« Car nous ne luttons pas contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais dans les lieux célestes.» Éphésiens 6:12
Dès sa naissance, l’Homme moderne se trouve plongé dans un bain idéologique qui imprègne ses pensées, façonne sa vision du monde et constitue la cause première de l’ensemble de ses maux. L’habileté suprême de cette idéologie est d’avoir su camoufler sa nature, d’avoir nié ce qu’elle était pour se présenter sous l’apparence séduisante de l’évidence, de l’esprit du temps, de la norme raisonnable confortablement installée dans le « cercle étroit de la raison ».
Ainsi, la plupart des hommes modernes souffrent et voient le monde qu’ils ont connu s’effondrer peu à peu autour d’eux sans comprendre pourquoi. Comme Monsieur Bovary, ils pensent que tous leurs malheurs sont « la faute de la fatalité » sans réaliser qu’une idéologie sournoise a infecté chacune de leurs pensées, de leurs actions et celles de l’ensemble de la civilisation occidentale.
Pour offrir au malade une chance de guérison, il est donc nécessaire de nommer précisément le mal et de lever le voile sur sa nature, ses caractéristiques mais aussi sur les artifices qu’il emploie pour parasiter une pensée saine afin de la rendre pathologique.
Le premier pilier de l’idéologie moderne est l’idée qui veut que l’Homme soit au centre de toute chose. Apparue à la Renaissance, développée durant les « Lumières » et connaissant aujourd’hui son aboutissement dans notre période dite « post-moderne », cette conception a contaminé l’ensemble des champs politiques, sociaux et spirituels.
Loin d’être simplement pétrie de bons sentiments « humanistes », cette « religion de l’Homme » conduit à rejeter toute notion de hiérarchie ou d’ordre naturel. Cherchant à faire table rase du passé, elle considère le fait d’arracher l’être humain à son héritage, à ses traditions, à ses croyances ancestrales, à ses coutumes comme une « libération ». Opposée à toute idée de transmission, d’héritage, de transcendance et d’inégalité naturelle, elle affirme que l’Homme est au centre de tout, qu’il s’auto-engendre et que sa volonté et ses désirs constituent la mesure de toute chose. C’est donc sans surprise que cette idéologie, qui, ayant commencé par détruire un ordre social et politique millénaire pour créer et célébrer le citoyen, cet être abstrait, né orphelin, resté célibataire et mort sans enfant, (Renan) trouve aujourd’hui son aboutissement dans le transhumanisme, le relativisme moral et la négation même des réalités physiques et biologiques au nom de la subjectivité et des convenances personnelles. Comme l’avait parfaitement compris et analysé Alexandre Soljenitsyne, cette conception anthropocentrée devenue la base de toute conception politique et sociale explique en grande partie le déclin des qualités morales et spirituelles de l’Occident.
Mais compte tenu de la gravité de la situation, cette analyse n’est plus suffisante.
Pour bien comprendre la nature du mal qui ronge l’Occident, il est nécessaire de bien faire comprendre aux hommes du XXIe siècle que cette « « religion de l’Homme » qui constitue les bases de notre système politique et social est en réalité d’essence satanique et que, depuis plusieurs siècles, ces fameuses « Lumières » qui éclairent le monde sont en réalité celles de Lucifer, l’ange déchu dont le nom signifie littéralement le « porteur de lumière ».
En effet, comme l’avait parfaitement compris Saul Alinski, sociologue américain et maître à penser de la gauche radicale, Lucifer est le premier rebelle, le premier révolté, celui dont la devise est « Non serviam » (je ne servirai pas) et qui, pour avoir refusé l’ordre naturel en cherchant à prendre la place de Dieu, a été chassé du paradis pour régner sur Terre obtenant ainsi le tire de «Prince de ce monde ». Depuis sa chute, Lucifer n’a cessé de tenter et de tromper les hommes : « Rejette la volonté de Dieu, affranchis-toi de l’ordre divin, crée toi-même ta propre norme, deviens l’instrument de ta propre libération. Signe un contrat avec moi, Satan, et je t’apprendrai à te libérer pour ensuite devenir l’égal de Dieu ».
«Devenir l’égal de Dieu » : tel est le but ultime de cette « religion de l’Homme », de ce projet « humaniste » qui a trouvé dans le progrès technologique de notre siècle les moyens de pleinement s’accomplir. Si ce projet a pu aussi facilement s’imposer et tromper les hommes, y compris un grand nombre de chrétiens, c’est parce que Satan sait à merveille exploiter nos faiblesses et excelle à utiliser les dons de Dieu pour les pervertir et les corrompre. Puisque nous pouvons librement choisir entre le bien et le mal, Satan peut nous tenter et nous séduire ; puisque notre discernement nous permet de comprendre les lois de la Nature, Satan nous murmure que nous pourrions utiliser notre intelligence pour prendre la place de Dieu.
En vérité, l’idéologie moderne et ses « Lumières » ne sont en réalité que les ruses qu’emploie le Diable pour tromper les hommes qu’il utilise comme autant de pions dans sa guerre contre Dieu. Contrairement à ce qu’affirment nombre de philosophes et de laïcs, le recul de la foi chrétienne n’a absolument pas conduit à bannir le religieux et son « obscurantisme » de la société mais tout simplement à remplacer une religion par une autre : la religion de Dieu par la religion de l’Homme, le culte voué au Christ par celui voué à Satan. Et pour éviter au plus grand nombre de se rendre compte de la supercherie, quelle meilleure stratégie que de dissimuler ce projet derrière des grands et nobles principes tels que « les Droits de l’Homme », « l’Egalité » et «le « Progrès » ?
Le deuxième pilier de l’idéologie moderne est justement cette notion de « Progrès » selon laquelle plus nous respecterions les dogmes de la religion de l’Homme, plus nous augmenterions nos chances d’atteindre le salut. En réalité, loin de nous conduire vers un état social, politique ou même spirituel plus avancé, l’idéologie du Progrès constitue en réalité une régression vers un stade archaïque, primitif et violent.
D’un côté, la destruction de la Nation par le multiculturalisme, aggravé par l’antiracisme dévoyé, aboutit au retour des logiques tribales et communautaires ; de l’autre, la destruction de l’autorité légitime, le rejet des hiérarchies et le refus de la contrainte conduisent à un retour à l’état sauvage, à l’homme isolé et guidé par ses pulsions et ses instincts, ce que l’écrivain Renaud Camus a appelé la Décivilisation, un état social essentiellement caractérisé par le retour de la nocence, c’est-à-dire la nuisance généralisée.
Sur le plan social et spirituel, comme l’a brillamment démontré Sylvain Durain, la destruction de l’ordre patriarcal conduit non pas à un monde plus pacifique et apaisé mais à un retour au régime primitif et violent du matriarcat sacrificiel qui constituait la norme dans la plupart des sociétés pré-chrétiennes. Cette analyse vient s’inscrire dans la continuité du travail du philosophe et anthropologue René Girard qui nous avertissait que la disparition du christianisme ne pouvait que mécaniquement s’accompagner d’un retour à la logique du bouc émissaire et, en conséquence, du sacrifice humain. Avortements, attaques terroristes, pédophilie, trafics d’êtres humains, guerres sans fin : toutes les horreurs du monde moderne peuvent être considérées comme des sacrifices humains à grande échelle qui, sous couvert de progrès, appartiennent en réalité à un monde marqué par une logique archaïque et primitive où le sang des innocents doit couler pour apaiser les dieux. Et comme l’a montré René Girard, ce processus sacrificiel, alimenté par la violence et la rivalité mimétiques, est entièrement contrôlé par Satan qui en constitue le premier bénéficiaire.
Les défenseurs de l’idéologie du Progrès ont-ils conscience que le retour de cette logique sacrificielle, nécessite des victimes expiatoires et que celles-ci sont toutes désignées : il s’agit de l’Homme occidental, rendu responsable par son égoïsme, sa cruauté, son racisme et son mode de vie de tous les maux qui frappent la planète et l’humanité ? Et parmi ce peuple occidental, le bouc émissaire idéal ne serait-il pas ce mâle blanc attaché à son identité, à son peuple, à ses traditions, ce « gaulois réfractaire », forcément fasciste, raciste, réactionnaire, touché par une forme aiguë de « lèpre populiste » ?
Faisons les comptes : depuis l’avènement des « Lumières », combien de bébés occidentaux ont été arrachés au ventre de leur mère, combien d’enfants ont subi des abus et des sévices aux mains de violeurs et de leurs réseaux, combien de soldats sont morts lors de guerres bien souvent inutiles, combien de citoyens ont été tués par la pauvreté, les stupéfiants et la violence économique ? En réalité, ce sont des millions de victimes qui ont été sacrifiées sur les autels des temples de la modernité et si la violence, la cruauté et la guerre ont toujours fait partie de l’Histoire, jamais le sang n’aura autant coulé, jamais autant de victimes n’auront été sacrifiées que durant cette époque « éclairée » par les lumières des faux dieux !
Pour finir, le troisième pilier de l’idéologie moderne est celui de la croyance en cette rationalité, qui se trouve aujourd’hui renforcée par un développement sans précédent des moyens techniques et qui se manifeste de façon concrète dans la soi-disant « rationalisation » des processus d’organisation et de production des hommes et des choses. En réalité, comme l’a montré le neurologue et psychiatre Iain McGilChrist, la pensée moderne se trouve marquée par la domination absolue de l’hémisphère gauche du cerveau, chargé de l’analytique et du verbal, sur le cerveau droit, chargé de la contextualisation et de la vision d’ensemble.
Sur le plan cognitif et cérébral, ce que la modernité considère comme un progrès constitue en réalité un véritable appauvrissement et, une fois de plus, s’apparente à un renversement d’une hiérarchie naturelle qui voudrait que le cerveau droit, le Maître, prenne la décision suite aux informations fournies par l’hémisphère gauche, le Serviteur. Concrètement, cette domination sans partage de la logique analytique et rationnelle dans tous les aspects de l’existence a conduit à priver de sens les activités productives, désormais découpées en tâches partielles, écrasées sous les normes ou réduites à des fonctions inutiles, les fameux « bullshit jobs » décrits par David Graeber. Sur le plan scientifique, la pseudo-rationalisation du processus d’acquisition des connaissances a conduit à conduit à la fonctionnarisation de la recherche et à une confusion totale entre la science (l’observation, la rigueur dans le raisonnement) et le scientisme (l’apparence de la science via des statistiques, des modèles, des études randomisées en double aveugle).
Sur le plan artistique et culturel, cet appauvrissement cognitif généralisé se manifeste, dans la communication ou le divertissement, par une esthétique de plus en plus simplifiée, infantile et criarde mais c’est avant tout sur le plan architectural, les cubes lisses de verre et de béton ayant remplacé les façades ouvragées aux motifs complexes, que les ravages de la rationalité sur les processus cognitifs se révèlent de façon visible et manifeste.
En réalité, loin de faire grandir et progresser les hommes, l’idéologie moderne les conduit à une ruine sociale, politique et spirituelle totale avec en toile de fond la menace d’un anéantissement complet de notre civilisation et des peuples qui la composent. Pendant que l’homme moderne désespère, Satan ricane de lui avoir joué un si bon tour, tout heureux d’avoir su exploiter son orgueil pour le conduire sur le chemin de sa propre destruction.
Dès lors que faire ?
Quel est l’antidote, où trouver le remède ?
N’en déplaise aux athées et aux laïcs, la seule solution au mal qui ronge l’Occident s’appelle le christianisme. Loin d’être la relique barbare d’une époque révolue, la révélation chrétienne se révèle comme l’antidote parfait et absolu à tous les maux de la modernité.
Quoi de mieux en effet que la parole de Dieu pour combattre Satan, ses œuvres et ses pompes ?
Face au Diable qui cherche à nous perdre en attisant notre orgueil, accepter Dieu, c’est accepter notre place au sein d’un ordre naturel qui nous dépasse et nous transcende. Accepter Dieu, ce n’est pas chercher à devenir son égal mais plutôt à nous rendre dignes des dons que nous avons reçu de Lui. Accepter Dieu, ce n’est pas vivre dans la rivalité perpétuelle et dans l’envie mais dans l’amour, la grâce et la paix.
Retrouver Dieu, c’est retrouver la verticalité et le sens de la juste hiérarchie pour refonder notre société selon l’heureuse formule : « Un père dans la famille ; un père pour la Nation ; un père dans le Ciel ». Retrouver Dieu, c’est retrouver cette vision holiste où le tout est plus important que la partie et où le critère souverain n’est pas l’efficacité mais le sens. Mais surtout accepter et retrouver Dieu, c’est rejeter l’arrogance de l’homme moderne pour reconnaître que nous ne sommes que de simples créatures, de pauvres pécheurs en demande de grâce et en quête de rédemption.
Accepter le mystère de l’Incarnation, c’est accepter la nature du Christ, vrai homme et vrai Dieu et se garder de toutes les hérésies qui ne sont que des succédanées et des perversions de la religion chrétienne. Wokisme, écologisme, satanisme, New Age : autant de chemins qui ne peuvent pas conduire au salut mais bien à la ruine. Charles Maurras affirmait que tout est politique mais en réalité tout est religieux et comme nous l’enseigne l’Évangile de Saint Matthieu, tout arbre doit être jugé à ses fruits et les arbres qui donnent de mauvais fruits doivent être coupés et jetés au feu. Si un arbre doit être jugé à ses fruits, comparons ceux, innombrables et précieux, que nous a légué la civilisation chrétienne à ceux pourris et véreux que nous recueillons en moins de trois siècles d’exposition à l’idéologie moderne.
Pour finir, tous ceux qui pensent que le christianisme est mort devraient se demander pourquoi des moyens aussi considérables ont été déployés depuis plusieurs siècles pour tenter de le tuer. Pour empoisonner durablement une civilisation, ne faut-il pas commencer par discréditer puis détruire l’antidote ?
Prenons donc garde de ne pas nous tromper de combat. Si la souveraineté, le remplacement démographique, l’effondrement économique sont des sujets de première importance, ils ne sont que des conséquences directes de cette idéologie moderne destructrice dont avons présenté ici les principaux piliers. En réalité, la véritable guerre est une guerre spirituelle et pour la gagner, suivons le conseil de Saint Paul, qui dans la lettre aux Éphésiens, nous appelle à revêtir l’armure de Dieu, à brandir l’épée de l’Esprit et à nous protéger derrière le bouclier de la Foi. Alors que Satan pense avoir triomphé, c’est en réalité une nouvelle aube chrétienne qui est en train de se lever sur le monde et c’est de la France, fille aînée de l’Église, que surgira le renouveau.
Pour aller plus loin:
Metropolis, Fritz Lang, 1927