Extraits du dixième épisode du Spartacast « Beware the skeeters » publié le 20 juin 2023 par la source Spartacus. Traduit de l’anglais par Stanislas Berton
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Pendant des années, jusqu’à ce que la gestion mondiale du COVID-19 m’ouvre les yeux, je croyais que la plus grande menace pour nos libertés venait du lobbying des grandes entreprises, de la prise de contrôle administrative et de la concentration croissante des pouvoirs financiers et médiatiques entre les mains d’une toute petite élite et que les scientifiques et les ingénieurs, censés être plus objectifs et rationnels, réussiraient à à échapper à la manipulation légale, financière et émotionnelle du système grâce à une bonne dose de rationalité. Au lieu de ça, l’oligarchie a également acheté les scientifiques et les ingénieurs pour les transformer en propagateurs de leur idéologie. Je ne m’y attendais pas. Je pensais que mes confrères auraient plus d’intégrité et ne se laisseraient pas aussi facilement corrompre.
Après avoir observé la tyrannie et la tragédie des confinements, j’ai passé un peu de temps à réfléchir à l’impact que la décroissance aurait réellement sur nous en tant qu’espèce. Pour dire les choses crûment : cela tue les gens. Cela tue les jeunes, cela tue les vieux. C’est cruel et cela tue de façon aveugle. Dans une autre vie, j’avais régulièrement de longs débats sur ces sujets. Je me souviens de ce type pro-croissance, le genre de gars convaincu qu’on trouvera toujours une solution, qui m’avait dit de but en blanc que mes idées sur le développement durable allaient tuer des gens. À l’époque, je ne l’avais pas cru mais avec le recul, il avait totalement raison.
J’ai été témoin des confinements-la décroissance économique mise en pratique- et j’ai pu constater le massacre. Personne n’a été jugé pour cela. Nos dirigeants ont assassiné des jeunes enfants sous nos yeux. Ils ont ôté le pain de bouches affamées. À l’échelle mondiale, à cause des perturbations des chaînes logistiques causées par les confinements, des dizaines de millions d’enfants supplémentaires souffrent de malnutrition en comparaison des années précédentes. Même ici, aux États-Unis, les gens souffrent du chômage, de la pauvreté et on assiste à un effondrement de la santé mentale à une échelle jamais vue auparavant. La consommation de drogues et les fantasmes suicidaires connaissent une explosion. Ce ne sont pas là les signes d’une société qui va bien.
Avant d’écrire la « lettre de Spartacus » [NdT : un travail de synthèse sur le Covid qui connut une diffusion virale dans le monde anglophone], j’avais commencé à travailler et obtenu des informations concernant la technologie de contrôle mental et les liens problématiques entre les fabricants de vaccins et les ONG spécialisées dans la recherche de virus, avec le Ministère de la défense américain et tout le complexe militaro-industriel. Quand j’ai commencé à comprendre ce qui était en train de se passer – un coup d’État technocratique par les hommes de Davos avec des crimes contre l’humanité en prime- j’ai pris conscience que ces gens doivent absolument être stoppés. La question n’est pas s’ils doivent l’être mais quand et dans quelle mesure devrons-nous utiliser la force. Si nous laissons ces psychopathes continuer sur leur trajectoire actuelle, ils vont nous réduire en esclavage. Ils suivent un plan de mise en esclavage généralisée de l’humanité qui concerne chaque aspect de nos vies.
Si, à ce stade, vous n’avez toujours pas compris cela alors vous ne savez rien de la technocratie, du néo-malthusianisme ou du transhumanisme. C’est une grave erreur. Ne me croyez pas sur parole. Consultez les sources originales. Lisez Thorstein Veblen. Lisez Jacques Fresco. Lisez Ray Kurzweil. Lisez le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. J’ai lu tout cela il y a bien longtemps et j’ai pris ces informations très au sérieux. C’est cette familiarité de longue date avec ce sujet de niche qui m’a permis de comprendre pourquoi nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation extrêmement grave.
Autrefois, je considérais Patrick Wood comme un adversaire idéologique. Maintenant, j’encourage tout le monde à lire ses livres. Tous ses livres. Le pire, c’est que les gens derrière toute cette histoire de développement durable et de décroissance sont des menteurs. Des gens comme George Monbiot sont des menteurs pathologiques. Ils mentent sur le climat, ils mentent sur la pénurie de ressources et ils inventent des crises pour faire avancer leur projet anti-humain de contrôle totalitaire tout en détruisant la richesse et la prospérité de la classe moyenne. Des feux de forêt ? Je le jure devant Dieu : ce sont eux qui les allument.
