« Les ennemis de mes ennemis sont mes amis »
Proverbe français
Pour le sociologue Julien Freund, le politique, en tant qu’essence, se trouve structuré par plusieurs couples de notions telles qu’obéissance/commandement, public/privé et surtout ami/ennemi. Dans le cadre de la guerre en cours contre le mondialisme, cette dernière distinction est plus importante que jamais et trop de patriotes commentent l’erreur d’utiliser les critères suggérés ou imposés par les médias de masse pour déterminer qui sont leurs amis et qui sont leurs ennemis.
Commençons par rappeler que le mondialisme est un projet d’essence totalitaire qui vise justement à supprimer le politique tel que défini par la typologie de Julien Freund : suppression de la vie et de la propriété privées (surveillance généralisée + économie de la location perpétuelle) ; obéissance imposée par la technostructure (crédit social, passe climatique ou sanitaire) et exprimée par des commandements (« vous ne posséderez rien et vous serez heureux » ) et enfin, mise en place d’un gouvernement mondial supprimant de fait la possibilité même d’une alternative politique (s’il existe une gouvernance mondiale, aucune structure politique terrestre ne peut lui être extérieure.)
Ce projet, porté par l’oligarchie mondialiste, repose sur le contrôle de la monnaie via les banques centrales, la manipulation psychologique de l’opinion publique par les médias de masse et vise à la destruction des nations, des peuples et de toute forme organique et traditionnelle de culture au nom d’un projet messianique d’inversion de toutes les valeurs et de transformation de l’Homme en « dieu ».
Si un tel projet a pu séduire une large partie des « élites » occidentales, une large coalition antimondialiste est apparue au cours des dernières décennies afin d’une part, de mettre en échec le projet mondialiste et d’autre part, de proposer une alternative à ce projet totalitaire global. Dans le cadre de cette guerre, si le rôle joué par des chefs d’états comme Donald Trump, Vladimir Poutine, Jair Bolsonaro, Viktor Orban apparaît comme relativement clair, cette coalition compte d’autres alliés dont le rôle peut être plus difficile à admettre ou à saisir.
Imaginons par exemple que vous soyez un prince saoudien. Issu d’une longue lignée de fiers guerriers du désert, vous n’appréciez pas que votre pays se trouve sous la coupe du mondialisme depuis le début du XXe siècle et que certains agents locaux soient en mesure de contester ou concurrencer votre pouvoir de futur monarque. En tant que musulman et protecteur de plusieurs lieux saints, vous n’appréciez pas non plus que le mondialisme ait pour objectif, à terme, de dissoudre l’Islam dans une grande religion mondiale inclusive avec un statut spécial réservé pour la Mecque. Pour finir, vous comprenez également comment votre participation à une alliance antimondialiste pourrait renforcer votre rôle de puissance régionale et pourquoi le fait que votre pays soit une plaque tournante du trafic d’êtres humains n’est pas forcément une bonne chose pour son image ou ses perspectives d’avenir.
Par conséquent, tout musulman et saoudien que vous êtes cela fait de vous un allié objectif dans la guerre contre le mondialisme et pour sceller cette alliance, vous allez recevoir en grande pompe le président Trump et l’inviter à participer à l’Al Ardha, cette danse des sabres que pratiquent depuis des temps immémoriaux les guerriers saoudiens avant d’entrer en guerre.
Imaginons ensuite que vous soyez un taliban et que vous voulez vivre comme vous avez toujours vécu, c’est-à-dire vivre selon les principes du pachtounwali, le code de l’honneur du pachtoun. Vous n’avez pas non plus envie de voir des drapeaux LGBT flotter dans les rues de Kaboul, ni les femmes afghanes « s’occidentaliser », ce qui, de votre point de vue, serait la pire chose qui puisse leur arriver. De la même manière, vous n’appréciez pas que les troupes de l’OTAN viennent occuper votre pays pour y réautoriser la pédophilie et la pratique du bacha bazi (jeu avec les garçons), crime sévèrement puni lors que vous exerciez le pouvoir, et y cultiver massivement un pavot qui sera ensuite transformé en drogues dures pour empoisonner l’Occident via l’héroïne ou des opioïdes comme l’Oxycontin, la Vicodin ou le Fentanyl. (D’après le CDC, l’épidémie d’opioïdes est responsable de la mort de plus de 500 000 américains entre 1999 et 2018).
Tout Taliban que vous êtes, vous n’aimez pas les pédophiles, les trafiquants de drogue et encore moins les gens qui viennent envahir votre pays pour vous forcer à abandonner un mode de vie ancestral, soutenu par plus de 80% de la population, au nom de la démocratie, des droits de l’homme et du « Progrès ». Cela fait donc de vous un allié objectif dans la lutte contre le mondialisme et explique sans doute pourquoi en 2021, les États-Unis ont apparemment quitté votre pays la queue entre les jambes après y avoir laissé pour plusieurs dizaines de milliards de dollars d’armes, de matériel et d’équipement.
