?

A l’échelle individuelle, le salut passe par l’acceptation de sa part d’ombre, la pratique d’activités permettant d’exprimer et de canaliser cette violence  (sports de combat, compétitions, jeux de rôle) et surtout le fait de ne jamais se laisser enfermer dans le statut de victime en cas d’agression. Mieux vaut être considéré, même à tort, comme une brute ou un fasciste que de finir névrosé et soumis.

Pour aller plus loin:

On Killing: The Psychological Cost of Learning to Kill in War and Society

On killing (livre)

« Si vous êtes vierge et que vous voulez vous préparer à votre nuit de noces, si vous avez des problèmes sexuels ou que vous êtes tout simplement curieux, vous pouvez trouver des centaines de livres traitant de la sexualité. Mais si vous êtes un jeune soldat ou un membre des forces de l’ordre anticipant votre baptême du feu, le conjoint d’un vétéran perturbé par le fait d’avoir dû tuer ou que vous êtes tout simplement curieux, il n’existe aucun livre sur le fait de donner la mort et les conséquences d’un tel acte. »

Après plusieurs années de pratique en tant que militaire, historien et psychologue, le lieutenant-colonel de l’armée américaine Dave Grossman a entrepris de rédiger un livre, aujourd’hui considéré comme un classique et une lecture obligatoire dans toutes les académies militaires américaines, sur la psychologie qui entoure le fait de donner la mort (killing), une nouvelle discipline qu’il a baptisé du nom de « killology ».

La première idée reçue à laquelle ce travail tord le cou est qu’il est extrêmement facile à l’être humain de tuer l’un de ses semblables.

En réalité, c’est tout le contraire. Après la première guerre mondiale,  le général et historien S.L.A Marshall fut le premier à se rendre compte que, lors d’un engagement, seuls 15 à 20% des soldats d’infanterie cherchaient véritablement à ouvrir le feu sur leurs adversaires, une observation corroborée par la suite par d’autres études ainsi que par la reconstitution des guerres du passé.

Dans la première partie du livre, Grossman revient sur les barrières psychologiques qui empêchent un être humain d’en tuer un autre et rappelle, en s’appuyant sur les travaux du célèbre éthologue Konrad Lorenz, que dans la Nature, la plupart des conflits sont évités par des postures d’intimidation et, une fois déclenchés, se terminent le plus souvent, non par la mise à mort, mais par l’adoption d’une posture de soumission par le vaincu.

Tuer un autre être humain demande en réalité de surmonter des résistances émotionnelles et psychologiques considérables. Plus l’ennemi est proche, par exemple au corps à corps, plus l’acte est difficile et les conséquences psychologiques lourdes. A l’inverse, plus l’ennemi est lointain ou dépersonnifié par la distance ou le matériel, bombardement aérien ou vision nocturne par exemple, plus l’acte de tuer est facile et l’impact psychologique d’avoir donné la mort, faible.

Dans la seconde partie du livre, Grossman présente un modèle dont les différentes variables visent à détailler le processus par lequel un individu peut être plus ou moins facilement amené à tuer :

-l’ordre donné par une autorité : il est d’autant mieux accepté quand l’autorité est légitime et présente à proximité. Les chefs et les officiers exercent donc une influence décisive sur la propension du soldat à tuer ou à se restreindre. Le livre révèle au passage que la supériorité de l’armée romaine reposait en partie sur le fait d’avoir été la première au monde à avoir eu des officiers chargés uniquement de manœuvrer la troupe et de la pousser au combat.

-l’absolution du groupe : nombre, proximité et identification avec le groupe, pression des pairs. Plus nous sommes intégrés dans un groupe et plus celui-ci exerce une surveillance directe, plus il est difficile de ne pas tuer. Alors que les soldats d’infanterie tirent peu, c’est le contraire pour les artilleurs, les snipers travaillant en binôme ou les équipes opérant une mitrailleuse lourde.

-les prédispositions du tueur : conditionnement/entraînement, l’expérience récente (par ex : il est plus facile de tuer si l’ennemi vient de tuer votre camarade sous vos yeux), le tempérament (à noter que le chiffre de 2%  de « tueurs naturels » sans remords cité par Grossman correspond à peu près à celui généralement accepté pour le pourcentage de psychopathes au sein d’une population)

-attractivité de la victime : distance physique et émotionnelle (culture, ethnie, classe sociale).  Il est généralement plus facile de tuer des gens avec lesquels nous semblons n’avoir rien en commun d’où la nécessité pour les soldats de déshumaniser l’ennemi (“sous-hommes”, “boches”, “bridés” etc…) et à l’inverse, celle des vaincus de chercher à susciter de l’empathie pour ne pas être exécutés.

Au-delà de ce travail théorique, l’intérêt de ce livre repose en partie sur les témoignages poignants de soldats qui, encouragés par l’écoute sans jugement du psychologue, se livrent à des confidences sur des états d’âme et des expériences douloureuses parfois gardés enfouis en eux pendant toute une vie. Certains racontent la honte qu’ils ressentent encore bien des années plus tard de ne pas avoir réussi à ouvrir le feu sur un ennemi qui menaçait leur patrouille, d’autres expliquent comment le premier ennemi qu’ils ont tué « les yeux dans les yeux » a passé toute leur vie à les hanter, d’autres plus rares, avouent que le fait de tuer les a plongé dans un état d’extase plus violent et dangereux que la meilleure des drogues.

Le grand mérite de ce livre est ainsi de rappeler que loin de l’image facile et glamour véhiculé par le cinéma, les jeux vidéo ou la littérature, tuer est un acte d’une intimité et d’une puissance émotionnelle intense ressemblant à bien des égards à l’acte sexuel, une comparaison revenant à de nombreuses reprises sous la plume de l’auteur qui, lecteur de Freud, fait du soldat un être soumis plus que les autres aux forces conjointes d’ Éros et de Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort.

Dans la dernière partie du livre, Grossman s’attache au désastre que fut, sur le plan psychologique, la guerre du Vietnam et revient longuement sur les millions de cas de stress post-traumatique suite à la mauvaise gestion par l’armée et la société américaines de l’acte de tuer et de ses conséquences . En effet, suite à la découverte du faible taux d’ouverture de feu par l’infanterie, les méthodes de conditionnement et d’entraînement du soldat furent complètement repensées, notamment via le passage de cibles rondes à des silhouettes à formes humaines.

Suite à ces modifications, les taux passèrent à 55% en Corée et à près de 95% au Vietnam. En utilisant des variations sur les techniques de conditionnement développées par Pavlov et Skinner, l’armée américaine parvint à parfaitement conditionner ses soldats pour tuer. Malheureusement, dans le même temps, elle échoua complètement à développer l’organisation et les outils permettant aux soldats de gérer psychologiquement le fait d’avoir tué.

Alors que les soldats de la seconde guerre mondiale partaient au front au sein d’une unité, bénéficiaient à leur retour d’un sas de décompression et étaient traités comme des héros lors de leur retour au pays, les vétérans du Vietnam partirent individuellement, passèrent sans transition de la jungle du Vietnam à la petite maison de banlieue et surtout se trouvèrent confrontés à une hostilité sans nom de la part de la société et notamment du mouvement anti-guerre.

Grâce à sa formation de psychologue, Grossman décrit parfaitement  à quel point il est destructeur pour la psyché d’un soldat d’avoir dû, pour sa patrie, par devoir et sous la pression du groupe, donner la mort et, de retour au pays, au lieu de recevoir l’absolution tant attendue de la communauté au sens large, se voir rejeté et traité d’assassin par celle-ci.

Lorsqu’un pays agit de la sorte, il détruit non seulement le mental de ses soldats mais c’est le pacte implicite entre ces derniers et la Nation qui se trouve rompu.

Ce livre étant centré sur les méthodes et l’expérience de l’armée américaine, il serait intéressant d’apprendre comment les autres armées et particulièrement l’armée française, ont appris à gérer dans leurs rangs la nécessité de donner la mort et ses conséquences psychologiques.

Pour terminer, la lecture de ce livre jette un éclairage des plus inquiétants sur l’épidémie de violences dites gratuites ou d’attaques au couteau motivées par le fanatisme islamique qui ensanglantent aujourd’hui la France.

En effet, les auteurs de telles violences évoluent le plus souvent dans un véritable no man’s land culturel et identitaire : ils ne se considèrent pas comme français sans pour autant évoluer à l’intérieur du cadre anthropologiquement cohérent de leurs sociétés d’origine; ils peuvent trouver la justification de leurs actes dans l’islam et la nécessité de porter la guerre aux mécréants avec, dans certains cas, un conditionnement psychologique renforcé de façon concrète par la pratique rituelle de l’égorgement du mouton ; ils bénéficient du soutien de nombreux membres de leur communauté et de la bénédiction des certains chefs spirituels ou politiques et enfin, ils évoluent dans un contexte de haine et de déshumanisation des Français de souche (les kouffars ou les babtous) encouragé par une partie des médias et de certains faiseurs d’opinion, sans parler des problèmes liés à l’éducation ou aux déficiences cognitives mises en avant par le pédopsychiatre, Maurice Berger.

Tous les éléments du modèle de Grossman sont là pour expliquer pourquoi les agressions dites « gratuites » sont de plus en plus violentes et fréquentes et pourquoi au lieu de chercher la simple soumission, elles laissent désormais libre cours à une véritable sauvagerie  qui laisse le plus souvent les victimes mortes ou gravement blessées.

Par naïveté, lâcheté et faiblesse, les sociétés occidentales ont laissé se développer et accueilli en leur sein des armées de véritables tueurs évoluant au sein d’un système culturel et identitaire dans lequel les résistances naturelles au fait de donner la mort aux occidentaux se trouvent détruites ou affaiblies. Les sociétés occidentales ont cru qu’en renonçant à la violence légitime,  à la discrimination et l’usage de la force, elles allaient donner naissance à des sociétés totalement pacifiques et apaisées, elles vont devoir au contraire réapprendre à se battre, à donner la mort et à en gérer les conséquences.

Voir également: “Sous le feu : la mort comme hypothèse de travail” de Michel Goya

NB: Cet article ne fait pas partie du recueil L’Homme et la Cité

Du Marathon de Cent Ans (livre)

Le peuple chinois est désormais organisé et doit être pris au sérieux

Mao Zedong

Il existe en ce monde une chose encore plus rare que les éclipses complètes de soleil ou le passage de certaines comètes : qu’un expert et universitaire reconnu admette publiquement qu’il s’est trompé et publie un livre dans lequel il ne craint pas de revenir longuement sur les conséquences dramatiques pour son pays de son erreur.

C’est pourtant ce qu’a fait Michael Pillsbury, un des plus grands spécialistes américains de la Chine et conseiller de toutes les administrations américaines à partir de Nixon, dans ce livre « Le Marathon de 100 ans » paru en 2016 et toujours non traduit en français.

Dans cet ouvrage, à la fois réflexion d’ensemble sur la stratégie chinoise et chronique des rapports aussi bien économiques que sécuritaires entre les hautes administrations chinoises et américaines, Michael Pillsbury révèle qu’il fut pendant des décennies l’un de ses « panda-huggers », ces « cajoleurs de Panda » qui conseillèrent aux administrations américaines successives de soutenir le développement de la Chine et défendirent auprès de celles-ci comme du grand public l’idée d’une Chine qui, une fois pleinement intégrée dans l’ordre économique et institutionnel mondial, finirait par embrasser les valeurs libérales et démocratiques de l’Occident.

Or, dans ce livre, Michael Pillsbury a le courage et l’honnêteté intellectuelle de reconnaître qu’il s’est trompé et que pendant des décennies, dupé par les Chinois, il contribua en réalité à aider la Chine à accomplir son plan à long terme de domination mondiale, ce fameux « Marathon de 100 ans ».

Le grand mérite de ce livre est de montrer que la stratégie de rattrapage et de conquête adoptée par la Chine communiste s’inscrit dans la droite lignée de la tradition philosophique, culturelle et littéraire chinoise, notamment les grands classiques de l’antiquité que sont “Les 36 Stratagèmes” ou ” l’Art de la Guerre”. A travers les citations qui ouvrent chacun des chapitres du livre ainsi qu’une multitude d’exemples concrets Michael Pillsbury montre comment cet art de la guerre indirecte et asymétrique infuse en profondeur la pensée chinoise et comment ses principes font partie intégrante du bagage éducatif et culturel des élites et des classes dirigeantes du pays.

M. Pillsbury ne manque pas de rappeler également le contexte historique, celui du « siècle de l’humiliation » qui, aux XIXe et XXe siècles,  vit la Chine occupée, dépecée et pillée par les puissances occidentales ainsi que par le Japon, une réalité totalement oubliée par l’Occident (combien de Français ont connaissance du pillage du Palais d’Été par nos troupes en 1860?) mais encore bien vivante dans l’esprit des Chinois.  A partir de l’avènement de la République Populaire de Chine en 1949, les nouvelles élites n’auront désormais qu’un seul but : laver cette humiliation et faire retrouver à la Chine son rang de première puissance mondiale.

Confrontées à la réalité d’un pays certes très peuplé mais pauvre et arriéré aussi bien sur le plan économique qu’éducatif, les élites chinoises comprirent rapidement que ce rapport de force défavorable leur imposait, pour arriver à leurs fins, d’employer toutes les ressources de la tradition stratégique chinoise fondée sur la ruse, la guerre asymétrique et le travail de sape sur le temps long.

C’est ainsi que, dans un premier temps, la Chine s’appuya sur son « frère » communiste, l’URSS. Transferts de technologie, assistance militaire, formation de cadres, tout ce qui était bon à prendre le fut jusqu’au moment où les rivalités de plus en plus fortes entre les deux puissances communistes qui culminèrent en 1963 par des affrontements frontaliers encore aujourd’hui largement méconnus, conduisirent les stratèges chinois, après avoir pressé tout le jus du citron soviétique, à effectuer un radical changement de cap.

A partir de ce moment, la stratégie de la Chine fut en effet d’opérer un rapprochement avec les États-Unis, appâtant l’Oncle Sam par la perspective de jouer Pékin contre Moscou, une rupture en réalité déjà bien entamée dans les faits ! Sans jamais donner l’impression d’être demandeurs, les Chinois parvinrent ainsi à obtenir une coopération économique, technologique et militaire très avantageuse pour la Chine qui fut concrétisée aux yeux de l’opinion publique américaine et mondiale par la visite du Président Nixon en 1972.

Quelques décennies plus tard, pour entrer à l’OMC, la Chine promit tout ce qu’on lui demanda de promettre : libéralisation économique et politique, progressive, respect de la propriété intellectuelle, privatisation future des entreprises d’état etc…  Bien entendu, ces promesses n’engagèrent que ceux qui, comme Michael Pillsbury, avaient choisi d’y croire et l’Empire du Milieu parvint une fois de plus à obtenir, sans réelles contreparties, des avantages considérables et à poursuivre avec succès sa course dans le Marathon.

Devenue une grande puissance économique la Chine continua, en ce début de XXIe siècle, à mener une politique d’infiltration et de conquête : espionnage industriel, création de relais d’influence via les Instituts Confucius, prise de participation dans les médias ou entreprises technologiques occidentales, financement de programmes de recherche pour les universités ou emploi au titre « d’activités de conseil » de responsables politique de premier plan…

Ainsi, comme le révèle avec une grande franchise le livre de Michael Pillsbury, pendant plus d’un demi-siècle, la Chine parvint à tromper la vigilance des États-Unis et l’Occident en général parvenant avec une suprême habileté à les pousser à encourager, voire à financer le développement d’une puissance rivale cherchant à les dominer ainsi qu’à prendre leur place.

A travers ses expériences de conseiller et de diplomate,  Michael Pillsbury révèle comment le gouvernement Chinois sut parfaitement exploiter les faiblesses des démocraties occidentales  (l’absence d’une administration unique capable de centraliser l’information et de travailler dans la durée), d’utiliser le matérialisme et l’avidité des capitalistes pour mieux leur vendre la corde avec laquelle les pendre («l’accès à l’immense marché chinois ») et surtout de toujours dire aux Occidentaux ce qu’ils voulaient entendre, à savoir que grâce à leur soutien, la démocratie et les principes libéraux finiraient inévitablement par s’imposer en Chine !  

Dans les meilleures pages du livre, Michael Pillsbury révèle notamment comment les services de renseignement refusèrent de prêter foi aux avertissements d’un déserteur dénonçant dès les années 80 le double jeu de la Chine ou encore comment un analyste de la CIA l’informa, après bien des difficultés, qu’il avait reçu pour ordre ne pas traduire les communications interceptées jugées « trop nationalistes » pour ne pas contribuer à remettre en cause la grande et lucrative stratégie de coopération avec la Chine !

Du récit de première main de Pillsbury, il ressort que le stratagème le plus redoutable employé par les Chinois fut d’une part de systématiquement présenter la Chine comme un pays fragile nécessitant le soutien des États-Unis et l’accès au marché mondial pour garantir sa stabilité et de l’autre, d’agiter sans cesse la menace d’un renversement de la faction des « modérés » par les « extrémistes » (ying pai) afin de pousser les États-Unis et les Occidentaux en général à faire des concessions toujours très avantageuses pour la Chine.

Quelle ne fut pas la surprise de Michael Pillsbury de découvrir que cette stratégie de communication était, depuis le début, dictée par la frange radicale elle-même pour mieux duper les États-Unis et que les librairies chinoises possédaient un rayon spécial, interdit aux étrangers, où une littérature nationaliste, contraire à tout le discours officiel, rencontrait un large succès tout en étant recommandée par le parti !  

Cette dissimulation et ce double-discours permanent s’expliquent par le fait que le plus grand risque pour la Chine durant ce « Marathon de 100 ans » était de de se révéler trop tôt aux yeux des États-Unis comme un rival stratégique ou, pour reprendre l’expression traditionnelle, « de demander trop tôt le poids des chaudrons de l’empereur ».

Aujourd’hui, après avoir su pendant près plus d’un demi-siècle “tromper le ciel pour traverser la mer”, “tuer avec une épée empruntée” ou encore “piller la maison en feu“, c’est une Chine désormais sûre de sa puissance, de son influence et de son statut qui n’hésite plus à abattre ses cartes et à révéler beaucoup plus crûment sa volonté de puissance. Pour la Chine, s’assurer le rôle de première puissance mondiale représente aujourd’hui une nécessité, non seulement pour s’assurer que les objectifs du marathon soient atteints en 2049 pour le centenaire de la fondation de la République Populaire mais mais également afin de faire face aux crises qui menacent le pays, notamment l’épuisement des ressources et la dégradation catastrophique de l’environnement. Selon Michael Pillsbury,  55% de l’eau en Chine ne serait en effet plus potable…

Publié en 2016, « le Marathon de 100 ans » a vu passer depuis quatre années d’une présidence Trump déterminée à rompre avec la coopération et l’aveuglement des administrations précédentes pour entrer dans un véritable rapport de force économique mais aussi politique avec la Chine. En 2020, la victoire apparente de Joe Biden, candidat plus que largement soutenu par la Chine et liée à cette dernière par un grand nombre d’intérêts économiques, peut en revanche s’interpréter comme une victoire des intérêts chinois aux États-Unis.

Pour mieux saisir la réalité de cet affrontement entre deux puissances rivales mais également comprendre les méthodes de cette stratégie de conquête, d’infiltration et de subversion chinoise qui est aujourd’hui également appliquée à la France avec la complicité d’une large partie de la classe politique française, la lecture du « Marathon de 100 ans » est plus que recommandée à tous les décideurs publics, chefs d’entreprise, diplomates, officiers de l’armée ou du renseignement et plus généralement, tous ceux qui continuent d’ignorer ou de nier la volonté de conquête de la Chine et la guerre asymétrique qu’elle mène de longue date aux nations occidentales.

Pour les patriotes français, cette lecture peut constituer une leçon ainsi qu’une source d’inspiration car pour sauver la France et lui faire retrouver son rang, il faudra, pour elle aussi,  « un Marathon de 100 ans. »

Du plan

« Que vos plans soient aussi impénétrables que la nuit la plus noire et lorsque vous agissez, frappez comme l’éclair. » Sun Tzu, l’Art de la guerre

Imaginez que vous vous trouviez confronté au problème suivant :

Vous avez découvert que suite à un long processus d’infiltration, de subversion et d’élimination, une oligarchie mondialiste opérant comme une véritable mafia a pris le contrôle, à l’échelle mondiale, de la monnaie, des grandes entreprises, de la politique et d’une partie des forces armées avec pour objectif d’éliminer une large partie de la population et de réduire le reste en esclavage. Grâce à un travail de renseignement et d’enquête, vous n’avez aucun doute sur les intentions de cette oligarchie ainsi que sur sa capacité à exécuter ce plan, d’autant plus que tout a été écrit dans de nombreux livres et annoncé lors de multiples interventions.

Si vous avez pu découvrir ce complot, vous êtes probablement un militaire, un membre des services de renseignement ou un dirigeant politique et vous devez cette découverte à un membre de votre famille, à un mentor ou tout simplement parce que vous avez été directement confronté au pouvoir de cette oligarchie durant vos études ou dans votre travail. Si vous avez décidé, non pas de rejoindre, mais de combattre cette oligarchie mondialiste et son plan, vous vous êtes rapidement heurté à deux problèmes concrets.

Tout d’abord, combattre cette mafia suppose d’agir à l’échelle mondiale. En effet, l’interdépendance du système et son caractère global rendent impossible de libérer uniquement votre pays, sans parler du danger de laisser cette oligarchie se reconstituer sur une base arrière d’où elle pourrait à nouveau vous attaquer. Ensuite, vous avez conscience que cette oligarchie a mis en place des mesures de sécurité lui permettant de plonger le monde entier dans le chaos et la destruction au cas où son pouvoir viendrait à être réellement menacé. Pour finir, vous devez également libérer les esprits des individus qui ont été « capturés » par la propagande, la désinformation et les techniques sophistiquées d’ingénierie sociale déployées par cette oligarchie pour empêcher les peuples de prendre conscience de la nature du système dans lequel ils vivent.

Ces contraintes uniques en leur genre vont donc vous obliger à mener une guerre invisible, hybride et dirigée de l’intérieur en coordination avec d’autres pays du monde. Pour conduire cette guerre, la première étape va consister à identifier les pays, ou les groupes au sein de chaque pays ou organisation, susceptibles de rejoindre votre coalition. Rapidement, vous allez prendre conscience de la nécessité de vous appuyer sur les trois grandes puissances que sont les États-Unis, la Russie et la Chine. Pourquoi ?

Dans le cas des États-Unis : parce ce pays est la première puissance économique et financière mondiale, parce qu’il compte encore une véritable élite patriote et parce que les forces armées américaines sont le bras armé de l’oligarchie mondialiste, instrument que vous devez impérativement neutraliser ou retourner contre ceux qui le contrôlent.

Dans le cas de la Russie : parce que ce pays lutte et résiste depuis plusieurs siècles à l’oligarchie mondialiste, qu’il est parvenu, sous la direction de Vladimir Poutine, à largement « nettoyer » la société et l’appareil d’État des agents mondialistes et enfin, parce qu’il possède une force armée et des services de sécurité compétents et efficaces.

Dans le cas de la Chine : parce que ce pays est devenu l’atelier du monde, qu’il compte plus d’un milliard d’habitants, qu’il est membre du Conseil de Sécurité de l’ONU et qu’il a été lui aussi, aux XIXe et XXe siècles, victime des politiques menées par cette oligarchie. En ce qui concerne les pays occidentaux, vous savez que le contrôle absolu exercé par le mondialisme depuis plusieurs siècles sur des pays comme la France limite la résistance à l’action de petits groupes devant être soutenus par une force extérieure dans ce combat pour la libération de leurs pays respectifs.

Après avoir identifié vos alliés potentiels et vos points d’appui, vous allez commencer par créer, dans chaque pays et à l’intérieur du système, des groupes de résistants triés sur le volet. Avec prudence et méthode, vous allez recruter au fil du temps et dans la plus grande discrétion des éléments prometteurs susceptibles de vous rejoindre dans cette guerre contre la cabale. À ce stade, l’objectif n’est pas de prendre le contrôle de tout le système mais uniquement de constituer des bastions destinés à agir comme « têtes de pont » et d’identifier des « capitaines » susceptibles de mener l’offensive dans des domaines aussi divers que l’économie, le droit, la politique et les médias. En parallèle, des contacts vont progressivement s’établir entre les différents groupes de résistance et certains de vos membres iront s’installer au sein des pays « amis » en tant qu’« officiers de liaison », tout en continuant de maintenir leurs activités professionnelles ou leurs fonctions officielles. Durant tout ce processus, vous gardez en tête que le temps joue contre vous, la phase finale du projet mondialiste étant prévue à l’horizon 2025-2030.