Il y plus de dix ans, j’ai essayé d’avertir les gens. Tous les membres des cercles que je fréquentais refusaient de se pencher sur ces questions. Les humains augmentés ? La gouvernance par algorithme ? Les économies fondées sur les ressources ? Le rationnement et les quotas de consommation ? Ils ne prenaient rien de tout cela au sérieux. Pour eux, c’était de l’ordre du vœu pieux. C’est de la science-fiction. Ça sera toujours vingt ans dans le futur. Sauf que ce n’est pas le cas. C’est déjà là. Maintenant. Sous nos yeux. Comme je l’avais prédit. Et les pires tyrans de l’histoire de l’humanité n’utilisent pas ces technologies pour résoudre le problème de la pauvreté, des sans-abris, de la toxicomanie, des maladies chroniques ou aucun des vrais problèmes auxquels sont confrontées nos sociétés. Ils utilisent ces technologies pour nous enfermer dans des prisons numériques à ciel ouvert, détruire la capacité de négociation des travailleurs et des familles, mettre les enfants sous la tutelle de l’État et voter des lois somptuaires dégradantes et rétrogrades qui limiteront l’accès aux produits de luxe à la seule classe dirigeante.
Ils ne font pas cela pour la planète. Ils se foutent complètement de la planète. S’ils s’en souciaient vraiment, ils n’utiliseraient pas l’hystérie écologique pour nous vendre des technologies encore moins efficaces et utiles que celles que nous avons déjà. Bien qu’ils se trouvent chacun à une extrémité du spectre politique, James Delingpole et Michael Moore ont tous les deux raison : les panneaux photovoltaïques et les éoliennes sont des impasses. La seule raison de refourguer ce genre de choses aux gens est de chercher à les rendre pauvres et dépendants afin de les contrôler.
Ce qui est pire, c’est que les mégalomanes de Davos et leurs copains sont en train de nous faire foncer tête baissée dans la révolution de l’IA sans bien comprendre ces implications. Ils espèrent que la menace de la fraude à l’IA et le risque de l’usurpation d’identité contribueront à accélérer l’adoption des identités numériques centralisées et mettront fin à l’anonymat sur Internet. Nous devons insister sur la souveraineté des identités numériques : si n’avez pas la main sur les clés publiques et privées qui définissent votre identité numérique et que vous ne les générez pas vous-même alors ce n’est pas votre identité. Elle appartient à la plateforme. De la même manière, si votre identité numérique est générée par le gouvernement, cela ne vous appartient pas non plus. Cela appartient à l’oligarchie financière.
Ces derniers temps, après son suicide en prison, j’ai beaucoup réfléchi au manifeste de Ted Kaczynski. Il y a encore quelques années, ma vision du monde aurait été diamétralement opposée à la sienne. Ce n’est plus le cas. Autrefois, j’aurais défendu l’idée que nous avions besoin de plus de technologie. Beaucoup plus. Et qu’il fallait évidemment la mettre au service du corps humain. Pour guérir tous nos maux. Pour nous débarrasser du cancer. Pour arrêter le vieillissement et chasser de notre mémoire la notion même d’infirmité. J’étais autrefois d’accord avec tout cela et même davantage, avec toutefois une exception : je n’ai jamais pu accepter l’idée de priver les gens de leur libre arbitre et de leur autonomie, pour quelque raison que ce soit. En revanche, cela ne pose aucun problème à nos dirigeants. Entre un gouvernement mondial stable et nos libertés civiques, que pensez-vous qu’ils vont choisir ? Si le gouvernement possède les moyens de pacifier à grande échelle la population avec des neurotechnologies, il les utilisera. Les moyens et la volonté de le faire sont bien présents et cette question a été largement débattue par des spécialistes de la législation de l’éthique.
Cela me coûte de l’admettre mais Théodore avait raison. Les êtres humains sont en train d’être domestiqués, reconditionnés et remodelés par le système technologique que nous avons créé. D’une certaine manière, c’était inévitable. La liberté humaine représente la menace numéro un pour le système technologique. Des gens libres, autonomes avec le pouvoir de faire leurs propres choix sont capables de perturber de façon directe le système et de nuire à son efficacité. Du point de vue de la théorie du contrôle, dans une société suffisamment complexe, la liberté humaine, indépendamment du rôle très important qu’elle joue dans l’innovation ou la culture, représente quelque chose comme un bruit de fond indésirable ou un feedback qui doit être lissée pour devenir un pur signal. C’est comme cela qu’on arrive à la bureaucratisation de la vie, à la théorie du nudge, aux ESG, et à toutes ces techniques de manipulation comportementales aussi bizarres qu’intrusives. Les gens derrière cette vision sont de purs utilitaristes qui ne croient pas au concept de droits naturels. Comme Jérémy Bentham, ils ne croient qu’aux droits légaux et, aux dernières nouvelles, lorsqu’il s’agit de légiférer, c’est l’argent qui fait la loi.
Ce projet de reconfiguration de l’être humain conduit inévitablement à son éradication. C’est à dire qu’une fois que vous avez suffisamment domestiqué l’homme pour qu’il accepte, et soit même heureux, de vivre dans une cabane métallique en mangeant des insectes, la suite logique est de le libérer de cette enveloppe charnelle qui représente la première cause de ses humiliations et de ses souffrances. Pour certains transhumanistes, il s’agit là d’un objectif louable. Si vous avez déjà lu The Hedonistic Imperative, le manifeste de David Pearce, vous voyez exactement de quoi je veux parler. Dans le système technologique, l’étape ultime de l’être humain, juste avant qu’il se transforme en flux de pures données, est de devenir un cerveau dans un bocal rempli de drogues de synthèse et de sérum anti-âge, plongé dans un mode virtuel, toujours heureux, toujours satisfait, sans avoir besoin de se vêtir, de se nourrir, de se procurer de nouveaux gadgets pour satisfaire ses besoins en dopamine et sans souffrir des vicissitudes liées au sexe, à la mort, à la maladie, à l’ingestion, à l’excrétion et autres choses du même genre.
La guerre déclarée aux non-vaccinés par l’appareil sécuritaire biomédical au cours des dernières années fut concentrée sur le corps humain lui-même en tant qu’objet et cible d’une intervention biopolitique. En soi, cela n’a rien d’exceptionnel. Tout le projet technologique lui-même est, à un niveau fondamental, une guerre menée au corps humain. Une guerre pour posséder, dompter et contrôler ce corps vulgaire, obscène, détestable et ingérable pour, au bout du compte, éliminer une bonne fois pour toute ses instincts sauvages tout en préservant la personne intelligente autrefois enfermée dans cette coquille aussi fragile que nuisible. Cela peut, en apparence, passer pour de la folie pure mais cela transparaît dans toute création technologique conçue par l’être humain. Tous nos outils sont, dans une certaine mesure, conçus pour réduire ou éliminer toute souffrance ou difficulté auxquelles le corps doit faire face.
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Les citoyens ne doivent jamais prendre conscience qu’ils sont considérés comme du bétail et que leurs corps sont en permanence visés par le lavage de cerveau, la pacification chimique, la modification génétique eugéniste et la castration de fait, tout cela pour satisfaire les caprices de la société technologique et de l’appareil administratif qui la gouverne. Bien sûr, tout cela est assez hypocrite car ce projet est mis en œuvre par des aristocrates qui, eux, s’autorisent le luxe d’avoir des corps non modifiés, non souillés et pleinement épanouis dont les loisirs constituent la principale préoccupation. Pendant qu’ils envoient leurs enfants dans des écoles privées, ils envoient les vôtres en prison. En réalité, il s’agit d’un système qui vous déteste à un tel point que votre santé mentale dépend en partie de votre capacité à ignorer cette haine pure qu’il dirige contre vous et votre corps au nom de votre santé et de votre confort.
À son insu, le manifeste de Ted Kaczynski développe avec brio l’idée que le corps humain est très bien comme il est. Notre corps n’ a pas besoin d’être modifié pour s’adapter à la société. Pour Kaczynski, cela devrait plutôt être le contraire : la société doit être modifiée pour être ergonomique et agréable au corps humain et non le soumettre à un stress excessif ou lui demander d’accomplir des tâches répétitives sans résultat ni récompense. Après tout, le concept de « processus de pouvoir » de Kaczynski n’est pas vraiment différent de celui de « bullshit jobs » de David Graeber. Tous les deux, en partant de deux points de départ différents, arrivent à la même conclusion, à savoir que cela est psychologiquement destructeur pour les gens de passer leurs journées à creuser des trous pour les remplir le lendemain, tels des prisonniers dans un goulag. Forcer un être humain ou un animal à accomplir un effort sans résultat manifeste est une forme admise de torture. « Activités compensatoires » est un euphémisme. Nous devrions l’appeler auto-mutilation rituelle ou torture sublimée.