Imaginons ensuite que vous soyez un dirigeant chinois. En bon connaisseur de l’Histoire, vous vous souvenez des guerres de l’opium de 1839 à 1856 et de l’occupation de la Chine par les forces mondialistes impérialistes britanniques et françaises. Vous vous souvenez également que la banque JP Morgan, alliée à la compagnie britannique des indes orientales cherchèrent, à partir de 1911, à neutraliser Sun-Yat-Sen, le père de la république chinoise opposé à l’exploitation coloniale de son pays. Conscient de présider aux destinées d’un des plus vieux états du monde, vous ne souhaitez pas voir la Chine perdre sa souveraineté dans le cadre d’un Nouvel Ordre Mondial et souhaitez continuer à suivre un chemin de développement qui vous est propre, qu’il s’agisse du « socialisme avec des caractéristiques chinoises » ou du mouvement « néo-autoritaire » mêlant le socialisme marxiste avec les valeurs confucéennes traditionnelles. Très bien conseillé par Wang Huning, vous avez compris que l’idéologie mondialiste ne peut que conduire à l’effondrement interne des peuples et des nations via la promotion du matérialisme, le développement du nihilisme et à la désintégration de la cellule de base de la société qu’est la famille.
En bon stratège chinois, si vous avez su pendant un temps utiliser le mondialisme pour développer la Chine et atteindre vos objectifs dans le cadre du « Marathon de Cent Ans », vous avez désormais compris la nécessité de lutter contre cette idéologie et avez pris un ensemble de mesures pour neutraliser ses agents, garantir votre souveraineté et éviter la perversion de la jeunesse chinoise, des décisions qui vous ont valu d’être publiquement désigné comme “l’un des plus grands ennemis des sociétés ouvertes” par le financier George Soros.
Enfin, admettons que vous soyez un haut-fonctionnaire bardé de diplôme ou un journaliste influent. En partie par opportunisme, en partie par conviction, vous avez cru au mondialisme. Vous avez adhéré à l’idée d’un monde sans frontières dirigé par une élite éclairée utilisant des technologies avancées pour résoudre les grands problèmes de l’humanité. Mais avec le temps, votre opinion a changé. La gestion de la crise Covid, les personnes âgées euthanasiées à coup de Rivotril dans les maisons de retraite, l’AVC ou la crise cardiaque de votre beau-père suite à sa troisième dose, l’explosion des pensées suicidaires chez les enfants et les adolescents, le mépris généralisé pour une population considéré comme du bétail, tout cela vous a fait un peu réfléchir. Et puis, il y a eu toutes ces affaires de pédocriminalité, ces appels répétés à réduire la population mondiale et ces rumeurs de rituels sataniques dont vous aviez déjà entendu parler mais que vous aviez toujours refusé de prendre au sérieux. Et puis un jour, quelqu’un vous a approché et vous a fait une offre que vous ne pouviez pas refuser. Cette personne vous a expliqué qu’il serait mieux pour vous, pour votre famille et pour le monde que vous aidiez à détruire le système mondialiste de l’intérieur et que votre coopération pourrait vous éviter de finir en prison, voire d’être pendu ou fusillé en place publique.
Au lieu d’aller directement en enfer, vous vous retrouvez au Purgatoire et cela fait de vous un allié objectif dans la guerre contre le mondialisme.
Dans cette guerre contre le mondialisme, l’ami ou l’allié est celui qui, pour des raisons qui lui sont propres, contribue à la destruction de cette mafia transnationale qui a infiltré pour mieux subvertir les institutions économiques, politiques et intellectuelles de la plupart des pays de la planète. A l’inverse, l’ennemi est celui qui cherche à maintenir ce système, y compris sous la forme redoutable de l’opposition contrôlée. A la guerre, l’adversaire le plus dangereux n’est pas celui qui vous dit qu’il est votre ennemi mais celui qui se fait passer pour votre ami.
L’objectif de cette guerre contre le mondialisme n’est pas de mettre un terme à la pauvreté, à la maladie ou à l’injustice mais de donner une chance aux peuples et aux nations de vivre comme bon leur semble et de faire leurs propres choix, bons ou mauvais, après avoir retrouvé leur souveraineté politique, économique et culturelle. Cela n’empêchera pas les Russes de chercher à espionner les Américains et les Américains, les Russes, ni aux Chinois de s’intéresser à la propriété intellectuelle des deux. Cela n’empêchera pas non plus les musulmans de penser que les chrétiens sont des mécréants et qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah, ni les chrétiens de penser que le Christ est le chemin, la vérité et la vie et que nul ne vient au Père que par Lui. Enfin, cela n’empêchera pas les requins de continuer à plumer les pigeons, ni « au fort de faire ce qu’il peut et au faible de souffrir ce qu’il doit » (Thucydide).
Mais tout cela se fera désormais « à la régulière » dans le cadre d’une concurrence classique entre nations souveraines, libres de se développer selon des schémas qui leur sont propres et de former des alliances stratégiques conformes à leurs intérêts, comme sont actuellement en train de le faire les BRICS, actuellement en discussion pour inclure l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Égypte.
Cet objectif n’est peut-être pas suffisant pour ceux qui espéraient une libération de l’humanité de toutes ses souffrances et de toutes ses servitudes. En tant que peuple franc, c’est-à-dire libre, les Français doivent se souvenir que rien n’est plus important et précieux que la liberté. Quant aux chrétiens, ils savent que l’Homme est un être déchu, marqué par le péché, et que le Paradis ne se trouve pas sur cette Terre mais au Ciel. Et même si Satan reste le « Prince de ce Monde », c’est le devoir de tous les hommes de bonne volonté de se battre de toutes leurs forces pour que ses plans soient mis en échec, que son pouvoir demeure aussi limité et dérisoire que possible et surtout, que les enfants, présents ou à venir, soient protégés aussi bien de son influence que des sacrifices qu’il exige.
Pour aller plus loin :
Entretien avec Sergei Glaziev sur le nouveau système financier mondial