De l’état du front

Article publié le 26 mars 2023 par Martin Geddes sous le titre original « The strange reality of life in a digital foxhole ». Traduit de l’anglais par Stanislas Berton.

Beaucoup d’entre nous vivent actuellement des vies où nous avons l’impression d’avoir ajouté accidentellement une substance psychédélique délirante dans notre café du matin dont les effets refusent de se dissiper. Une fois que l’on commence à voir à quel point peu de choses sont vraiment ce qu’elles semblent être et à quel point il est facile de duper les gens pour leur faire avaler des mensonges, on se détache de ce que tout le monde perçoit comme la “réalité”. Une compréhension accrue de la vision d’ensemble se trouve associée à un processus de deuil permanent pour le monde naïf que nous considérions autrefois comme représentant la totalité des choses.

Des années d’ingénierie sociale, d’IA transformées en armes, de propagande médiatique, de programmation prédictive, de subversion culturelle et d’églises corrompues ont laissé notre société déchirée par des fractures qui ont fait éclater les familles, les communautés et les nationalités. L’ancienne « normalité » dans laquelle nous avions pris l’habitude de vivre est en train de partir en lambeaux, et le nouveau monde se devine à l’horizon mais n’est pas encore tout à fait là. Nous voyons tous les signes annonciateurs d’un nouveau système financier, d’un nouveau système énergétique, d’un nouveau système de santé, d’un nouveau système médiatique et d’un nouveau système social mais pour l’essentiel, ils se trouvent encore tous « à la marge ».

Je n’aurais jamais pu anticiper la situation dans laquelle nous nous trouvons en 2023 il y a encore quelques années. C’est comme si nous étions allés au-delà du territoire du “cygne noir” pour entrer dans la zone étrange de « l’ornithorynque violet”. L’un des rôles clés joués par les « guerriers de l’information » est de protéger la santé mentale et de guérir les traumas en étant les « témoins » de cette lutte collective et en nous rappelant que nous ne sommes pas les seuls à être confrontés à des difficultés. J’ai extrait de mon cerveau dix choses qui, à mes yeux, caractérisent, ce que nous sommes en train de vivre.

1) Tranchées virtuelles. Les dernières années ont été marquées par des heures à discuter sans fin sur Signal, FaceTime, Zoom, WhatsApp et Telegram. Nous avons formé des communautés soudées de partisans et de confidents, bien que nous n’ayons jamais rencontré beaucoup d’entre eux en personne. En conséquence, nos réalités sont quelque peu déformées : le sentiment virtuel de présence de l’autre qui émane d’un dispositif électronique n’est pas le même que la rencontre en face à face et nous avons besoin de cette proximité physique. Les tranchées virtuelles peuvent créer des relations intenses avec nos camarades résistants, mais au prix de tensions ou de négligences dans notre environnement immédiat.

2) Le pays des boucs émissaires. On a vendu à nos proches le mensonge selon lequel toutes les normes « progressistes » ou « woke » sont éthiques, attentionnées, désintéressées, respectables et justes. Pour eux, accepter que c’est exactement le contraire constitue une profonde remise en cause de leur image d’eux-mêmes et de leur confiance en l’autorité. Afin de défendre leur psyché contre la mort de leur ego, ils doivent se séparer de nous et considérer tous les complotistes comme de « mauvaises personnes ». Nous devenons les réceptacles de leur travail inachevé sur leur « part d’ombre » et devenons en conséquence le bouc émissaire. Exclus et ostracisés, nous nous retrouvons dans l’incapacité de faire correctement le deuil de toutes ces relations coincées en animation suspendue tandis que ceux que nous aimons se retrouvent victimes du sortilège des « mensonges à la mode ».

3) Difficultés financières. « Tenir le coup », défendre vos principes et refuser d’obéir au mal coûte souvent des carrières, des emplois, des clients, des promotions et des projets. Dans le même temps, nous pouvons être confrontés à des bouleversements dans nos vie tandis que nous les reconfigurons autour d’une réalité sociale modifiée. Les prix dans les magasins explosent, nos économies fondent et nous devons assumer les coûts de préparation pour les temps difficiles à venir. Les luttes avec des autorités corrompues nous conduisent à dépenser une énergie qui serait autrement consacrée à gagner notre vie. Il est courant que les patriotes aient besoin de l’aide des uns et des autres pour continuer à lutter contre la marée de la trahison.

4) Invisibilité culturelle. Notre ennemi doit créer un faux consensus, tromper les gens de bonne volonté en leur faisant renier leur conscience pour obéir à des ordres du jour cachés. Les films, les jeux vidéo et les feuilletons célèbrent des modes de vie, des situations et des morales qui sont répugnants pour beaucoup (voire la plupart) des gens. L’homme ou la femme ordinaire qui lutte contre le totalitarisme d’État et les crimes du gouvernement est dénigré et diffamé. La culture de masse corrompue fait tout son possible pour faire comme si la culture des guerriers de l’information n’existait pas ou n’avait pas d’importance, déformant son apparence pour en faire le contraire de la réalité. En temps voulu, nos véritables histoires seront racontées.

5) Aliénation de divertissement. J’allais souvent au cinéma dans les années 1990 et au début des années 2000. Je lisais des magazines comme The Economist alors que je faisais d’interminables trajets en avion pour mes activités de consultant. J’assistais à des pièces de théâtre et des comédies musicales grand public et, occasionnellement à des concerts de musique électronique bruyants. Il m’arrivait même parfois de lire un roman. Beaucoup d’entre nous considèrent désormais que les choses qui nous divertissaient par le passé sont en train de perdre leur attrait et pas seulement parce que nous avançons en âge. Nous voyons les messages cachés et nous avons appris à nous défier de la programmation mentale, cela rend plus difficile de nous détendre et de nous immerger dans des univers fictifs.

6) Prise de conscience historique. Le « cosmos conceptuel » dans lequel nous vivons s’élargit à mesure que nous prenons conscience que les choses ne sont pas telles qu’elles semblent être. L’idée d’une histoire cachée gagne en crédibilité, devenant le nouveau modèle par défaut. Nous regardons les vieux bâtiments, les monuments, les expositions des musées, les cartes et les livres anciens, les églises ouvragées et les grands édifices avec un tout nouvel œil. L’électricité, le son, les remèdes, les génocides, les inondations, les orphelins, les réinitialisations… c’est tout un nouveau monde dont nous devons apprendre les règles, comme un retour à la maternelle. Être en ville, ce circuit imprimé de flux d’énergie, prend une nouvelle dimension, pas toujours facile à comprendre.

7) Guérison créative. En nous déconnectant de la fausse culture qui nous entoure, nous cherchons une thérapie pour notre âme blessée. La nature, l’artisanat, le jardinage, la cuisine, la marche, la navigation, le yoga et les animaux domestiques semblent remplir ce vide qui était autrefois occupé par le divertissement. Créer des choses concrètes arrive en haut de notre liste de priorités, apportant une plénitude avec laquelle d’autres façons de nous occuper peinent à rivaliser. La peinture, la photographie, l’écriture et d’innombrables hobbies donnent un sens à notre vie et nous ouvrent des possibilités d’interactions sociales tandis que nous abandonnons les formes de divertissement qui, autrefois, nous captivaient. Nous nous guérissons grâce à nos actes d’expression divine qui nous ramènent à un état plus ludique d’émerveillement enfantin.

8) Problèmes de persécution. À un niveau stratégique, la guerre est déjà gagné, terminée avant même d’avoir commencé. La tête du serpent a peut-être été coupée, mais ceux d’entre nous qui vivent dans le monde de tous les jours sont encore confrontés aux derniers soubresauts de la matrice de l’asservissement agonisante. Les entreprises d’énergie avides, la police locale progressiste, les voisins malveillants, les conseils municipaux corrompus, les impôts exigés par des États génocidaires… Nous devons constamment garder ces loups loin de notre porte. Les lois semblent ne s’appliquer qu’à nous, jamais à eux. Vous devez choisir vos batailles, en échangeant des principes contre des conséquences. Une fois que vous avez décidé de vous battre vous ne pouvez plus faire marche arrière, vous devez donc accepter les blessures comme faisant partie de la vocation du guerrier.

9) Anticipation paradoxale. Avec le recul, je considère avec amusement mon ancien désir d’une résolution rapide de cette guerre. Extraire la société des mâchoires du mal et défaire des décennies de lavage de cerveau est un processus et non un événement. Des moments de catharsis rapides peuvent avoir lieu mais le thème dominant est celui d’observer des dates défiler, sans que les événements spécifiques attendus se produisent, mais avec étrangement plus de progrès que ce que nous avions imaginé possible. Chaque jour qui passe nous apporte une meilleure compréhension de l’ampleur du problème auquel nous avons été confrontés et l’incroyable vitesse à laquelle nous sommes en train de le résoudre. Le jour où « ça » arrivera et où la société repartira sur de nouvelles bases sera également le jour où nous aurons réussi à nous détacher de notre obsession pour les dates arbitraires.

10) Paix intérieure. Peut-être ne s’agit-il que de mon cas mais en défendant vos principes et en insistant sur votre souveraineté vous vous épargnez un grand nombre de tragédies pour votre âme. Le corps et l’esprit peuvent continuer d’être affectés par les turbulences du monde matériel mais au plus profond de vous-même, vous acceptez qui vous êtes, vos défauts, vos limites et vous ne tolérez plus toutes ces bêtises que vous aviez l’habitude de tolérer. Les relations de codépendance, la violence émotionnelle, le désir narcissique, tous ces cycles sans fin de violence contre vous-même, se sentir piégé ou chercher des distractions, perdent tout à coup leur attrait. Être un guerrier de l’information vous donne confiance en votre capacité de discernement et de détachement via à vis des croyances et des comportements complètement déments des autres personnes.

Peut-être trouverez-vous utile de réfléchir à où vous en êtes et d’évaluer dans quelle mesure cela diffère de ce que vous auriez pu anticiper il y a deux, cinq, dix ans. Qu’est-ce qui caractérise cette période pour vous ? Qu’avez-vous découvert à propos de vous-même que vous n’aviez pas apprécié auparavant ? Qu’est-ce que votre « moi intérieur » comprend maintenant que vous auriez aimé savoir et qui aurait pu vous éviter de l’angoisse ? Quelles parties de votre vie sont encore bloquées dans la « matrice » et demandent de l’énergie pour être détachées ? De quelle manière contribuez-vous au monde meilleur à venir, et dans quels combats devriez-vous vous investir?

Une fois que le système financier aura basculé et que les procès pour trahison seront diffusés à la télévision, nous serons trop absorbés par l’ampleur du changement pour avoir le temps de réfléchir.

C’est donc le bon moment pour songer à tout cela.

Pour aller plus loin :

Des blessures des guerres de l’information (Geddes)

Des bonnes questions (Geddes)

Des quatre années de guerre (Geddes)

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