Dans le cadre de cette guerre contre l’oligarchie mondialiste, la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, malgré le système sophistiqué de fraude électorale chargé d’assurer la victoire d’Hillary Clinton, va représenter une avancée majeure. Suite à cette victoire, qui vous donne le contrôle d’une partie des forces armées, des services de renseignements, de l’administration et du réseau diplomatique américains vous aller pouvoir passer à la phase suivante de l’opération.

Vous allez donc lancer la première « grande offensive » de cette guerre le 4 novembre 2017 durant laquelle le comité anti-corruption présidé par le prince saoudien Mohammed Ben Salman va ordonner l’arrestation de plus de cinq cent membres de la famille royale, de ministres et d’hommes d’affaires saoudiens, tout en procédant à la saisie de deux mille comptes bancaires pour un montant de plus huit cent milliards de dollars. Grâce à cette offensive, pour la première fois dans l’Histoire, c’est une face entière du triangle du pouvoir mondialiste qui vient de s’effondrer.

Au même moment, vous allez lancer l’opération Q, faussement appelée Qanon par les médias de masse. Le but de cette opération, longuement analysée ici, est de commencer la libération des esprits en communiquant au public américain et mondial des informations sur cette guerre de l’ombre contre le mondialisme. Dans cette guerre de l’information qui vous oppose aux médias de masse, c’est à dire la branche propagande de l’oligarchie mondialiste, vous allez développer vos propres canaux de réinformation mais aussi utiliser vos propres techniques de « petits pas » et d’ingénierie sociale, non pas pour manipuler l’opinion publique, mais pour l’éveiller progressivement à la réalité du système de contrôle et de désinformation dont elle est victime.

À un niveau fondamental, cette guerre de l’ombre ressemble à une opération de chirurgie des plus délicates : éliminer le parasite (l’oligarchie mondialiste) sans tuer l’hôte (les peuples et les nations du monde). La première phase de l’opération va ainsi conduire à la destruction du sommet de la pyramide et de ses structures de commandement, comme dans le cas de l’élite saoudienne ou, hypothétiquement, celui du baron Benjamin de Rothschild, dirigeant du groupe Edmond de Rothschild, décédé d’une crise cardiaque à 57 ans le 15 janvier 2021. De la même manière, très peu de personnes comprirent la mesure prise par Donald Trump en mars 2020 lui ayant permis, sur le plan technique, de nationaliser une large partie des marchés financiers américains et de prendre ainsi le contrôle de la Réserve Fédérale.

Une fois le haut de la pyramide et ses capacités de riposte neutralisés, vous allez déclencher la phase suivante de l’opération. Et c’est là que va intervenir cette idée de génie : pour mieux la détruire, vous allez maintenir publiquement l’illusion de la continuité du pouvoir de l’oligarchie mondialiste tout en contrôlant entièrement cette dernière en coulisses. Cette stratégie, aussi culottée et invraisemblable que les manipulations orchestrées pendant des années par vos adversaires, va vous permettre de :

– contrôler de façon précise le processus de démantèlement, notamment en ce qui concerne les révélations faites à l’opinion publique ;

– d’identifier, en interne, les agents mondialistes présents à l’intérieur du système et qui continuent d’exécuter les ordres qu’ils croient recevoir de leurs chefs ;

– de jouer les différentes factions mondialistes les unes contre les autres en profitant des dissensions qui commencent à apparaître entre ces dernières ;

-d’éviter le chaos, la panique et un choc psychologique trop grand pour l’opinion public. Comme l’a écrit Q : « La vérité enverrait 99 % des gens à l’hôpital. Sa révélation doit être contrôlée. »

Dans le cadre de cette grande opération de « théâtre politique », le contrôle par des forces extérieures de certaines personnalités ou institutions sera, dans certains cas, comme celui de la « présidence » Biden, rendu visible. Dans d’autres cas, des personnalités joueront le rôle qui leur a été assigné en échange d’une remise de peine ou d’un jugement à huis-clos. Dans tous les cas, le processus sera entièrement sous votre contrôle et vous dirigerez la pièce avec une rigueur et une précision toute militaire.

Pour finir, plutôt que de mener une guerre ouverte au système mondialiste, vous allez le détruire en retournant ses propres armes contre lui. Ils voulaient vacciner la terre entière ? Vous allez les laisser faire, avec quelques garde-fous, en utilisant le scandale des effets secondaires et la preuve de l’inefficacité des vaccins pour rendre visible au grand public la propagande du gouvernement, la complicité des médias, la corruption de l’industrie pharmaceutique et les mensonges des experts. Ils veulent abolir les différences entre les sexes et nier les réalités biologiques ? Vous allez encourager leurs excès, rendre encore plus visible l’obsession transgenre et laisser les lobbys LGBT, écologistes et progressistes aller au bout de leurs délires. Résultat : en accélérant un changement conçu à l’origine pour être diffus et progressif, vous allez provoquer une prise de conscience et une saturation de l’opinion publique accompagnée d’un puissant phénomène de rejet.

Pour finir, ils veulent leur guerre avec la Russie ? Vous allez leur donner l’opération militaire spéciale en Ukraine qui va vous permettre d’en remettre une couche sur la propagande des médias, de montrer l’incompétence du haut-commandement militaire, de révéler l’aveuglement des gouvernements occidentaux et, d’un point de vue tactique, de canaliser toutes les ressources matérielles et humaines de l’OTAN vers ce conflit qui, tel un gigantesque trou noir, va toutes les aspirer pour mieux les détruire. Enfin, la crise énergétique causée par cette guerre va vous fournir, en temps voulu, un prétexte pour faire tomber les gouvernements mondialistes d’une façon justifiée aux yeux de l’opinion publique. Comme le dit un proverbe russe : « le réfrigérateur gagne toujours contre la télévision ». (победа холодильника над телевизором)

Grâce à des outils sophistiqués d’analyse psycho-sociale et la coordination des différents corps d’armée de l’alliance anti-mondialiste, vous avez la capacité de mesurer de façon très fine l’avancée du plan et la libération aussi bien politique que mentale des peuples et des pays occupés. Une fois vos objectifs stratégiques atteints et la masse critique de personnes « éveillées » suffisante, vous allez détruire, avec un minimum de pertes, la partie visible et publique du système mondialiste pour le remplacer par un autre. Comme tout bon stratège, vous avez déjà gagné la bataille avant même qu’elle n’ait commencé.

Une fois cette oligarchie mondialiste vaincue et son système de contrôle détruit, vous allez pouvoir mettre en place un nouveau système économique, politique, juridique et financier fondé sur la souveraineté des nations, le respect des spécificités religieuses et culturelles de chaque peuple et un système de relations internationales dont les règles seront les mêmes pour tous.

Pour comprendre cette stratégie et envisager le plan d’ensemble de cette guerre de libération sans équivalent dans l’Histoire, nul besoin de posséder des informations secrètes ou de bénéficier de contacts privilégiés. Il suffit d’analyser toutes les données disponibles en sources ouvertes, d’aborder le problème avec un esprit logique et enfin, de se poser cette simple question : si j’avais voulu démanteler de façon durable et efficace le système mondialiste, comment m’y serai-je pris ? 

Pour aller plus loin :

Des mondialistes

De l’alliance-anti-mondialiste

De la guerre de l’information

De la désinformation

De l’opposition contrôlée

Opération Vampire Killer

De l’alliance antimondialiste

« Les ennemis de mes ennemis sont mes amis »

Proverbe français

Pour le sociologue Julien Freund, le politique, en tant qu’essence, se trouve structuré par plusieurs couples de notions telles qu’obéissance/commandement, public/privé et surtout ami/ennemi. Dans le cadre de la guerre en cours contre le mondialisme, cette dernière distinction est plus importante que jamais et trop de patriotes commentent l’erreur d’utiliser les critères suggérés ou imposés par les médias de masse pour déterminer qui sont leurs amis et qui sont leurs ennemis.

Commençons par rappeler que le mondialisme est un projet d’essence totalitaire qui vise justement à supprimer le politique tel que défini par la typologie de Julien Freund : suppression de la vie et de la propriété privées (surveillance généralisée + économie de la location perpétuelle) ; obéissance imposée par la technostructure (crédit social, passe climatique ou sanitaire) et exprimée par des commandements (« vous ne posséderez rien et vous serez heureux » ) et enfin, mise en place d’un gouvernement mondial supprimant de fait la possibilité même d’une alternative politique (s’il existe une gouvernance mondiale, aucune structure politique terrestre ne peut lui être extérieure.)

Ce projet, porté par l’oligarchie mondialiste, repose sur le contrôle de la monnaie via les banques centrales, la manipulation psychologique de l’opinion publique par les médias de masse et vise à la destruction des nations, des peuples et de toute forme organique et traditionnelle de culture au nom d’un projet messianique d’inversion de toutes les valeurs et de transformation de l’Homme en « dieu ».

Si un tel projet a pu séduire une large partie des « élites » occidentales, une large coalition antimondialiste est apparue au cours des dernières décennies afin d’une part, de mettre en échec le projet mondialiste et d’autre part, de proposer une alternative à ce projet totalitaire global. Dans le cadre de cette guerre, si le rôle joué par des chefs d’états comme Donald Trump, Vladimir Poutine, Jair Bolsonaro, Viktor Orban apparaît comme relativement clair, cette coalition compte d’autres alliés dont le rôle peut être plus difficile à admettre ou à saisir.

Imaginons par exemple que vous soyez un prince saoudien. Issu d’une longue lignée de fiers guerriers du désert, vous n’appréciez pas que votre pays se trouve sous la coupe du mondialisme depuis le début du XXe siècle et que certains agents locaux soient en mesure de contester ou concurrencer votre pouvoir de futur monarque. En tant que musulman et protecteur de plusieurs lieux saints, vous n’appréciez pas non plus que le mondialisme ait pour objectif, à terme, de dissoudre l’Islam dans une grande religion mondiale inclusive avec un statut spécial réservé pour la Mecque. Pour finir, vous comprenez également comment votre participation à une alliance antimondialiste pourrait renforcer votre rôle de puissance régionale et pourquoi le fait que votre pays soit une plaque tournante du trafic d’êtres humains n’est pas forcément une bonne chose pour son image ou ses perspectives d’avenir.

Par conséquent, tout musulman et saoudien que vous êtes cela fait de vous un allié objectif dans la guerre contre le mondialisme et pour sceller cette alliance, vous allez recevoir en grande pompe le président Trump et l’inviter à participer à l’Al Ardha, cette danse des sabres que pratiquent depuis des temps immémoriaux les guerriers saoudiens avant d’entrer en guerre.

Imaginons ensuite que vous soyez un taliban et que vous voulez vivre comme vous avez toujours vécu, c’est-à-dire vivre selon les principes du pachtounwali, le code de l’honneur du pachtoun. Vous n’avez pas non plus envie de voir des drapeaux LGBT flotter dans les rues de Kaboul, ni les femmes afghanes « s’occidentaliser », ce qui, de votre point de vue, serait la pire chose qui puisse leur arriver. De la même manière, vous n’appréciez pas que les troupes de l’OTAN viennent occuper votre pays pour y réautoriser la pédophilie et la pratique du bacha bazi (jeu avec les garçons), crime sévèrement puni lors que vous exerciez le pouvoir, et y cultiver massivement un pavot qui sera ensuite transformé en drogues dures pour empoisonner l’Occident via l’héroïne ou des opioïdes comme l’Oxycontin, la Vicodin ou le Fentanyl. (D’après le CDC, l’épidémie d’opioïdes est responsable de la mort de plus de 500 000 américains entre 1999 et 2018).

Tout Taliban que vous êtes, vous n’aimez pas les pédophiles, les trafiquants de drogue et encore moins  les gens qui viennent envahir votre pays pour vous forcer à abandonner un mode de vie ancestral, soutenu par plus de  80% de la population, au nom de la démocratie, des droits de l’homme et du « Progrès ». Cela fait donc de vous un allié objectif dans la lutte contre le mondialisme et explique sans doute pourquoi en 2021, les États-Unis ont apparemment quitté votre pays la queue entre les jambes après y avoir laissé pour plusieurs dizaines de milliards de dollars d’armes, de matériel et d’équipement.

Imaginons ensuite que vous soyez un dirigeant chinois. En bon connaisseur de l’Histoire, vous vous souvenez des guerres de l’opium de 1839 à 1856 et de l’occupation de la Chine par les forces mondialistes impérialistes britanniques et françaises. Vous vous souvenez également que la banque JP Morgan, alliée à la compagnie britannique des indes orientales cherchèrent, à partir de 1911, à neutraliser Sun-Yat-Sen, le père de la république chinoise opposé à l’exploitation coloniale de son pays. Conscient de présider aux destinées d’un des plus vieux états du monde, vous ne souhaitez pas voir la Chine perdre sa souveraineté dans le cadre d’un Nouvel Ordre Mondial et souhaitez continuer à suivre un chemin de développement qui vous est propre, qu’il s’agisse du « socialisme avec des caractéristiques chinoises » ou du mouvement « néo-autoritaire » mêlant le socialisme marxiste avec les valeurs confucéennes traditionnelles. Très bien conseillé par Wang Huning, vous avez compris que l’idéologie mondialiste ne peut que conduire à l’effondrement interne des peuples et des nations via la promotion du matérialisme,  le développement du nihilisme et à la désintégration de la cellule de base de la société qu’est la famille.

En bon stratège chinois, si vous avez su pendant un temps utiliser le mondialisme pour développer la Chine et atteindre vos objectifs dans le cadre du « Marathon de Cent Ans », vous avez désormais compris la nécessité de lutter contre cette idéologie et avez pris un ensemble de mesures pour neutraliser ses agents, garantir votre souveraineté et éviter la perversion de la jeunesse chinoise, des décisions qui vous ont valu d’être publiquement désigné comme “l’un des plus grands ennemis des sociétés ouvertes” par le financier George Soros.

Enfin, admettons que vous soyez un haut-fonctionnaire bardé de diplôme ou un journaliste influent. En partie par opportunisme, en partie par conviction, vous avez cru au mondialisme. Vous avez adhéré à l’idée d’un monde sans frontières dirigé par une élite éclairée utilisant des technologies avancées pour résoudre les grands problèmes de l’humanité. Mais avec le temps, votre opinion a changé. La gestion de la crise Covid, les personnes âgées euthanasiées à coup de Rivotril dans les maisons de retraite, l’AVC ou la crise cardiaque de votre beau-père suite à sa troisième dose, l’explosion des pensées suicidaires chez les enfants et les adolescents, le mépris généralisé pour une population considéré comme du bétail, tout cela vous a fait un peu réfléchir. Et puis, il y a eu toutes ces affaires de pédocriminalité, ces appels répétés à réduire la population mondiale et ces rumeurs de rituels sataniques dont vous aviez déjà entendu parler mais que vous aviez toujours refusé de prendre au sérieux. Et puis un jour, quelqu’un vous a approché et vous a fait une offre que vous ne pouviez pas refuser. Cette personne vous a expliqué qu’il  serait mieux pour vous, pour votre famille et pour le monde que vous aidiez à détruire le système mondialiste de l’intérieur et que votre coopération pourrait vous éviter de finir en prison, voire d’être pendu ou fusillé en place publique.

Au lieu d’aller directement en enfer, vous vous retrouvez au Purgatoire et cela fait de vous un allié objectif dans la guerre contre le mondialisme.

Dans cette guerre contre le mondialisme, l’ami ou l’allié est celui qui, pour des raisons qui lui sont propres, contribue à la destruction de cette mafia transnationale qui a infiltré pour mieux subvertir les institutions économiques, politiques et intellectuelles de la plupart des pays de la planète. A l’inverse, l’ennemi est celui qui cherche à maintenir ce système, y compris sous la forme redoutable de l’opposition contrôlée. A la guerre, l’adversaire le plus dangereux n’est pas celui qui vous dit qu’il est votre ennemi mais celui qui se fait passer pour votre ami.

L’objectif de cette guerre contre le mondialisme n’est pas de mettre un terme à la pauvreté, à la maladie ou à l’injustice mais de donner une chance aux peuples et aux nations de vivre comme bon  leur semble et de faire leurs propres choix, bons ou mauvais, après avoir retrouvé leur souveraineté politique, économique et culturelle. Cela n’empêchera pas les Russes de chercher à espionner les Américains et les Américains, les Russes, ni aux Chinois de s’intéresser à la propriété intellectuelle des deux. Cela n’empêchera pas non plus  les musulmans de penser que les chrétiens sont des mécréants et qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah, ni les chrétiens de penser que le Christ est le chemin, la vérité et la vie et que nul ne vient au Père que par Lui. Enfin, cela n’empêchera pas les requins de continuer à plumer les pigeons, ni « au fort de faire ce qu’il peut et au faible de souffrir ce qu’il doit » (Thucydide).

Mais tout cela se fera désormais « à la régulière » dans le cadre d’une concurrence classique entre nations souveraines, libres de se développer selon des schémas qui leur sont propres et de former des alliances stratégiques conformes à leurs intérêts, comme sont actuellement en train de le faire les BRICS, actuellement en discussion pour inclure l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Égypte.

Cet objectif n’est peut-être pas suffisant pour ceux qui espéraient une libération de l’humanité de toutes ses souffrances et de toutes ses servitudes. En tant que peuple franc, c’est-à-dire libre, les Français doivent se souvenir que rien n’est plus important et précieux que la liberté. Quant aux chrétiens, ils savent que l’Homme est un être déchu, marqué par le péché, et que le Paradis ne se trouve pas sur cette Terre mais au Ciel. Et même si Satan reste le « Prince de ce Monde », c’est le devoir de tous les hommes de bonne volonté de se battre de toutes leurs forces pour que ses plans soient mis en échec, que son pouvoir demeure aussi limité et dérisoire que possible et surtout, que les enfants, présents ou à venir, soient protégés aussi bien de son influence que des sacrifices qu’il exige.

Pour aller plus loin :

Des mondialistes

De l’opposition contrôlée

De la désinformation

Entretien avec Sergei Glaziev sur le nouveau système financier mondial

Le virage historique du prince Mohammed Ben Salmane

Coopération renforcée entre la Russie et la Corée du Nord

De la résistance

“Il n’y a qu’une fatalité, celle des peuples qui n’ont plus assez de forces de se tenir debout et qui se couchent pour mourir.”

Charles de Gaulle

Nous sommes en guerre. Une guerre cognitive, hors limites fondée sur l’infiltration plutôt que l’invasion et qui vise à détruire les peuples occidentaux, dont la France, de l’intérieur.

Cette guerre faisant appel à des moyens non conventionnels pour mener son œuvre de destruction (médias, justice, droit, politique sanitaire, éducation, culture, démographie), il est tout à fait logique que la résistance à cette agression adopte également des formes non-conventionnelles.  

En 2022, combattre l’ennemi qui cherche à nous anéantir ne nécessite pas que nous allions faire sauter des trains, tendre des embuscades à des patrouilles ou saboter des dépôts de munitions. D’une part parce que les Russes s’acquittent parfaitement de cette tâche et d’autre part,  parce qu’en Occident, la nature de la guerre exige un tout autre type d’engagement de la part de ceux qui veulent y participer.

Pour résister efficacement, nous devons tout d’abord avoir conscience, à l’échelle individuelle et collective, que nous nous trouvons aujourd’hui engagés dans une lutte à mort où la défaite aura pour conséquence l’extermination de la majeure partie de la population et la mise en esclavage des survivants, non sans les avoir auparavant tenté de les briser mentalement en les convaincant que le monde se porterait bien mieux sans eux et leurs préjugés racistes patriarcaux de petits blancs complotistes non-vaccinés cisgenres. Ce processus de démoralisation et d’affaiblissement conduit déjà une majorité de nos contemporains à être incapable de gérer psychologiquement l’idée qu’ils sont en guerre et que, pour survivre, ils vont devoir se battre contre un ennemi aussi redoutable que déterminé.  

Devenir un vrai résistant signifie ensuite abandonner l’idée que quelqu’un va venir vous sauver : l’homme providentiel, l’armée, un parti politique, bref tout ce qui représente l’espoir que quelqu’un d’autre vienne faire le travail à votre place. En ce qui concerne l’armée et les partis politiques, ils sont d’une part largement noyautés et infiltrés par l’ennemi et d’autre part, ils fonctionnent, à dessein, selon des schémas désuets qui les rendent totalement inadaptés à la nature de la menace actuelle ainsi qu’à la réalité de la guerre en cours. Quant à l’homme providentiel, il ne peut qu’amplifier ou incarner un esprit de résistance déjà présent au sein du peuple. Personne ne peut sauver un pays qui ne possède pas la volonté de se sauver lui-même.

Or, comme l’avait compris George Bernanos, les Français ne peuvent pas être sauvés car ils passent leur temps à se mentir à eux-mêmes. En effet, notre peuple vit depuis trop longtemps dans l’illusion qu’il est possible de se sauver sans effort, qu’il suffit de laisser une petite minorité de courageux résistants faire tout le travail pour ensuite en récolter les fruits, bref, de toujours chercher à revenir du marché de la liberté tout content d’avoir fait une « bonne affaire ».

Malheureusement, ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnement et quiconque essaie de tricher avec la liberté, le courage, l’honneur et les sacrifices que ces vertus exigent, finit toujours par payer un prix bien plus élevé que s’il avait accepté de payer comptant dès le départ.

Heureusement, la guerre actuelle offre à tous les Français l’opportunité de retrouver leur liberté, leur fierté et leur honneur en entrant en résistance grâce à une multitude d’actions aussi utiles, qu’accessibles et efficaces.

1) Réinformer

Cette guerre est principalement une guerre de l’information.

Pour la gagner, commencez par éteindre votre poste de télévision et cessez de considérer comme crédible tout ce qui sort de la bouche des journalistes et de nos dirigeants. Nous aurons fait un premier pas vers la victoire quand la majorité des Français aura compris que les médias de masse ne sont que la branche « propagande » de leurs ennemis et que ceux-ci contribuent à créer une véritable réalité parallèle dans laquelle se trouve, cognitivement et psychologiquement, enfermée la majorité du peuple français. Cette lutte contre la manipulation et l’ingénierie sociale peut être menée en encourageant un maximum de Français à éteindre leur téléviseur, à ne plus faire confiance aux médias dits « de référence », et à se tourner vers des sources d’information alternatives comme par exemple, France Soir, TV Libertés, Strategika, Fdesouche, le Saker Francophone, Sud Radio (André Bercoff) et bien d’autres. Les prises de position critiques à l’encontre de la vaccination Covid ou de l’opération militaire en Ukraine ainsi que les accusations de complotisme par les chiens de garde du système constituent en général de bons indices de fiabilité.  

2) Reprendre le contrôle

Dans le cadre de cette guerre, l’ennemi cherche à vous rendre totalement dépendants, passifs, isolés, bref incapable de vous passer de lui et des services qu’il vous rend via l’État qu’il contrôle. Par conséquent, la résistance consiste à développer votre autonomie et ainsi retrouver une véritable souveraineté sur vous-même. Cela concerne évidemment l’information mais aussi l’alimentation, la santé, l’éducation et la sécurité. Plutôt que d’être dépendants des supermarchés ou même de producteurs locaux, essayez de produire votre propre nourriture : fruits, légumes, œufs, viande. Même en appartement, il est possible de faire pousser des pommes de terre dans des sacs remplis de terreau  et même si cela ne vous fera pas passer l’hiver, il y a quelque chose de profondément émancipateur dans le fait de manger quelque chose que l’on a cultivé soi-même !

La même logique vaut pour la santé ou la sécurité : seriez-vous capable d’assurer ces fonctions de base si celles de l’État venaient à être défaillantes ou pire, à se retourner contre vous ? Pour finir, l’action la plus importante de résistance porte sur la reprise en main de l’éducation. « Seul un imbécile laisse son ennemi contrôler le cerveau de ses enfants » dit un célèbre proverbe. Aujourd’hui, sauf courageuses exceptions, l’Éducation Nationale est devenue une machine à endoctriner les enfants, à détruire toute forme d’excellence, y compris chez les professeurs, et à empêcher l’acquisition de véritables connaissances. La solution : le repli, soit vers les écoles en hors-contrat, dont le nombre ne cesse actuellement d’augmenter en France, soit en se battant bec et ongles pour la défense de l’école à la maison, aujourd’hui gravement menacée. Quoi qu’il en soit, dans l’état actuel des choses, si vous laissez l’État, « instruire » et (ré)éduquer vos enfants, vous avez déjà perdu la guerre avant même qu’elle n’ait commencé.

3) Recréer du lien

Vos ennemis vous veulent assis sur votre canapé, hypnotisés par la télévision ou subjugués par vos jeux vidéo, votre smartphone ou votre casque de réalité virtuelle. Là encore, résister consiste à faire tout le contraire, c’est-à-dire sortir de chez vous, former des communautés et recréer du lien au niveau local. Si vous êtes un dissident : créez un cercle de réflexion et invitez des conférenciers à venir parler chez vous plutôt que de vous contenter de regarder leurs vidéos sur Youtube. Vous aimez le cinéma ? Organisez des projections de films ou de documentaire suivis d’un débat. Vous êtes musicien ? Montez un groupe et mettez le feu à la place de votre ville ou de votre village. La politique vous intéresse ? Prenez contact avec tous les patriotes de votre région, même si vous n’êtes pas d’accord sur tout, et prenez le temps de faire connaissance. Vous êtes catholique ? Rejoignez une paroisse traditionnelle, participez à des initiatives comme « La France prie » et lancez dans la foulée la mode de l’after-chapelet. Bref, tissez des liens au niveau local qui vous permettront de recréer des communautés organiques. Si vous n’êtes pas capable de mobiliser au moins dix personnes, en vue d’une activité ou d’un objectif commun, voilà votre premier objectif de résistant.

4) Fonder une famille

Que ce soit à travers la propagande climatique, la précarité économique, l’allongement des études, le travail des femmes ou encore les substances affectant la fertilité (perturbateurs endocriniens, vaccins), l’ennemi utilise tous les moyens à sa disposition pour vous empêcher de vous reproduire et de construire des structures familiales solides et durables. Si vous avez trouvé la bonne personne et que vous avez la maturité suffisante (les points 2 et 3 aident beaucoup), n’attendez pas d’avoir la trentaine pour fonder une famille. Pour les femmes, méfiez-vous du piège de la carrière et de la lutte contre le « patriarcat ». Mettre un enfant au monde mérite plus d’éloges et de gratitude que de devenir ministre et le secret d’un couple qui dure réside dans l’acceptation de la complémentarité : entre l’homme et la femme, à chacun son domaine, à chacun ses compétences.

5) Prier

Non seulement, la plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas mais nos ennemis ont réussi à réduire l’homme moderne à sa dimension matérielle ainsi qu’à lui faire croire que les religions traditionnelles n’étaient que les reliques barbares d’un passé révolu dont l’existence aurait été rendue inutile par le « Progrès ». Comme ils ont empoisonné nos corps, nos ennemis ont empoisonné nos esprits avec le poison du matérialisme, du relativisme et l’idée que chaque homme pouvait devenir créateur de sa propre norme. Et pour mieux nous tromper, ils ont appelé tout cela, la Raison, l’émancipation, ou encore la « libre-pensée ». Alors qu’elle fut pendant des siècles « la fille aînée de l’Église », la France se trouve aujourd’hui marquée par la confusion spirituelle la plus totale et il n’est pas malheureusement pas rare de voir dans notre pays des catholiques, des prêtres, et même des évêques, ne plus vraiment savoir ce qu’être chrétien veut dire.

Pour sauver la France, nous devons commencer par sauver son âme.

Et pour cela, nous devons confier notre pays à Notre Seigneur Jésus-Christ ainsi qu’à sa mère, la Sainte Vierge Marie. Si vous voulez sauver la France retournez à la foi de vos pères, priez et demandez  humblement et sincèrement à Dieu de sauver notre pays, de veiller sur nos enfants, de nous protéger de la tentation et de nous délivrer du mal.  

En Russie, le 9 mai, des millions de personnes défilent chaque année dans la rue avec une photo d’un membre de leur famille ayant participé à ce que les Russes appellent « la Grande Guerre patriotique » et que nous désignons sous le nom de seconde guerre mondiale. Ces millions de personnes défilent à la fois pour rendre hommage à leurs ancêtres, à leur courage, à leurs sacrifices mais aussi pour montrer la persistance de ces valeurs à travers le temps et l’Histoire. C’est pour cela que les Russes appellent cet événement « le Régiment Immortel ».

Un jour, peut-être plus proche que beaucoup d’entre nous l’imaginent, la guerre actuelle prendra fin. Si nous voulons avoir une chance de la gagner et de retrouver la France, il est capital que chacun d’entre nous, à son niveau et selon ses moyens, participe à cette guerre d’un nouveau genre pour que chaque Français et ses descendants puissent dire : j’ai eu un père, un frère, un mari, une mère, une sœur, qui a participé à cette guerre pour la libération de notre pays. Pour que nous aussi, Français, avec une fierté retrouvée, nous puissions un jour célébrer la gloire et le souvenir de notre « Régiment Immortel ».

Pour aller plus loin:

La France Retrouvée

De la pilule rouge

Morpheus : La Matrice, c’est le monde qui a été mis devant tes yeux pour te cacher la vérité.

Néo : Quelle vérité ?

Morpheus : Que tu es un esclave Néo. Comme tout le monde, tu es né enchaîné. Dans une prison que tu ne peux ni voir, ni sentir. Une prison pour ton esprit.

La Matrice

La Matrice (The Matrix) est un film américain sorti en 1999 réalisé par Andy et Larry Wachowski. Inspiré thématiquement par des écrivains de science-fiction tels que Phillip K. Dick ou William Gibson et esthétiquement par le genre cyberpunk, le cinéma d’arts martiaux et l’animation japonaise, La Matrice fut un immense succès commercial mais s’imposa également comme un œuvre majeure de la culture populaire du début du XXIe siècle.

Le film raconte l’histoire de Thomas Anderson, un ingénieur informatique sans histoire le jour et un hacker connu sous le nom de Néo la nuit, qui se retrouve confronté à des événements extraordinaires qui vont bouleverser son existence et l’amener à remettre profondément en cause sa perception de la réalité. Dans une des scènes-clés du film, Néo se voit proposer un choix par Morpheus, figure charismatique jouant le rôle de mentor et de guide spirituel : prendre la pilule rouge et découvrir la vérité sur la Matrice ou prendre la pilule bleue et demeurer à tout jamais dans le confort du mensonge et de l’illusion. Au moment du choix fatidique, Morpheus ne manque pas d’avertir Néo : s’il prend la pilule rouge, sa vie va changer et aucun retour en arrière ne sera possible.

Cette séquence a conduit à l’introduction dans la culture populaire de l’expression « prendre la pilule rouge » (to take the redpill) qui s’est peu à peu diffusée dans les milieux contestataires et dissidents, d’abord aux États-Unis, puis dans le reste du monde. Aujourd’hui largement répandue, cette expression fait malheureusement souvent l’objet d’un véritable contresens. En effet, nombreux sont les conservateurs à penser qu’il suffit d’être critique vis-à-vis de l’establishment ou des médias et de dénoncer les dangers du multiculturalisme, de l’immigration de masse et du Grand Remplacement pour avoir pris la pilule rouge (to have been redpilled).

Prendre la pilule rouge correspond en réalité à une expérience aux conséquences psychologiques et philosophiques bien plus importantes pouvant être résumées à deux principaux points.

