“Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.” Luc 23:34
Dans ses livres « La violence et le sacré » ou « Achever Clausewitz », le philosophe René Girard a parfaitement analysé les ressorts psychologiques et anthropologiques secrets qui gouvernent la violence mimétique.
Ce travail nous permet de comprendre deux choses très importantes :
1-Dans un conflit, le phénomène mimétique nous conduit toujours à
devenir notre ennemi.
Par conséquent, s’il veut
triompher du monde islamique, le monde occidental va devoir devenir comme lui, c’est-à-dire
renoncer à la modernité et revenir à ses fondamentaux.
C’est justement cette éventualité, confusément pressentie, qui est insupportable pour les sociétés européennes car accepter cette nécessité reviendrait à admettre qu’elles se sont trompées sur tout et que le sacrifice sur l’autel du “progrès”, de la religiosité, de la force, de l’honneur, des modèles familiaux traditionnels, de l’autorité, de la hiérarchie et du sacré, les a en réalité conduit dans une impasse.
2-Tout groupe humain se débarrasse de sa violence en la transférant sur un bouc émissaire qu’il finit par sacrifier. Or, aujourd’hui, confrontée à une agression sans précédent, la civilisation occidentale ne peut pas riposter de façon proportionnelle car en vertu de la loi de la violence mimétique et de la montée aux extrêmes, cela signifierait ouvrir un conflit avec le monde islamique et déclencher ainsi une nouvelle guerre mondiale qui, à ce stade, risquerait de faire disparaitre l’ensemble de l’Humanité.
Fidèles à leur héritage chrétien, les Occidentaux ont donc décidé de se sacrifier pour sauver le monde. L’apathie de l’Occident face à la conquête islamique, la haine de soi, le refus de faire des enfants au nom de l’écologie ne peuvent s’expliquer de façon satisfaisante que par le fait que les Occidentaux ont choisi de canaliser la violence du monde en devenant eux-mêmes le bouc émissaire offert en sacrifice. Dans le même temps, le refus par les pays d’Europe de l’Est de jouer ce rôle s’explique par leur expérience préalable d’un demi-siècle de souffrance sous le joug communiste et que par conséquent, ces peuples considèrent qu’ils furent autrefois offerts en sacrifice pour éviter à l’Occident un conflit ouvert avec l’URSS.
Cette brève analyse permet de comprendre pourquoi compte tenu des enjeux et des facteurs psychologiques et anthropologiques à l’œuvre, quiconque souhaite sauver la civilisation européenne doit aller au-delàde la politique pour mobiliser les forces puissantes et primitives du sacré.
Pour sauver les peuples européens, il faut donc les aider à rejeter la modernité et les accompagner dans cette démarche, une vérité déjà comprise par un grand nombre de patriotes, mais aussi, et il s’agit là d’une entreprise bien plus difficile, les faire sortir du rôle du bouc émissaire en leur rappelant que le génie européen justifie que l’Europe soit sauvée et qu’il est donc à ce titre criminel de s’offrir aussi bêtement en sacrifice.
“Vous aurez des tribulations en ce monde mais gardez courage car moi, j’ai vaincu le monde” Jean 16:33
Lors de la fête de Pâques, les chrétiens célèbrent la Résurrection du Christ qui vient succéder à l’épreuve de la Passion et à son supplice sur la Croix. Réduits à sa dimension purement religieuse, la signification philosophique et anthropologique de ces événements échappe bien souvent à ceux qui ne croient pas mais aussi à certains croyants eux-mêmes.
Cette méconnaissance d’une des significations profondes de la mort du Christ sur la croix est d’autant plus regrettable qu’à bien des égards, les hommes et les croyants du XXIe siècle possèdent une clé de compréhension qui faisait défaut à ceux des siècles passés. Cette clé, c’est la théorie du philosophe René Girard sur la violence mimétique et les boucs émissaires.