Le plus remarquable dans la société technologique est le fait qu’elle transforme les gens en participants volontaires à leur propre torture et à leur propre emprisonnement. Le manifeste de Kaczynski invite ses lecteurs à prendre conscience d’une vérité dérangeante. Vous êtes un animal dans une cage. Tordez les barreaux de la cage. Fuyez dans la forêt et rejoignez la nature. Soyez libre. C’est un appel au réensauvagement de l’homme.
Si autant de gens sur cette planète vivent dans des cages mentales, c’est parce que, d’une certaine manière, ils veulent vivre en cage. Vivre une existence libre, non-contrôlée et non-filtrée tout en se confrontant à des idées qui se trouvent hors de la fenêtre d’Overton [NdT : l’ensemble des idées jugées acceptables par une société à un moment T], leur fait énormément peur. Ces gens vous sortiront la veille rengaine de Thomas Hobbes sur le fait que la vie à l’état de nature est solitaire, pauvre, violente et brève. Ils invoqueront les vieux monstres tirés des légendes : les épidémies de peste, la famine, le cannibalisme durant les sièges, les viols de masse commis par les armées etc. Et à partir de ce raisonnement, ils soutiendront qu’il est préférable, comme le dit si bien le personnage de Denis Leary dans le film Demolition Man, d’être un puceau de 47 ans assis sur son canapé dans son pyjama beige en sirotant un milk-shake broccoli-banane tout en fredonnant I’m an Oscar Mayer Wiener. La société technologique n’a pas besoin d’hommes sauvages, qui picolent, qui jurent et qui portent des fusils à canons sciés fabriqués à partir d’anciens tuyaux de poêle. Elle veut des eunuques castrés, domestiqués et dociles.
L’idée selon laquelle le progrès technologique et social est nécessairement bon en soi, jusqu’à la domestication et la pacification de l’être humain, est le fondement de l’offensive sur nos corps menée par le parti unique technocratique autoritaire et néo-libéral. Tout commence par la création et l’entretien du mythe de la sauvagerie humaine et de la maladie que seule la technologie pourrait guérir. Et cela se termine par la transformation du monde en un gigantesque hôpital, distribuant de force ses propres traitements pour toutes les maladies possibles et imaginables.
Avec l’obsolescence de la politique, nous sommes en train de médicaliser la nature humaine elle-même, pour la traiter comme une maladie dont nous devrions guérir.
Cela ressemble-t-il à quelque chose que vous avez déjà entendu quelque part ? Cela devrait.
Notes du traducteur :
1) Si la domestication de l’être humain moderne par le système technologique est une réalité, la solution prônée par Ted Kaczynski, à savoir sa destruction, pose plusieurs problèmes. En effet, comme le souligne Kaczynski lui-même, ce projet doit nécessairement être global car sinon rien n’empêcherait un pays ayant conservé la puissance de sa technostructure de conquérir et dominer ceux qui auraient opté pour un retour à la nature et aux communautés locales. La conquête des indiens d’Amérique, proches de l’idéal de Kaczynski, par les puissances européennes offre un exemple de ce risque. Par conséquent, tout projet de destruction de la société technologique ne peut être que mondial. Or, cela nous ramène au mondialisme, c’est à dire à la négation de la souveraineté des peuples et des États. Si un pays veut conserver sa technostructure, qui peut lui imposer d’en sortir ou d’y renoncer ?
2) Loin des utopies, l’approche réaliste admet que la vie au sein d’une communauté politique suppose des compromis : nous acceptons une part de domestication et de renoncements à certaines libertés en échange de la sécurité, du confort et d’une participation, même indirecte, à la puissance collective du groupe. Dans « Le malaise dans la culture », Freud a bien montré en quoi toute civilisation se construit grâce au refoulement de certaines pulsions. En poussant l’analyse, on peut considérer que l’une des principales missions du politique consiste en un arbitrage permanent entre ce qui renforce le collectif mais réduit la liberté individuelle et vice versa. A l’heure actuelle, il est évident que nous sommes allés trop loin dans la domestication de l’homme et que nous avons besoin d’un retour à l’autonomie, au localisme et à une existence individuelle plus détachée de la technostructure.
3) La société technologique correspond parfaitement au projet de Satan : omnipotence, omniscience, dépassement de la nature humaine et transgression de toutes les limites pour rivaliser avec Dieu. Mais surtout, la guerre que le projet transhumaniste mène au corps ne s’expliquerait-elle pas par le fait que Satan est un pur esprit et, qu’à l’inverse, Dieu a crée l’Homme et son corps « à Son image » ?
Pour aller plus loin :
Des bullshit jobs (Graeber)
Contrôle mental (Spartacus)