Tout d’abord, prendre la pilule rouge commence par admettre que contrairement à ce qu’affirme le relativisme moderne, il existe une vérité objective qui constitue la réalité. À ce titre, il est nécessaire de bien faire la différence entre cette réalité objective et la perception que nous avons de cette réalité qui est, elle, subjective. Pour éviter d’être trompés sur la nature de la réalité que nous observons, il est important de comprendre comment notre perception subjective peut être influencée par des biais cognitifs mais aussi différentes techniques et méthodes de manipulation psychologique et d’ingénierie sociale. Notons également qu’il est plus facile de déterminer ce qui est faux (via negativa) que ce qui est vrai et que pour nous approcher de la vérité nous pouvons employer deux méthodes complémentaires : d’une part, l’examen empirique et rigoureux des faits et d’autre part, notre intuition, notre instinct, nos coutumes et traditions, ce que la psychologie comportementale appelle des heuristiques.

Une fois ce premier point intégré, nous devons ensuite comprendre et accepter que tout ce que nous croyons savoir sur le monde qui nous entoure n’est pas la vérité mais constitue une réalité fabriquée de toute pièce pour nous empêcher de connaître et comprendre la « vraie » réalité. Comme Néo dans la Matrice ou Truman Burbank dans The Truman Show, nous vivons en réalité à l’intérieur d’une réalité construite, une simulation, destinée à nous maintenir dans l’ignorance et dans l’esclavage.

Prendre la pilule rouge revient à sortir de cette prison et commencer à nous poser des questions dérangeantes, à commencer par : qui a construit cette fausse réalité et pourquoi ?

La réponse à cette question que nous avons longuement développée dans notre essai consacré aux mondialistes est la suivante : un groupe de gens très puissants souhaitant conserver leur influence et conscients qu’une population éveillée et avertie de leur existence ainsi que de leurs méthodes aurait pour premier réflexe de se révolter contre eux et de remettre ainsi en cause leur richesse et leur pouvoir.

Prendre la pilule rouge, c’est ainsi comprendre que depuis au moins le XVIIIe siècle, ce groupe de mondialistes, cette cabale, a enfermé mentalement les peuples dans une véritable réalité parallèle créée, entretenue et diffusée par les médias, le monde politique, l’école et tous les discours officiels.

Prendre la pilule rouge, c’est comprendre que cette fameuse politique dont parle à longueur de journée la télévision ou les médias n’est qu’un théâtre permettant de maintenir le peuple dans l’illusion d’un choix démocratique tandis que le vrai pouvoir reste concentré entre les mains d’individus et d’institutions qui demeurent pour l’essentiel inconnus du grand public.

Prendre la pilule rouge, c’est découvrir que l’école ne nous a pas appris la véritable Histoire mais celle que les mondialistes veulent nous apprendre et que par conséquent tout ce que nous croyons savoir sur le Moyen-Âge, la Révolution Française, les deux guerres mondiales, Mai 68, le 11 septembre et récemment la pandémie de COVID-19 est totalement faux.

Prendre la pilule rouge, c’est comprendre qu’économiquement nous sommes soumis à des banques centrales détenues par des intérêts privés qui créent de l’argent virtuel et forcent le peuple et les États à payer des intérêts sur ce « crédit » ou à le rembourser avec des actifs réels. Prendre la pilule rouge, c’est également comprendre que tout le système financier n’est qu’un immense système de Ponzi, une gigantesque escroquerie, que la tertiarisation de l’économie  n’est qu’un moyen d’appauvrir les peuples et de les asservir grâce à la dette et que toute la propagande sur le changement climatique ne sert qu’à camoufler une réalité qui est celle de l’épuisement des ressources naturelles et l’accaparement des derniers stocks disponibles par les mondialistes.

Prendre la pilule rouge, c’est comprendre que presque tout ce qui est présenté comme un « progrès » technologique ou social ne sert en réalité qu’à détruire tout ce qui est naturel pour le remplacer par de l’artificiel ou de l’ersatz, accélérer le processus de domestication de l’être humain et réduire un peu plus son autonomie personnelle ou le champ de ses libertés.

Prendre la pilule rouge, c’est découvrir que toutes les institutions officielles qui prétendent être là pour vous aider, vous protéger, vous soigner et vous instruire ne servent qu’à vous empoisonner le corps et l’esprit et à vous endormir grâce à un faux sentiment de sécurité. C’est également comprendre que tous ceux qui cherchent à combattre ce système de l’intérieur ou à rester fidèles à la mission première de ces institutions finissent inévitablement broyés par cette impitoyable machine.

Prendre la pilule rouge, c’est découvrir que toutes les stars, les célébrités, les experts et plus généralement, tous ceux mis en avant par le système et présentés comme des modèles ou des autorités sont, au mieux, des «idiots utiles » et au pire, des criminels, des traîtres et des dépravés qui se vautrent quotidiennement dans la fange de leurs turpitudes et n’ont que mépris pour ce public qui les écoute et les adule.

Prendre la pilule rouge, c’est découvrir que ceux qui nous dirigent sont pour l’essentiel des psychopathes pratiquant une religion archaïque, celle de Lucifer, adoré sous la forme de Baal ou de Moloch, et que cette religion exige des sacrifices rituels durant lesquels des jeunes enfants sont violés et torturés dans l’impunité la plus totale.

Prendre la pilule rouge, c’est comprendre par extension pourquoi tout a été fait pour détruire le christianisme en général et l’Église Catholique en particulier car il s’agit de la seule institution capable de partir en guerre contre Satan, ses œuvres et ses pompes.

Prendre la pilule rouge, c’est comprendre que nous sommes au cœur d’une guerre cognitive et que dans cette guerre, dire la vérité et réinformer le plus grand nombre de gens possible constitue la seule stratégie permettant à terme de remporter la victoire.

Prendre la pilule rouge, c’est accepter qu’énoncer ces vérités fait de vous un complotiste, un extrémiste, voire un fou furieux bon à enfermer et qu’assumer publiquement de tels propos peut vous condamner à la mort sociale, à l’ostracisation médiatique, à la persécution politique ou judiciaire, sans parler de l’hostilité de tous ceux qui, prisonniers du système et vous voyant comme un dangereux perturbateur, deviennent ses agents et cherchent à le défendre.

Au-delà des persécutions politiques et judiciaires, prendre la pilule rouge comporte d’autres risques.

D’une part, celui du cynisme : considérer que face à un tel système d’oppression et de contrôle, le combat est perdu d’avance ; d’autre part, celui de la peur, de l’angoisse, du sentiment de voir le sol se dérober sous ses pieds, de découvrir soudainement qu’une réalité familière n’était en réalité qu’une illusion.

La Nature ayant horreur du vide, il est impératif que ceux qui prennent la pilule rouge puissent être pris en charge d’un point de vue social et psychologique afin de tempérer l’effet déstabilisateur de ces révélations et d’éviter que ce qui devrait être une libération ne se transforme en une nouvelle forme d’aliénation.

Au-delà des informations qu’elle a pu diffuser, le génie de l’opération Q aura été de donner naissance à une véritable communauté de dissidents, les frens, les anons et les digital soldiers, et d’offrir un refuge émotionnel ainsi qu’une communauté de substitution à tous ceux que leur récente prise de conscience a pu conduire à être mis au ban.

Dans le même temps, nombreux sont ceux que la pilule rouge a ramenés vers la foi et conduits à accepter Jésus Christ comme Sauveur. En effet, prendre la pilule rouge, c’est s’engager sur un chemin de vérité, prendre conscience de l’existence du mal et en conséquence, découvrir que seul le Christ peut nous sauver et qu’il est bel et bien « le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14:6)

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce grand mouvement d’ouverture des consciences s’appelle le Grand Réveil (The Great Awakening) et que tous ceux passés par ce processus se reconnaissent à :

-une incapacité physique à supporter les mensonges des médias ou des politiques

-une détermination sans faille à se battre pour leurs libertés

un refus général du mensonge et de toutes les servitudes contemporaines

-une foi personnelle ravivée et solide comme le roc

Malheureusement, une part incompressible de la population préfèrera toujours la confortable illusion de la pilule bleue à l’épreuve de la liberté offerte par la pilule rouge. Confrontés à ce choix, nous ne pouvons qu’inviter les indécis à méditer sur cette parole de l’Évangile qui nous livre la version originale et éternelle du choix entre la pilule rouge et la pilule bleue :

Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui entrent par cette voie. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et peu nombreux sont ceux qui l’empruntent. (Matthieu 7:13)

Pour aller plus loin :

Du refus du mensonge

Des mondialistes

De la guerre de l’information

De la guerre hors limites

Matrice- La pilule rouge

Néo voit la Matrice