En résumé, René Girard nous explique que l’humanité se trouve, depuis ses origines, prisonnière de la logique du désir mimétique, c’est-à-dire l’imitation du désir de l’autre. La rivalité étant contagieuse, ce processus d’imitation provoque une escalade qui aboutit inévitablement à une crise mimétique ne pouvant être résolue que par la violence, c’est-à-dire par le sacrifice d’une victime, le fameux « bouc émissaire », contre laquelle l’ensemble du groupe va se coaliser.
A travers cette grille de lecture, René Girard nous révèle des « choses cachées depuis la fondation du monde », c’est-à-dire la succession des cycles de violences mimétiques, souvent liés au thème du double (jumeaux) ou au sacrifice d’une figure d’autorité (Roi/Dieu) et qui finissent toujours par aboutir par la mise à mort d’un bouc émissaire, une logique que l’on retrouve parfaitement à l’œuvre dans la plupart des grands mythes fondateurs : Caïn et Abel, Romulus et Remus, et plus proche de nous, la décapitation de Louis XVI, victime sacrificielle de la Révolution Française dont la mort vint ouvrir un nouveau cycle de violence mimétique absolument catastrophique pour le peuple français.
Or, nous dit René Girard, il est essentiel de comprendre deux choses.
Premièrement, le cycle de la violence mimétique est entièrement crée et contrôlé par Satan.
Satan a besoin de la violence mimétique car c’est grâce à elle qu’il règne sur le monde, d’abord en créant le «scandale » (la rivalité mimétique) qui va ouvrir le cycle et ensuite par le sacrifice du bouc émissaire qui va le refermer. Pour René Girard, Satan symbolise ainsi le processus mimétique dans son ensemble et le Christ lui-même ne décrit pas autre chose quand il explique dans l’Évangile de Marc que « Satan expulse Satan ».
Deuxièmement, le peuple hébreu est le premier peuple à avoir eu l’intuition du caractère « satanique » de la violence mimétique comme en témoignent de nombreux récits de l’Ancien Testament comme le sacrifice d’Isaac, les souffrances de Job ou encore la trahison de Joseph par ses frères, récits qui contiennent pour la première fois dans l’Histoire l’idée que le bouc émissaire pourrait être en réalité une victime innocente.
Si cette intuition se trouve présente dans l’Ancien Testament, il faudra en revanche attendre la venue du Christ et le témoignage des Évangiles pour que le projet de sortir du cycle de la violence mimétique se trouve pleinement réalisé.
Tout d’abord, nous dit René Girard, nous commençons par assister à une répétition du cycle de la violence mimétique telle qu’elle a toujours existé avec la mort et le sacrifice de Jean Le Baptiste qui agit à la fois comme un rappel mais aussi comme une répétition, au sens théâtral, de ce qui va se passer avec le Christ. Une fois ce rappel effectué, nous allons être les témoins d’un nouvel épisode du cycle de la violence mimétique à travers ce moment charnière de l’histoire du monde que constitue la Passion du Christ.
Au début, tout se déroule selon le schéma habituel : le scandale s’est produit et la foule s’est liguée contre le Christ qui endosse à la perfection le rôle du bouc émissaire, « ce roi des juifs » que l’on va sacrifier. Par peur de l’émeute ou de la violence du groupe, tous ceux qui auraient pu empêcher la crucifixion du Christ laissent faire : Ponce Pilate essaie de substituer un autre bouc émissaire, Barrabas, mais finit par se plier au désir de la foule ; l’apôtre Pierre renie le Christ de peur d’être lui aussi sacrifié et le mauvais larron, lui-même crucifié, prend également le parti de la foule contre le Christ. Déterminé de son côté à aller au bout de son supplice, le Christ comprend parfaitement le cycle de la violence mimétique dont il est la victime : « Seigneur pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Au final, tout est accompli.
Le Christ meurt sur la croix, la crise sacrificielle du cycle mimétique a été menée à son terme et Satan semble, une fois de plus, avoir triomphé.
Mais il se produit à ce moment un retournement de situation unique dans l’Histoire.
En acceptant de mourir sur la croix, le Christ a révélé au monde et de façon définitive la logique de la violence mimétique et le sacrifice ignominieux du bouc émissaire. Satan croyait avoir triomphé mais c’est lui qui, en réalité, se retrouve cloué sur la Croix tandis que le cycle mimétique dont il est le maître se retrouve révélé à la terre entière à travers le récit qu’en feront les Évangiles ! Avant la Passion, l’épisode de la femme adultère nous montre d’ailleurs sans aucune ambigüité que le Christ avait parfaitement compris la logique des cycles de violence mimétique et identifié les moyens d’en sortir.
Ainsi, en endossant lui-même le rôle du bouc émissaire et en rendant visible à tous la réalité du cycle de la violence mimétique, le Christ s’est sacrifié pour offrir à l’humanité une chance d’en sortir !
Si le concept de « bouc émissaire » nous est aujourd’hui aussi odieux que familier, c’est parce que le christianisme nous a révélé sa réalité et que nous vivons depuis des millénaires dans une civilisation chrétienne fondée sur sa révélation ! En tant que symbole, la croix vient ainsi nous rappeler que le sacrifice a eu lieu une bonne fois pour toute et qu’il est donc inutile de le répéter, tout comme l’Eucharistie nous permet de reproduire le sacrifice et la consommation du corps de la victime (ceci est mon corps, ceci est mon sang).
Ainsi, comme le dit René Girard à la suite de Simone Weil, l’Évangile est moins une science de Dieu (théologie) qu’une science de l’Homme (anthropologie), c’est-à-dire que grâce à la Bible, l’humanité a pu comprendre la réalité du cycle de la violence mimétique qui la gouvernait depuis des millénaires et s’est ouvert, grâce au sacrifice du Christ et au récit fait par les Évangiles, la possibilité d’y échapper.
A Pâques, l’Occident célèbre ainsi la victoire du Christ sur la mort mais également son triomphe, grâce à son sacrifice, sur le cycle de la violence mimétique symbolisé par Satan.
Ce bref exposé permet donc de mieux comprendre à la fois le génie du christianisme mais aussi le risque que fait courir à notre civilisation le processus de déchristianisation et le retour d’une pensée païenne.
Une société qui rejette le Christ et son exemple se retrouve condamnée à rouvrir le cycle de la violence mimétique qui avait été refermé par sa mort sur la croix. Dans une telle société, Satan peut à nouveau créer des scandales, entretenir, à travers la fiction de l’égalité, la rivalité mimétique du « tous contre tous » et ainsi créer un nouveau cycle qui ne pourra conduire qu’au sacrifice de victimes innocentes pour restaurer l’harmonie de la communauté et apaiser la colère des Dieux. Dès qu’une société se déchristianise, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne se remette à pratiquer, à plus ou moins grande échelle, les sacrifices humains.
En ce jour de Pâques, les chrétiens célèbrent la victoire du Christ sur la mort mais ceux qui ne croient pas peuvent également rendre grâce à celui qui s’est sacrifié pour nous révéler la réalité destructrice du cycle de la violence mimétique et toutes ces choses cachées depuis la fondation du monde.
J’ai tendu mes mains tous les jours vers un peuple rebelle, qui marche dans une voie mauvaise, au gré de ses pensées. Esaïe 65:2
Signe des temps, le paganisme a aujourd’hui le vent en poupe et trouve de plus en plus d’adeptes à la fois chez une jeunesse perdue tentée par la sorcellerie mais aussi chez de jeunes identitaires pensant trouver leur salut dans une redécouverte de leur héritage pré-chrétien. De même que pour l’illusion européenne, si nous croyons aujourd’hui nécessaire de réfuter le paganisme c’est parce ce que cette doctrine exerce actuellement une importante séduction sur l’esprit des jeunes gens et contribue ainsi à les détourner de la vraie foi ainsi qu’à entraver le processus de redressement de la France.
Souvent inspirés par la pensée de Nietzsche, les jeunes païens fustigent la foi chrétienne, cette «religion des femmes et des faibles» ayant, selon eux, contribué à affaiblir les Européens en remplaçant l’antique et virile vigueur païenne par l’émolliente bienveillance égalitaire du christianisme. À leurs yeux, un retour au paganisme constituerait ainsi la seule solution pour sauver l’Europe du péril du Grand Remplacement mais aussi pour refonder notre culture sur des bases aussi fortes que saines.
La première erreur des nouveaux païens est de plaquer les défauts de notre époque sur le christianisme, d’avoir confondu la vision déformée par la modernité de cette religion avec sa réalité. Si les propos souvent lénifiants des dames catéchistes et des curés post-Vatican 2 ont pu donner au christianisme une apparence de mollesse et de tiédeur, commençons par rappeler que Jésus n’est pas venu pour nous endormir dans un confort bourgeois mais pour nous secouer et nous adjoindre à partir en guerre contre le mal. Écoutons ce que nous dit le Christ à ce sujet dans l’Évangile de Saint Matthieu :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. » (Matthieu 10:34)
Cette injonction à tout risquer pour le Christ conduira les premiers chrétiens à subir l’opprobre puis les persécutions de la société romaine, les premiers missionnaires à partir évangéliser, souvent au péril de leur vie, les tribus barbares des tréfonds de l’Europe, aux croisés de partir reprendre Jérusalem pour la gloire de Dieu et aujourd’hui à de nombreux chrétiens de s’opposer, au mépris de leur carrière, de leur fortune ou de leur confort, à la tyrannie qui s’exerce aujourd’hui sur les corps comme sur les esprits.
En réalité, le christianisme constitue la religion virile par excellence et son ordre repose sur cette remarquable formule « un père dans la famille, un père pour la Nation, un père dans le Ciel » équilibrée par la présence de la femme venant introduire de l’horizontalité dans cette logique verticale. Comme l’a remarquablement démontré Sylvain Durain dans son livre « Ce Sang qui nous lie », ce sont en réalité les sociétés pré-chrétiennes, qu’elles soient primitives ou antiques, qui sont en réalité d’essence féminine car celles-ci pratiquent l’indifférenciation et obéissent au principe du « matriarcat sacrificiel ». Ainsi, le travail de Sylvain Durain nous invite à ne pas confondre l’apparence du pouvoir faussement appelé patriarcal et manifesté par l’exercice, souvent brutal, du pouvoir par les hommes avec la domination réelle de la société via un fond symbolique, sacré et familial d’essence purement féminine (rôle des vestales à Rome, transmission des qualités par la mère etc…)
En réalité, seul le christianisme, religion de l’incarnation où le Verbe s’est fait chair, offre un chemin pour sortir du régime passé et présent du « matriarcat sacrificiel » qui, loin d’être un progrès, constitue en réalité un retour aux formes les plus archaïques, primitives et destructrices d’organisations sociales.
En effet, comme l’a démontré le philosophe René Girard, le christianisme, par le sacrifice du Christ sur la croix, a permis à l’humanité de sortir à la fois du cercle de la violence mimétique mais aussi de la logique ancestrale du bouc émissaire. L’intuition de René Girard rejoint sur ce point les travaux de Monseigneur Gaume qui démontra en 1877 dans « Mort au cléricalisme ou résurrection du sacrifice humain » que toutes les sociétés pré-chrétiennes avaient en commun la pratique du sacrifice rituel d’êtres humains.
Ce fait méconnu contribue en grande partie à expliquer la rapidité de la diffusion originelle du christianisme car partout où elle s’implanta la religion chrétienne mit immédiatement un terme à cette odieuse pratique qui persistait encore au Nouveau-Monde avant l’arrivée des colons européens. A l’inverse, comme le souligne Girard, dès qu’une société se déchristianise, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle se ne remettre à pratiquer les sacrifices humains, une intuition là encore malheureusement confirmée par la crise que traverse aujourd’hui l’Occident.
Au-delà de leur pratique du sacrifice rituel, les païens partagent avec les lucifériens, ces mondialistes que pense combattre le paganisme identitaire, d’être possédés par le démon de l’orgueil. Là où le chrétien accepte de s’en remettre entièrement à Dieu et, certain de Son amour, ne cherche qu’à recevoir Sa grâce, le païen entre dans une logique transactionnelle avec la divinité, réalisant des rituels pour recevoir des pouvoirs ou obtenir des faveurs. Pensant retourner à un mode de pensée et de croyance traditionnels, les païens succombent en réalité à cet orgueil résolument moderne qui refuse de servir et prétend, à travers une action humaine, exercer une influence sur la volonté et le plan de Dieu. Païens, prenez garde : le paganisme n’est que le masque derrière lequel se cache en réalité Satan, votre adversaire!
Sur les plans culturels et religieux, ceux qui pensent que le paganisme constitue aujourd’hui la seule forme de pensée religieuse capable de revitaliser l’Occident sont invités à relire René Guénon qui, dès 1927, dénonçait cette impasse dans « La crise du monde moderne » :
“Nous pensons d’ailleurs qu’une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne car, d’une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et , d’autre part, c’est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le Catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d’esprit traditionnel qui survivent encore.“
Le paganisme contemporain cherche en réalité à revenir à une source qui s’est tarie il y a bien longtemps pour la simple et bonne raison que le paganisme européen originel continue de vivre et d’exister à travers le christianisme en général et le catholicisme en particulier. Qu’il s’agisse des rites, des fêtes, des édifices, des saints ou même d’une figure comme la Vierge Marie, tout l’héritage païen de notre civilisation se retrouve intégré, préservé et surtout sanctifié par le catholicisme. Dès lors pourquoi se tourner vers une forme morte, et de surcroît inférieure, lorsqu’il existe aujourd’hui une forme encore vivante et transfigurée de ces croyances païennes ?
Pour finir, comme nous l’avons écrit dans “La France Retrouvée“, il existe un lien charnel entre La France et le catholicisme, le peuple français ayant, selon la belle formule d’André Suarès, « l’Évangile dans le sang ». Affaiblir ou rejeter le christianisme, c’est tout simplement rejeter la France et tout ce qui est païen ne peut être que profondément anti-français et c’est d’ailleurs sans doute pour cela que tant de païens identitaires ont substitué la défense de la civilisation européenne à celle de la civilisation française. Ainsi, leur rejet du christianisme conduit les nouveaux païens à un véritable contresens : si la France se trouve aujourd’hui en danger de mort, ce n’est pas à cause du christianisme mais justement parce qu’elle n’est plus chrétienne !
Enfin, à ceux qui nous diront à quoi bon défendre la France si le catholicisme est universel, nous répondrons que le peuple français est le peuple de la nouvelle alliance avec Dieu, alliance scellée en 496 par le baptême de Clovis et que cette tension, voire cette contradiction, entre les exigences du temporel et celles du spirituel se trouve au cœur de l’identité française. Comme l’avait bien compris le très chrétien Charles De Gaulle : «la perfection évangélique ne conduit pas à l’empire».
Concédons aux païens que ce christianisme affaibli et coupé de son héritage populaire et païen par les réformes conduites récemment par l’Église n’a pas contribué à donner une image séduisante de la religion chrétienne et a pu agir sur de nombreux esprits comme un repoussoir. D’où l’importance de souligner que nous assistons aujourd’hui, en France, en Europe et aux États-Unis, à l’avènement d’une nouvelle génération de chrétiens ayant parfaitement intégré que « Dieu vomit les tièdes » et bien décidés à rappeler au monde que le Christ est « le chemin, la vérité et la vie » mais aussi que toutes les aspirations de nos contemporains : quête de sens, recherche de la transcendance, ordre naturel, solidarité organique, défense et respect de la nature, peuvent être parfaitement comblées par le christianisme.
En tant que gardien de ce trésor et dépositaire de cette Bonne Nouvelle (évangile), tout chrétien a donc pour devoir de ne pas laisser le païen ou l’athée, à plus forte raison s’ils sont français, persister dans l’erreur philosophique, politique et spirituelle du paganisme et de les inviter à devenir un frère ou une sœur dans le Christ pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de la France.
Vous aussi, tenez-vous prêts, parce que le Fils de l’homme viendra à une l’heure où vous ne l’attendrez pas. (Luc 12:40).