« Il est difficile de faire des prédictions surtout en ce qui concerne l’avenir » Yogi Berra
Dans son livre, le « Cygne Noir » (Black Swan), le statisticien Nassim Nicholas Taleb a développé la théorie du même nom. Celle-ci désigne un événement imprévisible possédant une faible probabilité de survenir mais qui, au cas où il arriverait, aurait des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. Cette théorie est utilisée pour expliquer l’impact disproportionné des événements difficiles à prédire, l’impossibilité de calculer de tels éléments en utilisant les méthodes statistiques classiques et enfin les biais cognitifs qui empêchent les individus, personnellement et collectivement, de comprendre et percevoir de tels événements.
Le terme « cygne noir » provient de l’anecdote suivante: jusqu’à la découverte du Nouveau-Monde, les européens pensaient que tous les cygnes étaient blancs. Or, la découverte d’un seul cygne noir fut suffisante pour remettre totalement en cause cette conception. Cet exemple offre une illustration du principe logique suivant : « l’absence de preuve n’est pas la preuve d’absence ».
En cette période de fêtes de fin d’année, l’histoire de la Dinde de Noël offre un bel exemple des dangers d’une pensée incapable d’intégrer la notion de « cygne noir ».
Durant toute l’année, mois après mois, la dinde de Noël est nourrie par son éleveur.
Dans l’esprit de la dinde commence à se dessiner une tendance.
A l’approche de Noël, son gavage s’intensifie.
La Dinde en conclut que la tendance est confirmée et que les choses vont de mieux en mieux pour elle. Si la veille de Noël, un sondeur demandait à la dinde sa prédiction pour l’année suivante, elle anticiperait certainement la poursuite du gavage en s’appuyant sur les données des mois précédents.
Mais le jour de Noël, la série s’arrête brutalement : la Dinde est mise à mort pour être mangée.
Le graphique ci-dessous illustre parfaitement le choc causé par l’irruption soudaine d’un « cygne noir » dans une série considérée à tort comme linéaire.
Aujourd’hui, comme la dinde de Noël, nos sociétés refusent d’envisager qu’un grand nombre de « Black Swans » peuvent frapper les domaines suivants :
-le système bancaire et financier international
–la République et les Droits de l’Homme
Pour accepter la réalité des « Cygnes Noirs », encore faut-il admettre que ces derniers existent mais aussi être prêts mentalement à changer radicalement de paradigme.
Pour aller plus loin: