Note du traducteur: Le poème “If” de Rudyard Kipling est connu en Français sous le titre “Tu seras un homme, mon fils” que lui a donné son plus célèbre traducteur André Maurois dans son livre “Les silences du Colonel Bramble” publié en 1918 . Remarquable à plus d’un titre, la traduction de Maurois s”apparente davantage à une adaptation compte tenu des libertés qu’elle prend vis à vis de l’oeuvre originale. J’ai voulu, pour ma part, proposer une traduction plus proche du poème de Kipling.
Si… de Rudyard Kipling
Traduit de l’anglais par Stanislas Berton
Si tu peux garder ton sang-froid quand tous ceux qui t’entourent
Perdent le leur et te blâment pour cela
Si tu peux croire en toi-même quand tous doutent de toi
Et accepter tout de même que l’on puisse douter de toi
Si tu peux attendre, sans te lasser d’attendre
Si l’on te ment, ne pas céder au mensonge
Si l’on te hait, ne pas succomber à la haine
Sans être trop séduisant ou bien trop éloquent
*
Si tu peux rêver, sans être dominé par tes rêves
Si tu peux penser, sans oublier d’agir
Si tu peux rencontrer le Triomphe et la Défaite
Et avoir les mêmes égards pour ces deux imposteurs
Si tu peux supporter d’entendre ta vérité
Déformée par des canailles pour piéger des idiots
Ou voir l’œuvre de ta vie brisée, rabaissée
Et malgré tout la reconstruire avec des outils émoussés
*
Si tu es prêt à prendre tes gains
Et tout risquer sur un coup de dés
Tout perdre, recommencer
Sans rien lâcher, même un soupir
Si tu peux forcer ton cœur, tes nerfs et tes tendons
A aller au-delà de ce qu’ils peuvent endurer
Et qu’ils continuent de tenir quand tout en toi est mort
Tout, sauf la volonté qui leur ordonne « Tenez encore ! »
*
Si tu peux parler aux foules et garder ta vertu
Ou marcher avec les Rois sans te prendre pour je-ne-sais-quoi
Si amis comme ennemis ne peuvent te blesser
Si tous les hommes comptent pour toi
Mais qu’aucun n’est tout pour toi
Si tu peux transformer la minute fatidique
En soixante secondes d’une échappée
Alors la Terre et tout ce qu’elle contient t’appartient
Mais plus encore, tu seras un Homme, mon fils !
Pour aller plus loin: