J’ai tendu mes mains tous les jours vers un peuple rebelle, qui marche dans une voie mauvaise, au gré de ses pensées. Esaïe 65:2
Signe des temps, le paganisme a aujourd’hui le vent en poupe et trouve de plus en plus d’adeptes à la fois chez une jeunesse perdue tentée par la sorcellerie mais aussi chez de jeunes identitaires pensant trouver leur salut dans une redécouverte de leur héritage pré-chrétien. De même que pour l’illusion européenne, si nous croyons aujourd’hui nécessaire de réfuter le paganisme c’est parce ce que cette doctrine exerce actuellement une importante séduction sur l’esprit des jeunes gens et contribue ainsi à les détourner de la vraie foi ainsi qu’à entraver le processus de redressement de la France.
Souvent inspirés par la pensée de Nietzsche, les jeunes païens fustigent la foi chrétienne, cette «religion des femmes et des faibles» ayant, selon eux, contribué à affaiblir les Européens en remplaçant l’antique et virile vigueur païenne par l’émolliente bienveillance égalitaire du christianisme. À leurs yeux, un retour au paganisme constituerait ainsi la seule solution pour sauver l’Europe du péril du Grand Remplacement mais aussi pour refonder notre culture sur des bases aussi fortes que saines.
La première erreur des nouveaux païens est de plaquer les défauts de notre époque sur le christianisme, d’avoir confondu la vision déformée par la modernité de cette religion avec sa réalité. Si les propos souvent lénifiants des dames catéchistes et des curés post-Vatican 2 ont pu donner au christianisme une apparence de mollesse et de tiédeur, commençons par rappeler que Jésus n’est pas venu pour nous endormir dans un confort bourgeois mais pour nous secouer et nous adjoindre à partir en guerre contre le mal. Écoutons ce que nous dit le Christ à ce sujet dans l’Évangile de Saint Matthieu :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. » (Matthieu 10:34)
Cette injonction à tout risquer pour le Christ conduira les premiers chrétiens à subir l’opprobre puis les persécutions de la société romaine, les premiers missionnaires à partir évangéliser, souvent au péril de leur vie, les tribus barbares des tréfonds de l’Europe, aux croisés de partir reprendre Jérusalem pour la gloire de Dieu et aujourd’hui à de nombreux chrétiens de s’opposer, au mépris de leur carrière, de leur fortune ou de leur confort, à la tyrannie qui s’exerce aujourd’hui sur les corps comme sur les esprits.
En réalité, le christianisme constitue la religion virile par excellence et son ordre repose sur cette remarquable formule « un père dans la famille, un père pour la Nation, un père dans le Ciel » équilibrée par la présence de la femme venant introduire de l’horizontalité dans cette logique verticale. Comme l’a remarquablement démontré Sylvain Durain dans son livre « Ce Sang qui nous lie », ce sont en réalité les sociétés pré-chrétiennes, qu’elles soient primitives ou antiques, qui sont en réalité d’essence féminine car celles-ci pratiquent l’indifférenciation et obéissent au principe du « matriarcat sacrificiel ». Ainsi, le travail de Sylvain Durain nous invite à ne pas confondre l’apparence du pouvoir faussement appelé patriarcal et manifesté par l’exercice, souvent brutal, du pouvoir par les hommes avec la domination réelle de la société via un fond symbolique, sacré et familial d’essence purement féminine (rôle des vestales à Rome, transmission des qualités par la mère etc…)
En réalité, seul le christianisme, religion de l’incarnation où le Verbe s’est fait chair, offre un chemin pour sortir du régime passé et présent du « matriarcat sacrificiel » qui, loin d’être un progrès, constitue en réalité un retour aux formes les plus archaïques, primitives et destructrices d’organisations sociales.
En effet, comme l’a démontré le philosophe René Girard, le christianisme, par le sacrifice du Christ sur la croix, a permis à l’humanité de sortir à la fois du cercle de la violence mimétique mais aussi de la logique ancestrale du bouc émissaire. L’intuition de René Girard rejoint sur ce point les travaux de Monseigneur Gaume qui démontra en 1877 dans « Mort au cléricalisme ou résurrection du sacrifice humain » que toutes les sociétés pré-chrétiennes avaient en commun la pratique du sacrifice rituel d’êtres humains.
Ce fait méconnu contribue en grande partie à expliquer la rapidité de la diffusion originelle du christianisme car partout où elle s’implanta la religion chrétienne mit immédiatement un terme à cette odieuse pratique qui persistait encore au Nouveau-Monde avant l’arrivée des colons européens. A l’inverse, comme le souligne Girard, dès qu’une société se déchristianise, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle se ne remettre à pratiquer les sacrifices humains, une intuition là encore malheureusement confirmée par la crise que traverse aujourd’hui l’Occident.
Au-delà de leur pratique du sacrifice rituel, les païens partagent avec les lucifériens, ces mondialistes que pense combattre le paganisme identitaire, d’être possédés par le démon de l’orgueil. Là où le chrétien accepte de s’en remettre entièrement à Dieu et, certain de Son amour, ne cherche qu’à recevoir Sa grâce, le païen entre dans une logique transactionnelle avec la divinité, réalisant des rituels pour recevoir des pouvoirs ou obtenir des faveurs. Pensant retourner à un mode de pensée et de croyance traditionnels, les païens succombent en réalité à cet orgueil résolument moderne qui refuse de servir et prétend, à travers une action humaine, exercer une influence sur la volonté et le plan de Dieu. Païens, prenez garde : le paganisme n’est que le masque derrière lequel se cache en réalité Satan, votre adversaire!
Sur les plans culturels et religieux, ceux qui pensent que le paganisme constitue aujourd’hui la seule forme de pensée religieuse capable de revitaliser l’Occident sont invités à relire René Guénon qui, dès 1927, dénonçait cette impasse dans « La crise du monde moderne » :
“Nous pensons d’ailleurs qu’une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne car, d’une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et , d’autre part, c’est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le Catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d’esprit traditionnel qui survivent encore.“
Le paganisme contemporain cherche en réalité à revenir à une source qui s’est tarie il y a bien longtemps pour la simple et bonne raison que le paganisme européen originel continue de vivre et d’exister à travers le christianisme en général et le catholicisme en particulier. Qu’il s’agisse des rites, des fêtes, des édifices, des saints ou même d’une figure comme la Vierge Marie, tout l’héritage païen de notre civilisation se retrouve intégré, préservé et surtout sanctifié par le catholicisme. Dès lors pourquoi se tourner vers une forme morte, et de surcroît inférieure, lorsqu’il existe aujourd’hui une forme encore vivante et transfigurée de ces croyances païennes ?
Pour finir, comme nous l’avons écrit dans “La France Retrouvée“, il existe un lien charnel entre La France et le catholicisme, le peuple français ayant, selon la belle formule d’André Suarès, « l’Évangile dans le sang ». Affaiblir ou rejeter le christianisme, c’est tout simplement rejeter la France et tout ce qui est païen ne peut être que profondément anti-français et c’est d’ailleurs sans doute pour cela que tant de païens identitaires ont substitué la défense de la civilisation européenne à celle de la civilisation française. Ainsi, leur rejet du christianisme conduit les nouveaux païens à un véritable contresens : si la France se trouve aujourd’hui en danger de mort, ce n’est pas à cause du christianisme mais justement parce qu’elle n’est plus chrétienne !
Enfin, à ceux qui nous diront à quoi bon défendre la France si le catholicisme est universel, nous répondrons que le peuple français est le peuple de la nouvelle alliance avec Dieu, alliance scellée en 496 par le baptême de Clovis et que cette tension, voire cette contradiction, entre les exigences du temporel et celles du spirituel se trouve au cœur de l’identité française. Comme l’avait bien compris le très chrétien Charles De Gaulle : «la perfection évangélique ne conduit pas à l’empire».
Concédons aux païens que ce christianisme affaibli et coupé de son héritage populaire et païen par les réformes conduites récemment par l’Église n’a pas contribué à donner une image séduisante de la religion chrétienne et a pu agir sur de nombreux esprits comme un repoussoir. D’où l’importance de souligner que nous assistons aujourd’hui, en France, en Europe et aux États-Unis, à l’avènement d’une nouvelle génération de chrétiens ayant parfaitement intégré que « Dieu vomit les tièdes » et bien décidés à rappeler au monde que le Christ est « le chemin, la vérité et la vie » mais aussi que toutes les aspirations de nos contemporains : quête de sens, recherche de la transcendance, ordre naturel, solidarité organique, défense et respect de la nature, peuvent être parfaitement comblées par le christianisme.
En tant que gardien de ce trésor et dépositaire de cette Bonne Nouvelle (évangile), tout chrétien a donc pour devoir de ne pas laisser le païen ou l’athée, à plus forte raison s’ils sont français, persister dans l’erreur philosophique, politique et spirituelle du paganisme et de les inviter à devenir un frère ou une sœur dans le Christ pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de la France.
Vous aussi, tenez-vous prêts, parce que le Fils de l’homme viendra à une l’heure où vous ne l’attendrez pas. (Luc 12:40).
Pour aller plus loin :
Ce sang qui nous lie, Sylvain Durain
Mort au cléricalisme, Monseigneur Gaume